Que penser de l’agriculture biologique et des aliments Bio ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 30 Mars 2007, 22:24

un article d'agriculture et environnement qui montre que les risques de contamination sont parfois plus élevés en agriculture bio en raison d'une mauvaise utilisation du compost:

a écrit :

[center]Riz OGM et épinards bio[/center]

Ces dernières semaines, Greenpeace a semé l’agitation autour de l’affaire du « riz OGM », un riz long en provenance des Etats-Unis testé positif au type OGM LL 601. En Europe, cette affaire a failli tourner au scandale sanitaire, et plusieurs grands distributeurs se sont même mis à boycotter toutes les importations de riz outre-Atlantique, affichant une prudence motivée certainement plus par un souci d’image que de santé publique. Il a fallu l’intervention officielle de l’agence européenne de sécurité sanitaire (Aesa) pour calmer les esprits et remettre les pendules à l’heure. Même « contaminés » par du riz LL601, les lots de riz importés ne représentent aucun risque pour la santé, a en effet précisé l’Aesa.

En revanche, Greenpeace est resté étrangement silencieux au sujet de l’ « affaire des épinards bio », pourtant largement médiatisée dans la presse américaine depuis septembre dernier. Officiellement à l’origine d’un décès, de vingt-trois cas d’insuffisance rénale (c’est-à-dire entraînant des séquelles à vie) et de plus de 150 hospitalisations, cette affaire touche déjà vingt et un Etats américains. Bien qu’ayant retiré du marché toute une gamme de produits à base d’épinards bio dès le 17 septembre 2006, la Natural Selections Foods LLC, une société spécialisée dans la distribution d’aliments bio basée à San Juan Bautista (Californie), doit déjà faire face à de très sérieuses plaintes devant les tribunaux fédéraux américains. Elle est accusée d’être à l’origine d’une contamination microbienne par Escherichia Coli de sérotype O157 :H7, une bactérie très pathogène de l’intestin. Et ce n’est pas surprenant qu’une filière bio se retrouve au centre du cyclone.

En effet, pour pallier l’absence de fertilisants de synthèse dont elle se prive volontairement, l’agriculture bio utilise des composts d’origine animale particulièrement riches en azote, mais susceptibles de véhiculer des germes bactériens pathogènes pour l’homme. Or, s’il est aisé de fabriquer soi-même son compost, il est beaucoup plus compliqué d’obtenir un produit de qualité, dépourvu de toxines.

Comme l’a souligné le Dr Robert Tauxe dans le Journal of American Medical Association il y a déjà plus de dix ans, « nos connaissances concernant le temps et la température nécessaires pour rendre le compost d’origine animale sans danger d’infection microbienne sont totalement insuffisantes ». On sait cependant qu’un compostage de plus de six mois est efficace pour neutraliser l’essentiel des micro-organismes pathogènes. A ce jour, il n’existe aucune réglementation en matière d’épandage de fumier, et un agriculteur bio peut très bien répandre du compost fraîchement fabriqué sur une culture, quelques jours seulement avant sa récolte. En outre, il aura d’autant plus tendance à raccourcir le temps de compostage qu’un compost frais est plus riche en azote. Raison qui explique que le risque de contamination par Escherichia Coli est six fois supérieur en agriculture bio qu’en agriculture traditionnelle, comme l’a démontré une étude de l’Université du Minnesota publiée dans le Journal of Food Protection en 2004.

Il est vrai que cette affaire tombe très mal en France, où il n’est pas politiquement correct de mettre en cause ce qui est naturel. Certaines associations de défense de l’agriculture bio récusent d’ailleurs toute réglementation dès lors qu’il s’agit de pratiques dites ancestrales. C’est ce dont témoigne le récent remue-ménage survenu à propos de la vente devenue illégale du purin d’ortie. Dominique Jannot, le président de l’association des Amis du Purin d’Ortie, a vu dans la nouvelle réglementation un « coup des lobbies de l’industrie chimique », et a même appelé Jacques Chirac au secours de l’ortie.

