Pour les "fans" de Charlie Hebdo

Message par ianovka » 12 Fév 2003, 12:54

Le directeur de Charlie Hebdo déteste LO et le fait souvent savoir. Pour ceux qui le trouvaient encore sympathique :

a écrit :Michel Boujut débarqué
de Charlie-Hebdo

Dans un communiqué, le chroniqueur cinéma de l'hebdomadaire se dit victime d'un "changement de maquette-épuration".

 
Le critique et historien du cinéma Michel Boujut a annoncé lundi dans un communiqué qu'il quittait Charlie-Hebdo, où il tenait sa chronique depuis dix ans, pour cause de "changement de maquette-épuration".
Dans une lettre ouverte intitulé "Chronique d'une disparition", Michel Boujut s'estime "débarqué comme une planche pourrie avec ses indemnes", actuellement en négociations. Selon lui, la raison invoquée par la direction pour lui "couper le sifflet du jour au lendemain" est "un changement de maquette". Il juge cette raison "dérisoire et cousue de fil blanc".
"'Plus de chronique cinéma!' décrète sèchement et unilatéralement le rédac'chef Philippe Val, sans consulter quiconque, ni Cavanna, fondateur du titre, pas plus que Gébé, directeur de la publication (et voisin de page de Michel Boujut ndlr)". Le tout, "sans informer préalablement la rédaction mise devant le fait accompli", affirme le chroniqueur.
La rédaction en chef de l'hebdomadaire "de la France d'en haut" n'a pour l'heure pas souhaité commenter ces propos.
Michel Boujut, producteur de "Cinéma Cinémas" sur Antenne-2, était entré à Charlie-Hebdo à la suite d'une rencontre avec Gébé après la disparition de cette émission mythique. "Je regretterai Michel Boujut en tant que lecteur", nous a déclaré Gébé. Mais pour le reste, "il y a eu une décision de changer la maquette. Et on s'est aperçu qu'il n'y avait plus de place." "C'est la décision du rédacteur en chef dont l'autorité est totale", a-t-il ajouté.




Interview de Michel Boujut :
a écrit :Pourquoi quittez-vous Charlie-Hebdo ?

- Je ne quitte pas Charlie-Hebdo. On me débarque. Le rédacteur en chef Philippe Val, qui est également un des propriétaires du journal, m'a fait savoir jeudi dernier qu'il n'y aurait plus de chronique cinéma.
On m'avait prévenu la semaine précédente qu'il y avait une nouvelle maquette et qu'il n'y aurait pas de chronique dans le numéro de mercredi [dernier, ndlr]. Cela m'avait surpris, mais bon…
Lors d'un précédent changement de maquette il y a trois ans, la chronique à quatre mains [texte + dessins de Tardi puis d'Honoré, ndlr], qui semblait plaire à tout le monde, a été abattue en plein vol. C'était très étrange qu'un rédacteur en chef décide tout seul de la fin d'une chronique qui marche, mais j'ai continué ma tribune. C'était un premier grignotage.
Jeudi dernier, Philippe Val m'a dit qu'il "fallait passer à autre chose". Des enquêtes, ou je ne sais quoi, sans que cela m'apparaisse incompatible avec la tenue d'une chronique. Il n'y avait pas beaucoup d'affinités entre Philippe et moi, mais ce n'est pas mon travail qu'il contestait.
Le jeudi était le jour de la conférence [de rédaction ndlr], où je ne suis pas allé, et le compte-rendu est assez violent. Une partie de la rédaction a demandé des comptes et Philippe Val, qui n'est pas un homme de dialogue, a poussé une grosse colère, comme à son habitude dans ces circonstances.

Etes-vous seul concerné ?

- Mon départ vient après beaucoup d'autres, dans des circonstances brutales: Lefred-Thouron, François Camé, Olivier Cyran et d'autres collaborateurs moins connus…
A Charlie-Hebdo, il y a les patrons: Val, Bernard Maris, Cabu. Cette direction tricéphale, ce triumvirat, comme on voudra, a évidemment quelques alliés dans la rédaction, mais il y a aussi en face un grand malaise.
Philippe Val se comporte, et c'est déplaisant, comme les patrons qu'il dénonce à longueur de colonnes. Ce sale comportement est la règle. C'est intolérable de la part de quelqu'un qui se veut moraliste. Ou qu'on peut aussi qualifier de donneur de leçons. Mais je préfère être dans ma peau que dans la sienne.

Quel bilan tirez-vous de dix ans de chroniques à Charlie ?

