Affaire Mila

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Message par Cornulier » 10 Fév 2020, 22:50

Pas tant que ça en fait !
Cet article finalement est en contradiction avec l appel à manifester aux côtés des intégristes qui ne rêvent que d'une chose : enlever le droit à quiconque de critiquer l islam parce que ce serait "la religion des opprimés" ... autant l article de la LDC m allait parfaitement , autant cet appel à manifester a déboussolé quand même pas mal de monde qui trouvait que LO était la seul organisation d extrême gauche à parvenir à garder une boussole dans tout ce marasme , et j'en fais partie....
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Message par Sinoue » 10 Fév 2020, 23:44

Bonjour Cornulier, cet appel à la manifestation ne m'a pas dérangé puisqu'elle faisait suite à une campagne gouvernementale particulièrement agressive envers les gens musulmans, à des projets de loi visant à dénoncer ces gens, et à un attentat devant une mosquée. Je trouve que toute religion est débile en soi, mais je rejette toute discrimination envers des croyances personnelles. En l'occurrence, j'étais allé à cette manif en province, et... il n'y avait presque aucun musulman "visible", c'est à dire qui arborait une tenue spécifique à cette religion, en gros on s'est retrouvé entre gens de gauche qui prenaient la défense de gens qui s'étaient visiblement peu sentis offensés, ou qui n'avaient pas ressenti l'envie de le manifester ce jour de cette manière, a+
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Message par LFuego » 11 Fév 2020, 09:51

Cornulier a écrit :Pas tant que ça en fait !
Cet article finalement est en contradiction avec l appel à manifester aux côtés des intégristes qui ne rêvent que d'une chose : enlever le droit à quiconque de critiquer l islam parce que ce serait "la religion des opprimés" ... autant l article de la LDC m allait parfaitement , autant cet appel à manifester a déboussolé quand même pas mal de monde qui trouvait que LO était la seul organisation d extrême gauche à parvenir à garder une boussole dans tout ce marasme , et j'en fais partie....


Je fais parti justement de ces gens qui appréciaient la position de LO sur ce thème car c'était une des rares (seule?) organisation à être à la fois aux cotés de tous les travailleurs quelque-soit leur origine et leurs croyances tout en gardant bien haut son étendard contre l'obscurantisme religieux. Là si je suis intervenu c'est que j'ai l'impression que ce point de vu a été abandonné et que je ne pense pas être le seul à se sentir orphelin n'ayant comme offre politique qu'une critique laïque de l'islam (qui est certes souvent juste quand elle n'émane pas de l'extrême droite mais qui est dénuée d'analyse sociale et d'analyse de classe) et de l'autre une vision qui glisse de plus en plus vers "l'islamo-gauchisme" d'un NPA qui perd la boussole trop souvent !

J'aimerais bien retrouver LO où sa porte parole n'hésitait pas à répondre qu'elle n'aimait pas qu'on lui impose un "Quick hallal" ou qui refusait d'appeler à voter Chirac face au père Le Pen quitte à se prendre des pluies d'injures de partout...
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Message par Byrrh » 11 Fév 2020, 10:10

"Contre les campagnes anti-musulmans. Contre tous les racismes. Union des travailleurs et des opprimés !" : tel était le texte de la banderole parisienne de LO lors de la manifestation du 10 novembre 2019.

Dénoncer la xénophobie à travers le visage qu'elle se donne en ce moment, à notre époque, je ne vois pas où est le problème, surtout quand par ailleurs on garde une parfaite indépendance d'expression en ne signant pas l'appel de la manif.

Souhaiter le recul de la croyance religieuse, cela n'implique pas de détourner le regard quand des réactionnaires prennent prétexte de la religion d'une fraction des classes populaires pour stigmatiser celle-ci.