Si le ridicule ne tue pas, il n’en va malheureusement pas toujours de même du naturel...



Gil Rivière-Wekstein

canardos
 
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Message par canardos » 30 Mars 2007, 22:33

certains insecticides naturels comme la roténone utilisés en agriculture bio présentent des risques toxiques bien plus démontrés que les risques toxiques du maïs ogm MON 863, mais qui n'a jamais fait mourir un seul rat de labo.

a écrit :

[center]L’impasse de la protection phytosanitaire bio[/center]

Le nombre d’exploitations agricoles bio est en nette diminution pour la première fois depuis dix ans. Avec une baisse d’environ 3 %, la part des surfaces bio dans la surface agricole utilisée (SAU) française est en effet passée de 1,93 % à 1,87 %. Cette situation est due à la chute libre des surfaces dites en conversion, qui accusent un recul de plus de 50 %, signe du désintérêt croissant pour ce type d’agriculture. Car il ne suffit pas de produire bio, il faut également trouver des consommateurs ; ce qui, selon Agreste Primeur de décembre 2005, n’est pas toujours facile. Sous le titre révélateur Eleveur biologique recherche consommateur, Lionel Hébrard explique que la collecte de lait bio demeure encore trop importante au regard des besoins des industriels. « Avec 225 millions de litres en 2004, la collecte de lait bio de vache représente seulement 1 % de la production laitière nationale. Mais elle peine à trouver preneur ». Résultat : en 2004, 47 % des volumes collectés ont été recyclés pour des fabrications non biologiques, soit 10 % de plus qu’en 2003 !

Cette situation est d’autant plus paradoxale que selon les résultats du troisième Baromètre CSA-Agence Bio 2005, rendu publics le 1er février 2006, plus de 86 % des Français ont une image positive des produits bio. On est loin du profil un tantinet soixante-huitard, baba cool et végétarien, qui a longtemps collé à la peau du consommateur bio. Alors que l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) concluait clairement, dans son rapport de juillet 2003 sur les « risques et bénéfices nutritionnels et sanitaires des aliments issus de l’agriculture biologique », qu’il n’y a pas de différence majeure entre la composition nutritionnelle des aliments bio et celle des aliments conventionnels, une large majorité de consommateurs reste persuadée que les produits bio sont meilleurs pour la santé. C’est d’ailleurs ce qu’a parfaitement compris la grande distribution, qui entretient la confusion entre produits bio et produits dits naturels ou diététiques avec des mentions comme « sans traitement après récolte » ou « exempt de pesticides », laissant ainsi la porte ouverte aux abus. Pire, encore récemment, certains yaourts portaient la dénomination « bio » parce qu’ils contiennent du bifidus, alors qu’ils ne sont en aucun cas fabriqués avec du lait biologique. De loin moins onéreux que les vrais produits bio, ceux-ci constituent une concurrence déloyale - leur coût de production étant nettement inférieur.

En effet, avec son lot de contraintes, l’agriculture bio n’est pas une agriculture simplifiée ou simpliste. Son cahier des charges exige - essentiellement à travers un contrôle comptable - qu’aucun produit chimique de synthèse ne soit utilisé, ce qui n’est pas sans poser de nombreux problèmes. Effectivement, un pesticide dit naturel - et donc autorisé - n’est pas pour autant exempt de toxicité, comme c’est le cas de la roténone, largement utilisée en agriculture bio.