- Je n'étais pas obligé de mettre les lunettes de Charlie-Hebdo pour voir le cinéma. Et j'ai senti longtemps une grande confiance de la part de la rédaction dans son ensemble.
Le grand bonheur, c'était un véritable dialogue avec les lecteurs, parce que "l'esprit Charlie" dépasse le cadre du journal. Ce dialogue, la discussion des arguments sur un film, c'est une prolongation de l'activité, une partie intégrante de la fonction critique. C'est une chose que je regrette.

"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par pelon » 12 Fév 2003, 13:03

Val, c'est un va-t'en-guerre au Kossovo. A partir de ce moment, il n'est plus rien. Qu'un coquet "m'as-tu-vu-comme- je- suis- révolté".
on t'a vu et tu nous fait gerber. :x
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Message par pelon » 12 Fév 2003, 14:15

(Byrrh @ mercredi 12 février 2003 à 13:20 a écrit :Cabu ne nous est pas non plus très favorable. Je me rappelle d'un de ses dessins, dressant le bilan du trotskisme, qui d'après lui ne se résumait qu'à quatre dates : prise du Palais d'Hiver, assassinat de Trotsky, naissance d'Arlette Laguiller, score d'Arlette en 95 (avec un Krivine-araignée accroché à sa toile, dans un coin du cadre...).
Rappelons quand même qu'en 99, une majorité des membres de la rédaction avaient voté pour la liste LO-LCR...
Mais entre les dessins misogynes de Wolinski (qui vieillit très mal) et les éditos bellicistes que Philippe Val a signés au moment de la guerre au Kosovo (cf. cet article), la lecture de Charlie est souvent pénible. A part Siné, Cavanna, Boujut et quelques dessinateurs de talent, le niveau est souvent au ras des pâquerettes. :06:

C'est vrai. certains vieillissent plus mal que d'autres et leurs "beaufs", c'est souvent l'ouvrier avec quelques préjugés face à des intellectuels anti conformistes qui eux ont tout compris.
C'est comme cela que l'on devient un anar de droite : pour la liberté sexuelle (ce qui est bien) mais rien à faire des prolos. On peut faire pire : se retrouver dans le vote Chirac ou le soutien à l'impérialisme au Kosovo.
Merci à Dubonnet pour sa source.
pelon
 
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Message par manu31 » 12 Fév 2003, 14:34

(vilenne @ mercredi 12 février 2003 à 14:19 a écrit :
a écrit :C'est comme cela que l'on devient un anar de droite : pour la liberté sexuelle (ce qui est bien) mais rien à faire des prolos.

:ohmy:

Ben quoi, ça existe les "anars de droite": Ardisson c'en est un exemplaire parfait.
Branché et individualiste.
manu31
 
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Message par pelon » 12 Fév 2003, 14:37

(vilenne @ mercredi 12 février 2003 à 14:19 a écrit :
a écrit :C'est comme cela que l'on devient un anar de droite : pour la liberté sexuelle (ce qui est bien) mais rien à faire des prolos.

:ohmy:

Pour éviter tout malentendu, il ne s'agit pas ici d'une critique des anars. Ils s'agit d'une catégorie de bourgeois ou petits bourgeois, cela a toujours existé, qui contestent certains aspects de la société mais absolumment pas l'ordre économique. C'est ainsi qu'a été appelé Céline, avant que l'on connaisse son antisémitisme mais aussi le fameux scénariste Audiard.
Des gars qui gueulaient parce qu'il fallait montrer ses papiers pour aller en couple à l'hôtel (ils avaient raison) mais pouvaient être des bourgeois. On en trouvait bien sûr plus à Paris qu'en Province où la bourgeoisie est le plus souvent conformiste...en tout cas dans l'enceinte de la ville (messe le dimanche etc.). De nombreux artistes absolumment pas engagés politiquement mais contestataires sur les moeurs se sont eux mêmes définis comme des anars de droite.
Je faisais donc ce parallèle avec l'évolution de Charlie Hebdo et leur mépris des "cons" qui peut faire penser à un certain mépris de petites gens dans Voyage au bout de la Nuit. Trotsky fut l'un des seuls à critiquer cet aspect à l'époque, là où toute la gauche ne trouvait rien à redire. Ce n'était pas evident à détecter car Céline montrait aussi beaucoup de haine de la guerre, de la bourgeoise; sa critique de la société était féroce, en tout cas d'un tout autre niveau que Charlie Hebdo.

Mais les militants anars n'ont rien à voir avec ces gens là...sauf s'ils évoluent comme Val mais cela peut être aussi l'évolution de trotskystes.
pelon
 
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