Sociologie en Kabylie

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Koceila » 17 Mai 2007, 18:31

a écrit :

Sociologie en Kabylie
Caractère Sociologique

Le Kabyle, d’une manière générale, habite sa propre maison construite de pierres et recouverte de tuiles. Il possède une parcelle de terre que des murs, haies ou fossés séparent de son voisin. Les limites, comme le tour d’eau d’arrosage, sont sacrées, nul ne peut les violer sans risques d’incidents graves.
Industrieux et sédentaire, intelligent et actif, sobre et rompu à la fatigue, il s’adonne à toutes les besognes pour gagner sa vie et celle des siens. Il émigre facilement quand les occupations locales ne suffisent pas ; dans ce cas, un membre de la famille demeure au village pour veiller au patrimoine familial.
Dans la famille, la femme jouit d’une grande liberté ; en l’absence du mari, elle fait face aux travaux agricoles, s’occupe de l’éducation des enfants, répond aux obligations de la communauté. La polygamie étant extrêmement rare, la cellule familiale demeure ferme, et prospère dans le cadre de l’indivision pour sauvegarder sa puissance ; quand celle-ci est brisée, la fille n’hérite pas afin que les biens ne passent pas en des mains étrangères, mais elle conserve le droit permanent de gîte sous le toit paternel.
La communauté vit dans le respect des traditions parfois séculaires, Chaque village dispose d’une Djemâa, assemblée de représentants de chaque famille ou fraction. Un Cheikh (Amokrane) élu préside aux délibérations. La justice y est rendue très souvent d’après « l’Adda », droit coutumier, et le Kanoun, usages antiques sanctionnés par la pratique qui tient lieu de code civil, pénal, administratif et militaire. Ces lois dictées par l’expérience reflètent
les besoins et les intérêts individuels dans le cadre de la collectivité, ainsi que les obligations de celle-ci dans le cadre national. Egalité de tous ses membres, absence de privilèges, respect de l’individu, de sa femme, de sa maison, absence de peines corporelles et de prison (la dignité de l’homme libre - Amazigh - est respectée et demeure sans tâche), liberté de commerce, marchés ouverts à tous, charges proportionnelles aux richesses, etc. ...
La solidarité est de rigueur dans le village. La « Touiza » permet à chacun d’exécuter ses travaux avec l’aide de tous (cueillette des olives, construction d’une maison, mariage, décès, etc. ...). Les travaux d’utilité publique consistant en ouverture et réparation de chemins, entretien des fontaines, de la mosquée, du cimetière, s’exécutent en commun.
"L’Anaïa" (protection) pratiquée par toutes les familles, pauvres ou riches vis-à-vis d’un étranger de passage, un transfuge poursuivi par ses ennemis, ou seulement un individu qui désirerait s’implanter dans le village, fut souvent la cause des frictions et même des affrontements entre familles ou villages. "L’Anaïa" accordée par n’importe quel membre de la famille, l’honneur de tous ses membres se trouve engagé, et nul ne peut l’enfreindre sans encourir une vengeance. (La vengeance cesse, an certaines régions si le fugitif accepte d’exercer la fonction « humiliante » de boucher).
Le devoir de chacun à défendre l’inviolabilité du pays, met chaque famille, en temps de guerre, dans l’obligation de mettre à la disposition du Chef, des hommes pourvus de leur nourriture et de leurs munitions. Ceux-ci combattent un certain temps puis reviennent au village pendant que d’autres, fidèles à l’engagement de la fraction, assurent la relève. En raison du peu de temps que chaque guerrier passe au combat, du renouvellement constant des combattants, et la suspension des hostilités en mauvaise saison, ou au moment des gros travaux agricoles (cueillette des olives), le succès n’est pas toujours exploité à fond contre l’ennemi, alors que celui ci, grâce à une armée de soldats permanents disposant de grands moyens, persisté dans son effort défensif ou offensif Cette tradition, Sans doute millénaire, fut un handicap sérieux aux chefs militaires, et souvent la cause principale de leurs échecs dans leur lutte contre l’étranger. Elle ne disparaîtra qu’à l’époque moderne guerre de libération (1954-1962).
Dans toutes les guerres, quelles qu’elles soient même entre villages, il n’est pas rare de voir des femmes s’approcher de la mêlée encourageant, excitant par leurs youyous et leurs cris, portant secours aux blessés, aidant à enlever les morts, partageant les périls de l’action, les soucis de la défaite, la joie du succès (26).
Toutes ces traditions d’ordre économique, politique et social résistèrent à toutes les influences extérieures. Alors qu’à Bougie, le sultan gouvernait par l’intermédiaire de ses vizirs, possédait une administration et des fonctionnaires, rendait la justice conformément au droit musulman, entretenait une cour brillante de savants, poètes, érudits de toutes sortes, l’arrière-pays demeurait figé dans ses institutions anachroniques, obéissant par tradition depuis des générations à des chefs issus de certaines familles, ne consultant que ses propres cheikhs pour résoudre ses litiges religieux, et sa Djemâa pour régler ses différends. Le sultan, en fait. Il n’y exerçait aucun pouvoir temporel. Sinon sur les chefs traditionnels qui répondaient quand ils le désiraient du tribut ou des impôts forfaitaires de la collectivité payés souvent en nature.
Les Turcs ne modifièrent en aucune sorte cet état de choses.
Le pouvoir du Caïd turc à Bejaia ne dépassait pas la banlieue de la ville ; celui des commandants des garnisons ne concernait que les janissaire en exercice ou en retraite ; ils étaient là uniquement comme forces de police pour servir d’appui aux chefs traditionnels dans leur collecte des impôts ou, épaulés par le makhzen, obliger les récalcitrants à se soumettre aux obligations générales.
La colonisation française, après une lente évolution dans son administration, institua des assemblées communales où les représentants de la population étaient sensés débattre ses problèmes, mais la Djamaa de chaque village ne se départit jamais de son rôle au service de la collectivité.
(Toutes les traditions sont demeurées intactes jusqu’à l’indépendance La révolution a produit un éclatement de la famille, de la société même il y eut un changement radical dans les mœurs dans les traditions dans les rapports avec les voisins mêmes).
Mouloud GAID - Extrait de "HISTOIRE DE BEJAIA ET DE SA REGION" depuis l’antiquité jusqu’a 1954 - Edition MIMOUNI 1976