Le cas de la roténone

Molécule d’origine végétale extraite de plantes tropicales (dont la Derris elliptica), la roténone possède des propriétés insecticides reconnues depuis fort longtemps. Son mode d’action a fait l’objet de plusieurs publications (Corbett et al.-1984). Elle agit au niveau des mécanismes de la respiration cellulaire du mitochondriome (sorte de « poumon » de la cellule) en bloquant certains complexes de la chaîne respiratoire. Longtemps considérée comme non toxique pour l’homme, elle n’a jamais fait l’objet d’un classement toxicologique. Or, depuis la publication en 2000 des travaux de l’équipe de Ranjita Betarbet, à l’Université d’Emory d’Atlanta, nous savons que l’administration intraveineuse à faibles doses de roténone chez le rat induit les symptômes de la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative qui résulte précisément d’un dysfonctionnement du complexe 1 de la chaîne respiratoire.

Ces travaux ont été confirmés par l’équipe chinoise de Hui-Ming Gao, qui a publié ses résultats dans le Journal of Neuroscience de février 2002. En décembre 2004, Hélène Coulom et Serge Birman, du Laboratoire de génétique et physiologie du développement du CNRS de Marseille, ont été encore plus loin, mettant en évidence des effets sublétaux non plus sur des rats, mais sur des insectes (Drosophila melanogaster, également appelées « mouches du vinaigre »), ceux-là même qu’on utilise dans les études des maladies neurodégénératives. Bien entendu, avant d’en tirer des conclusions hâtives, il faut prendre en considération le fait que l’exposition réelle à ce pesticide diffère des conditions de laboratoire.


Mise en garde

Cependant, depuis mars 2005, le Dr Bernard Mauchamp de l’Unité séricicole de l’Inra ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : « Nous sommes devant un cas de toxicité chronique à long terme. Les expositions successives à de faibles concentrations de roténone produisent des dysfonctionnements cumulés dans le temps de l’activité cellulaire, entraînant la dégénérescence spécifique de certaines cellules nerveuses. Les symptômes ne vont apparaître que lorsque ce cumul dépasse un certain seuil. Le phénomène est alors irréversible. La situation est d’autant plus préoccupante que, compte tenu de son statut actuel, la roténone est de plus en plus utilisée dans des conditions incontrôlées qui doivent totalement être revues ».

N’étant pas une molécule stable, la roténone est en effet préconisée en application tous les trois ou quatre jours, et ce jusqu’au moment de la récolte. Comme elle est déclarée non toxique pour les abeilles, elle est également utilisée par certains apiculteurs désirant bénéficier du Label bio pour lutter contre la varroase (une maladie due au Varroa jacobsoni, un acarien particulièrement dévastateur). Or, « l’emploi exclusif de cette matière active et la fréquence des traitements font que toutes les conditions sont rassemblées pour générer des formes d’insectes résistantes à la roténone », poursuit Bernard Mauchamp.

Selon le chercheur de l’Inra, ces nouvelles connaissances sur la maladie de Parkinson nécessitent une révision d’urgence des positions actuellement en vigueur sur la roténone. « Bien que cette molécule soit d’origine végétale, elle n’en est pas moins une molécule chimique avec une certaine toxicité, et doit répondre aux mêmes exigences que les molécules de synthèse », souligne-t-il. Bernard Mauchamp propose que la roténone fasse l’objet d’une classification toxicologique qui prenne en compte ce nouveau type de toxicité, et que les conditions d’application soient alignées sur celles des insecticides de synthèse (avec une date limite d’application avant récolte et une définition des limites de résidus de la matière active et de ses métabolites).

La roténone recalée

Lors de la séance du 18 février 2004, la Commission d’étude de la toxicité des produits antiparasitaires (ComTox) a d’ailleurs examiné une préparation à base de roténone, nommée Agri 2002. Elle a conclu que « les risques liés à l’utilisation de la préparation ne satisfont pas aux exigences de la directive 91/414/CE », les risques pour les abeilles et les vertébrés terrestres autres que les oiseaux étant considérés comme inacceptables. Le dossier a donc été ajourné en attente « d’une modification du classement [toxicologique] au niveau communautaire ». Une telle modification risquerait de mettre à mal la filière bio, qui se verrait ainsi privée de son principal moyen de lutte contre les agresseurs.