Quant à l'histoire du "Quick hallal" en 2010, Nathalie Arthaud avait bien veillé, quand on l'avait interviewée à ce sujet, à mettre dans le même panier les trois principales religions et leurs manies alimentaires.
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Message par Bertrand » 11 Fév 2020, 10:16

Dans la LO du 13 novembre 2019

Lutte ouvrière et les manifestations du 10 novembre : contre tous les racismes

Les manifestations appelées le 10 novembre contre le racisme et l’islamophobie ont rassemblé des milliers de personnes à travers le pays, dont 13 500 à Paris. Lutte ouvrière était présente dans le cortège, avec une banderole : « Contre les campagnes antimusulmans. Contre tous les racismes. Union des travailleurs et des opprimés. »

Cette manifestation a fait l’objet de nombreuses attaques et calomnies. Le Rassemblement national (RN) a ainsi dénoncé une marche organisée par les islamistes. Le gouvernement n’a pas dit autre chose, le secrétaire d’État Gabriel Attal jugeant la manifestation insupportable. Le PS a fustigé une dérive antilaïque et antirépublicaine. Les médias ont orchestré une campagne en règle contre cette manifestation antiraciste. Des signataires de l’appel ont ensuite refusé de l’assumer, tel François Ruffin, député de La France insoumise, qui a expliqué avoir signé distraitement « en mangeant des frites et des gaufres », ajoutant qu’il ne participerait finalement pas car, le dimanche, il préfère jouer au football… Contrairement à ce genre de responsables politiques dont le mot d’ordre semble plutôt être « courage, fuyons ! », Lutte ouvrière est fière d’avoir participé à ces manifestations en y défendant clairement son point de vue.

À l’origine de ces manifestations, se trouve un appel publié le 1er novembre dans Libération, puis relayé par Mediapart, et intitulé : « Le 10 novembre, à Paris, nous dirons stop à l’islamophobie ». Lutte ouvrière n’a pas signé ce texte, car il comporte des formulations ambiguës, voire tout à fait contestables. Certains des organisateurs sont des réactionnaires, ennemis déclarés des travailleurs, à l’instar du Comité contre l’islamophobie en France (CCIF), une association proreligieuse.

Nombre de ceux qui dénoncent l’islamophobie portent en réalité des idées communautaristes, religieuses et misogynes. Les communistes que nous sommes considèrent comme l’opium du peuple les préjugés religieux, qu’ils prennent la forme de l’islam, du christianisme, du judaïsme ou de tout autre culte. Et nous les combattons en leur opposant la conscience de classe. Les religions ont toujours été utilisées par les possédants, et les clergés ont été leurs alliés les plus sûrs contre les opprimés. L’islam ne fait pas exception, comme en témoignent aujourd’hui de nombreux régimes qui, de l’Iran à l’Arabie saoudite, servent avec férocité les privilégiés. Le port du voile islamique qu’ils imposent est lié à l’oppression et à l’enfermement des femmes, qui sont la règle dans ces sociétés.

Lutte ouvrière n’a évidemment pas cessé de combattre ces tendances, qui n’étaient d’ailleurs qu’une petite partie des manifestants du 10 novembre. Mais elle a tenu a manifester contre les campagnes de plus en plus pesantes des racistes, qui aujourd’hui préfèrent se replier sur la dénonciation de l’islam et des musulmans, car ils estiment le thème plus porteur. C’est tout le discours de Zemmour, ce journaliste d’extrême droite dont les ouvrages se vendent par centaines de milliers. C’est également la politique du RN, comme en témoigne cette diatribe d’un de ses élus contre une mère voilée accompagnant une sortie scolaire au conseil régional de Bourgogne. C’est ce qui a inspiré l’auteur de l’attentat contre une mosquée à Bayonne, un ancien candidat RN, qui a fait deux blessés graves le 28 octobre. L’hostilité aux musulmans est aujourd’hui souvent le visage du racisme, de la haine de l’autre, de la xénophobie dont une frange de politiciens fait son fonds de commerce.

