• LE MONDE | 11.02.03 | 12h59
Arlette et Hardy ou la banalité choisie
"Arlette" et "Hardy", côte à côte : l'image est inhabituelle sur un plateau de télévision. Lundi 10 février, l'émission Mots croisés de France 2 avait réuni les deux figures de Lutte Ouvrière - la porte-parole, Arlette Laguiller et Robert Barcia, le vieux dirigeant resté dans l'ombre des années durant. Une première, cette apparition publique à deux ? "Pas du tout, affirme Robert Barcia.
Tous les ans je me balade à la fête de LO et je mange des sardines avec Arlette".
L'homme est affable, d'une banalité déconcertante, comme ses sardines avalées chaque année sur les tables du parc du château de Presles. Un homme très ordinaire, qui n'a ni le charisme, ni les envolées d'un Pierre Lambert, le fondateur de l'OCI, ni le bagout des dirigeants de la LCR. "Je suis un dinosaure" s'amuse-t-il, sans doute ravi que le mystère soulevé par cette banalité - comment un homme si ordinaire a t-il pu imposer son autorité, sans contestation possible, sur des milliers de militants - ne puisse être percé. En deuxième partie d'émission, deux dirigeants socialistes, tous deux anciens trotskistes, Henri Weber et Jean-Luc Mélenchon lui sont opposés. Alain Krivine est également sur le plateau - après avoir fait savoir qu'il ne polémiquerait pas avec LO. L'écrivain Thierry Jonquet, passé par Lutte Ouvrière et qui, faute de temps, ne pourra dire un mot est lui aussi invité. "Ce sont tous des cousins à vous" lance la journaliste Arlette Chabot. "Hardy" ne pipe mot.
Henri Weber, proche de Laurent Fabius, s'énerve, "pour vous, si on ne change pas tout, on ne change rien, vous êtes des conservateurs, des réacs". En face, Arlette et "Hardy" ne haussent pas le ton. "Vous me rappelez les communistes allemands des années 1930" dit Jean-Luc Mélenchon. "On ne va pas vous faire un cours" répond laconiquement Robert Barcia.
Alain Krivine ironise sur "les deux socialistes installés sur sa droite et pas seulement géographiquement" et tente une sortie : "Nous sommes occasionnellement ensemble aux élections. Voyons quels sont nos points d'accord, nos points de désaccord." "Les candidatures communes ce n'est possible que s'il y a accord politique" répond Arlette, "nous verrons cela dans les mois à venir."
Caroline Monnot