Certes, il lui reste toujours le cuivre, qui est également utilisé dans la lutte biologique pour la fabrication de la « bouillie bordelaise », un mélange de chaux et de sulfate de cuivre. Mais le cuivre étant peu mobile, les sols commencent à atteindre des concentrations supérieures à 200 mg/kg, ce qui entraîne notamment une diminution de la biomasse microbienne. D’ores et déjà, la règlementation européenne, qui est en cours de révision, envisage une réduction importante des doses maximales d’apport de cuivre dans les sols agricoles.

L’avenir de la protection phytosanitaire de l’agriculture bio semble donc bien gris. Privée de protection contre les agresseurs, celle-ci ne devra-t-elle pas sa survie à l’utilisation de plantes génétiquement modifiées résistantes aux ravageurs ?

Publié dans A&E N°33 Février 2006

Gil Rivière-Wekstein


canardos
 
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Message par canardos » 31 Mars 2007, 08:13

toujours dans "agriculture et environnement "un article de synthèse qui rappelle quelques vérités qu'ignorent en général les consommateurs de "bio". Rn réalité en France le marché du bio est important et extremement profitable, notamment pour les trusts de la distribution.

a écrit :
[center]Les croyances erronées des consommateurs bio[/center]

Selon l’Agence bio, 94% des achats bio sont fondés sur la croyance que ces produits sont meilleurs pour la santé. Un postulat qui ne fait pas l’unanimité dans la communauté scientifique.
Le 31 janvier dernier, l’heure était à la fête à l’Agence Bio. L’agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique, qui présentait la quatrième édition de son « Baromètre sur le comportement des consommateurs face aux produits bio », a en effet annoncé que le marché des produits alimentaires issus de l’agriculture biologique se portait bien. « En croissance de près de 10 % par an » depuis 1999, ce marché s’élevait à plus de 1,6 milliard d’euros en 2005. Si cela ne représente qu’à peine 1 % du marché de l’ensemble des produits alimentaires - « ce qui est encore peu », relativise l’agence de presse ActuAgri -, c’est assez pour que la grande distribution s’y intéresse. C’est en effet grâce à elle que de nombreux consommateurs jugent aujourd’hui que « les produits bio sont faciles à trouver ».

Pour la majorité des Français, l’agriculture bio évoque spontanément une « image positive ». Les produits bio sont considérés comme « plus naturels car cultivés sans produits chimiques ». 82 % des personnes interrogées pensent même qu’il sont « meilleurs pour la santé ». Pour l’Agence Bio, c’est la première raison qui motive les acheteurs de ces produits. 94 % d’entre eux le font en effet « pour préserver leur santé », soit un taux en légère augmentation par rapport au sondage de 2003 (91 %). Ce chiffre témoigne de l’extraordinaire réussite de la communication de la filière bio, centrée sur une hypothétique relation entre santé et produits bio. La multiplication des campagnes anti-pesticides aidant, presque 100 % de la population sont aujourd’hui convaincus que la nourriture bio serait meilleure pour la santé. Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio, estime donc que « le bio est une tendance de fond, non une mode, un secteur en phase avec la société », celle-ci étant très sensible aux questions sanitaires. Or, cette tendance de fond ne repose-t-elle pas sur des postulats fallacieux ?