Les communistes combattent tout ce qui divise les travailleurs, à commencer par le racisme et la xénophobie qui gangrènent une partie de la société. L’extrême droite obtient des résultats électoraux exceptionnels. Le débat politique s’organise entre Le Pen et Macron. Ce dernier, déconsidéré dans les classes populaires, chasse maintenant lui aussi sur le terrain du RN, en faisant adopter une série de mesures contre les étrangers. Il s’agit, pour un gouvernement qui gave les capitalistes, de faire des étrangers les boucs émissaires. Les médias participent à cette campagne, que les travailleurs immigrés d’origine maghrébine ou africaine ressentent durement. Il s’est trouvé des personnes, y compris parmi ceux qui sympathisent avec une grande partie de nos idées, qui n’ont pas compris, voire ont désapprouvé notre participation à ces manifestations. Ils ont tort, car cela revient à ignorer la pression haineuse qui s’exerce sur les travailleurs immigrés, une des composantes les plus exploitées de la classe ouvrière. Notre présence était un geste de solidarité à leur égard. C’était affirmer que nous étions dans leur camp face à ces politiciens démagogues.

Renoncer à manifester dans ces conditions reviendrait à laisser le monopole de la dénonciation du racisme aux communautaristes et aux islamistes, qui sont aussi des tendances politiques à combattre. Ce serait les aider à convaincre les travailleurs immigrés qu’ils sont leurs seuls défenseurs, autrement dit : le résultat qu’ils recherchent.

L’objectif des opposants à ces manifestations, qu’ils soient lepénistes ou macronistes, était d’empêcher toute protestation contre la campagne de haine antimusulmans. Alors, les sermons de ces ennemis patentés des travailleurs, et notamment des immigrés, sont nuls et non avenus. Aujourd’hui comme hier, les communistes révolutionnaires doivent mener, contre tous les racismes, le combat pour l’unité du monde du travail autour de ses intérêts de classe. Et leur place est aux côtés des travailleurs et des opprimés qui sont la cible de campagnes odieuses.
Michel BONDELET

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Re: Affaire Mila

Message par com_71 » 11 Fév 2020, 10:37

Extrait de la dernière "Lutte de Classe", débat au dernier congrès de LO, , un passage de "Discussions sur les textes d’orientation" :

La manifestation du 10 novembre contre l’islamophobie

Pour les camarades étrangers qui n’ont sans doute pas suivi la chose, expliquons en deux mots. Un appel à manifester le 10 novembre a été lancé à l’initiative d’organisations communautaristes, dont le CCIF réputé proche des Frères musulmans, pour dire « stop à l’islamophobie ». Appel auquel la plupart des dirigeants de gauche se sont ralliés, du moins dans un premier temps. Nous avons décidé d’y participer sur la base de notre propre appel et avec nos propres mots d’ordre.

Cette participation n’a pas été contestée dans les assemblées préparatoires de ce congrès, mais elle a suscité beaucoup d’interrogations dans nos rangs et elle a provoqué de nombreuses réactions dans notre milieu sympathisant et parmi ceux qui nous suivent de plus loin. Ces réactions sont allées de l’incompréhension à l’hostilité. C’est donc un point important sur lequel nous n’avons pas fini de nous expliquer autour de nous. Dans toutes ces réactions, il y a une constante : celle d’être plus préoccupés de notre pureté théorique que de la solidarité que nous avons à exprimer vis-à-vis d’une partie des nôtres, les travailleurs immigrés. C’est le fond du problème.

