a écrit :(iko @ mardi 18 janvier 2005 à 14:43)
Maintenant, Lacan, a quasiment abandonné le terme d'inconscient pour parler du Sujet divisé (qu'il écrit avec une barre / sur un S majuscule)...
(Nadia @ mardi 18 janvier 2005 à 14:49)
Ah ouais, quand même... Ca explique tout... ou plustôt rien. Je ne vois pas l'intérêt de nouvelles géométries abstraites (sauf la patte à modeler, c'est sympa, mais salissant ).
(Gaby a répondu le 18 janvier)
A ce sujet, lire le premier chapitre d'Impostures Intellectuelles de Sokal et Bricmont (oui encore)... L'algorithme de Lacan, une belle arnaque pour se donner une caution intellectuelle provenant de la science mathématique.
Je t'en donnerai moi des signifiants divisés par le signifié qui donnent l'énoncé, avec Signifiant = -1 et énoncé = racine carré de -1...
Je voulais seulement en parlant du "Sujet divisé" vous dire que ça réglait le problème insoluble de « mais où se cache l'inconscient, dans le cerveau droit, gauche, l’orteil ?
Vu les réactions, vous vous passerez d'explications.
voilà une réponse au livre de Sokal que vous aimez tant
à imposteur, imposteur et demi a écrit :
tiré du livre "qu'est-ce que la psychanalyse" d'Elizabeth Roudinesco
En 1996, Alan Sokal, un physicien américain désireux d'en découdre avec le jargon d'un courant théorique dit « postmoderne » rédigea de toutes pièces un texte qui mettait en question les vérités scientifiques les plus admises au nom d'une critique de la métaphysique occidentale. Après avoir réussi à publier son article dans la revue Social Text, liée à ce courant, il révéla à la presse et aux intéressés qu'il s'agissait d'un canular destiné à démasquer le relativisme de ces sciences dites humaines qui osaient utiliser la conceptualité des sciences dures sans rien y comprendre. L'affaire fit scandale. Fort de ce triomphe, Sokal publia en France un ouvrage corédigé par Jean Bricmont, un physicien belge, dans lequel il traitait d'imposteurs plusieurs auteurs français parmi lesquels Jacques Lacan, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Michel Serres, et d'autres .
Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est qu'en opposant au relativisme un prétendu discours scientifique rationnel, les deux savants fabriquent un jargon aussi incompréhensible que celui qu'ils fustigent.
Exécuté en quatorze pages dès le premier chapitre du livre, Lacan est notamment accusé, plus encore que les autres penseurs, de parler de théories qu'il ne connaît pas, d'importer en fraude des notions scientifiques, d'exhiber une érudition superficielle et de se complaire dans la manipulation de phrases dénuées de sens.
Or, pour étayer leur démonstration, Sokal et Bricmont s'appuient sur un texte de Lacan franchement problématique. Il s'agit de la fameuse conférence prononcée en octobre 1966, lors du grand symposium organisé par Richard Macksey, Eugenio Donato et René Girard au Centre des humanités de l'université Johns Hopkins, et en présence de Lucien Goldmann, Jacques Derrida, Tzvetan Todorov, JeanPierre Vernant, etc. En vue de cette fête structuraliste, où étaient réunis pour la première fois les meilleurs universitaires français et américains, Lacan, angoissé d'avoir à affronter un novocaïne public, avait « composé » un texte de son cru. Ne parlant pas l'anglais, il s'était mis en tête de rédiger (et surtout de déclamer) sa conférence dans la langue de Shakespeare. Pour l'aider, on lui avait adjoint un jeune philosophe, Anthony Wilden, qui ne tarderait pas à pousser un cri de douleur au beau milieu du symposium : il avait pour tâche de « traduire » le discours d'un orateur anxieux parlant alternativement en français et en « anglais ».. .
En 1970, cette étrange conférence fut reproduite (en anglais) dans les actes du colloque de Baltimore, sous la forme d'une paraphrase de ce que l'orateur avait énoncé en deux langues. Elle porte un titre insensé : « Of Structure as an Inmixing of an Otherness Prerequisite to Any Subject Whatever » (« De la structure comme immixtion d'une altérité préalable à n'importe quelle idée du sujet quelle qu'elle soi t»). Nul ne connaît la version originale française de cette conférence, et plus aucun chercheur sérieux ne s'y réfère aujourd'hui. Elle contient néanmoins quelques belles réflexions sur le temps, la mort et le spectacle de Baltimore au petit matin...
La discussion qui suit est remarquable : les interlocuteurs de Lacan le critiquent sans complaisance, iIu11 pas sur sa conférence, mais sur son oeuvre, et notamment sur la façon dont il utilise la logique et Ici mathématiques.
Dans leur livre, Sokal et Bricmont accordent à cette conférence valeur d'exemple. Considérant le texte publié comme significatif de la démarche (et donc de l'« imposture » ) lacanienne, ils le (re)traduisent de l'anglais en français pour le citer longuement, à six reprises, à raison de quatorze lignes pour chaque citation. Puis ils déclarent que Lacan développe dans ce texte « pour la première fois publiquement ses thèses sur la topologie ». Grossière erreur : trop occupés à traquer l'imposture, les deux auteurs ne savent ni choisir, ni situer dans son contexte une œuvre qu'ils ne savent ni lire, ni critiquer.
Non seulement Lacan s'est intéressé à la topologie dès 1950, mais c'est en 1965, dans sa conférence sur « la Science et la vérité 8 », et non pas à Baltimore, qu'il a changé d'orientation en exposant pour la première fois d'une manière nouvelle des avancées que l’on peut qualifier de « topologiques ».
Après avoir attribué une place démesurée à un texte aberrant issu d'une improbable conférence, Sokal et Bricmont poursuivent leur traque à l'erreur en retraduisant de l'anglais en français le fragment (sur Hamlet) d'un séminaire de Lacan de 1959 . Ignorant tout de l'oeuvre lacanienne, ils affirment à tort que la version française du texte n'existe pas : ils n'en connaissent évidemment pas les versions dactylographiées. Dans leur bibliographie, ils mentionnent d'ailleurs le titre anglais de manière erronée.
Incapables dans ces conditions de prendre la mesure du recours lacanien à la topologie et aux mathématiques, Sokal et Bricmont passent à côté des franches impasses et du vrai génie de Lacan en attribuant des erreurs à de faux textes puis en relisant quelques fragments de vrais textes à la lumière d'une imposture présumée. Ils en concluent que l'imposteur serait le prophète d'un « mysticisme laïc », ou, mieux encore, le fondateur d'une nouvelle religion. À la lecture d'un tel ouvrage, où la manipulation et l'ignorance des textes autorisent la fabrication d'impostures imaginaires, on est en droit de se demander qui sont les véritables imposteurs.