Le cas des produits chimiques

Comme l’a rappelé le Pr Lee M. Silver de l’Université de Princeton, dans une tribune du Wall Street Journal du 29 janvier dernier, « en réalité, l’agriculture bio est parfaitement libre d’utiliser de nombreux produits chimiques, dont la pyréthrine (C21H28O3) ou la roténone (C23H22O6). En outre, les agriculteurs bio pulvérisent couramment leurs cultures avec des mélanges à base de Bacillus thuringiensis, qui contiennent des toxines Bt, et ils utilisent des contaminants durables du sol comme le soufre ou le cuivre ». En laissant croire au consommateur que les substances produites par des organismes vivants - comme la roténone - ne sont pas des produits « chimiques », et qu’elles sont donc inoffensives, on entretient chez lui la confusion. « L’illusion que la ligne de démarcation entre toxique et non toxique serait la même qu’entre “chimique” et “non chimique” est un leurre, habilement entretenu par de nombreux protagonistes de l’agriculture bio », affirme le Dr Alain Pelfrène, membre du comité sur les additifs alimentaires à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Le soja, très en vogue dans le milieu écolo-alternatif, peut représenter un risque avéré pour la santé, comme le souligne le rapport « Sécurité et bénéfices des phytoestrogènes apportés par l’alimentation », rédigé en mars 2005 par les experts de l’Afssa, et qui conclut que le soja peut être dangereux pour l’homme en raison de son contenu en isoflavones.

Paradoxalement, les écologistes, qui sont habituellement les premiers à demander l’application du principe de précaution, semblent nier ces risques dès lors qu’il s’agit de soja bio. « Pour le Pr Jean-François Narbonne, toxicologue à l’Université Bordeaux I, ces conclusions sont tout simplement exagérées », écrit Aline Perrault, dans la revue EchoBio de janvier-février 2007. Selon Hervé Berbille, ingénieur agroalimentaire et « spécialiste du soja dans l’alimentation », ces campagnes de dénigrement seraient même organisées par le lobby du soja ! « C’est bien sûr dans l’autre sens qu’il agit », explique-t-il, dans la même revue. « L’essentiel du soja produit dans le monde sert à nourrir les animaux pour la production de lait et de viande. [...] C’est beaucoup moins intéressant économiquement de nourrir les humains avec du soja qu’avec de la viande. »

Toxines naturelles

Plus sérieusement, l’Institute of Food Technologists (IFT) a publié en septembre 2006 une synthèse de l’état des connaissances concernant la nourriture bio. Ses deux auteurs, Carl K. Winter et Sarah F. Davis, rappellent notamment l’importance du danger des toxines naturelles présentes dans l’agriculture biologique. Il s’agit principalement des furanocoumarins, toxines probablement cancérigènes développées dans des conditions de stress par les céleris, et des aflatoxines, toxines mutagènes, carcinogènes et tératogènes, fréquemment détectées dans le blé ou les arachides. Certaines mycotoxines, comme les fumonisines ou les deoxynivalenoles, représentent aussi des risques non négligeables pour la santé, estiment les auteurs. Or, dans certains cas, l’utilisation de fongicides de synthèse peut réduire ce risque. En outre, l’agriculture bio n’est pas à l’abri de dérapages, comme cela a été récemment le cas aux Etats-Unis, où une gamme d’épinards bio contaminée par la redoutable bactérie Escherichia Coli de sérotype 0157 :H7 a été à l’origine d’un décès, de 23 cas d’insuffisance rénale et de plus de 150 hospitalisations. Certes, il s’agit d’un cas isolé, mais Carl K. Winter et Sarah F. Davis rappellent que « l’utilisation de compost d’origine animale comme engrais présente un risque microbiologique potentiel si ce compost n’a pas été correctement préparé ». Un avertissement qui souligne l’étendue du problème.

Le bio plus nutritif ?

L’alimentation bio ne serait-elle pas en revanche plus riche d’un point de vue nutritif ? C’est en tout cas ce qu’affirme EchoBio, qui cite en exemple une récente étude réalisée pour la Commission européenne. Ses auteurs ont comparé du lait bio et du lait classique. Ils ont noté que les niveaux d’acides gras bénéfiques (comme l’oméga-3) étaient 60 % plus élevés dans le lait bio, et que celui-ci contenait 20 % de plus d’antioxydants et de vitamines. Mais si quelques études ont effectivement conclu que les méthodes de culture biologique conduisaient à une augmentation de certains éléments nutritifs (en particulier des acides organiques et des composés polyphénoliques), d’autres ont abouti à des conclusions différentes. Carl K. Winter et Sarah F. Davis mentionnent la méta-analyse réalisée en 1997 par une équipe de chercheurs américains dirigée par Carl Woese.