Nous avons réagi dans un contexte bien particulier. Pendant plusieurs semaines, nous avons assisté à un matraquage intense contre les immigrés et contre les musulmans en particulier. Il y a eu la polémique sur les femmes voilées en sortie scolaire, la démagogie du gouvernement sur l’immigration. Il y a eu l’attentat de la préfecture de police et tous les amalgames habituels. Enfin, du gouvernement jusqu’à l’extrême droite, en passant par de nombreux chroniqueurs télé, ils en ont tous profité pour mettre en accusation les musulmans et les femmes voilées. Pour les accuser de ne pas être républicains, de ne pas vouloir s’intégrer et de produire le terrorisme. Un élu du RN a pris à partie une femme voilée au conseil régional de Bourgogne, et un raciste a tenté de mettre le feu à la mosquée de Bayonne et a tiré sur deux personnes. Tout cela a suscité de l’émotion, de la colère et un fort sentiment d’injustice parmi les travailleurs immigrés. Et nous nous devions d’exprimer notre solidarité.

Alors oui, nous étions mal accompagnés et nous le savions quand nous avons pris notre décision. Mais ceux qui ont refusé de manifester et, pire, ceux qui y ont renoncé sous la pression, n’étaient pas en meilleure compagnie. Et, en refusant de manifester, ils ont laissé le terrain au RN, à la droite et au gouvernement ! Encore une fois, nous sommes dans le camp des travailleurs, et quand certains d’entre eux, parmi les plus opprimés, les plus écrasés, sont attaqués, il faut le dénoncer et il faut les défendre. Évidemment, nous n’avons rien à faire avec les islamistes, ce sont des ennemis politiques, mais nous avons à faire avec les travailleuses et les travailleurs musulmans. Ils font partie des nôtres, nous menons la lutte de classe quotidienne avec ces travailleuses dont certaines sont voilées, avec ces travailleurs qui se réfugient dans des pratiques rigoristes de la religion. Et nous voulons qu’ils sachent que nous sommes capables d’entendre leur colère et de la partager, même si nous sommes athées, même si nous pensons que la religion est l’opium du peuple, même si nous pensons que le voile est un instrument d’oppression.

Au-delà de nos différences d’origine et de croyances, nous voulons dire aux exploités qu’il y a quelque chose de supérieur qui nous unit : notre solidarité de classe. Nous voulons démontrer que quand on attaque injustement un des nôtres, on se sent tous attaqués. C’est un choix de classe.

Le dilemme face auquel nous nous sommes retrouvés avec cette manifestation est assez classique. Nous y sommes régulièrement confrontés parce que nous sommes petits et parce que nous ne sommes pas en mesure d’influencer les événements. Alors on se retrouve en permanence à devoir se rallier et se mettre à la remorque d’un tel ou un tel. C’est vrai quand on manifeste notre solidarité avec les Palestiniens. On ne peut plus le faire sans se retrouver derrière ou à côté du Hamas ou de certains islamistes. Et, parce que l’on critique la politique d’Israël, on est taxés d’antisémites. Alors, faut-il renoncer à dire notre solidarité vis-à-vis des Palestiniens et à s’adresser aux travailleurs d’ici qui sont révoltés par la situation ? Bien sûr que non.

À un tout autre niveau, prenons la guerre d’Algérie. Se solidariser avec le combat pour l’indépendance, c’était se mettre dans le camp du FLN, qui avait imposé son hégémonie sur le peuple algérien et dont on savait qu’il allait se retourner contre les travailleurs et qu’il le ferait avec la force d’une dictature implacable. Eh bien, il fallait le faire, parce que c’était le seul moyen de se positionner, sans ambiguïté, dans le camp du peuple algérien qui se battait pour son émancipation.

Alors oui, tant que nous ne serons pas en mesure d’influencer de grandes masses de travailleurs, nous aurons à exprimer notre solidarité vis-à-vis des opprimés malgré les dirigeants qu’ils se donneront, malgré les idées et les préjugés que les opprimés, eux-mêmes, véhiculeront.

Notre combat contre les intégristes et contre les religions

Aujourd’hui, certains nous accusent de complaisance par rapport aux islamistes politiques, et de renier nos idées, alors que des femmes et des hommes doivent résister aux pressions et au flicage de ces mêmes islamistes.

