Gaël Quirante est un camarade pour qui j'ai de l'estime et même de l'admiration. Toutefois, je ne le suivrai pas dans sa défense du SU comme "trotskyste" et dans son évocation de Krivine/Bensaïd/Besancenot (c'est dans sa première intervention). A mon avis, cette défense est essentiellement motivée par du loyalisme organisationnel, qu'on peut sans doute trouver tout à son honneur mais dont en revanche on ne repèrerait pas la moindre trace, vis-à-vis de lui et des camarades de son courant, chez les dirigeants et les militants de la droite du NPA et de la majorité du SU à l'échelle internationale. Il y a aussi le fait que ce camarade a commencé son engagement révolutionnaire aux JCR, et je comprends qu'il soit enclin à défendre, au moins dans une certaine mesure, le cadre organisationnel où il a fait siennes les idées trotskystes. Mais bon, dans les années 1930, quelques jeunes prolos et intellectuels ont été recrutés par les trotskystes à l'intérieur de partis réformistes ou centristes où ils pratiquaient l'entrisme ; cela ne justifiait pas, par la suite, un loyalisme démesuré à l'égard par exemple de la SFIO... Après, Gaël n'a pas été recruté dans le contexte d'un entrisme... et il n'a pas encore été exclu. Tout cela n'est pas simple.
Concernant Krivine et Bensaïd, je ne me permettrai pas de discuter leur trotskysme, même si c'est un trotskysme... sous influence non-trotskyste ; et puis ce sont des figures qui forcent le respect, au moins pour la longévité de leur engagement révolutionnaire alors que bien d'autres intellectuels ont trahi. Mais leurs héritiers à la tête de ce courant, que peut-on dire d'eux ? Ils correspondent à un stade, plus avancé encore, de ce délitement politique amorcé par la Ligue et le SU depuis au moins les années 1980. Et pour avoir eu un aperçu édifiant de ce qu'est capable de produire aujourd'hui sur le plan théorique le SU de la "Quatrième Internationale", je peux dire que ce regroupement international s'en est vraiment débarrassé, des idées de Lénine et de Trotsky. Cette dégénérescence est d'une grande tristesse, et je pense que sur ce forum, les camarades seront d'accord avec moi pour dire qu'il serait préférable d'avoir toujours affaire à ce qu'était le SU des années 1970, même s'il y avait déjà beaucoup à en dire.
Pour revenir à une autre intervention de Gaël, je ne suis pas non plus d'accord avec lui quand il dit que les shows de Besancenot à la télévision, ce n'est pas "la position du NPA". Car à vrai dire, et Gaël le sait très bien, Besancenot a sur une large partie des adhérents du NPA une influence bien plus grande que n'en auront jamais les décisions pourtant votées démocratiquement au CPN de son organisation. Oui, une majorité du CPN s'est exprimée contre les grenouillages avec la gauche réformiste et petite-bourgeoise dite "radicale" et "anticapitaliste" ; mais ça restera lettre morte, ça restera sur le papier, et la droite du NPA le sait, et c'est pour ça qu'elle multiplie insolemment les apparitions médiatiques toutes plus lamentables les unes que les autres. Mais je conçois qu'en tant que représentant du NPA à la fête de Lutte ouvrière - avec Daniela Cobet du CCR -, Gaël ne pouvait pas dire tout cela. Et j'avoue que je serais bien incapable d'être à sa place...
Concernant les interventions de Daniela Cobet, on ne s'étonnera pas si je dis que je ne partage pas son point de vue sur les "gilets jaunes".