Congrès de la LCR

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:10

Quand il s'agit d'un article hostile à la LCR, Forcari passe la main (peut-être est-ce une impression).

CITATION
La LCR en congres: plutot rouge qu'ouverte
La Ligue communiste révolutionnaire privilégie un repli électoral autour de Lutte ouvrière.


Par Didier HASSOUX
lundi 03 novembre 2003


'est la vieille lune rouge. Le XVe congrès de la Ligue communiste révolutionnaire s'est achevé, hier à Saint-Denis, sur un nouvel appel pour la création d'un «parti anticapitaliste». 83 % des «liguards» ont approuvé cette «adresse à toutes celles et tous ceux qui souhaitent une alternative à gauche [...] pour bâtir une nouvelle force politique large et pluraliste, radicalement anticapitaliste et résolument démocratique». Cette nouvelle «force de lutte contre toutes les oppressions» devrait poindre le bout de son nez dans un an tout juste. Après la tenue d'«assises nationales», elles-mêmes résultantes de «rencontres» locales. Un processus ascendant destiné, donc, à décrocher la lune. Ce n'est pas la première fois que les trotskistes de la LCR s'y essaient. Après le premier tour de la présidentielle 2002, Olivier Besancenot avait lancé un appel similaire. Qui n'a connu aucun écho. «Mais nous n'avons jamais été aussi dynamiques, aussi bien implantés, aussi jeunes, veut croire Christine Poupin, membre de la direction de la LCR. Nous ne nous laissons pas griser par les bons chiffres (22 % des Français sont tentés de voter pour l'extrême gauche selon un sondage Ifop-JDD réalisé les 30 et 31 octobre auprès de 1 007 personnes, ndlr). Mais beaucoup de gens pensent, comme nous, que le monde n'est pas une marchandise.» Autrement dit : la bonne tête de Besancenot et le foisonnement altermondialiste sont les clés du succès futur.

Deal exclusif. Les minoritaires de la ligue n'y croient pas. Officiellement, à l'instar de leur chef de file, Christian Picquet, ils jugent l'idée de créer une nouvelle force anticapitaliste «excellente» : «C'est un acte majeur qui répond aux multiples attentes d'un débouché politique aux luttes.» Mais ils se disent certains que l'édification d'une telle formation se heurtera au deal électoral exclusif que la LCR s'apprête à conclure avec Lutte ouvrière (1) pour les prochaines régionales et européennes. Deux démarches «complémentaires», selon Alain Krivine. Le chef historique de la ligue parie que le partenariat avec LO «prouve qu'on sait faire un accord, et l'appel à la création d'un grand parti montre que l'on ne se limite pas à un tête-à-tête exclusif avec l'extrême gauche politique».

Une démonstration qui ne rassure aucun des partenaires potentiels de la LCR. Patrice Cohen-Seat, chargé de la communication au PCF, refuse, par avance, tout dialogue avec «LO, un parti sectaire». Le Vert Noël Mamère considère «le coup électoral que tentent les deux partis trotskistes» comme une démarche «de repli et d'enfermement», à l'opposé de «l'image de gauche ouverte que cherche à donner la ligue». Quant au porte-parole du PS, Julien Dray, il dénonce «un accord commercial» qui contraint la LCR à renoncer à son rôle «d'aiguillon, de trublion de la gauche». «Cette fuite en avant dans la prétendue construction d'une troisième voie révolutionnaire est une impasse et l'affirmation du sectarisme», insiste le député, lui-même ancien membre de la ligue.

Chimère. Cette fin de non-recevoir traduit aussi une ambition largement partagée à gauche : chacun espère être à l'origine d'un «grand parti». La dernière tentative de créer un «pôle de radicalité» vient d'échouer dans les cuisines du restaurant parisien Chez Ramulaud. Des socialistes, des communistes, des écologistes, des trotskistes et d'autres ont bien tenté de s'unir... Mais l'opportunisme électoral a renvoyé chacun chez soi. Les formations officielles de l'ex-gauche plurielle, elles aussi, ne désespèrent pas de créer une nouvelle chimère. Le PCF réunit des «forums citoyens» pour «entendre la voix des Français». Le PS également tient des «forums», avec, au final l'espoir de voir naître «une nouvelle gauche unie». Quant aux Verts, ils furètent du côté des «alters». Les vieilles lunes ne sont pas que rouges.

