a écrit :« Un plan d'urgence anticapitaliste »
Unies pour les régionales, Lutte Ouvrière et la Ligue communiste
révolutionnaire dénoncent les « cadeaux de Longuet » aux entreprises qui
licencient.
NANCY. Depuis six ans, le discours de Christiane Nimsgern, tête de liste
LO-LCR pour les régionales, a eu le temps de se rôder. « Je sais que mes
interventions finissaient par agacer. J'étais le petit grain de sable dans
leur machinerie des copains-copains », assure la conseillère régionale
sortante d'extrême-gauche en tirant le bilan de son mandat.
Au contact des autres élus - de gauche comme de droite - elle a ressenti «
une connivence incroyable entre eux ». « D'ailleurs les socialistes ont voté
tous les budgets, sauf le dernier parce qu'on était à six mois des
élections », ajoute-t-elle.
Critiquant les « cadeaux de Longuet » aux entreprises qui licencient,
Christiane Nimsgern a surtout insisté hier lors de la présentation de sa
liste à Nancy sur la dimension nationale de ce scrutin : « Nos listes
offrent aux électeurs un véritable choix social et politique, au lieu de la
fausse alternative entre deux équipes aussi serviles vis-à-vis du patronat
l'une que l'autre, aussi méprisantes à l'égard de classes populaires et des
travailleurs », affirme-t-elle.
« Trusts pharmaceutiques »
Pointant du doigt le « cynisme » de l'équipe Chirac-Raffarin qui, selon
elle, « est en train de démolir ce qui reste de la législation du travail »,
Christiane Nimsgern constate : « Le déficit de la sécurité sociale est monté
en épingle alors que ce sont les allégements de cotisations sociales, le
chômage qui en sont le seul responsable. Sans oublier les trusts
pharmaceutiques qui prospèrent : pour racheter son concurrent Aventis,
Sanofi est prêt à mettre sur la table la somme faramineuse de 50 milliards
d'euros, soit près de cinq fois le montant du déficit de la Sécurité sociale
! »
Yohan Robinot, de la LCR, numéro 2 sur la liste en Meurthe-et-Moselle,
ajoute de son côté la nécessité « d'un plan d'urgence anticapitaliste » avec
« l'interdiction des licenciements, le maintien de la protection sociale
pour tous et toutes sur le principe de la solidarité et l'arrêt de la casse
des services publics ».
Pas de fusion de liste
Ces propositions résonneraient particulièrement en Lorraine, région «
frappée par des restructurations, comme chez Bata ou Daewoo », insiste le
militant trotskiste. « Nous souhaitons aussi faire entendre dans cette
campagne la voix des millions de personnes qui ont manifesté au printemps
dernier contre la réforme des retraites », indique Yohan Robinot qui est
étudiant et surveillant.
Le mode de scrutin étant cette fois très sélectif, les candidats LO-LCR ne
s'attendent pas à figurer au second tour. Et l'accord national conclu entre
les deux formations interdit toute fusion de listes avec celle (PS-PC) de
Jean-Pierre Masseret. « Nous n'appellerons pas à voter pour lui. Nous ne
sommes pas propriétaires de nos voix. Les électeurs sont assez grands pour
juger », indique Christiane Nimsgern.
Seule exception pour des tractations : « S'il existe un risque de voir le
Front National s'emparer de la région ». Mais, même dans cette hypothèse, la
tête de liste LO l'assure : « On y regarderait de très près ».
François MOULIN