Koceila
 
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Message par abounouwas » 17 Mai 2007, 18:40

bon, cette présentation ne met pas à l'honneur une analyse très matérialiste et il y aurait beaucoup à dire. Je relève que l'institution de l'Anaya (protection) aurait pu être contextualisée: les Berbères sédentaires d'Afrique du Nord vivaient en partie aussi du commerce transsaharien. Ils devaient donc assurer les étapes et aussi la possibilité (notamment pour les pèlerins) de laisser des biens en dépôt. Anaya et commerce sont intrinsèquement liés.
abounouwas
 
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Message par abounouwas » 17 Mai 2007, 18:46

"Industrieux et sédentaire, intelligent et actif, sobre et rompu à la fatigue"
...
hum...
abounouwas
 
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Message par Koceila » 18 Mai 2007, 09:56

a écrit :"Industrieux et sédentaire, intelligent et actif, sobre et rompu à la fatigue"
...
hum...


Aurais-tu des problèmes avec les bèrberes où avec les arabes en général, car dès qu'un élément positif apparaît dans un post, voilà que tu sors de tes gongs?

Sur ce site le racisme n'a pas lieu d'être!
Koceila
 
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Message par Koceila » 18 Mai 2007, 10:06

Mes plus sincères excuses alors.................. :wavey:
Koceila
 
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Message par abounouwas » 18 Mai 2007, 15:34

En effet, j'étais agacé par le cliché colonial sur les Kabyles qui bossent et les Arabes qui bullent...
Je serais intéressé de savoir si l'auteur évoque le cas de Kabyles nomadisants ou semi-nomadisants.
abounouwas
 
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Message par Koceila » 18 Mai 2007, 19:39

Kabyles-Arabes, je pense que c'est un faux problème, En fait je dirais que la quasi totalité des habitants du Maghreb sont d'origine bérbere. Avec le temps, un grand métissage avec des peuples venus d'Europe (Romains, Vandales, Grecs, Ibères, Gaulois) du moyen Orient (Phéniciens, Turcs, Arabes, Egyptiens) et d'Afrique Sub-Saharienne (l'ancien Soudan) ont donnés la grande diversité de types que l'on rencontre actuellement. D'après ce que je sais, C'est Napoléon III qui aurait imposé l'arabisation forcée le premier, car il rêvait de créer un grand état arabe et de placer Abd-El-Kader sur son trône (voir l'ouvrage sur Abd-El-Kader de l'institut du monde Arabe). Je n'ai pas eu le temps de lire d'autres biographies sur Abd-El-Kader, donc celà reste à confirmer.