(1) Ratifié ce week-end par la LCR, cet accord doit l'être encore début décembre par le congrès de LO.



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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:13

CITATION
Tué dans l'oeuf à Toulouse


Par Gilbert LAVAL
lundi 03 novembre 2003

(à Toulouse)



'accord LCR-LO exclut toute autre forme d'alliance à gauche. Et fait capoter un rapprochement en préparation en Midi-Pyrénées pour les prochaines régionales. Une liste baptisée Pour une alternative à gauche, composée d'ex-socialistes, de Verts, d'altermondialistes et de Motivé-e-s, en attendant quelques communistes, prévoyait de s'ouvrir jusqu'à la LCR. «La Ligue préférant faire bande à part avec Lutte ouvrière, elle s'en exclut elle-même», explique François Simon, ex-PS et candidat à la mairie de Toulouse en mars 2001. Ça tombe bien : «Ce mélange qui n'a pas choisi la rupture avec la gauche plurielle ne nous convient pas», réplique le porte-parole toulousain de la LCR, Frédéric Borras.



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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:15

CITATION
Trotskistes
Trotskistes. A savoir


lundi 03 novembre 2003


CR et LODissoute en 1968, la Jeunesse communiste révolutionnaire se transforme en 1969 sous le nom de Ligue communiste. De nouveau dissoute en 1973 après une manifestation violente contre le FN, elle réapparaît l'année suivante sous son nom actuel. Lutte ouvrière est en fait le journal de l'Union communiste, héritière de la Voix communiste créée à la Libération.

9,97%

Score cumulé au premier tour de la présidentielle de 2002 d'Olivier Besancenot (4,25 %, LCR) et d'Arlette Laguiller (5,72 %, LO). Au total, avec les 0,47% de Daniel Gluckstein (Parti des travailleurs), les trotskistes avaient atteint 10,44% des suffrages.

ElectoratLe 21 avril 2002, Besancenot a obtenu 9 % chez les étudiants, mais seulement 6 % chez les chômeurs et les ouvriers. Laguiller, elle, n'a recueilli à l'inverse que 4 % chez les étudiants, mais elle a atteint 9 % parmi les chômeurs et 10 % chez les ouvriers (source Cevipof).

Adieu la dictature du prolétariat

Elle disparaît des statuts de la LCR. L'organisation trotskiste comble ainsi.. vingt-sept ans de retard sur les communistes, puisque c'est le XXIIe congrès du PCF, en janvier 1976, qui avait entériné le même changement.

«Si les socialistes veulent nos voix, qu'ils viennent les chercher!»

François Sabado, dirigeant de la LCR, à propos du second tour des élections régionales

28 C'est le nombre d'élus régionaux et européens dont disposent les deux formations trotskistes. En 1998, la LCR a obtenu 3 conseillers régionaux et Lutte ouvrière 20. L'année suivante, leur liste commune leur a donné 5 députés européens: 2 pour la LCR (dont Alain Krivine) et 3 pour LO (dont Arlette Laguiller).



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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:17

CITATION
Trotskistes/Analyse
La mauvaise conscience de la gauche
La droite espère que le duo LCR-LO handicapera les socialistes, tout comme le FN la gêne.

Par Renaud DELY
lundi 03 novembre 2003


n mauvais génie plutôt qu'un irréductible ennemi, tel est le rôle que l'extrême gauche assume à l'endroit de la gauche traditionnelle. Et telle est la mission que s'assigne le tandem LO-LCR pour les élections régionales et européennes du printemps. D'Alain Juppé à Jean-Pierre Raffarin, les dirigeants de l'UMP pronostiquent, pour mieux s'en réjouir, que le duo trotskiste s'apprête à faire souffrir la gauche dans les urnes, comme le FN a handicapé la droite depuis une vingtaine d'années.