Ces travaux, qui ont regroupé plus de 150 études publiées entre 1926 et 1994, portant sur la qualité de la nourriture produite selon différentes méthodes, ont conclu que « dans certains cas, aucune différence majeure n’a été observée, tandis que dans d’autres, les résultats sont contradictoires, ne permettant pas de conclure définitivement ». Et lorsque des différences ont été observées, elles ont été attribuées essentiellement aux changements de variétés, la sélection s’effectuant plus en fonction des caractéristiques agronomiques (résistance, croissance, etc.) que de l’apport nutritif.

D’autres hypothèses ont été émises, comme le fait que la pression environnementale sur les plantes peut favoriser des réactions de stress, qui entraînent à leur tour la production de toxines, mais aussi d’antioxydants (Asami et al., 2003). Par ailleurs, le fait que grâce aux engrais synthétiques, l’agriculture conventionnelle utilise l’azote de façon plus efficace que l’agriculture biologique entraînerait une orientation prioritaire des ressources des plantes vers la croissance, au détriment des métabolites secondaires comme les acides organiques, les polyphenoles, la chlorophylle ou les acides aminés.

« Bien que de nombreuses études démontrent les différences de qualité entre les nourritures bio et conventionnelle, il est prématuré de conclure que l’un des deux systèmes de production soit supérieur à l’autre en ce qui concerne le respect de la santé ou de la composition nutritive », concluent Carl K. Winter et Sarah F. Davis. Ce décalage entre prudence de la part des experts et certitude de celle de plus de 95 % de la population laisse perplexe. Il témoigne du fait que dans la majorité des cas, l’achat bio s’appuie sur de fausses croyances.

C’est sûrement ce qui a conduit le ministre britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales, David Miliband, à affirmer au quotidien Sunday Times qu’« il n’y a aucune preuve que les aliments bio soient meilleurs pour la santé que ceux cultivés traditionnellement ». Ce qui a créé un véritable tollé outre-Manche ! « Le bio ne représente que 4 % du marché des produits alimentaires, pas 40 %, et je ne voudrais pas que l’on dise que 96 % de notre production est de second choix parce qu’elle n’est pas biologique », a ajouté le ministre.

Paradoxalement, ce sont les grands groupes de l’agroalimentaire et de la distribution, symboles de ce consumérisme tant décrié par les associations écologistes, qui s’accaparent actuellement le marché du bio. C’est que depuis quelques années, l’agro-industrie communique habilement sur la santé et le bien-être. Grâce aux seuls produits bio, la grande distribution réalise aujourd’hui en France un chiffre d’affaires de plus de 620 millions d’euros. Elle en assure 39,6 % des ventes, un pourcentage qui la place juste derrière la distribution spécialisée et traditionnelle (42,2 %). La vente directe, elle, représente moins de 20 %, ce qui est d’autant plus regrettable que c’est généralement à travers cette filière que l’on peut trouver des produits bio d’agriculteurs particulièrement attentifs à la qualité gustative et à la conservation de la biodiversité végétale ou animale.

Comme le commente le critique culinaire du quotidien The Guardian en référence aux propos de David Miliband, « il y a de bons produits bio... et de moins bons ! » Comme partout...


Gil Rivière-Wekstein

Publié dans le n°45 d'agriculture et environnement de février 2007

canardos
 
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Message par zeanticpe » 31 Mars 2007, 08:32

(Txi a écrit :
a écrit :Les bases théoriques de l’agriculture biologique restent-elles dogmatiques ou irrationnelles ?

