a écrit :Nous soutenons les bolcheviks dans tous ce qu'ils ont du faire pour faire vaincre la révolution.
En 1921, il ne reste déjà plus que les meubles à sauver. Et bientôt Lénine parlera de forte déformation bureaucratique de l'Etat ouvrier. Puis, aprés l'opposition ouvrière, c'est au tour de Trotsky d'être réduit au silence. Et là, d'un coup, la répression ne se justifie plus. Pourtant c'est les mêmes structures sociales qui ont servi à la répression de Crondstad et à celle de l'opposition de gauche. Là où les anarchistes sont idéalistes, c'est qu'ils accusent la "forme bolchevik d'organisation", lorsque toutes ces contradictions qui finissent dans le sang ne sont que le produit de l'impossibilité pour la révolution de continuer dans un seul pays. La forme bolchevik aurait pu être remplacée par une forme anarchiste d'organisation que les limites de la réalité et les contradictions entre les classes auraient abouti à la même chose, sous un aspect différent. La question est celle du moindre mal...
Les explications policières de l'histoire avec la menace des blancs qui fomentent l'insurrection sont tout aussi idéalistes. Les slogans oppositionnels ne peuvent être ramenés à un complot tsariste. Des flics il y en a toujours eût, même dans le parti bolchevik avant 17. De toute façon, à mon humble avis, on ne peut comprendre tout ça que par une analyse matérialiste des contradictions économiques de la société de l'épôque ; ça implique d'admettre clairement que l'orientation majoritaire à crondsdat, l'orientation de makhno, l'orientation des bolcheviks majoritaires ou oppositionnels, cherchent tous à répondre à cette question : comment construire le capitalisme en Russie, dans quel cadre ?....
Donc défendre la répression de crondstat comme la condamner (edit) comme si d'un côté il y avait une force révolutionnaire qui pouvait mener au communisme (/edit), à grand renfort d'auto-identification avec les acteurs de l'épôque, c'est tout aussi illusoire, et c'est un faux débat ....
Aprés, s'il s'agit d'avoir une position politique comme si on n'y étais et de raisonner dans l'abstait, je pense que la morale révolutionnaire aurait exigé à l'épôque de lutter de toutes ses forces pour une solution négociée, pour la fraternisation des soldats de l'armée rouge avec les marins [une telle fraternisation et la formation de milices à crondstat avec une autre direction aurait été une garantie contre les blancs], pour démasquer à la fois les infiltrés pro-blancs dans crondstad et pour associer réellement les soviets aux discussions économiques.
Même si ce n'aurait pas été non plus très facile, il aurait fallu légaliser les partis se réclamant du socialisme hostiles aux bolcheviks, car ils représentaient des forces sociales qui, à défaut d'avoir une expression franche et ouverte, ont défendu leur programme économique et politique par le biais de la bureaucratie dans le parti bolchevik, avec Staline mais pas seulement avec lui, ce qui n'est pas forcément mieux et ce qui a sali le drapeau de la révolution communiste...
En un mot, il aurait fallu une démocratie parlementaire appuyée sur les soviets, car en l'absence de révolution mondiale, la russie seule ne pouvait pas garder la forme soviétique sans en perdre le contenu révolutionnaire ; et elle ne pouvait avancer seule vers une solution socialiste ; elle l'a fait vers le capitalisme d'Etat (dixit Lénine) ; en oscilliant vers le capitalisme privé (enrichissez-vous ! boukharine ; politique de staline avant 29.).
| Je ne dis pas que tout ça aurait été trés facile ; mais on analyse pas l'histoire en terme d'honnêteté ou de volonté affichée de ses acteurs, ni en termes de complot... |