La comparaison est arithmétiquement séduisante, notamment au vu de la détermination des pacsés trotskistes à refuser de se désister en faveur de l'ex-gauche plurielle. Mais il existe entre l'extrême gauche et la gauche gouvernementale une consanguinité des thématiques que l'on ne retrouve pas à l'autre bout de l'échiquier politique. Plutôt qu'une différence de nature, ce sont des divergences quant au degré des revendications et aux moyens de les atteindre ­ la révolution contre la réforme ­ qui creusent le fossé entre les deux univers. Cette parenté justifie la fluidité des électorats. Et la volatilité des supporters du couple Besancenot-Laguiller. Le 21 avril 2002 a montré que nombre d'électeurs de gauche peuvent se laisser séduire par la LCR, voire par LO, au gré des déceptions générées par la gauche au pouvoir. Six semaines plus tard, au premier tour des législatives, la plupart d'entre eux ont cédé tout aussi promptement aux sirènes du «vote utile» pour retourner à leurs premières amours socialistes. Rien à voir, donc, avec la permanence du socle de l'extrême droite, la grande majorité des électeurs lepénistes restant peu ou prou fidèles à leur champion porteur d'une xénophobie qu'ils ne retrouvent nulle part ailleurs.

Plutôt qu'un adversaire maléfique résolu à la faire chuter pour la remplacer, l'extrême gauche se pose, elle, en mauvaise conscience de la gauche. Olivier Besancenot n'est pas le Le Pen de François Hollande, il en est le Jiminy Cricket. Enfermée dans un tête-à-tête plutôt sectaire avec Lutte ouvrière, la LCR risque cependant de décontenancer une partie de ses récents renforts issus des manifs anti-Le Pen de l'entre-deux-tours de la présidentielle, des mouvements des «sans» (papiers, logis, emplois) ou de la mouvance altermondialiste. En éteignant toute perspective d'un «pôle de radicalité» ouvert à d'autres horizons (écologistes, communistes, etc.), l'accord LO-LCR redonne aussi un peu d'air aux socialistes, qui devraient sauter sur l'occasion pour tendre de nouveau la main à leurs ex-alliés. Mais le pouvoir de nuisance du prêche d'extrême gauche stigmatisant les «trahisons» sociales-démocrates n'en est pas moins réel. D'abord parce qu'en renvoyant gauche et droite dos à dos, il contribuera à affaiblir un peu plus les socialistes et leurs alliés tout au long de la campagne des régionales. Et à créer de l'abstention. Pratiquée par Chevènement, cette stratégie dite «du pareil au même» a largement participé du naufrage jospinien à la présidentielle. Ensuite, parce qu'en grattant les plaies de la gauche, LO et la LCR ravivent son «surmoi» marxiste. Et l'incitent à se complaire dans une surenchère verbale source de désillusions. Bref, «Arlette et le facteur», selon l'expression de Krivine, ne font pas qu'affaiblir le PS, ils sont aussi les agents de sa paralysie.



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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:20

CITATION
Trotskistes/Christophe Bourseiller, spécialiste de l'extrême gauche:
«Rien n'est plus dissemblable que LO et la LCR»


Par Didier HASSOUX
lundi 03 novembre 2003


crivain, professeur à Sciences-Po, auteur de l'Histoire générale de l'ultragauche (Editions Denoël), Christophe Bourseiller décrypte l'histoire des relations entre LO et la LCR.

L'accord LO-LCR a des airs d'éternel recommencement. Pourquoi les précédents n'ont-ils pas abouti ?

LO et la LCR divergent sur de nombreux points tactiques et débattent sans interruption depuis... 1969. Les accords électoraux relèvent du mariage blanc et ne sont conclus que pour des raisons pratiques. Il s'agit aujourd'hui de constituer à gauche de la gauche un pôle radical et antilibéral pouvant éventuellement atteindre une moyenne de 10 %. Mais rien n'est plus dissemblable que LO et la LCR. La LCR surfe sur les «nouveaux mouvements sociaux», révise le bagage idéologique trotskiste et s'agrège à la galaxie altermondialiste. Lutte ouvrière, de son côté, s'arrime à une vision léniniste privilégiant l'action en direction de la classe ouvrière.

Qu'est-ce qui, cependant, rapproche LO et la LCR ?