Nous savons que ces pressions existent, et nous sommes du côté de ceux qui les combattent. Mais la seule façon de faire reculer ces intégristes, c’est de leur disputer l’influence sur la classe ouvrière. Les intégristes ont d’autant plus d’influence qu’ils sont désormais les seuls à être implantés dans les quartiers ouvriers et à répondre à leur sentiment d’injustice et d’abandon. Cela fait partie des problèmes. Dénoncer le racisme ne peut pas, ne doit pas être le monopole des islamistes politiques. C’est un piège et un grand danger pour les travailleurs. C’est précisément le but visé par l’extrême droite franco-française et son symétrique, l’extrême droite musulmane.

Nous nous battons pour que les travailleurs ne tombent pas dans ce piège. Des deux côtés il y a des ennemis des travailleurs. Les deux veulent diviser les travailleurs, les opposer les uns aux autres. Nous avons à défendre une autre politique, une voie indépendante pour les travailleurs sur leur terrain de classe. La seule perspective, là encore, c’est de militer dans les entreprises et les quartiers ouvriers vis-à-vis de ces travailleurs, pour les intégrer au combat de classe et les faire adhérer à leur communauté de classe. Mais c’est aussi faire un certain nombre de démonstrations, comme cette manifestation.

Quant à notre attitude sur la religion, il faut s’entendre.

D’abord il faut revenir sur notre démarche de fond. Nous combattons la religion parce qu’elle est la négation du matérialisme et des idées communistes révolutionnaires. Le marxisme, et le matérialisme dialectique qui en est à la base, sont même nés en réaction à la religion. Et comme le disait Lénine, nous considérons que « la religion et ses Églises sont des organes de réaction bourgeoise, qui servent à défendre l’exploitation et à intoxiquer la classe ouvrière ».

Tout militant qui s’engage dans nos rangs doit être athée et débarrassé de toutes ces toiles d’araignée. Pour revenir à nos listes, nous voulons que ce soient nos listes, et pas la liste d’un tel ou d’un tel connu pour animer le catéchisme ou s’occuper de la mosquée, par exemple. Alors parfois on ne le sait pas, et on ne le voit pas. C’est vrai, eh bien il faut essayer de connaître au mieux les femmes et les hommes qui se mettront sur nos listes, il y a aussi à vérifier leurs idées par rapport à l’immigration et à Le Pen, enfin un tas de choses à vérifier.

Tout cela vaut pour ceux qui s’engagent dans nos rangs ou nous représentent. Mais ce n’est pas sur la religion que nous cherchons à influencer ou à gagner la grande masse des travailleurs. Là où l’on bataille avec les nôtres, où l’on veut les gagner, c’est sur le terrain de classe. Nous voulons les gagner à la nécessité de la lutte contre le pouvoir et la domination de la bourgeoisie. Contrairement aux militants de l’athéisme, nous ne sommes pas en guerre contre la religion, et sûrement pas contre les femmes voilées. Dans un texte de Lénine intitulé De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion (1909)[1], il revient sur les positions de Marx et d’Engels :

« En 1874, parlant du fameux Manifeste des réfugiés de la Commune des blanquistes émigrés à Londres, Engels traite de sottise leur tapageuse déclaration de guerre à la religion ; il affirme qu’une telle déclaration de guerre est le meilleur moyen d’aviver l’intérêt pour la religion et de rendre plus difficile son dépérissement effectif.[2] »

Engels impute aux blanquistes de ne pas comprendre que seule la lutte de classe des masses ouvrières, amenant les plus larges couches du prolétariat à pratiquer à fond l’action sociale, consciente et révolutionnaire, peut libérer en fait les masses opprimées du joug de la religion, et que proclamer la guerre à la religion tâche politique du parti ouvrier n’est qu’une phrase anarchiste.

