
CITATION
La gauche déplore le "choix de fermeture et de repli" de la Ligue communiste révolutionnaire
LE MONDE | 01.11.03 | 12h46
Unanimes, le PS, les Verts et le PCF regrettent l'alliance entre LO et la LCR aux régionales et aux européennes. Pour M. Cambadélis (PS), celle-ci accentue "le risque d'abstention".
La gauche enregistre avec dépit le choix de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de faire alliance avec Lutte ouvrière (LO) pour les prochaines élections régionales et européennes. Jean-Christophe Cambadélis, qui a été pendant plusieurs années chargé des relations du PS avec les autres partis, fin connaisseur de l'extrême gauche, estime que "la LCR abandonne sa culture unitaire pour endosser la culture sectaire de LO". "Qu'est-ce que la LCR va faire dans cette galère ?", se demande le député (PS) de Paris, persuadé que cet accord électoral "brouille l'image d'Olivier Besancenot et le capital de sympathie que la Ligue avait acquis pendant sa campagne présidentielle".
Julien Dray, porte-parole du PS et ancien dirigeant de la LCR, qu'il a quittée au début des années 1980, avoue éprouver "un peu de tristesse de voir la Ligue s'enfermer dans un cours gauchiste sectaire". Pour le député de l'Essonne, "le retour aux vieilles lunes de la construction d'un pôle révolutionnaire n'a rien à voir avec les fondamentaux du trotskisme et tout à voir avec le gauchisme". Il est cependant persuadé qu'un tel positionnement ne peut qu'aiguiser les contradictions au sein de la LCR, qui "ne pourra pas tenir longtemps le grand écart entre l'affirmation identitaire et la proposition unitaire". En scellant cet accord électoral avec LO, estime M. Dray, la LCR administre la preuve que les propositions d'action qu'elle avait adressées, à la rentrée, aux organisations de gauche "n'étaient destinées qu'à se donner bonne conscience". "Au moment de passer aux actes, ajoute-t-il, Krivine et Besancenot ont fait le choix de taper sur les socialistes plutôt que sur la droite."
Du PS aux Verts en passant par le PCF, un terme revient unanimement pour déplorer ce projet d'accord entre les deux formations d'extrême gauche : "gâchis". Pour Jean-François Gau, qui représente la direction du PCF au congrès de la LCR, "ce choix est un choix de fermeture et de repli". "A l'heure où il s'agit de travailler à une alternative à gauche, poursuit-il, c'est une occasion ratée, pour des raisons de calculs électoraux, d'ouvrir des portes et de débloquer le paysage politique."
Même regret de la part de Marie-Christine Blandin. L'ancienne présidente (Verts) du conseil régio-nal de Nord - Pas-de-Calais avait conduit une liste aux élections régionales, en 1998, sur laquelle figuraient des représentants de la LCR. Ayant renoncé à sa fonction de conseillère régionale après son élection au Sénat, en 2001, elle a été suppléée par une militante de la LCR. "La Ligue avait alors montré qu'elle était prête à discuter d'une démarche de radicalité institutionnelle, à prendre des responsabilités, témoigne la sénatrice du Nord. En se pacsant avec LO, elle renonce à ce rôle d'interlocuteur et rejoint le camp des aboyeurs."
Pour les observateurs de l'ex-gauche plurielle, il ne fait aucun doute que, dans cet accord électoral, c'est la LCR qui s'aligne sur les positions de LO. "Le vocabulaire même des termes de l'accord est celui de Lutte ouvrière", note M. Cambadélis. "En acceptant cet accord, ajoute le député de Paris, la Ligue remet en selle LO, qui n'a pas fait la moindre concession, alors que celle-ci s'était mise en dehors des clous au second tour de l'élection présidentielle."M. Dray ne croit pas plus à une évolution possible de la formation d'Arlette Laguiller, "constante et éternelle, et qui ne fonctionne que sur le principe de la dénonciation".
"Je ne pense pas pourtant qu'un plus un fassent trois", ajoute le député de l'Essonne, qui se dit persuadé que les deux formations d'extrême gauche réunies ne parviendront pas à additionner leurs voix. "L'électorat qui a voté pour Besancenot à la présidentielle voulait donner un signe à la gauche pour retrouver la voie de l'authenticité, explique M. Dray. Celui d'Arlette est plus contestataire." M. Cambadélis ne croit pas non plus que cette alliance puisse représenter un risque de concurrence électorale, mais "elle va au contraire accentuer le risque de l'abstention". "LO et la LCR ensemble, déplore-t-il, c'est plus la manifestation d'une capacité de nuisance que d'une possibilité d'alternative." "Malheureusement, conclut M. Dray, l'illusion ne durera qu'un temps, pour produire ensuite de la frustration, de la déception et, en fin de compte, le repli."
