L'extrême gauche, poil à gratter de la gauche

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Message par conformistepote » 07 Nov 2003, 13:37

CITATION L'influence politique des trotskistes, de Bové et des altermondialistes inquiète le PS.
L'extrême gauche, poil à gratter de la gauche



Par Gilles MARTINET
mercredi 05 novembre 2003

GILLES MARTINET, ancien ambassadeur de France.



La gauche réformiste s'interroge sur les répercussions électorales que pourrait avoir en mars prochain l'influence prise par l'extrême gauche au cours de ces derniers mois. Elle a raison de s'inquiéter car un certain nombre de voix pourraient lui manquer au premier comme au second tour. Mais elle ne doit pas oublier que l'existence d'une extrême gauche constitue, en France, un phénomène plus que centenaire, qu'il est d'ordre culturel et pas simplement social, qu'il amplifie ou se réduit selon les périodesÉ Et selon les politiques que fait ou ne fait pas la gauche réformiste.

On peut en faire remonter la tradition aux journées de 1848 et à la Commune de Paris. Mais sa véritable naissance date de la fin du XIXe siècle lorsque les syndicats passèrent sous l'influence des anarchistes et proclamèrent, à la différence des Anglais, des Allemands et des Suédois, leur totale indépendance à l'égard des organisations politiques, à commencer des organisations socialistes. C'est à partir de là que se manifeste un sentiment de profonde méfiance non seulement à l'égard des sociaux-démocrates mais vis-à-vis de tous ceux qui font de la conquête d'une majorité électorale un objectif majeur de la politique.

Au lendemain de la Première puis de la Seconde Guerre mondiale, la place de l'extrême gauche fut tenue par le Parti communiste, qui eut, pendant longtemps, un poids électoral égal ou supérieur à celui de la gauche réformiste. La CGT libertaire d'avant 1914 s'était référée à une vision de la révolution qu'on pourrait aujourd'hui qualifier d'autogestionnaire, le Parti communiste s'appuyait quant à lui sur la réalité de la révolution soviétique. Il la voyait «globalement positive» et il voulait ignorer son caractère totalitaire.

L'effondrement du système soviétique lui porta un coup fatal. Sa participation à des gouvernements de coalition (1981 et 1997) acheva sa décomposition. Il n'exerçait plus sa «fonction tribunicienne» et il ne voulait pas suivre pour autant l'exemple de ses camarades italiens.

C'est alors qu'apparut une nouvelle extrême gauche avec les trotskistes, José Bové et l'aile radicale de l'altermondialisme. Comme dans le passé, cette nouvelle extrême gauche exprime une méfiance profonde à l'égard de la gauche réformiste. Celle-ci ne peut espérer la réduire ou la rallier en reprenant à son compte des slogans démagogiques ou en fixant des objectifs qu'elle sait ne pas pouvoir réaliser. Elle ne pourra y parvenir que lorsqu'elle sera de nouveau en mesure de présenter un programme de grandes réformes. Elle y a réussi dans le passé lorsqu'il s'est agi de la nationalisation des pôles de domination économiques, de la retraite à 60 ans, de l'extension de la Sécurité sociale, de l'allongement des congés payés, du RMI et des 35 heures. Dans tous ces cas, l'extrême gauche a suivi ou a été marginalisée. Mais voilà que tous ces «acquis» sont remis en cause ou menacés et qu'aucun autre grand projet n'est formulé.

Ce qui caractérise la situation actuelle, c'est que, d'une part, à la différence du communisme de jadis, l'extrême gauche n'a aucune perspective révolutionnaire crédible et que, d'autre part, la gauche réformiste n'a plus de grandes réformes à mettre en avant. Il ne s'agit pas d'un manque d'imagination mais de l'étroitesse des marges de manoeuvre dont on peut disposer dans la France d'aujourd'hui, c'est-à-dire dans un pays dont l'Etat est terriblement endetté et qui a beaucoup de mal à s'adapter aux nouvelles données mondiales.

Je ne pense pas que le Parti socialiste puisse élaborer un nouveau projet avant un certain temps. Les faiblesses et les contradictions du gouvernement actuel lui permettront de passer le cap des régionales, mais je suis persuadé que s'il veut avoir une chance de revenir au pouvoir en 2007 il lui faudra indiquer par quels chemins, et au prix de quelles réformes, la démocratie sociale pourra de nouveau s'affirmer en Europe face à la domination des marchés financiers. Nous sommes encore loin du compte.


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conformistepote
 
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