Ces enquêtes ne prédisent rien. Je vous en ressort une datée du 3 février sur la Lorraine. Ici on n'est pas à 3 %, on est à 12%. Qui dit mieux ?
a écrit :Régionales: l'impossible pronostic
Ici, des universitaires présentent une étude faisant ressortir la victoire de la droite, là, un service du ministère de l'Intérieur démontre que la gauche peut gagner, ailleurs, un sondage local circulant sous le manteau annonçe l'élection de l'UMP mais un autre, national, dit le contraire. Bienvenue dans le monde de l'intox !
Les mauvaises langues disent que les têtes de liste des élections régionales ne croient plus aux analyses post-électorales, qu'elles viennent d'universitaires, de policiers ou de sondeurs. Elles sont aujourd'hui à la recherche de méthodes mystiques leur permettant de communiquer avec le futur, de préférence un certain dimanche 21 mars 2004 - 20h. Elles auraient, pour cela, acheté des amulettes chez un sorcier africain pour conjurer le mauvais sort et, chaque soir, elles dansent, leur gri-gri autour du cou, attendant un signe venu d'ailleurs. Il faut dire que cette élection fait saliver le microcosme au point que chacun y va de son propre pronostic. Selon votre interlocuteur, c'est la droite ou la gauche qui va gagner. Et souvent l'interlocuteur change d'avis entre le matin et le soir.
Le microcosme a tendance à se faire peur. D'aucuns prédisent un massacre électoral pour la majorité. D'autres pensent que l'opposition n'a pas encore regagné le terrain perdu. En réalité, chaque région a sa spécificité politique. Ce n'est donc qu'au jugé que peuvent se faire les analyses mais en aucun cas aussi précises que certains veulent le faire croire.
Pour ceux qui ont l'expérience des études et sondages, on dit souvent qu'il faut demander au service des Renseignements Généraux leur point de vue et inverser les chiffres qu'ils donnent. A voir !
Qu'en est-il vraiment ? Voilà le point de vue d'Infodujour qui a décidé de s'engouffrer dans ce petit monde d'initiés. Si le pronostic est impossible, les tendances, elles, sont possibles.
Il convient tout d'abord de constater que les 30 élections partielles qui se sont déroulées en 2003 ont montré une grande stabilité du corps électoral. Toutes ces élections partielles ont permis d'arriver à certaines conclusions :
- La gauche recule plus qu'elle ne progresse en voix.
- Les Verts ont obtenu des résultats médiocres et ont même, par endroits, perdu jusqu'à 50 % de leur électorat.
- L'extrême-gauche était absente de tous ces scrutins, ce qui permet de s'interroger sur les raisons qui amènent certains à la voir subitement multiplier son score par deux.
- Le Front National a perdu du terrain et n'a pas subi une forte poussée comme plusieurs analystes l'ont fait croire.
- Le Parti Communiste a bien résisté. L'absence de l'extrême-gauche est une explication.
- Le bon report des voix au second tour a renforcé les positions de la droite. On constate le phénomène inverse en ce qui concerne la gauche.
Ces conclusions sont confirmées par les récents sondages nationaux sur l'état de l'opinion et des partis politiques. Mais l'électorat est si peu rationnel qu'il ne faut pas grand chose pour le faire basculer.
En Lorraine, les sondages qui fleurissent sont conformes aux études réalisées. Mais cela relève plus de l'intox et de la manipulation que de réflexions sérieuses. En effet, personne ne peut donner de chiffres précis à la virgule près. Il convient d'évaluer le poids des listes en fonction de critères qu'il y a lieu de définir pour ensuite fixer des fourchettes.
Nous allons tout de même publier le sondage tel qu'il circule et qui aurait été réalisé par un institut régional sur un échantillon de 1.200 personnes. Bien que nous ne croyions pas à la véracité de ce sondage, il n'y a aucune raison qu'il reste entre les mains de quelques dizaines de favorisés. Ces enquêtes, ou sondages, sont souvent destinées à rester confidentielles, ce qui évite de les déposer devant la Commission Nationale des sondages. Ils circulent sous le manteau car leurs commanditaires ne peuvent s'en prévaloir publiquement. Ces prétendues enquêtes sont toujours contradictoires, donc intoxicatives. Elles ne sont mêmes pas des indicateurs de référence mais elles peuvent devenir des instruments de pression.
LO/LCR : 12 %
Verts : 4 %
La Gauche : 7,5 %
PS/PC : 18 %
FN : 16 %
UDF : 9 %
Masson : 10 %
UMP : 23,5 %
Le second tour donne la droite gagnante : + 3 % sur la Gauche.
Ce sondage paraît "bidon" mais il est pris au sérieux par tellement de leaders d'opinion que nous le publions brut de décoffrage. Nous pensons que le score attribué à l'extrême-gauche (12%) rend peu crédible le reste du sondage. Trois sondages nationaux publiés ces deux derniers mois donnent LO/LCR à 6 %. Ce chiffre est plus près de la vérité en Lorraine que le sondage régional.
Nous tentons donc de faire notre propre analyse, en fonction de multiples informations collectées dans l'ensemble de la région. Nous tenons compte du choix des têtes de liste, de la composition des listes, de la situation politique et sociale, des alliances, de l'état de l'opinion, des partielles de l'année 2003, de l'évolution du corps électoral lorrain depuis 10 ans, de la politique menée par la majorité sortante, des projets pour la Lorraine (TGV, autoroute...), du poids et du choix de la presse locale, de la force des partis politiques, de la mobilisation des réseaux, des élus de tous bords, des leaders d'opinion et des acteurs économiques, du taux de participation prévisible et des moyens financiers engagés dans la campagne électorale.
