a écrit :
21/11/2002- Arlette Laguiller à propos de la journée du 26 novembre.
POUR QUE LE 26 NOVEMBRE SOIT UN SUCCES !
Prévue à l'origine comme une journée de manifestation des cheminots, la mobilisation pour le mardi 26 novembre est en train de s'élargir. Les travailleurs de France Télécom et de La Poste sont appelés à 24 heures de grève et des appels à la grève sont également lancés par un ou plusieurs syndicats à EDF et GDF, à Air France, à la Santé, à l'Education nationale.
Le 26 novembre peut et doit devenir une journée de grève et de manifestation de tous ceux qui, dans le monde du travail, sont décidés à s'opposer aux attaques du patronat et du gouvernement.
Par delà les corporations, tous les travailleurs du secteur public ont de quoi s'insurger contre l'attaque qui se prépare contre leurs retraites. Le gouvernement Chirac-Raffarin voudrait imposer ce que Juppé n'avait pas réussi en 1995 : porter à 40 ans la durée de cotisation. On ose affirmer qu'il s'agit de mettre fin à la disparité des durées de cotisation entre le public et le privé. Mais la disparité actuelle n'existe que depuis que Balladur a repoussé l'âge de départ en retraite dans le privé. Les travailleurs du public n'ont pas de raison d'accepter aujourd'hui ce qu'ils ont rejeté en 1995. Pas plus de 37 ans et demi de cotisation ni dans le public, ni dans le privé, voilà ce qu'il faut pour rétablir l'égalité.
Les travailleurs du secteur public subissent partout des suppressions d'effectifs, liées ou non à des projets de privatisation. Des hôpitaux à La Poste, le personnel est débordé, et on continue à supprimer des emplois alors pourtant que le chômage s'aggrave. Embaucher du personnel est une nécessité vitale dans l'intérêt des travailleurs comme dans l'intérêt des usagers du service public. Mais le gouvernement préfère sacrifier les uns comme les autres plutôt que de prendre l'argent nécessaire dans les sommes colossales qui sont consacrées au grand patronat.
Les salaires sont partout insuffisants. D'autant plus que se multiplient les contrats précaires mal payés dans toutes les branches des services publics. Il faut augmenter tous les salaires !
Il est d'autant plus important que les travailleurs du secteur public se fassent entendre le 26 novembre que leurs revendications essentielles expriment aussi celles des travailleurs du secteur privé sur l'emploi et sur les salaires. La colère qui monte chez les chauffeurs-routiers en témoigne. Si le 26 novembre est un succès, cela peut et cela doit devenir une étape vers la mobilisation de l'ensemble du monde du travail.
Il faut surmonter l'attitude timorée des centrales syndicales. Les fédérations de cheminots, qui n'appellent qu'à une manifestation nationale, nous expliquent qu'un appel à la grève à la SNCF pourrait gêner la montée à Paris des manifestants. Comme si elles ne se souvenaient pas qu'en 1995, c'est précisément pendant la grande grève des cheminots que les manifestations étaient les plus puissantes ! Rien n'empêche les cheminots grévistes de mettre des trains à la disposition des manifestants.
Rien ne justifie non plus l'émiettement des appels à des journées différentes dans plusieurs secteurs publics. Rien ne justifie le silence sur la suite à donner au mouvement. Gouvernements et patronat poursuivent depuis des années un plan méthodique dont tous les travailleurs constatent les conséquences catastrophiques dans leurs conditions d'existence Il faut que le patronat et le gouvernement aient face à eux une classe ouvrière unie pour se défendre.
Alors, il faut que le 26 novembre soit un succès. Il faut que les travailleurs de la SNCF, France Télécom, La Poste, EDF et GDF, Air France, l'Education nationale, la Santé, des transports publics, soient nombreux à se mettre en grève et à manifester. Il faut que tous ceux qui souhaitent une mobilisation générale du monde du travail, qu'ils soient du secteur public ou du secteur privé, les rejoignent.
Une seule journée, même réussie, ne suffira pas à les faire reculer. Mais elle peut être l'annonce que d'autres mobilisations suivront, plus larges encore, et que le gouvernement ne pourra pas impunément continuer à perpétrer ses mauvais coups contre les travailleurs.
Arlette Laguiller, le 21 novembre 2002
C'est évidemment dans le public que la grève a quelques possibilités de réussite. Mais un succès serait un encouragement et donnerait de l'énergie à bien des miltants et des travailleurs y compris du privé.