Les méthodes dites biodynamiques excluent les engrais chimiques et produits phytosanitaires de synthèse, mais ont aussi recours à des procédés faisant appel aux « forces cosmiques, vitales et vibratoires ». À titre d’exemples : l’utilisation de dilutions de purin d’ortie pour fertiliser et régénérer le sol et la pulvérisation à doses homéopathiques d’un mélange d’humus et de silice pilée. Ainsi, dans une recette préconisée par un gourou à des viticulteurs bourguignons dans un récent reportage télévisé, est-il précisé de « pulvériser, en accord avec les conjonctions astrales, à raison de 4 g par hectare (0,4 mg par m2 !), un mélange d’humus ayant subi une maturation pendant un an sous terre dans une corne de vache et de silice pilée dynamisée par agitation ».


j'ai plusieurs réflexions à ce propos.
Ne me jeter pas la pierre, hein!
Le purin d'orites, je l'ai experimente pour les tomates. ca marche et meme tres bien.
il faut laisser pourrir des orties, cueillies avant la floraison, dans l'eau pendant un bon moment et puis à chaque arrosage, on met 1 L pour 10 L d'eau. C'est aussi connu que le fil de cuivre planté dans la racine du plant de tomates. Mais ca pue faut avouer. faut faire son purin, près des fenêtres du voisin qu'on n'aime pas. :smile:

L'astrologie, ben si on repique des salades en nouvelles lune, elles montent et c est vrai aussi.
tout ce qu on met sous terre (patates, oignons, etc..) se plante en vieille lune tout ce qu'on seme superficiellement , les semis quoi, se sème en vieille lune (c est un truc comme ca je crois).

bon, je n'adhere pas à l'agriculture biologique, perso.
j'en ai connu 2 qui faisaient cela. un vigneron dans l ardeche qui deserbait à la main, et une personne qui faisait des fruits et legumes et qui vendaient des pommes avec des vers ou un peu pourries mais sans traitement chimiques.
Pour moi, c est un coût en travail enorme, alors qu'on a autre chose à faire si on veut donner du pain à tout le monde. c'est une alimentation pour les privilégiés qui peuvent se le payer, sans plus. et je ne mange pas du bio, j'aime les vrai yaourts pas les bio bifidus, je sais pas quoi.
mais dans la tete des gens qui veulent des oeufs bio, du tout bio, pas facile à convaincre.
mais là-dessus:
a écrit :L’illusion que la ligne de démarcation entre toxique et non toxique serait la même qu’entre “chimique” et “non chimique” est un leurre, habilement entretenu par de nombreux protagonistes de l’agriculture bio »,

oui, je veux bien le croire.
zeanticpe
 
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Message par canardos » 31 Mars 2007, 08:57

zeanticpe...personne ne conteste l'efficacité du purin d'ortie ni des differents composts naturels...

ce qui est contesté c'est
a écrit :la pulvérisation à doses homéopathiques d’un mélange d’humus et de silice pilée


A dose homéopathique cela ne peut avoir aucun effet...puisqu'il n'y a plus aucun produit actif!

de meme ce qui est contesté c'est de
a écrit :pulvériser, en accord avec les conjonctions astrales, à raison de 4 g par hectare (0,4 mg par m2 !), un mélange d’humus ayant subi une maturation pendant un an sous terre dans une corne de vache et de silice pilée dynamisée par agitation


conjonction astrales...cornes de vache....etc..on voit que la limite entre les théoriciens du bio et les sorciers de l'ancien temps est bien mince voire inexistante!

quand au fait de planter à certaines périodes de la lunaison plutot qu'à d'autres, je ne crois pas que ces "vieilles lunes" aient jamais reçu la moindre confirmation expérimentale...

et pourtant ça devrait etre facile à vérifier...
canardos
 
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Message par zeanticpe » 31 Mars 2007, 14:13

oui, ok, Canardos. (lecture inattentive de ma part!) :smile:
zeanticpe
 
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Message par canardos » 08 Avr 2007, 00:22

une démonstration des théories bidon et des fausses sciences sur lesquelles repose la notion meme d'agriculture "bio"...