Cela nous amène à l'opinion suivante :
liste LO/LCR : il n'y a aucune raison de prévoir une poussée. Aucun signe ne permet de modifier son score qui est constant, environ 6 %, pouvant au mieux se trouver à 7 % du fait de l'alliance de l'ensemble de l'extrême gauche.
Liste "La Gauche" : en 1998, en Moselle, les spécialistes la donnaient à 3 %. Elle a fait plus du double des prévisions. Soutenue par le Parti Radical de Gauche, Initiative Républicaine et Lorraine Démocratie, la fourchette prévisible peut aller de 5 à 8 %. Il n'est pas exclu que la campagne lancée contre cette liste par le P.S. ne lui fasse une publicité qui lui fera engranger des voix venues d'abstentionnistes de gauche et, par voie de conséquence, la tire vers le haut.
Liste PS/PC : La gauche totalisant dans son ensemble au mieux 40 %, le score de cette liste pourrait en partie basse se situer à moins de 20 % et en partie haute à 23 %. Pour arriver à ce chiffre là, il convient de diminuer le total prévisible de la gauche de celui prévisible des autres formations de l'ex-gauche plurielle.
Liste Verts : en 1998, les Verts n'ont pas franchi la barre des 5 % si l'on fait la moyenne des 3 départements où ils ont présenté une liste du fait de la présence des écologistes indépendants. Ce cas de figure devrait se reproduire. Mais nous doutons de la présence de cette liste qui continue discrètement à négocier avec le PS.
Liste M.E.I. : ce mouvement d'Antoine Waetcher était déjà présent en 1998. 3 % est leur chiffre prévisible. Mais ils sont si rêveurs et utopistes qu'ils sont capables d'en oublier de déposer leur liste.
Liste UDF : elle pourrait frôler les 7 % du fait d'un mouvement national autour de François Bayrou, mais il leur sera difficile d'y arriver. 5 à 6 % semble être un chiffre plus près de la vérité.
Liste Masson : on ne voit pas comment il pourrait dépasser 10 %. Tout semble s'effondrer autour de son leader. La justice le poursuit. Il est de plus en plus isolé. Il est tombé dans le piège tendu par le maire de Metz qui l'incite à se compter et se couper de ses racines politiques. L'espace à droite entre l'UDF et l'UMP est trop exigu pour qu'il fasse une performance.
liste Longuet : il n'est pas encore sorti d'affaire. La machine UMP est bien huilée. Sa force est la faiblesse des autres. La division de la droite en Lorraine n'est pas forcément un handicap car les autres listes sont des réserves en voix indispensables pour le second tour. Le pire serait qu'il soit seul à droite, sans réserve. Il dépassera 25 % si certaines conditions sont réunies (choix des candidats notamment).
liste FN : très peu de surprises car la banane brune qui commence de la région PACA à la Lorraine en incluant l'Alsace, est constante depuis des années. Le Pen avait fait plus de 21 % au second tour des présidentielles. Pour cette élection ils seront situés dans une tranche allant de 15 à 17 %. Ils perdront 2 à 3 % au second tour.
Résumé de notre analyse :
Taux de participation prévisible : 56 à 58 %
1er tour :
Liste Masson : 7 à 9 %
Liste UDF : 5 à 7 %
Liste Verts : 4 à 5 %
Liste Lorraine-Ecologie : 2 à 3 %
Liste La Gauche : 5 à 8 %
Liste LO/LCR : 6 à 7 %
Liste FN : 15 à 17 %
Liste PS/PC : 19 à 23 %
Liste Longuet : 26 à 28 %
Le second tour dépendant des résultats du premier, il est difficile d'en prévoir l'issue. Cependant, la droite et la gauche sont dans la même situation.
La liste PS/PC qui est assurée d'être au second tour pourrait bien se trouver toute seule, faute de partenaires. Dans cette hypothèse, une liste PS/PC ne pourrait dépasser 35 %. Si les Verts réussissent à franchir le cap des 5 %, la fusion permettrait à la liste de gauche de frôler les 40 %. C'est essentiellement parce que les reports de voix à gauche sont généralement mauvais que, même dans une triangulaire, il sera difficile à la liste PS/PC de retrouver au second tour les forces perdues émanant en partie de l'extrême gauche et de la liste "La Gauche". En laissant "pousser" des listes concurrentes à gauche, la liste PS/PC a mis en place le remake de la situation de 1998 en Moselle.
La liste Longuet devra obligatoirement intégrer des membres de la nouvelle UDF et de la liste Masson. Leur score du premier tour est une réserve indispensable. Elle ne s'obtient pas automatiquement. Une simple liste UMP pourrait se retrouver dans la même situation que la liste d'une gauche non rassemblée, même si 2 à 3 % du FN basculeront... et, au bout, il se pourrait que la différence entre droite et gauche ne se calcule qu'en milliers de voix.
Mais la présence de certaines listes n'est pas encore certaine. Des tractations ont lieu tant à droite qu'à gauche. Il reste 14 jours, aux uns comme aux autres, pour confirmer ou non leur candidature. On peut toujours avoir des surprises !
3 Février 2004 Jean MAIER