La spécifité Kabyle n'est pas ethnique mais de l'utilisation des montagnes par ces cultivateurs, en effet, depuis l'antiquité ces cultivateurs qui vivent en temps normal dans les plaines, se réfugient dans les montagnes pour se défendre, les villages de cette région se transforment en autant de forteresses inexpuniables
a écrit :(lire les bérberes de G Camps et La Grande Kabylie sous le régime Turc de JN Robin)
Sous le régime Turc, les terres, qui auparavant étaient propriété commune de la tribu ont été soustraites par le Dey d'Alger et les Beys de Constantine et d'Oran qui les relouaient aux tribus contre un tribut. Seuls les habitants de la contrée que l'on appelle aujourd'hui "Kabylie" se sont opposés aux janissaires et au Dey, mais à l'aube de la colonisation, d'autre régions étaient entrées en révolte plus ou moins larvée (On parle encore là aussi d'une femme Elgia ou Elgie qui aurait pris la tête de tribus dans le Constantinois j'en sais pas plus car j'ai apris son existence sur un forum berbere.com, je crois).

L'appellation "Kabyle" viendrai des Français, qui ont pour la première fois utilisé ce mot au 17eme siécle pour désigner les tribus montagnardes, d'ailleurs ce mot vient de l'arabe Q'bayel qui veut dire tribu.
Koceila
 
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Message par abounouwas » 20 Mai 2007, 12:42

En effet Koceila, c'est bien là où je voulais en venir, il semble plus pertinent de réfléchir - comme déjà le recommandait Ibn Khaldoun - sur les modes de production.

La pj suivante est assez instructive pour apporter une réponse matérialiste à l'histoire du peuplement du Maghreb en corrélation avec l'évolution des rapports de production. Je l'ai prise .

Quelques extraits, même si une lecture complète s'impose:

a écrit :

Beaucoup plus près de nous (+ 40 000 ? + 25 000 dans le Maghreb) les hommes de l'Atérien
nous demeurent pourtant totalement inconnus malgré quelques restes fragmentaires découverts à
Taforalt ou dans la région de Tanger. Nous sommes donc incapables pour ce qui concerne ces
premières nappes de peuplement, d'en préciser l'origine, l'extension comme d'en évaluer le poids
biologique dans la constitution des populations à venir. Seuls les archéologues peuvent nous
éclairer sur les deux premiers points. Les cultures de l'Atérien couvrent une aire géographique
considérable mais dont l'extension varie grandement selon les critères typologiques que l'on adopte.
Les hommes dispersés sur ces espaces, devaient malgré des différences culturelles notées, relever
d'un même stade évolutif et donc d'un même type. Puis dans le temps, en certains points et pour
certains, l'Atérien pourrait par une lente évolution mener jusqu'aux confins de l'épipaléolithique et
donc de l'Ibéro-Maurusien sans donc que les hommes de l'Atérien soient remplacés par des
nouveaux venus (venus d'où? pour exterminer les populations en place?)



a écrit :

Aux Homo erectus, aux néandertaliens et aux hommes de l'Atérien, vont succéder des auteurs bien mieux connus d'une transition qualifiée d'épipaléolithique à travers les industries Ibéromaurusienne et Capsienne, celle-ci succédant à celle là.
Les gisements Iberomaurusiens sont bien connus au Maroc (dont Taforalt), en Algérie, et ils paraissent moins nombreux en Tunisie peut-être submergés par la remontée des eaux car il s'agit d'un peuplement de l'extrême nord du Maghreb, très largement littoral dont les premières traces semblent apparaître vers le 16e millénaire avant le présent (BP)* et qui disparaît vers le 10e millénaire voire le 8e BP à el Haouita.
Pour la première fois dans cette vaste région du Nord-Afrique, une industrie dont l'évolution est bien suivie, bien corrélée aux évolutions que connaît le climat au long de ces millénaires, reconnaît un auteur également identifié par de nombreux restes bien typés (près de 500 sujets dans une trentaine de gisements), l'homme de Mechta el Arbi.



a écrit :

