
CITATION
ENTRETIEN
"Une liste pour battre la droite et l'extrême droite sur le contenu"
LE MONDE | 07.11.03 | 13h46
Patrick Braouezec, député (PCF) de la Seine-Saint-Denis.
Le texte de cet entretien a été relu et amendé par M. Braouezec.
Vous lancez un appel "pour une alternative citoyenne en Ile- de-France" afin de monter une liste "anticapitaliste" qui se veut en dehors des appareils politiques. Quelle est votre démarche ?
La démarche, c'est de créer les conditions pour que, entre une extrême gauche dont je persiste à penser qu'elle s'enferme dans une logique stérile et une liste socialiste, avec ou sans le PCF, il y ait une offre politique véritable, porteuse de changements. Tout continue à se passer comme si rien n'était arrivé le 21 avril 2002, avec les mêmes petits calculs politiques. Nous, nous nous adressons aux électeurs comme aux non-électeurs résolument à gauche, aux militants associatifs, politiques, syndicaux et altermondialistes pour leur dire : prenons nos responsabilités, élaborons ensemble un projet et portons-le à la faveur de ce scrutin régional. Nous invitons qui le souhaite à venir à des assises de l'alternative citoyenne que nous organiserons le 29 novembre.
Comme le dit notre appel, nous devons construire le rassemblement anticapitaliste dont nous avons tous besoin. Pour que les gens ne soient plus dégoûtés de la politique, il faut qu'ils se la réapproprient. La démocratie a besoin de sortir du monopole de fait d'élaboration du projet et de désignation des candidats par les partis. L'objectif de notre liste, c'est de battre la droite et l'extrême droite, pas par défaut, mais sur le contenu.
Quelle serait l'attitude de votre liste pour le second tour ?
Elle se désistera ou fusionnera - si son score le lui permet - avec la liste de gauche qualifiée, si celle-ci le souhaite. C'est la seule façon de faire gagner la gauche dans sa diversité.
C'est une réponse à l'accord LCR-Lutte ouvrière ?
Non, pas du tout. Mais je ne désespère pas que certains militants de la "Ligue" et qu'une partie de son électorat nous rejoignent, estimant que la direction de la LCR s'enferme dans une optique sans perspective.
Vous avez prévenu le PCF ?
J'ai prévenu le PCF dans le sens où, à l'occasion de la conférence régionale Ile-de-France du parti, il y a deux semaines, j'ai dit à Marie-George Buffet -secrétaire nationale du PCF- comme à Michel Laurent -patron de la fédération de Seine Saint-Denis-qu'il était absolument suicidaire d'attendre le 15 décembre pour prendre une décision sur ce que nous allions faire aux élections régionales. Il y a urgence ! Le 15 décembre, on va y aller comment ? Quel travail a-t-on effectué en amont ? Pour moi, on ne peut pas - via les forums - tenter de s'adresser aux gens qui ne se retrouvent plus dans les partis. Et leur dire le 16 décembre : écoutez, nous le PCF, on a décidé, on n'a plus besoin de vous.
Vous vous mettez en dehors du Parti communiste ?
Non, je reste communiste, car je considère qu'être communiste c'est être dans le mouvement, c'est être attentif à une diversité de la société que le PCF a pourtant du mal à avoir en son sein. On nous parle de reconquérir l'électorat populaire. Pour cela, il faut qu'il se retrouve dans les candidats qui lui sont présentés. Où sont les jeunes issus de l'immigration, les chômeurs, les mal logés ? Le PCF peut se joindre à nous, s'il accompagne notre démarche et ne se conduit pas comme un parti leader ou d'avant-garde.
Vous lancez votre initiative à la veille du Forum social européen, accueilli à Saint-Denis, dont vous êtes maire. N'utilisez-vous pas le FSE comme tremplin ?
On l'aurait fait après le FSE, on nous aurait dit la même chose. Alors, ne faisons de procès à personne et travaillons à créer les vraies conditions du changement dans ce pays.
Vous prendrez la tête de cette liste ?
Non, je n'ai rien à prendre.
On imagine mal que vous initiiez une liste en Ile-de-France sans en prendre la tête
Moi j'imagine très bien d'y figurer derrière et parmi d'autres. De toute façon, se poserait à moi un problème de cumul des mandats. Parmi les premiers signataires de notre appel, il y a des gens tout à fait à même de conduire une liste et il y en aura certainement aussi parmi ceux qui nous rejoindront. Reste qu'il est évident que je pèserai de tout mon poids dans la campagne qui sera menée.