Les deux formations partagent une même vision du monde. Toutes deux défendent des positions marxistes, léninistes, révolutionnaires. Elles n'utilisent les urnes qu'en tant que tribune, mais parient sur un changement révolutionnaire violent. Elles militent enfin pour la dictature du prolétariat (une référence que la LCR a toutefois gommée de ses statuts ce week-end, ndlr). Il s'agit cependant de deux mouvements très différents. Pour résumer, on pourrait dire que LO se présente comme un groupe invariant et orthodoxe, alors que la LCR est depuis toujours profondément moderniste. Olivier Besancenot ne fait pas mystère de ses sympathies «libertaires», tandis que le philosophe Philippe Corcuff plaide ouvertement pour une revitalisation de la social-démocratie. Rien de tel à Lutte ouvrière.

Des enquêtes d'opinion font état de 20 % d'intentions de vote en faveur de l'extrême gauche. Pourquoi cet engouement ?

On pourrait évoquer, entre autres, l'écroulement du Parti communiste, ou l'absence d'identité d'un PS qui paie encore les années de cohabitation. Je pense toutefois que les sondages doivent être relativisés. Les trotskistes n'ont pas véritablement réussi jusqu'à présent à fidéliser leur électorat. Indice révélateur: le nombre des adhérents n'a guère crû depuis 2002. Et les scores varient de façon drastique d'une consultation à l'autre. Les organisations d'extrême gauche devraient donc se garder de toute euphorie.

A côté de l'extrême gauche institutionnalisée (LO, LCR, PT) s'en développe une autre, hors partis, qu'on retrouve dans la famille altermondialiste. Pourquoi la première n'arrive-t-elle pas à fédérer la seconde ?

La nébuleuse altermondialiste ne saurait être classée à l'extrême gauche. Il s'agit d'un phénomène de société dans lequel j'ai tendance à voir un certain «populisme» de gauche. Il s'agit pour l'extrême gauche d'une simple zone d'influence. Sur ce front, la LCR est incontestablement hégémonique.



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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:24

abandon de la dictature de prolétariat : coup de chapeau de Helvig.

CITATION
Trotskistes/Editorial
Indéfectible


Par Jean-Michel HELVIG
lundi 03 novembre 2003


Il aura fallu un quart de siècle à la LCR pour suivre le PCF dans l'abandon de la «dictature du prolétariat» et moins d'un week-end pour entériner un accord électoral avec LO, qui en reste l'irréductible vestale. Toute contradiction appelant son dépassement dialectique, la Ligue lance dans la foulée un appel à la cantonade altermondialiste pour la constitution d'un «parti anticapitaliste» qui en laissera perplexe plus d'un. L'idée d'une Ve Internationale n'obsède pas forcément les promoteurs des forums sociaux de Porto Alegre à Saint-Denis.

C'est que la concession aux exigences démocratiques contemporaines ne veut pas dire que le logiciel politique trotskiste soit totalement hors d'usage. Le courant incarné par la LCR a pu se renouveler en trente ans, car il a eu plus que d'autres l'intelligence des mouvements de la société. Mais il y a une manière de faire de la politique qui demeure indéfectiblement trotskiste. Il s'agit d'avancer des propositions de réforme irréalisables dans le cadre du système en vigueur ou de pousser à des actions irréalistes au regard du rapport de force du moment, de façon à apparaître toujours comme les militants intransigeants de la mise à bas de l'ordre ancien et les dénonciateurs intraitables de ceux qui le préservent, à commencer par la gauche «réformiste». Mais cela suppose de ne jamais se lier les mains dans des accords de gestion locale ou gouvernementale, nécessairement fondés sur des compromis négociés, qui obligeraient à quitter la posture prophétique. A cet égard, l'arrangement avec LO est de tout repos et un bon placement électoral, même si cela reste à démontrer. Et même si le risque d'un 21 avril à la puissance 22 aux prochaines régionales peut le faire exploser plus vite encore que les précédents.



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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:31

Le figaro

CITATION

TROTSKISTES Au cours de son congrès, la Ligue communiste révolutionnaire a appelé à la création d'une nouvelle force politique «résolument anticapitaliste»
L'extrême gauche veut désormais jouer dans la cour des grands
Les délégués de la Ligue communiste révolutionnaire, réunis en congrès ces quatre derniers jours à Saint-Denis, ont voté à 71% en faveur de l'accord électoral conclu avec Lutte ouvrière pour les régionales et les européennes de 2004.
Elsa Freyssenet
[03 novembre 2003]