3. Origine orientale ou sud-orientale du Capsien : c'est la plus vraisemblable
On retrouve en effet en Libye mais aussi au Soudan et jusqu'au Kenya, une industrie semblable. Mais dans ces régions, le Capsien ou ses analogues est soit contemporain de celui du Maghreb, soit plus récent. Il semble donc logique de rechercher pour origine comme centre de diffusion ou de migration, un foyer plus ancien. Celui-ci semble pouvoir être situé en Palestine dans le Natoufien, même si le Natoufien de Palestine apparaît d'emblée plus achevé que celui du Maghreb. Il ne nous semble pas impensable que l'essaimage d'une fraction d'une population entraîne des modifications dans l'industrie en particulier lithique de la fraction migrante, du seul fait des capacités des individus migrants ou de la nature différente des matériaux de base disponibles…
(Voir la remarque déjà faite qu'un trait culturel n'est pas un marqueur populationnel).
Illustration du foisonnement de cette période de transition et de renouvellement entre le paléolithique et le néolithique beaucoup de variantes ont été décrites dans les cultures épipaléolithiques du Maghreb. Nous ne nous y attarderons pas et nous nous bornerons à constater qu'elles matérialisent les évolutions en réseau, chères aux biologistes.
Le néolithique va voir s'accentuer les échanges culturels et génétiques aussi. Il semble pour l'Afrique du Nord relever de trois grands courants dont certains centrés sur le Capsien.

4. Les courants africains
Le passage d'une économie de prédation à une économie de production se manifeste très tôt dans le Maghreb, mais évidemment très progressif, il n'a laissé à ses débuts que l'on peut situer vers le 7e millénaire BP*, que des traces très fugaces. La néolithisation semble donc avoir été très précoce dans l'ouest et succéder lentement en direct à l'Ibéromaurusien. En fait excepté la zone centrale de diffusion du Capsien (7500 BP), c'est un néolithique Tellien donc une transition sans doute issue des Ibéromaurusien qui se met en place du 7e au 6e millénaire BP. Au sud-est, Vauffrey a situé un néolithique de tradition Capsienne un peu plus tardif (depuis le 6e millénaire BP au Sahara nord jusqu'au 4e millénaire BP sur l'est des Hauts-Plateaux). Du Sud-Est encore, diffuse un Néolithique "saharien" précoce (7e millénaire BP). Nous relèverons qu'à cette période le Sahara n'est pas le désert que nous connaissons aujourd'hui mais plutôt un Sahel sub-aride, parcouru de fleuves et parsemé de grands lacs. Il ne constitue pas un obstacle total aux échanges culturels et… génétiques.

5. Les courants européens
Deux sont le fait de voisinages évidents : la péninsule ibérique à l'Ouest, la Sicile et l'Italie à l'Est, mais les échanges ont sans doute acquis que tardivement de l'importance. Il n'apparaît pas clairement qu'ils aient joué un rôle déclenchant. Enfin la diffusion d'une part importante des acquis du Néolithique oriental demeure un fait majeur au moins au plan culturel.
La préhistoire se termine et l'histoire va se compliquer à l'extrême pour le nord de l'Afrique, terre riche et convoitée, qui verra se mêler les cultures et les hommes, le commerce et les conquêtes.

Nous achevons donc ici cette très longue mise en place sans laquelle le biologiste ne peut poser des questions pertinentes, élaborer une stratégie appropriée pour y répondre. L'étude biologique en particulier génétique de l'humain ne peut méconnaître son environnement culturel, son histoire et… sa préhistoire.



* la datation BP (Before Present) s'appuie sur la technique dite du carbone 14. Par convention, elle prend pour présent de référence 1950. Ici, il faut donc lire le 14ème millénaire avant l'ère chrétienne.


et à présent, le décor étant planté, ce que les biologistes peuvent dire sur le peuplement berbère du Maghreb. L'auteur de cette étude pose trois questions:

a écrit :

1) Peut-on dessiner les contours d'une originalité génétique des Berbérophones? Sont-ils autre chose qu'une juxtaposition de singularités culturelles, sociales et linguistiques?
2) Si oui, la submersion du Maghreb par les conquérants arabes a-t-elle été surtout un fait culturel ? Dans ce cas on doit retrouver dans une forte proportion d'Arabophones du Maghreb des particularités génétiques des Berbérophones, ce qui illustrerait l'asynchronisme évolutif entre le biologique et les superstructures culturelles.
3) Si oui, peut-on essayer de retracer au plan biologique l'histoire évolutive des Berbères: foyer originel, migrations éventuelles?



conclusions (les longs développements sont à consulter sur le document en pdf):

a écrit :

1 - Ainsi arrivé au terme de la lecture des travaux les plus récents nous pouvons avancer qu'il existe un profil génétique des habitants de l'Afrique du Nord occidentale ;
ce profil semble original a bien des titres par les fréquences retrouvées à partir de méthodes très différentes et dessine les contours d'un fond de population du Nord-Ouest Africain encore en grande partie Berbérophone ; mais nous allons le voir, ces contours s'élargissent à d'autres zones à partir du Nord-Ouest du Maghreb, ce qui paraît bien être un témoignage, un jalon d'une occupation peut-être très ancienne.

