
Pour bien commencer l'année et vous mettre de bonne humeur, je vous propose l'éditorial du Monde :
:rocketwhore:a écrit :
• LE MONDE | 07.01.03 | 13h24
L'éditorial du Monde
Chirac et la retraite
LE PRÉSIDENT de la République a lancé la réforme des régimes de retraite, en recevant les vœux des "forces vives" de la nation à l'Elysée, lundi
6 janvier. La retraite est la première sur la liste des réformes que Jacques Chirac a annoncées pour 2003, qui sera "l'année de l'action" après que
2002 fut l'année "des débats".
Personne ne dira que la partie est facile pour le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur ce dossier, sur lequel est venu s'échouer
Alain Juppé en 1995 et que Lionel Jospin a écarté en expliquant qu'il avait été, précisément, "pourri" par son prédécesseur. Mais le
moment est aujourd'hui propice : Jacques Chirac détient tous les pouvoirs politiques, l'année 2003 est sans élection et l'exemple de
nos voisins européens, qui ont tous engagé des réformes, vient démontrer que l'évolution démographique impose de modifier les
financements des régimes de retraite dans tous les pays développés, France comprise. D'où la volonté gouvernementale d'aller assez
vite, avant que les esprits ne se remobilisent dès l'automne sur les échéances électorales de 2004 : les décisions seront prises avant
l'été, a dit Jacques Chirac.
On ne peut que souscrire aux grandes lignes qu'a tracées le chef de l'Etat. Il a promis " le dialogue", "l'équité", "la solidarité mais la liberté" et "la
garantie de partir à la retraite à 60 ans". Certains de ces principes, concernant le fond comme la méthode, sont clairs. Le mot de
"solidarité"indique que le régime de répartition doit rester la base principale des retraites en France. Après l'effondrement de la Bourse, l'heure n'est
plus à vanter les fonds de pension à l'américaine, comme la droite française le faisait dans les années 1990.
"L'équité" signifie que les régimes particulièrement avantageux de la fonction publique (37 ans et demi de cotisation, contre 40 ans pour les salariés
du privé) doivent disparaître à terme. Le "dialogue" se traduit par des "concertations" et non pas par des "négociations" avec les organisations
syndicales, a précisé M. Fillon, le ministre des affaires sociales, en expliquant que l'interlocuteur syndical n'était pas le seul concerné puisque les
retraites touchent "tous les Français" et que le Parlement a son mot à dire.
Toutefois, on se demande quelle est la force de ces principes. A EDF, où des discussions ont déjà eu lieu, la solution retenue pour réformer les
retraites est celle d'alourdir les cotisations pour maintenir les avantages des électriciens, notamment les 37,5 ans de cotisation. Edouard Balladur a
critiqué cet accord dans nos colonnes : qu'en pense le gouvernement ? "La solidarité mais la liberté" ouvre la porte à des régimes complémentaires
mais on ignore dans quelle mesure et avec quels avantages ? Plus regrettable est la phrase sur le départ à 60 ans. Puisque l'allongement des durées
de cotisation est prévisible, maintenir le droit de partir à 60 ans, signifie prendre sa retraite avec un taux de pension dégradé. Ne pas l'avoir dit
revient à laisser croire le contraire, ce qui est une très mauvaise pédagogie.