Dissolution des ligues?

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Message par emma-louise » 29 Jan 2003, 16:54

Le président du CRIF met en garde l'extrême gauche contre une "alliance brun-vert-rouge"
Par Xavier Ternisien et Nicolas Weill, LE MONDE, 27 janvier 2003.

Roger Cukierman a dénoncé l'"antisionisme" qui, selon lui, règnerait au sein des partis trotskistes et du mouvement antimondialisation. Jean-Pierre Raffarin a stigmatisé les "actes antijuifs".

Roger Cukierman , président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), a fait sensation, samedi 25 janvier, lors de son traditionnel dîner annuel, en dénonçant, "à côté de l'extrême droite nostalgique", "l'antisionisme" règnant, selon lui, dans des"partis révolutionnaires tels Lutte ouvrière et la LCR", ainsi que dans le courant anti-mondialisation, faisant allusion, sans le nommer à José Bové.

Devant une douzaine de ministres (Nicolas Sarkozy, Dominique Perben, Michèle Alliot-Marie, Xavier Darcos, Patrick Devedjian...), le président du Sénat, Christian Poncelet, et celui de l'Assemblée, Jean-Louis Debré, ainsi que Laurent Fabius et le maire de Paris, Bertrand Delanoë, il a souligné que les juifs se sentaient "privés de l'amitié de trop de ces compagnons d'autrefois et de ces organisations censées défendre les droits de l'homme qui, sous couvert d'humanisme, se fondent dans les extrémismes". Avant de résumer son analyse dans une formule choc : "Cette alliance brun-vert-rouge donne le frisson. Elle guette les faux pas des démocrates."

C'en était trop pour le nouveau secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire, qui a quitté la salle. Cette sortie intervient après d'une autre polémique. Un article paru sur le site internet Proche-Orient.info affirmait en effet que Patrick Farbiaz, assistant parlementaire de Noël Mamère (et auteur avec lui d'une Dangereuse Amérique, Ramsay), se serait écrié, en marge du Conseil national des Verts, samedi 11 janvier : "Vive le Hamas, Hamas vaincra". M. Farbiaz a démenti avoir tenu ces propos et porté plainte.

Se solidarisant avec M. Lemaire, la LCR a déclaré, dimanche, que les propos du président du CRIF constituaient "une insulte à l'égard de tous les antifascistes". Patrick Gaubert, président de la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), il estime, dans un entretien à Libération du 27 janvier, qu'"on ne peut accuser ni les Verts, ni la LCR d'antisémitisme", tout en notant que certaines manifestations anti-israéliennes avaient donné lieu à des dérives. Quant à Michel Tubiana, président de la Ligue des droits de l'homme, il a qualifié ces propos d'"inadmissible" et "irresponsables". Dimanche, le CRIF cherchait l'apaisement en affirmant sa volonté de poursuivre le dialogue, "y compris avec les Verts et leurs dirigeants".

M. Cukierman s'est surtout inquiété de la persistance d'actes antijuifs, même s'il sont en diminution depuis mai 2002. Ils continuent à être la première préoccupation de la communauté juive organisée, éclipsant des sujets comme la mémoire de la Shoah ou les spoliations. A écouter son discours, il semble avoir trouvé une écoute plus attentive qu'auprès du précédent gouvernement. Le premier ministre a constaté que "l'antisémitisme et les actes antijuifs, dont on aurait voulu se croire définitivement débarrassés, sont réapparus". Jean-Pierre Raffarin a toutefois relevé comme une "bonne nouvelle" le rejet par l'opinion et les intellectuels des appels à boycotter les scientifiques israéliens.

Il s'est particulièrement inquiété de l'émergence d'un climat d'antisémitisme au sein des établissements scolaires – mis récemment en lumière dans l'ouvrage d'un collectif d'enseignants sous la direction d'Emmanuel Brenner (Territoires perdus de la République, Fayard), qui était distribué aux participants du dîner du CRIF."Dans certains établissements, il devient difficile pour les professeurs d'aborder la Shoah ou de prononcer même le nom d'Israël, a insisté M. Raffarin. L'objectif prioritaire est de mieux aider les établissements et les enseignants à lutter contre ces phénomènes inacceptables".

Au sujet des rumeurs circulant sur une possible mise en scène dans l'agression du rabbin Gabriel Farhi (Le Monde du 24 janvier), le président du CRIF s'est contenté d'affirmer : "Nous voulons, non pas des rumeurs dévastatrices, mais la vérité, toute la vérité." M. Cukierman a souligné que son institution s'efforçait "de maintenir des contacts avec des responsables musulmans modérés". S'adressant aux musulmans français, il a poursuivi : "Concentrons-nous sur ce qui, dans nos cultures, nous unit et qui est considérable, retrouvons toutes les voies du dialogue, pour mieux vivre ensemble, mieux nous estimer, mieux nous respecter. Ce pays ne doit pas importer la violence du Proche-Orient." Seul représentant du culte musulman présent, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a été chaleureusement applaudi en tant que "futur président du Conseil français du culte musulman".

Roger Cukierman a défendu l'école laïque et la laïcité, "une ardente obligation" selon lui. Comme en écho, M. Raffarin a fait un éloge vibrant de la laïcité, qui est "notre cadre commun" et "permet à la France d'être une terre de tolérance, de ne pas être une juxtaposition de communauté." Semblant se démarquer de certains ministres, comme Pierre Bédier ou Jean-François Copé, qui souhaitent une révision de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat (Le Monde du 18 janvier), il a souligné que cette loi demeure "d'une actualité majeure. Je suis très attentif à ce que l'équilibre subtil qu'elle a institué et qui régit depuis un siècle les relations entre les Eglises et l'Etat demeure préservé."

Par Xavier Ternisien et Nicolas Weill, Le Monde.
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