a écrit :« La femme
la République et le bon dieu
La place des femmes dans la société
est-elle menacée par les religions »
d'Olivia Cattan et d'Isabelle Lévy
Presses de la Renaissance
279 pages
20 €
Février 2008
La sphère privée ne doit pas devenir un bagne au nom
de la séparation des églises et de l'Etat
Les deux auteures, laïques et féministes convaincues mettent à mal avec beaucoup de talent et d’arguments la fameuse séparation entre la sphère privée et la sphère publique.
Il ne s’agit pas pour elles de remiser la loi de séparation des églises et de l’Etat mais d’empêcher que des pratiques et coutumes puissent remettre en cause l’égalité des droits.
Il n’est pas possible de tolérer, de couvrir objectivement la maltraitance, les mariages forcés, l’enfermement communautaire, la réduction de fait des droits au nom du respect de la différence.
Olivia Cattan et d'Isabelle Lévy, militantes responsables de l’association « Paroles de femmes » nous font découvrir les textes qui régissent les trois principales religions monothéistes. Elles nous montrent d’ailleurs que bien souvent, les religions interprètent les textes plus qu’elles ne les respectent.
La femme serait l’égale de l’homme d’après la bible et l’Eglise, elle-même n’aurait jamais affirmé que la femme serait dépourvue d’âme. Au Concile de l’an 585 tenu à Macon, il s’agirait là d’une méprise d’ordre linguistique.
Quant aux pratiques religieuses, il s’agit plus de tradition que de respect d’obligations. La circoncision serait une obligation dans le judaïsme et pas dans l’islam où pourtant c’est un passage obligé.
Pour les deux auteures qui s’appuient sur des interviews de rabbins, d’imams et de prêtres et aussi sur des témoignages souvent poignants de femmes croyantes, les religions ne doivent pas l’emporter sur le modèle républicain !
Est-il acceptable que le divorce inégalitaire dans le judaïsme soit encore pratiqué en France ?
Est-il tolérable que des enfants nés d’une nouvelle union contractée par une femme n’ayant pas obtenu le divorce religieux soit considéré par sa famille et ses proches comme des bâtards ?
« Dans la religion musulmane, le divorce est également unilatéral : seul l’homme peut utiliser la formule de répudiation, appelée le talâq », la religion catholique quant à elle ne tolère aucun divorce !
Il faut éduquer les jeunes filles mais aussi les femmes sur la contraception et la sexualité et lever les interdictions d’un autre âge qui sont imposées par des obscurantistes de toutes origines.
« Il est temps aujourd’hui, en 2008 , de prendre en considération les nouvelles aspirations religieuses tout en se donnant la possibilité d’intervenir en cas de pratiques intégristes, contraires au respect de la dignité humaine et à la liberté des personnes. »
Les deux auteures qui affirment et prouvent que l’on peut être féministes et croyantes, militent pour que la non-intervention dans la sphère dite privée cesse afin que la France soit fidèle à son ambition affichée d’être et de rester le pays des droits de l’Homme.
Jean-François CHALOT