L'ambition des dirigeants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est claire : en s'alliant avec Lutte ouvrière (LO) pour les scrutins de 2004, ils veulent faire de l'extrême gauche «la quatrième force politique» du pays. «Jusque-là, il y avait la droite, la gauche traditionnelle et le Front national. Le jeu politique des prochaines élections doit se jouer à quatre», a lancé vendredi soir François Sabado, l'un des dirigeants de la LCR. Fort de cet espoir, la formation d'Alain Krivine et Olivier Besancenot a entériné l'accord électoral conclu avec le parti d'Arlette Laguiller. «Un mariage politique de raison», avait précisé, jeudi, Alain Krivine. Il a présenté cette alliance comme le seul moyen de conserver des élus, après la réforme des modes de scrutin défavorables aux petits partis. Ce souci d'efficacité a réduit à néant les efforts des minoritaires de la LCR (30% du parti) pour modifier l'accord LO-LCR.

Sauf «risque de victoire du FN» (lire ci-contre), il n'y aura «pas de consigne de vote» en faveur des partis de la gauche parlementaire au second tour des régionales. «On n'est pas nés pour être la voiture balai de la gauche», a lancé Olivier Besancenot. «C'est au PS d'aller chercher ses voix, a renchéri Alain Krivine. Notre problème, c'est ni de faire gagner la droite ni de faire gagner la gauche, mais de construire une alternative parce que, maintenant, on en a les moyens.»

Sa conviction se fonde sur les scores des candidats d'extrême gauche au premier tour de la présidentielle de 2002. Arlette Laguiller (LO, 5,72%), Olivier Besancenot (LCR, 4,25%) et Daniel Gluckstein (Parti des travailleurs, 0,47%) avaient, à eux trois, recueilli plus de 10% des suffrages, soit 2 973 000 voix. Cette percée ne s'était pas confirmée aux législatives suivantes. Mais, pour les scrutins de 2004, les trotskistes comptent sur la persistance d'une rancoeur des électeurs à l'égard des partis de la gauche parlementaire.

Un sondage Ifop-Journal du Dimanche réalisé les 30 et 31 octobre auprès d'un échantillon de 1 007 adultes semble alimenter les espoirs du tandem LO-LCR. 22% des personnes interrogées disent «n'avoir jamais voté pour un candidat d'extrême gauche mais le feraient peut-être», 9% l'ont «déjà» fait et «le feront sans doute encore», tandis que 57% affirment qu'elles «ne voteront jamais» pour l'extrême gauche. Une famille politique qui pour 41% des sondés «joue un rôle positif car elle défend des idées que les autres ne défendent pas» (contre 56% estimant qu'elle joue un «rôle négatif»). Enfin, 71% ne souhaitent «plutôt pas» ou «pas du tout» que «la gauche recherche un accord électoral avec l'extrême gauche» (57% pour les électeurs de gauche).

Cela tombe bien : à la tribune du congrès de Saint-Denis, les dirigeants de la LCR n'ont cessé d'appeler de leurs voeux la fracture entre les «deux gauches». Au grand dam des minoritaires qui se sont inquiétés d'un «enfermement» de la LCR dans un «tête à tête exclusif avec Lutte ouvrière». L'organisation d'Arlette Laguiller n'entretient aucun lien avec le monde associatif et n'a jamais pris au sérieux les altermondialistes. «On était en droit de rêver que la gauche radicale s'ouvre à toutes les forces vivantes de la société, mais la réalité est tout autre», a dénoncé, vendredi, Alain Mathieu, un opposant à l'accord LO-LCR.

Par souci d'apaisement interne, la direction de la LCR a ressorti de son chapeau, samedi matin, un projet qu'elle évoque régulièrement depuis 1995 : «Bâtir une nouvelle force politique large et pluraliste, radicalement anticapitaliste et résolument démocratique.» Ce texte, rédigé en commun avec les minoritaires, appelle à «regrouper dans un même parti» les «militants du mouvement social, syndical et associatif», mais aussi «les militants communistes, socialistes, écologiques» qui «veulent d'autres réponses que les compromissions sociales démocrates». Il s'adresse aussi à Lutte ouvrière, jusqu'à présent opposé à tout «rassemblement aux contours flous».

