(Le Monde @ Lundi 26 janvier 2004 a écrit :
Le "marché commun" d'arlette et alain
Ces deux-là se connaissent par cœur. Arlette Laguiller et Alain Krivine, porte-parole respectifs de Lutte ouvrière (LO) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), en sont à leur deuxième campagne commune. En binôme lors des européennes de 1999, ils le sont à nouveau pour les régionales de mars en Seine-Saint-Denis : "Arlette", qui conduit la liste d'union des deux formations d'extrême gauche en Ile-de-France, est aussi tête de liste dans ce département, où "Alain" figure en numéro deux.
Dimanche 25 janvier, le tandem a réservé sa première sortie au marché du centre-ville de Saint-Denis. Le choix n'est pas anodin : à une cinquantaine de mètres de là, se trouve la mairie du communiste Patrick Braouezec, le promoteur de la liste d'"ouverture au mouvement social"conduite par le PCF en Ile-de-France. Même si les choses ne sont pas aussi clairement énoncées, la bataille entre les deux listes est réelle. Côté LO-LCR, on souhaite offrir " un débouché politique" à tous ceux qui sont " touchés de plein fouet par la politique du gouvernement", "permettre aux gens qui ont la tête sous l'eau de la sortir, de résister".
"Le principal responsable de notre accord, c'est le baron Seillière, c'est le Medef, qui occupe l'Elysée, Matignon. Notre adversaire, c'est la droite, l'extrême droite et le patronat. Notre objectif, ce n'est pas de battre le PCF", explique M. Krivine, avant de nuancer : " La liste PCF est dirigée par un ancien ministre du gouvernement Jospin -Marie-George Buffet-. Quant à Braouezec, il a voté à l'Assemblée toutes les lois que le PS lui demandait, à l'exception des lois Chevènement." Mme Laguiller approuve : "Le PCF s'est déconsidéré au gouvernement. Aujourd'hui, il est obligé de chercher la caution des mouvements sociaux. C'est un aveu. Nous sommes les mieux placés pour empêcher l'électorat déçu par tous les renoncements de la gauche de se tourner vers l'extrême droite."
La porte-parole de LO recueille les encouragements de plusieurs badauds attirés par l'attroupement de journalistes. " Arlette, Chirac, il promet beaucoup de choses, mais il n'a rien fait. Les pauvres, ils paient pour les riches", l'interpelle un quinquagénaire. " Toujours je vote pour vous", lui dit une dame qui réclame une photo. "On vous soutient", dit un couple originaire du sous-continent indien. Sur ce marché populaire, "Arlette" reste une valeur sûre.
Caroline Monnot