astrologie, "biodynamique", homéopathie et vins "bio"!

a écrit :

[center]Les bons astres font de grands vins: le "biodynamique" séduit les terroirs[/center]

Par Marie CAMIERE



SAINT-EMILION (AFP) - Influence de la lune et des planètes, "dynamisation" du sol grâce à des "préparats" aux allures d'alchimie: la biodynamie, une culture "bio" qui utilise les énergies cosmiques, séduit les viticulteurs qui y voient le moyen de révéler et protéger les terroirs.

A l'occasion de la semaine des primeurs bordelais, l'association Biodyvin, qui regroupe une quarantaine de producteurs travaillant en culture biodynamique, a organisé pour la première fois sa propre dégustation.

Biodyvin a ainsi accueilli à Saint-Emilion quelque 500 visiteurs en deux jours, du simple curieux au fin connaisseur, pour déguster les primeurs 2006 de 32 producteurs représentant toutes les régions viticoles de France.

Au Château Fonroque, premier grand cru classé labellisé "biodynamique", qui accueillait la dégustation, l'accueil du public a été "positif", sur fond de "prise de conscience" écologique, se réjouit Alain Moueix, propriétaire des lieux.

Mais c'est surtout la "qualité" des vins biodynamiques qui selon lui séduit les consommateurs: ils sont sensibles à ces vins "plus marqués par leur terroir" et "moins anonymes", insiste-t-il.

Longtemps méconnue du grand public, assimilée à des pratiques ésotériques, cette technique commence à sortir de l'ombre et devient même "un peu à la mode", portée par la montée en puissance de l'agriculture biologique, reconnaît Olivier Humbrecht, président de Biodyvin.

Excluant tout usage de substances chimiques, la biodynamie utilise des "principes énergétiques" pour "aider le sol à se régénérer", en respectant le calendrier planétaire, explique ce viticulteur alsacien qui pratique à Turckheim (Haut-Rhin) la biodynamie depuis 10 ans.

Il s'agit, pour lui, de "restaurer l'équilibre dans un milieu fortement perturbé" par le cultivateur, en favorisant une "vie plus riche" dans le sol au moyen de matières minérales et de plantes qui doivent "transmettre des énergies" à la vigne.

Des "préparats", "tisanes de plantes" vaporisées sur les cultures à doses homéopathiques, ou encore "cornes de bouses" - cornes de vaches contenant des bouses - enfouies dans le sol, en phase avec les cycles lunaires et les constellations astrales, doivent ainsi "dynamiser" le sol "pour le rendre plus nourricier".

"Le sol d'une culture où la vigne peut se nourrir elle-même peut donner un vin qui est marqué par son terroir", souligne M. Humbrecht. Cela permet en outre une "plus grande régularité de production", moins dépendante des aléas climatiques.

Pour Noël Pinguet, producteur de vin de Loire à Vouvray (Indre-et-Loire), chantre de la biodynamie depuis 20 ans, cette pratique est amenée à "se développer de manière intensive" dans les années à venir, la chimie ayant "montré ses limites".

Jean-Paul Zusselin, jeune viticulteur à Orschwihr en Alsace, une région très en avance en biodynamie, estime que cette démarche représente pour les terroirs français la chance de survivre en produisant des vins "uniques", une "alternative à la mondialisation", selon lui.

La viticulture biodynamique reste aujourd'hui très minoritaire en France, avec près de 150 domaines labellisés par deux associations, respectivement 42 par Biodyvin et une centaine par Demeter.

"Je suis convaincu du résultat par expérience. On peut faire de très bons vins en culture traditionnelle mais la biodynamie permet de faire des vins d'exception", affirme M. Pinguet.

canardos
 
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Message par titi » 08 Avr 2007, 07:19

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