En 1877, dans l’Anti‑Dühring, s’attaquant violemment aux moindres concessions de Dühring‑philosophe à l’idéalisme et à la religion, Engels condamne avec non moins de force l’idée pseudo‑révolutionnaire de Dühring relative à l’interdiction de la religion dans la société socialiste. Déclarer une telle guerre à la religion c’est, dit Engels, « être plus Bismarck que Bismarck lui‑même ».

Nous avons nos conceptions, et elles s’opposent aux illusions, aux préjugés d’une partie importante des travailleurs. Nous ne les cachons pas, il faut dire ce que nous pensons des religions, de leurs interdits, du voile, de la condition de la femme. Mais ce n’est pas sur ce terrain que nous nous battons vis-à-vis des travailleurs. Même après la révolution russe, les bolcheviks ne sont pas partis en guerre contre la religion. C’est Staline qui a fermé les églises, brisé les croix et emprisonné les popes. Et il n’a pas fait disparaître le sentiment religieux !

C’est précisément parce que nous sommes marxistes et matérialistes que nous savons que les préjugés religieux sont les sous-produits de la société de classe et d’exploitation, et qu’ils ne disparaîtront qu’avec l’émancipation totale des travailleurs et la disparition des classes sociales.

Lénine ajoute : « Aucun livre de vulgarisation n’expurgera la religion des masses abruties par le bagne capitaliste, assujetties aux forces destructrices aveugles du capitalisme, aussi longtemps que ces masses n’auront pas appris à lutter de façon cohérente, organisée, systématique et consciente contre ces racines de la religion, contre le règne du capital sous toutes ses formes. »
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Affaire Mila

Message par Kéox2 » 11 Fév 2020, 13:45

Ces articles de LO aident bien je trouve à la compréhension de cette situation complexe d'un point de vue communiste. Concernant ce genre de manifestations, il est clair aussi que si LO avait ne serait-ce que la taille du jeune parti communiste révolutionnaire du début des années 20, on serait alors en capacité -et en s'appuyant aussi sur la composante des travailleurs et des travailleuses musulmans- de chasser manu militari les barbus intégristes islamiques des cortèges des manifestations. Et surtout, comme dit, de leur disputer dans les quartiers populaires leur influence sur cette partie de la classe ouvrière, de contrer leur propagande et de les chasser de même d'ailleurs que les fachistes...

Mais nous n'en sommes hélas pas encore là.
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Re: Affaire Mila

Message par LFuego » 11 Fév 2020, 18:33

Merci pour les article ainsi que pour leur qualité d'argumentation. En fait la plus grande divergence que j'ai avec la position défendue par LO c'est sur la situation : Pour justifier sa position vous dépeignez une situation de croissance du racisme anti-musulman qui deviendrait insupportable pour une part croissante de la population immigrée. Sans nier que le racisme est loin d'avoir disparu en France même s'il est malgré-tout en régression ce qui pourrit la vie dans les quartiers populaires où vivent la majorité des travailleurs immigrés ce n'est pas Zemmour ou Jordan Bardella ou même ce conseiller régional RN qui s'en est pris à la mère voilée à Dijon. C'est un goujat certes mais ce qui mine les quartiers ce sont les islamistes, "frèristes" ou autres salafistes qui imposent leur loi mélangé avec la délinquance ordinaire qui utilise la religion comme paravent... Qui n'a pas vu ces bandes de racailles bigotes traîner au pied des immeubles des cités.

Alors oui il faut trouver un moyen d'être au coté des travailleurs d'origine immigrés, les soutenir quand des actes criminels les touchent mais il faut aussi être aux côtés de ceux qui veulent vivre en France sans la pression de la religion islamiste qui leur pourrit la vie depuis maintenant une vingtaine voir une trentaine d'année. Sans être laïcard on peut quand même préférer vivre dans un pays laïque même capitaliste que dans une théocratie avec le même capitalisme. Si on ne peut laisser l'antiracisme aux islamistes on ne peut pas non plus laisser la lutte contre le fascisme religieux à l'extrême droite à cause de la démission morale de la gauche!
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Re: Affaire Mila

Message par artza » 12 Fév 2020, 08:42

Que le racisme soit en régression en France, je ne le pense pas.

