lundi 2 mai 2005, 19h52
Perrier: la CGT signe sous la contrainte un accord avec Nestlé Waters
VERGEZE (AFP) - Après des mois de bras de fer, la CGT de Perrier a dû lundi se résigner à signer l'accord auquel elle s'opposait sur les préretraites et l'organisation du travail sur le site de Vergèze (Gard), devant la menace pesant sur l'avenir de la première marque d'eau gazeuse en France.
A l'approche d'un comité d'entreprise extraordinaire qualifié de crucial, initialement prévu lundi matin et finalement repoussé, la pression était montée sur la centrale syndicale, ultra majoritaire (83% des salariés), pour qu'elle renégocie l'accord dit GPEC-CATS contre lequel elle avait fait jouer son droit d'opposition en juillet.
Estimant que le temps était "compté" pour les 1.975 salariés (Perrier et Verrerie du Languedoc) jusqu'à ce CE, un "collectif des salariés", fort de plus de 400 signatures, s'était constitué mercredi, pour tenter "une ultime action" visant à empêcher l'annonce redoutée d'une vente, d'une délocalisation ou d'une fermeture du site de Perrier Vergèze, avec son cortège de licenciements secs.
La direction de Nestlé Waters, la branche eau du géant suisse de l'agroalimentaire, n'avait jamais caché son irritation face à "l'obstruction systématique de la CGT".
Au terme de plusieurs jours de tractations avec la direction, la CGT a finalement soumis sa signature lundi à l'approbation d'une assemblée générale des personnels qui s'est prononcée à une large majorité à main levée en faveur de l'accord.
"La CGT a pris la mesure des menaces, a déclaré Jean-Paul Franc, secrétaire général CGT de la source Perrier, devant les salariés. Après 19 mois de résistance, un syndicat peut-il prendre le risque de se voir annoncer ça ?" (la fin de Perrier à Vergèze, NDLR), a-t-il déclaré, en ajoutant: "nous allons signer la main lourde".
Ce texte signé avec Nestlé Waters supply Sud, nouvelle dénomination de Perrier-Vergèze depuis la filialisation au 1er janvier de toutes les unités françaises de Nestlé Waters, permettra le départ en pré-retraite de 356 personnes d'ici 2007, et une organisation du travail en équipes décalées.
L'accord, ratifié par toutes les organisations syndicales, comprend également un volet prolongeant à 27 mois contre 15 le maintien des statuts collectifs d'avant la filialisation pour les adapter au nouveau statut.
Cet accord "permet les conditions d'une solution globale sur le site de Vergèze", a déclaré à l'AFP M. Pierre-Alexandre Teulié, directeur des relations extérieures de Nestlé Waters France. Il permet, a-t-il dit, de rejoindre Nestlé Waters supply Vosges (regroupement des deux sites de Contrexeville et de Vittel) et de travailler à améliorer durablement l'efficacité industrielle du site".
Alors que la production de Perrier avoisine les 800 millions de bouteilles par an, le texte fixe un objectif de production de 1 milliard de bouteilles à l'horizon 2010, soit de retrouver grosso modo le niveau de production que connaissait la source d'eau gazeuse en 1990. Dans ce cadre, 450.000 à 500.000 bouteilles devront être produites en verre, le reste en plastique.
Le ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, Jean-Louis Borloo, et le ministre délégué aux Relations du travail Gérard Larcher ont "pris acte avec satisfaction de cet accord (...), qui préserve l'emploi dans cet établissement".