Patrick Roger[/quote]
La gauche déplore le "choix de fermeture et de repli" de la Ligue communiste révolutionnaire
LE MONDE | 01.11.03 | 12h46
Unanimes, le PS, les Verts et le PCF regrettent l'alliance entre LO et la LCR aux régionales et aux européennes. Pour M. Cambadélis (PS), celle-ci accentue "le risque d'abstention".
La gauche enregistre avec dépit le choix de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de faire alliance avec Lutte ouvrière (LO) pour les prochaines élections régionales et européennes. Jean-Christophe Cambadélis, qui a été pendant plusieurs années chargé des relations du PS avec les autres partis, fin connaisseur de l'extrême gauche, estime que "la LCR abandonne sa culture unitaire pour endosser la culture sectaire de LO". "Qu'est-ce que la LCR va faire dans cette galère ?", se demande le député (PS) de Paris, persuadé que cet accord électoral "brouille l'image d'Olivier Besancenot et le capital de sympathie que la Ligue avait acquis pendant sa campagne présidentielle".
Julien Dray, porte-parole du PS et ancien dirigeant de la LCR, qu'il a quittée au début des années 1980, avoue éprouver "un peu de tristesse de voir la Ligue s'enfermer dans un cours gauchiste sectaire". Pour le député de l'Essonne, "le retour aux vieilles lunes de la construction d'un pôle révolutionnaire n'a rien à voir avec les fondamentaux du trotskisme et tout à voir avec le gauchisme". Il est cependant persuadé qu'un tel positionnement ne peut qu'aiguiser les contradictions au sein de la LCR, qui "ne pourra pas tenir longtemps le grand écart entre l'affirmation identitaire et la proposition unitaire". En scellant cet accord électoral avec LO, estime M. Dray, la LCR administre la preuve que les propositions d'action qu'elle avait adressées, à la rentrée, aux organisations de gauche "n'étaient destinées qu'à se donner bonne conscience". "Au moment de passer aux actes, ajoute-t-il, Krivine et Besancenot ont fait le choix de taper sur les socialistes plutôt que sur la droite."
Du PS aux Verts en passant par le PCF, un terme revient unanimement pour déplorer ce projet d'accord entre les deux formations d'extrême gauche : "gâchis". Pour Jean-François Gau, qui représente la direction du PCF au congrès de la LCR, "ce choix est un choix de fermeture et de repli". "A l'heure où il s'agit de travailler à une alternative à gauche, poursuit-il, c'est une occasion ratée, pour des raisons de calculs électoraux, d'ouvrir des portes et de débloquer le paysage politique."
Même regret de la part de Marie-Christine Blandin. L'ancienne présidente (Verts) du conseil régio-nal de Nord - Pas-de-Calais avait conduit une liste aux élections régionales, en 1998, sur laquelle figuraient des représentants de la LCR. Ayant renoncé à sa fonction de conseillère régionale après son élection au Sénat, en 2001, elle a été suppléée par une militante de la LCR. "La Ligue avait alors montré qu'elle était prête à discuter d'une démarche de radicalité institutionnelle, à prendre des responsabilités, témoigne la sénatrice du Nord. En se pacsant avec LO, elle renonce à ce rôle d'interlocuteur et rejoint le camp des aboyeurs."
Pour les observateurs de l'ex-gauche plurielle, il ne fait aucun doute que, dans cet accord électoral, c'est la LCR qui s'aligne sur les positions de LO. "Le vocabulaire même des termes de l'accord est celui de Lutte ouvrière", note M. Cambadélis. "En acceptant cet accord, ajoute le député de Paris, la Ligue remet en selle LO, qui n'a pas fait la moindre concession, alors que celle-ci s'était mise en dehors des clous au second tour de l'élection présidentielle."M. Dray ne croit pas plus à une évolution possible de la formation d'Arlette Laguiller, "constante et éternelle, et qui ne fonctionne que sur le principe de la dénonciation".
"Je ne pense pas pourtant qu'un plus un fassent trois", ajoute le député de l'Essonne, qui se dit persuadé que les deux formations d'extrême gauche réunies ne parviendront pas à additionner leurs voix. "L'électorat qui a voté pour Besancenot à la présidentielle voulait donner un signe à la gauche pour retrouver la voie de l'authenticité, explique M. Dray. Celui d'Arlette est plus contestataire." M. Cambadélis ne croit pas non plus que cette alliance puisse représenter un risque de concurrence électorale, mais "elle va au contraire accentuer le risque de l'abstention". "LO et la LCR ensemble, déplore-t-il, c'est plus la manifestation d'une capacité de nuisance que d'une possibilité d'alternative." "Malheureusement, conclut M. Dray, l'illusion ne durera qu'un temps, pour produire ensuite de la frustration, de la déception et, en fin de compte, le repli."
Patrick Roger[/quote]