Et c'est vrai pour toutes les variétés de préjugés de ce genre. Il y en a de nouveaux et des plus anciens qui se ravivent.
Aucune communauté n'est épargnée, toutes sont à la fois cible, et propagandiste de ces préjugés.
Certes il y a des formes différentes, au printemps (mars?) 1963 il y eut une ratonnade à Metz contre les bar-hôtels algériens de la vieille ville menée par des caporaux et des sous-off d'une unité parachutiste déménagée de Blida!
Au début des années 70 plusieurs gosses "trop bruyants" furent tirés à la carabine dans des cités...

Aujourd'hui la presse mine de rien souffle sur les braises et parfois par connerie. Politiciens, idéologues médiatisés et bureaucrates associatifs en rajoute dans tous les sens.

Que les musulmans et Musulmans de France se sentent montrés du doigt, discriminés c'est sur. C'est un ressenti, oui, mais c'est aussi une réalité.
On peut dire la même chose pour les juifs et les Juifs et les "chinois" et les "indiens"...

"La délinquance ordinaire" franchement c'est pas nouveau dans les quartiers pauvres. La présence religieuse non plus d'ailleurs, c'est pas la même, c'est tout.

Au passage une remarque, piétisme rigoureux n'est pas forcément la couverture ou la voie de ce qu'on nomme "islamisme"...

La grande différence c'est la disparition d'une présence militante " ouvrière", de "gauche" en général PC.
Qui soit dit en passant n'avait pas que des qualités. C'est peut-être pour ça qu'elle a disparu.

Pour revenir à cette manif, au final il n 'y avait pas que des "islamistes", des "indigénistes", des "islamo-gauchistes" (si, si ça existe) et ...LO!

La plupart étaient des hommes et des femmes ulcérés d'avoir à s'expliquer sur le terrorisme...(un peu comme des présumés juifs toujours soupçonnés d'appuyer les saloperies de Netanyahou, ou des allemands sur le nazisme!).
Ceux-là étaient plutôt contents de la présence de LO.
artza
 
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Re: Affaire Mila

Message par LFuego » 13 Fév 2020, 07:33

artza a écrit :Que le racisme soit en régression en France, je ne le pense pas.


Les sondages montrent qu'il y a eu une baisse des personnes se déclarant raciste... Après on peut dire qu'on est pas raciste alors qu'on l'est mais même le fait de le taire montre que le racisme n'est plus du tout bien vu dans la société actuelle. Peu de personnes peuvent encore dire que par essence il y a des races inférieures à d'autres et que la "race" blanche est supérieure aux autres et justifie l’oppression des autres ! Ce discours existe chez les suprématistes américains mais même l’extrême droite française ne tient plus du tout ce discours, ni même celui qui a été leur credo sur le fait que les immigrés sont la cause du chômage... Ils se concentrent justement sur des aspects culturels et principalement au travers de la religion. Ce qui est habile car cette position a mis toute la gauche en porte-à-faux prise entre deux extrêmes-droites : La locale nationaliste et l'islamiste importée et par rejet de la première à se retrouver au côté de la seconde : Il faut sortir de ce piège rapidement et tenir une politique à la manière de l'article de "lutte de classe" qui tout en s'opposant à un ennemi de la classe ouvrière qu'est le FN/RN ne se laisse pas attrapé par les barbus ennemis au moins aussi dangereux du mouvement ouvrier.

D'ailleurs aujourd'hui, pour moi ce qui pourri le plus la vie des français d'origine immigrés c'est moins le vieux racisme cocardier d'avant, que l'islamisme.


Aujourd'hui la presse mine de rien souffle sur les braises et parfois par connerie. Politiciens, idéologues médiatisés et bureaucrates associatifs en rajoute dans tous les sens.


