a écrit :> > LA LIBERTE
> > Monique* est employée dans une grande banque à Paris. Comme la
majorité de ses collègues, elle habite en grande banlieue, seule solution
pour elle de disposer d'un habitat décent. Les loyers parisiens lui sont
bien évidemment inaccessibles. Chaque jour, elle utilise les transports en
commun pour se rendre a son travail. Ce trajet lui coûte 1 heure et demie de
son temps le matin et autant le soir pour rejoindre sa maison ou elle
s'occupera ensuite de sa famille. C'est en femme libre que Monique a choisi
de travailler. Nombre de personnes de son entourage ont, quant a elles,
choisi de ne pas travailler tant les diverses subventions légales a
l'inactivité les ont poussées a refuser un travail pas assez payé et éloigné
de leur domicile.Ces personnes ont pertinemment et logiquement choisi de
rester chez elles.
La liberté a un prix que Monique paye lourdement ces jours- ci car, au
motif d'une autre liberté appelée le droit de grève, quelques salariés de
la SNCF ont choisi de bloquer les transports publics. Les 3 heures de
transport quotidien se transforment alors en un véritable gymkhana pour
rejoindre son travail dans les meilleurs délais car Monique ne peut se
permettre être absente.
Monique, d'origine modeste, se sent culturellement un peu solidaire des
salariés qui militent pour améliorer leurs conditions de travail. Elle sait
que les siennes sont difficiles et conçoit que celles des autres le soient
aussi. Ce dernier argument relativise un peu sa galère devenue quotidienne
après 6 jours consécutifs de grève. Liberté de travailler pour Monique et
Liberté de grève pour les autres.
> > Égalité
> > Ce que Monique ignore, ce sont les motifs précis du mécontentement de
ses alter ego du service public. Elle ignore que les grévistes de la SNCF
refusent le plan " Cap Clients" qui a pour vocation de mettre l'entreprise
au service de ses clients.
L'entreprise dans laquelle travaille Monique a toujours été au service de
ses clients sinon voila longtemps qu'elle aurait mis la clé sous la porte.
Elle ignore que les grévistes de la SNCF militent pour maintenir leur
retraite a 50 ou 55 ans, calculée sur les toutes dernières années
d'activité, alors que Monique ne partira probablement pas en retraite avant
65 ans et n'a aucune idée de quelle manière sera payée son hypothétique
pension pourtant bien méritée.
Elle ignore aussi que cette retraite a 50 ans ou 55 ans ne peut être
financée par la seule caisse de retraite des bénéficiaires de la SNCF.
Par solidarité, la caisse de retraite du privé, a laquelle Monique cotise
chaque mois, a l'obligation de combler une partie du trou de la caisse de
retraite public incapable d'honorer seule ses engagements sociaux. Comme
cela ne suffit pas, le solde est financé par l'impôt sur le revenu dont
Monique malgré ses revenus modestes vient de s'acquitter comme une minorité
de français.
Elle ignore encore que le salaire net qu'elle touchera en fin de mois, pour
35 heures de travail efficace par semaine est sensiblement inférieur au salaire moyen du salarié dudit
service public pour des heures de travail effectives que personne ni même la
direction ne sait calculer exactement.
Elle ignore enfin que la direction de la SNCF accordera, comme d'accoutumée,
a ces revendications une fin favorable en augmentant les salaires
conformément à la demande des grévistes et en payant, fort probablement, les
jours de grève. Monique, par contre, se verra déduire en fin de mois les
heures de retard qu'elle aura accumulé pendant cette semaine de progrès
social.
Ignorer tout cela permet sans doute de mieux accepter cette conception de
l'Égalité !
> > LA FRATERNITÉ
Monique est fraternelle puisqu'elle paye chaque jour de ses propres deniers
le statut de ce service public. Cette semaine, elle paye un petit extra qui
se traduira sur sa feuille de paye, par son manque de sommeil, par le stress
d'arriver en retard au travail, puis d'arriver en retard a la maison.
Demain, toujours fraternelle, elle continuera a payer l'addition lorsqu'elle
continuera a travailler pour payer la généreuse retraite des salariés de la
SNCF de sa génération, mais partis 15 ans plus tôt.
> > Liberté, Égalité, Fraternité ... nous voila rassurés, le droit de grève
respecte bien les bons principes de notre république. Il est donc bien
constitutionnel.
Au fait, Monique ne travaille-t-elle pas avec vous ? Si elle travaille avec
vous surtout ne lui dites rien de tout cela....
(*) Le prénom a été modifie.
> > ------------------------------------------------- > VIVE LA SNCF !
> > Quelques chiffres a connaître :
> - Recettes annuelles : 57 milliards de F
> - Budget annuel : 118,5 milliards de F
> - Subvention annuelle de l'état : 75 milliards de F (un Crédit Lyonnais
tous les 2 ans avec nos impôts)
> - Financement des retraites : 14 milliards (toujours avec nos impôts)
> - Dette a financer : 232 milliards (SNCF + RFF, l'équivalent du CDR au
Lyonnais)
> > Situation d'un conducteur de TGV :
- Salaire : de 14000 F en début de carrière a 21000 F en fin de carrière.
- Plus : prime de fin d'année, prime de travail (restons calme), prime de
parcours, prime de TGV, prime de charbon (vous lisez bien), gratification de
vacances, gratification annuelle d'exploitation,indemnités pour heures
supplémentaires, allocation de déplacement (non imposable), etc.
- Horaire de travail : 25 heures par semaine (vive les 35 heures)
- Retraite à 50 ans
- Soins : gratuits (sur le temps de travail) auprès d'un des 15900
établissements de soins agréés ou ils sont couverts a ... 100%
- Autres privilèges : gratuité des transport pour les agents et leur famille
(en première), CE très généreux, ....
- Et : EMPLOI A VIE.
> > Transmettez ces chiffres au maximum de personnes que vous connaissez, et
qui empruntent la SNCF régulièrement, pour que l'on n'entende plus a chaque
grève un "usager" a la radio dire : "Ils ont sûrement raison de faire grève
mais ...." >
C'est cette belle prose que m'a transmise par mail un copain qui me demandait ce que j'en pensais (il se doute que je ne suis pas d'accord, mais il veut mes arguments). Je lui fais ma réponse demain, que je lui enverrai certainement dans l'après-midi.
Je sais déjà à peu près ce que je vais lui dire, mais j'aurais aimé avoir l'avis des uns et des autres sur les arguments à employer.
Et puis, vous recevez aussi ce genre de conneries, vous ?
Pour la petite histoire, il y a à peu près un an, j'ai reçu un mail pratiquement similaire qui parlait d'une jeune femme habitant en banlieue et qui s'appelait ... "Sophie" ! J'ai l'impression qu'il y a un petit malin qui invente des histoires sur les gens pour pouvoir militer contre le droit de grève, et qu'il change régulièrement de prénom !