a écrit :[center]
Faut-il souhaiter la croissance du trafic aérien ?[/center]
juillet 2000 - dernière modif : novembre 2004
L'exercice qui suit vise à illustrer l'importance du transport aérien dans les émissions de gaz à effet de serre. Il s'agit d'une illustration sur un exemple concret, mais le propos se veut plus large : il s'agit de faire prendre conscience de l'importance de ce poste et du fait qu'il n'est peut-être pas opportun de chercher à en préserver la croissance.
J'ai également illustré le fait que certains opposants sont assez proches du "faites ce que je dis, pas ce que je fais".
Un avion long courrier moderne, par exemple l'A340-600 d'Airbus, peut transporter 380 passagers en configuration "normale" sur 3 classes (ci-dessous).

Il peut par ailleurs parcourir 13.900 km et requiert pour cela 194.800 litres de carburant (données constructeur).
Un rapide calcul montre donc qu'un avion de cette génération consomme 194.800 ÷ (13.900 x 380) = 0,037 litre de carburant par passager et par kilomètre tout compris en utilisation optimale.
Ce dernier point est important : si l'avion n'est pas plein, la consommation par passager.km augmente, or le taux de remplissage moyen des avions n'est pas de 100% mais plutôt de 70% à 80%. Dans la pratique, la consommation réelle de chaque passager international (regroupant moyen et long courrier) est de l'ordre de 5 litres aux 100 pour une compagnie ayant des avions récents (type Air France).
Par ailleurs si l'avion n'est pas utilisé sur sa distance maximale, le décollage et l'atterrissage étant proportionnellement plus gourmands en carburant, la consommation par passager.km augmente aussi de manière significative. Enfin les avions les plus anciens sont aussi les plus gourmands en carburant (Concorde détenait la palme pour les avions commerciaux !). Le calcul qui suit constitue donc une borne inférieure de ce à quoi je veux en venir.
La distance moyenne d'un vol long courrier (ou international) est de 6.495 km (source : Ministère Anglais des Transports). Sur une telle distance, en supposant l'avion plein, un passager consomme donc 0,037*6495 = 240 litres de kérosène, et émet donc 165 kg d'équivalent carbone pour le seul CO2, et en fait 2 fois cela, soit 330 kg d'équivalent carbone, si l'on tient compte des autres émissions (voir ci-dessous).
Il en résulte que chaque passager aérien long courrier émet autant de gaz à effet de serre que s'il était seul en grosse voiture sur la même distance.
Emissions de gaz à effet de serre par mode motorisé, en grammes d'équivalent carbone par passager.km. On constate que l'avion et la voiture sont à peu près au même niveau à distance égale.
Sources : ADEME, INRETS, calculs personnels. Un calcul de même nature indique que pour un vol court courrier (ou vol domestique, distance moyenne 500 km) un passager consomme à peu près le double par km, soit un total d'environ 25 kg d'équivalent carbone pour 500 km pour le seul CO2, soit 50 kg avec toutes les émissions. Chaque passager en court courrier émet presque autant de gaz à effet de serre que s'il était seul en petit camion !
Bien évidemment, les émissions engendrées par un vol sont alors très importantes.
Emissions de gaz à effet de serre par passager et par classe (en kg équivalent carbone) pour quelques destinations. Les chiffres s'entendent pour un aller-retour, et tous gaz à effet de serre confondus.
La barre rouge représente le maximum des émissions annuelles de CO2 par personne auquelles il faut redescendre pour stabiliser la concentration en CO2 dans l'atmosphère. Manifestement la lutte contre le changement climatique n'est pas compatible avec un transport aérien généralisé.
Sources : Jancovici/Ademe, d'après Bilan Carbone