La LCR propose l'organisation dans toute la France de «rencontres pour une gauche anticapitaliste» afin de préparer la tenue, fin 2004, d'«assises nationales». Chef de file des minoritaires, Christian Picquet veut y voir «un élément positif si la volonté de la direction de la Ligue est réelle», précise-t-il. Encore récemment, la LCR a refusé de participer à la «coordination antilibérale», surnommée comité «Ramulaud», qui regroupait pourtant le même type de personnes que le «rassemblement de la gauche anticapitaliste» qu'elle appelle de ses voeux.

Interrogé sur les chances de voir ce projet prendre corps, Alain Krivine ne semble pas très convaincu : «Ce sera possible le jour où des militants associatifs et des syndicalistes prendront les choses en main.» Le porte-parole de la LCR voit deux éléments susceptibles de «faire bouger les choses» : «de nouveaux mouvements de grèves» et «un bon résultat électoral de l'extrême gauche».


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Message par pelon » 03 Nov 2003, 08:36

Le figaro

CITATION

Régionales : la stratégie de second tour fait des vagues

E.F.
[03 novembre 2003]

Trois jours durant, la LCR s'est divisée sur le contenu de l'accord électoral conclu avec Lutte ouvrière. Dès jeudi soir, la discussion a pris un tour tendu lorsqu'un membre du bureau politique, Catherine Lebrun, a annoncé, en larmes, qu'elle quittait la LCR pour «désaccord politique profond» avec «la majorité (qui) se vautre dans un compromis électoraliste avec LO».


Rapidement, le débat s'est focalisé sur l'attitude des candidats d'extrême gauche entre les deux tours des élections régionales de mars 2004. S'opposant à la direction de la LCR, qui défendait l'absence de consigne de vote, Christian Picquet a déclaré : «Certains disent vouloir réussir à gauche ce que le FN a réussi à droite. C'est non seulement une stupidité mais une menace pour la LCR elle-même. Nous risquons de nous cantonner à un discours confortable mais inefficient de dénonciation de la gauche plurielle.»


Conscients qu'ils ne pourraient obtenir du congrès un rejet de l'accord LO-LCR, les minoritaires ont tenté en vain d'en modifier quelques termes. A commencer par le refus de toute fusion avec des listes de la gauche parlementaire et le principe du maintien au second tour des listes d'extrême gauche là où elles dépasseraient 10% des suffrages. «On aboutit à un résultat absurde», s'est insurgé un membre du bureau politique Alain Mathieu : «Entre 5 et 10% nous refusons la fusion quitte à ne pas avoir d'élus. Mais au-dessus de 10%, nous aurons des élus à tout prix quitte à faire passer la droite.» L'un des négociateurs électoraux, François Sabado, a répliqué : «Nous ne pouvons pas être le seul parti qui «dirait-on se retire» si on a un trop gros score. Cela ne ferait pas sérieux, pas déterminé.» Présent dans la salle, le dirigeant communiste Michel Laurent a maugréé : «Pour avoir des élus ils vont faire triompher la droite. Quel espoir offrent-ils aux gens ?»


La question qui a le plus occupé les délégués fut celle du Front national. Plusieurs d'entre eux se sont émus de voir la LCR n'envisager une consigne de vote en faveur de la gauche que s'il y a «risque de victoire» du FN, et pas à chaque fois que le parti de Jean-Marie Le Pen sera présent au second tour. «Comment pouvons-nous relativiser à ce point la gravité d'un score élevé du FN ?», s'est interrogée la militante féministe Maya Surduts. Agacé, Olivier Besancenot a voulu rassurer ses troupes : «La LCR n'a jamais fait la politique du pire face au danger néofasciste et ne la fera jamais. On n'a de leçon d'antifascisme à recevoir de personne et surtout pas du PS !»


Venu assister aux débats, un membre du courant socialiste Nouveau Monde, François Delapierre, a jugé «pas tenable» l'orientation de la LCR. «Si au soir du premier tour, le FN peut se maintenir dans une quinzaine de régions et que l'extrême gauche réussit à faire plus de 5%, elle aura une responsabilité décisive et ne pourra pas dire à ses électeurs qu'elle se désintéresse du second tour», pense ce proche de Jean-Luc Mélenchon, qui rappelle la présidentielle de 2002 : la LCR avait prévu de ne donner aucune consigne de vote jusqu'à ce que la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour la fasse sortir de sa réserve.


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