mai 1968

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Matrok » 04 Avr 2008, 21:23

(kaïre @ vendredi 4 avril 2008 à 21:01 a écrit :J'ai rencontré VO fin 63, j'étais à l'époque à la CNT et écrivais la partie française du Combat Syndicaliste avec Roda-Gil

Etienne Roda-Gil ? Le futur parolier de Julien Clerc ? :w00t: Ouaah !

a écrit :Un jour je prendrai la route
Vers ailleurs coûte que coûte
Je traverserai la nuit
Pour rejoindre la cavalerie

J'aurai enfin tous les courages
Ce sera mon héritage
Et j'abolirai l'ennui
Dans une nouvelle chevalerie
Matrok
 
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Message par Valiere » 05 Avr 2008, 08:36

J'étais socialiste, aux jeunesses et un jour le secrétaire fédéral de la SFIO m'a traité de trotskiste : je suis allé voir ce que c'était et je suis tombé dedans...
Valiere
 
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Message par kaïre » 06 Avr 2008, 07:15

Etienne Roda-Gil ? Le futur parolier de Julien Clerc ?


Ben oui, et alors ? Roda était fils de républicain espagnol, militant CNT-FAI. Il l'est devenu à son tour et est resté jusqu'à la fin fidèle à ses idées, même s'il ne militait plus. Je le rencontrai de loin en loin dans les manifestations. S'il faisait partie du show-biz (?), on ne s'en est pas beaucoup rendu compte à sa mort, il y a eu très peu d'articles ou d'émissions sur lui.
Nous nous réunissions au local de la CNT où des vieux espagnols, nostalgiques autour de leur poêle, nous racontaient leur révolution, leurs luttes, leurs tristesses. A l'époque je ne connaissais rien à la guerre d'Espagne ni à l'analyse que nous faisons du rôle du PC, du Poum, des anars... J'étais fascinée par ces hommes qui s'étaient battus pour la justice et la liberté, et révoltée par leur défaite, la victoire de Franco et la répression.
Roda et moi, plus qq autres copains de la bande, étions en bagarre contre la FA et Maurice Joyeux. Ne parlons pas de Louis Lecoin qui m'avait envoyé une lettre vengeresse à la suite d'un article sur la violence révolutionnaire.
Bon, un peu loin du sujet, c'était juste pour répondre à la question.
kaïre
 
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Message par Matrok » 06 Avr 2008, 10:40

(Zelda @ dimanche 6 avril 2008 à 10:29 a écrit : A part ça, je ne crois pas que Matrok était ironique pour Roda-Gil. En tout cas, moi je ne l'ai pas pris comme ça.

Non, non, tu te trompes. :smile: Je suis assez amateur de chansons à textes et même si Roda-Gil est loin d'être mon parolier préféré, j'ai une certaine admiration pour le bonhomme. J'ai cité "La cavalerie" parce que j'aime bien le côté décoiffant de ce dernier couplet, mais il en a écrit d'autres qui sont aussi bien !
Matrok
 
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Message par Valiere » 10 Avr 2008, 09:11

