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SAINT-DENIS (AFP) - Les quelque 350 délégués présents au XVème congrès de la Ligue communiste révolutionnaire, qui se termine dimanche, ont adopté, samedi à huis clos, le protocole d'accord avec Lutte ouvrière pour les élections régionales et européennes, ainsi que des nouveaux statuts pour leur formation politique.
Après deux jours de débats souvent vifs, où l'opposition a fait entendre sa voix en dénonçant un "tête à tête exclusif" avec LO, une majorité de 250 voix a entériné l'accord et 105 se sont prononcées contre, reflétant assez bien le vote réalisé dans les sections, avant le congrès, où 70% avaient approuvé l'accord contre 30 % qui l'avaient refusé.
En outre, avec 85,2 % des voix, des nouveaux statuts ont été adoptés, une majorité des deux tiers des voix (66,6 %) étant nécessaire pour qu'ils soient votés. Ces nouveaux statuts remplacent ceux écrits en 1969, et qui n'avient été revus qu'une fois en 1974 lorsque la LCR s'est reconstituée après avoir été interdite en 1973 sous la présidence de Georges Pompidou. Si ces nouveaux statuts ne comprennent "pas de changements fondamentaux sur des points essentiels de démocratie interne", ils opèrent un sérieux toilettage de vocabulaire, faisant notamment disparaître les mots, chargés d'histoire, de "dictature du prolétariat" et transforment le "comité central" en "direction nationale".
Au terme du protocole d'accord électoral, des listes communes seront présentées sous l'appellation "LCR et LO" ou "LO et LCR" selon "les têtes de listes et sans aucune autre mention ni sous-titre". "Les têtes de liste seront assurées par des responsables de nos organisations", est-il précisé, seule l'Ile-de-France connait à ce jour leurs noms : Arlette Laguiller (LO) pour les régionales et Olivier Besancenot (LCR) pour les européennes. L'une des concessions faite par LO est la possibilité de présence sur les listes de "groupes" ou de "militants" qui n'appartiennent à aucune des deux formations trotskistes, "s'ils acceptent le cadre fixé par le présent accord ainsi que l'intitulé des listes et le texte de la profession de foi commune".
Sur la question de la position entre les deux tours, c'est la LCR qui a fait un pas vers LO en acceptant que "nos listes ne donnent pas de consigne de vote". Cependant, le texte précise que : "dans les cas où il y aurait un risque de victoire du FN, c'est-à-dire de prendre la direction de la région, contre une liste de gauche, les deux organisations envisagent d'appeler à voter pour la liste de gauche". Reste que "toute fusion de nos listes au 2ème tour avec les listes de la gauche plurielle" est "écartée".
C'est sur ce dernier point que les débats ont été les plus vifs, les opposants à l'accord exigeant que l'appel au vote à gauche au deuxième tour se fasse à chaque fois qu'il y a présence du FN. Olivier Besancenot leur a répondu en reconnaissant que, quelles que soient les consignes de vote, une "partie de notre électorat votera à gauche" mais également "une autre partie ne voudra plus le faire". Pour lui, c'est le signe que la LCR "est en phase avec son milieu".
Enfin, la question a été tranchée sur la décision à prendre dans les cas où la liste commune réunira 10% de voix au premier tour : "notre liste se maintient sauf dans le cas où il y aurait un risque de victoire du FN, c'est-à-dire, dans le cas où le FN pourrait prendre la direction de la région".[/quote]