par Vérié » 21 Nov 2007, 08:42
Bon, nos explications n'ont peut-être pas convaincu Golgot13, dans la mesure où les atrocités des uns ne peuvent pas suffire à justifier celles des autres, meme pour la bonne cause.
A ce propos, il y a un point sur lequel, me semble-t-il, il faut insister. Alors que les capitalistes peuvent déclencher cyniquement une guerre dans le seul but de s'emparer de matières premières, d'augmenter leur part de marché ou de vendre davantage d'engins de mort etc, ce ne sont pas les révolutionnaires qui sont à l'origine des affrontements sociaux et de leurs conséquences sanglantes. Les révolutionnaires ne prennent pas la décision de déclencher des révolutions et de déclencher des guerres civiles. (Il n'y a que les terroristes et les guérilléristes qui agissent ainsi et qui, dans l'immense majorité des cas, se font décimer plus ou moins vite.)
Les révoltes et affrontements sociaux se déclenchent indépendamment de notre volonté. Les soldats ne nous ont pas attendu pour se révolter pendant la guerre de 14-18 et une bonne partie des dirigeants bolcheviks étaient à l'étranger quand la révolution a commencé. Elle a commencé comme souvent par des manifs de femmes contre le prix du pain etc. Donc, de toute façon, avec ou sans nous - et sans Lénine - ces affrontements se seraient produits et ils auraient été sanglants.
Mais, sans une organisation de révolutionnaires conscients, ça aurait probablement abouti à une répression, des massacres, au mieux à un gouvernement bourgeois qui aurait poursuivi la guerre - comme voulait le faire Kerenski.
Le role des révolutionnaires a été de donner un sens à cette révolte pour qu'elle devienne une véritable révolution sociale et qu'elle ait une chance de bouleverser l'ordre établi, et non de retomber dans l'ordre anciens après des séries de massacres et d'horreurs. Ces horreurs, que tous les faux-jetons anti-communistes cataloguent dans "les crimes du communisme", auraient eu lieu de toute façon - et elles avaient déjà lieu avec la guerre de 14-18. Ensuite, se livrer à une macabre comptabilité pour savoir s'il y aurait eu plus ou moins de victimes si les bolcheviks n'avaient pas été là n'a rigoureusement aucun sens - ne serait-ce tout simplement que parce que c'est impossible.
Mais le devoir de tout individu conscient dans de telles circonstances, c'est au moins d'agir pour que cette situation épouvantable (guerre, famine etc) débouche sur autre chose, ait une chance d'acoucher d'une nouvelle société, et évidemment ce n'est pas gagné d'avance. Mais qui ne risque rien n'a rien.
Ou alors, on se terre dans son coin, genre Docteur Jivago, en se lamentant sur ces horreurs. Mais, en agissant ainsi, non seulement on ne fait rien pour mettre fin aux horreurs en question mais bien souvent on n'y échappe meme pas soi-meme, tel le Docteur Jivago en question.
La barbarie est avant tout le produit du système que nous combattons et non le résultat de la soif de sang des révolutionnaires, meme quand ils sont contraints eux-memes d'avoir recours à des méthodes barbares.