2 - Ainsi il semble, dans l'état actuel des populations étudiées qu'il existe bien une discontinuité génétique pour certains systèmes entre l'est et l'ouest de l'Afrique du Nord.
Cette discontinuité, si elle se vérifie, pourrait
  venir étayer l'hypothèse d'une implantation très ancienne des populations berbérophones dans l'ouest africain
  et souligner aussi leur poids dans la constitution de l'actuel pool génique des populations du Maghreb.

3 - Ainsi selon le ou les marqueurs utilisés, selon l'importance et le degré de définition des échantillons de populations analysés, les conclusions peuvent être diamétralement opposées. Ce qui doit nous inciter à la modestie… et à la prudence. Nous devons avant tout en conclure que l'absence d'un caractère dans un échantillon de population donné ne permet pas de nier sa parenté avec telle autre population chez laquelle il est présent, surtout s'il est rare chez celle-ci. Les chances du tirage au sort, des problèmes particuliers de sélection ou d'équilibre interne du génome qui nous demeurent largement inconnus, l'effet fondateur, etc… peuvent suffire à expliquer l'absence ou la présence… en excès.

4 - Peut-on essayer de retracer au plan biologique l'histoire des Berbères. Retrouver le foyer d'origine, matérialiser les migrations éventuelles?
Nous savons ce que nous dit aujourd'hui l'archéologie : Peut-être faut-il rechercher dans l'est et jusqu'au Moyen Orient, l'origine des premiers néolithiques méditerranéens. Nous savons aussi ce qu'elle ne peut actuellement nous dire : l'origine et la destinée des Ibéro-Maurusiens, le poids démographique de leurs populations face aux Capsiens, leur devenir dans le monde berbérophone. Nous savons que personne n'est en mesure de trancher et Jean Guilaine me le rappelait récemment entre le modèle diffusionniste et les grandes migrations de Néolithiques venus de l'Est, du Moyen-Orient. Nous savons aussi que des ébauches des rudiments d'agriculture apparaissent tôt dans l'Ouest du Maghreb, hors de la zone Capsienne. Nous savons que jusqu'au IVe millénaire avant notre ère, le Sahara n'était pas le désert que nous connaissons aujourd'hui, qu'il était plus ou moins densément habité et que sa façade atlantique encore plus humide constituait un couloir de communication sans doute fréquenté avec l'Afrique de l'Ouest. Hélas, on ne peut pour l'instant fouiller au Sahara.

Dès l'Ibéro-Maurusien, il existait dans le Nord-Ouest de l'Afrique un peuplement d'hommes modernes venus peut-être du Soudan, peut-être de la péninsule arabique ou succédant sur place aux hommes de l'Atérien et assez analogues à nos cro-magnoïdes pratiquant une activité de chasse et de cueillette. Progressivement ils "bafouilleront" un peu dans une tentative de protection de certaines productions sauvages intéressantes pour eux comme J. Guilaine le décrit pour les vesces par exemple dans l'Ouest européen. Venant de l'Est est arrivé vers -7000 un nouveau modèle d'économie basé sur une agriculture encore rudimentaire et s'accompagnant de certains animaux domestiques comme le mouton.
Ceux qui gagnaient vers l'Ouest en apportant ce nouveau mode de subsistance parlaient une langue dont dérivent les parlers Berbères actuels. Ils n'ont sans doute pas submergé les premiers occupants. Ils ont été assimilés avec ce qu'ils amenaient de progrès avantageux. Leur poids culturel a été fort. Mais leur poids génétique dans l'évolution des populations ultérieures est demeuré faible. Le fractionnement des groupes lié sans doute aux évolutions climatiques, aux guerres et aux invasions successives, aux autres révolutions culturelles aboutit à la dispersion et aux particularismes que nous connaissons aujourd'hui.




berberes_maghreb_larrouy.pdf
abounouwas
 
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Message par Koceila » 24 Mai 2007, 12:14

Merci beaucoup Abounouvas, si celà t'intèresse, le bouquin de G Camps couvre une période qui va du néolithique jusq'à 1830. Et il approfondi la question sociologique: Les bèrberes de G Camps (Acte Sud)
Koceila
 
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