Bien sûr que des politiciens jouent avec ça mais en même temps jamais il y a eu autant de lois pour condamner les actes et les paroles racistes. Même Mila qui n'a jamais tenu de propos raciste, qui de l'avis de tous les témoignages fréquentait des camarades de toutes origines s'est vu ouvrir une enquête contre elle pour "incitation à la haine raciale". L'enquête a été close sans suite mais ça colle mal avec un pays où régnerait un racisme d'état.

La pire des discriminations que subissent les français d'origine étrangère c'est pas le racisme et la discrimination d'Etat c'est le fait qu'ils soient laissé sous le joug de la communauté islamiste. D'ailleurs ne nous y trompons pas des politiciens qui font d'un côté leurs choux gras en stigmatisant les personnes d'origine étrangère sont parfois les mêmes qui mènent des politiques communautaristes sur le terrain. Estrosi à Nice en a été un bon exemple. Où même Sarko qui a surfé pas mal sur le thème mais qui a offert aux intégristes le CFCM du haut duquel les barbus peuvent faire des procès à "Charlie" ou dire à Mila qu'elle l'a bien cherché...

Pour moi la priorité dans les quartiers ça devrait être de lutter contre l'islamisme qui enferme toute une part de la classe ouvrière dans la communauté qui leur est assigné!
Que les musulmans et Musulmans de France se sentent montrés du doigt, discriminés c'est sur. C'est un ressenti, oui, mais c'est aussi une réalité.
On peut dire la même chose pour les juifs et les Juifs et les "chinois" et les "indiens"...


Ces derniers étant souvent victimes de l'islam politique ou de ses avatars. Sans nier la grande tradition antisémite de la France et de l'occident chrétien depuis au moins 1000 ans, on ne peut que constater que la plupart des actes antisémites aujourd'hui sont moins dû à des pétainistes qu'à des délinquants habillés d'un vernis religieux
"La délinquance ordinaire" franchement c'est pas nouveau dans les quartiers pauvres. La présence religieuse non plus d'ailleurs, c'est pas la même, c'est tout.


C'est pas nouveau mais c'est inadmissible quand même qu'on laisse des quartiers entiers livrés à la délinquance et à la religion
Au passage une remarque, piétisme rigoureux n'est pas forcément la couverture ou la voie de ce qu'on nomme "islamisme"...

La grande différence c'est la disparition d'une présence militante " ouvrière", de "gauche" en général PC.
Qui soit dit en passant n'avait pas que des qualités. C'est peut-être pour ça qu'elle a disparu.


Disparu ou pire fondu dedans quand on tend les propos de Roussel qui revoit dos-à-dos Mila et ses agreseurs. Sans oublier la politique de certains maire PCF ou LFI faite de clientélisme avec subvention de la religion au travers d'associations religieuses
Pour revenir à cette manif, au final il n 'y avait pas que des "islamistes", des "indigénistes", des "islamo-gauchistes" (si, si ça existe) et ...LO!

La plupart étaient des hommes et des femmes ulcérés d'avoir à s'expliquer sur le terrorisme...
Ceux-là étaient plutôt contents de la présence de LO.


D'après ce que j'ai vu plus haut il semblerait que le gros des cortèges étaient constitués de personnes de gauche, de syndicalistes et de peu de travailleurs d'origine immigré : Donc la gauche a fourni les troupes à une manif organisée par des communautaristes qui sans les militants de la gauche aurait fait un bide... Pour moi cette manif c'est un fiasco après je ne veux pas faire une fixette sur le choix d'y participer ou pas, c'est jamais facile de faire le bon choix mais de voir ce qui est arrivé nous montre la nécessite d'avoir une position claire contre l'islamisme mais du point de vue communiste car sinon c'est l'extrême droite qui va monopoliser le terrain et il faudra pas ensuite se plaindre car le RN aura juste pris le terrain déserté par la gauche.
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LFuego
 
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