MAI 68 A MELUN


L'Ecole Normale d'instituteurs de Melun était déjà en effervescence au début de l'année 68
Les « élèves maîtres » étaient mobilisés depuis longtemps contre les plans gouvernementaux visant la déstruction des Ecoles Normales et la fin du recrutement pré-bac.
Sur Melun même, en relation avec d'autres militants radicalisés, marxistes léninistes notamment j'ai participé activement à la construction des Comités d'action lycéens.
J'étais au début 68 encore socialiste, secrétaire fédéral à la propagande des jeunesses SFIO, c'était une identité difficile à assumer : pour les révolutionnaires encartés, la SFIO était le parti de Jules Moch et pour les cadres du parti, nous étions des trublions.... Comment ! nous avions même édité et collé une affiche demandant que le droit de vote soit abaissé à 16 ans !
J'ai fini par quitter la SFIO pour essayer de voir qui étaient ces révolutionnaires parisiens dont on me parlait : le secrétaire fédéral du parti m'avait traité un jour de trotskiste, il fallait bien que j'aille m'informer.
Début mai 68, nous franchissions le mur de l'EN pour aller en manifestation à Paris. Dès que nous étions au bord de la route avec nos mines d'adolescents combatifs, une voiture s'arrêtait pour nous conduire à l'entrée de la capitale.
Très impressionnés par les manifestations qui partaient de Denfert, nous avons voulu faire de même sur Melun et très vite la mayonnaise a pris.
L'Ecole Normale a été occupée, un comité de grève s'est constitué et jours et nuits nous avons mis en place la garde vigilante de la vieille maison républicaine qu'aucune force répressive ne voulait d'ailleurs faire évacuer...Nous étions sur un petit nuage à la conquête du monde pour mettre fin à toutes les inégalités.
L'AG quotidienne a mis en place des groupes de travail planchant sur le règlement intérieur vieillot et réactionnaire de l'EN que nous voulions modifier et sur les programmes...Nous avions deux fers au feu : participer au mouvement social pour changer la vie et réfléchir à l'avenir de l'Education nationale.
L'après-midi je m'échappais de l'EN pour rejoindre les lycéens et ensemble nous organisions les grandes manifestations locales. Partie du lycée Jacques Amyot, la manif passait par le lycée technique pour envahir le centre ville.
J'ai rencontré récemment l'un des agents des renseignements généraux, il m'a rappelé qu'à cette époque il se renseignait pour savoir si j'étais de manifestation. En cas de réponse positive, il restait avec ses collègues...Il s'agit là d'une exagération manifeste mais qui reflète l'état d'esprit du moment.
J'ai même été accusé d'avoir apposé le drapeau rouge au-dessus du donjon du château de Blandy. Malheureusement, je ne suis pas l'auteur de ce haut fait... C'est l'un de mes camarades de classe enfantine, décédé aujourd'hui qui avait organisé avec des jeunes travailleurs de Blandy cet escalade risqué.
En réunion le matin à l'EN, en manifestation l'après midi à Melun et en soirée à Paris,en contact actif avec la Jeunesse Communiste Révolutionnaire dont j'étais sur l'agglomération le seul représentant, je n'avais pas le temps de faire autre chose que de militer... J'ai même raté mon bac en juin 68, j'avais sept de tension et moins de 6 de moyenne générale....
Mais qu'importe le bac, nous faisions la révolution.
Nous avons milité et milité avec ferveur et je me rappellerai toujours de certaines anecdotes comme celle-ci :
Les normaliens en formation professionnelle avaient repris le travail mi juin et le comité de grève m'avait proposé de tenir un piquet de grève.
Ils étaient une vingtaine devant la porte et quand le professeur leur a demandé pourquoi ils ne rentraient pas, les « délégués de classe » ont expliqué que je les empêchais de suivre les cours... J'étais seul et la classe regroupait,entre autres, la moitié de l'équipe de rugby de l'établissement!
Nous avons bien ri ensuite au réfectoire.

Les commentateurs bien pensants évoquent les soixante huitards parvenus aujourd'hui ! Certains ont effectivement tourné casaque mais d'autres continuent l'action politique et sociale ... Je rencontre à l'occasion certains de mes camarades, anciens « leaders » lycéens ou normaliens : la majorité milite encore et très activement, syndicalement et même politiquement à gauche.
Nous voulions changer la société et nous poursuivons ce combat de transformation sociale.

Ayant commencé à militer trois ans avant la grève générale, j'ai toujours eu une activité politique syndicale et sociale sans aucune interruption à ce jour...
Encore soixante huitard ? Oui, certainement
Valiere
 
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Message par kaïre » 11 Avr 2008, 08:05

(Zelda @ dimanche 6 avril 2008 à 11:29 a écrit :
a écrit :Bon, un peu loin du sujet, c'était juste pour répondre à la question.


Tu veux bien ouvrir un fil là-dessus ? En histoire et théorie ou en tribune libre, comme tu veux. C'est aussi intéressant. :wavey: Pour moi Maurice Joyeux, c'est le vieil anar fidèle à ses idées jusqu'à sa mort. J'imagine que tu n'as pas la même approche.

A part ça, je ne crois pas que Matrok était ironique pour Roda-Gil. En tout cas, moi je ne l'ai pas pris comme ça.
Un fil, c'est un sujet ? Non, pas assez de choses à dire. Le mot bagarre était un peu fort. Nous trouvions seulement que la FA était trop "molle" avec ses composantes pacifistes et trop "pb" comme on dit. Nous étions très fiers de nos camarades ouvriers. Cela ne nous empêchait pas de mener des actions communes parfois. Et on vendait le Comabet syndicaliste dans les galas de la
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Message par kaïre » 11 Avr 2008, 08:17

:prosterne:
Fausse manoeuvre ???? Décidément, pas douée. Suite :

aux galas de la FA avec Léo Ferré.
Quant à l'ironie, je n'ai pas compris ça. Je voulais simplement dire que cela n'avait rien d'extraordinaire d'avoir connu jeune quelqu'un devenu "célèbre" ensuite, et que Roda était resté un type bien.
kaïre
 
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Message par kaïre » 11 Avr 2008, 08:24

Zelda,vendredi 4 avril 2008 à 22:07 a écrit :Zarra a dit : LA SUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITE !!! :w00t:



Zelda et pas Zarra. Excuses. Puisque tu m'y encourages, ça va venir.
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