Propos recueillis par Caroline Monnot
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 08.11.03
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ENTRETIEN
"Une liste pour battre la droite et l'extrême droite sur le contenu"
LE MONDE | 07.11.03 | 13h46
Patrick Braouezec, député (PCF) de la Seine-Saint-Denis.
Le texte de cet entretien a été relu et amendé par M. Braouezec.
Vous lancez un appel "pour une alternative citoyenne en Ile- de-France" afin de monter une liste "anticapitaliste" qui se veut en dehors des appareils politiques. Quelle est votre démarche ?
La démarche, c'est de créer les conditions pour que, entre une extrême gauche dont je persiste à penser qu'elle s'enferme dans une logique stérile et une liste socialiste, avec ou sans le PCF, il y ait une offre politique véritable, porteuse de changements. Tout continue à se passer comme si rien n'était arrivé le 21 avril 2002, avec les mêmes petits calculs politiques. Nous, nous nous adressons aux électeurs comme aux non-électeurs résolument à gauche, aux militants associatifs, politiques, syndicaux et altermondialistes pour leur dire : prenons nos responsabilités, élaborons ensemble un projet et portons-le à la faveur de ce scrutin régional. Nous invitons qui le souhaite à venir à des assises de l'alternative citoyenne que nous organiserons le 29 novembre.
Comme le dit notre appel, nous devons construire le rassemblement anticapitaliste dont nous avons tous besoin. Pour que les gens ne soient plus dégoûtés de la politique, il faut qu'ils se la réapproprient. La démocratie a besoin de sortir du monopole de fait d'élaboration du projet et de désignation des candidats par les partis. L'objectif de notre liste, c'est de battre la droite et l'extrême droite, pas par défaut, mais sur le contenu.
Quelle serait l'attitude de votre liste pour le second tour ?
Elle se désistera ou fusionnera - si son score le lui permet - avec la liste de gauche qualifiée, si celle-ci le souhaite. C'est la seule façon de faire gagner la gauche dans sa diversité.
C'est une réponse à l'accord LCR-Lutte ouvrière ?
Non, pas du tout. Mais je ne désespère pas que certains militants de la "Ligue" et qu'une partie de son électorat nous rejoignent, estimant que la direction de la LCR s'enferme dans une optique sans perspective.
Vous avez prévenu le PCF ?
J'ai prévenu le PCF dans le sens où, à l'occasion de la conférence régionale Ile-de-France du parti, il y a deux semaines, j'ai dit à Marie-George Buffet -secrétaire nationale du PCF- comme à Michel Laurent -patron de la fédération de Seine Saint-Denis-qu'il était absolument suicidaire d'attendre le 15 décembre pour prendre une décision sur ce que nous allions faire aux élections régionales. Il y a urgence ! Le 15 décembre, on va y aller comment ? Quel travail a-t-on effectué en amont ? Pour moi, on ne peut pas - via les forums - tenter de s'adresser aux gens qui ne se retrouvent plus dans les partis. Et leur dire le 16 décembre : écoutez, nous le PCF, on a décidé, on n'a plus besoin de vous.
Vous vous mettez en dehors du Parti communiste ?
Non, je reste communiste, car je considère qu'être communiste c'est être dans le mouvement, c'est être attentif à une diversité de la société que le PCF a pourtant du mal à avoir en son sein. On nous parle de reconquérir l'électorat populaire. Pour cela, il faut qu'il se retrouve dans les candidats qui lui sont présentés. Où sont les jeunes issus de l'immigration, les chômeurs, les mal logés ? Le PCF peut se joindre à nous, s'il accompagne notre démarche et ne se conduit pas comme un parti leader ou d'avant-garde.
Vous lancez votre initiative à la veille du Forum social européen, accueilli à Saint-Denis, dont vous êtes maire. N'utilisez-vous pas le FSE comme tremplin ?
On l'aurait fait après le FSE, on nous aurait dit la même chose. Alors, ne faisons de procès à personne et travaillons à créer les vraies conditions du changement dans ce pays.
Vous prendrez la tête de cette liste ?
Non, je n'ai rien à prendre.
On imagine mal que vous initiiez une liste en Ile-de-France sans en prendre la tête
Moi j'imagine très bien d'y figurer derrière et parmi d'autres. De toute façon, se poserait à moi un problème de cumul des mandats. Parmi les premiers signataires de notre appel, il y a des gens tout à fait à même de conduire une liste et il y en aura certainement aussi parmi ceux qui nous rejoindront. Reste qu'il est évident que je pèserai de tout mon poids dans la campagne qui sera menée.
Propos recueillis par Caroline Monnot
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 08.11.03
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