Derrière le conflit en Géorgie

Dans le monde...

Message par Groza » 11 Août 2008, 09:23

Un article du monde diplomatique d'octobre 2006 :



Le « grand jeu » continue dans le Caucase

Géorgie-Russie, les raisons d’une escalade
Si le président russe Vladimir Poutine s’est montré conciliant sur la question de l’énergie, lors de sa rencontre au sommet avec les dirigeants de l’Union européenne, le 20 octobre à Lahti (Finlande), il a accusé son homologue géorgien Mikhaïl Saakachvili de préparer un « bain de sang » en Abkhazie et en Ossétie du Sud. Le 13 octobre, le Conseil de sécurité unanime avait demandé à Tbilissi de respecter l’accord de cessez-le-feu de 1994.
Par Florence MardirossianJamais les relations entre la Géorgie et la Russie n’avaient connu pareille crise depuis la seconde indépendance du pays, le 9 avril 1991. Le 27 septembre, Tbilissi annonce l’interpellation de cinq militaires russes soupçonnés d’espionnage. Cinq jours plus tard, malgré leur libération, Moscou prend des mesures de rétorsion contre ce que le président Vladimir Poutine qualifie de « terrorisme d’Etat » appuyé par des « sponsors étrangers (1) » : suspension des liaisons aériennes, ferroviaires, routières, maritimes et postales avec la Géorgie, embargo sur les importations et menace sur les transferts financiers qui représentent 15 % de son produit intérieur brut. Ces mesures s’accompagneront rapidement, selon les termes de Tbilissi, d’une « chasse aux Géorgiens », dont le nombre est estimé à plus d’un million dans l’ensemble de la Fédération : en dix jours, quelque cinq cents clandestins seront expulsés.

Bien sûr, une telle crise ne tombe pas du ciel : elle plonge ses racines dans les événements survenus cet été dans les provinces dissidentes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Fin juillet 2006, les troupes géorgiennes pénétraient dans les gorges de Kodori, seule partie du territoire de la république abkhaze autoproclamée encore sous le contrôle de Tbilissi : la Géorgie tenait à rétablir une autorité contestée par celui qui fut gouverneur de la vallée sous la présidence de M. Edouard Chevardnadze. Sur place, c’est surtout l’amélioration des relations entre les dirigeants abkhazes et les habitants de la haute vallée, les Svans, originaires de la région géorgienne voisine, qui semble avoir inquiété la Géorgie.

Selon Tbilissi, cette « opération de police réussie » aurait permis de restaurer l’état de droit et contribué à la stabilisation de la région, analyse reprise par Washington (2). Le secrétaire général des Nations unies estime, lui, dans son dernier rapport, que cette offensive visait à positionner des forces au cœur de l’Abkhazie dans la perspective d’une reprise du conflit (3). Et d’estimer, contrairement au sous-secrétaire adjoint américain Matthew Bryza, que l’envoi de soldats dans la vallée a violé l’engagement pris par la Géorgie en 1994 d’en retirer ses forces et par conséquent compromis la stabilité régionale.

La tension est plus forte encore en Ossétie du Sud, dont les forces côtoient chaque jour celles de la Géorgie, ce qui multiplie les occasions d’incidents. Avoir été témoin des interrogatoires successifs subis aux postes de surveillance géorgiens et sud-ossètes établis à la sortie de Tskhinvali – la capitale de l’Ossétie du Sud – suffit pour mesurer le climat d’hostilité et la méfiance qui règnent, au point que la moindre altercation peut mettre le feu aux poudres. Ainsi, début septembre, les autorités de la république firent ouvrir le feu sur un hélicoptère transportant le ministre géorgien de la défense, M. Irakli Okrouachvili, accusé d’avoir violé leur espace aérien. Cinq jours plus tard, des échanges de tirs causèrent la mort de trois officiers sud-ossètes et d’un policier géorgien. D’où l’annonce par le président de facto Edouard Kokoïty de la tenue d’un second référendum sur l’indépendance de l’Ossétie du Sud le 12 novembre – le premier, organisé en 1992, avait tourné au plébiscite quasi unanime.

La sécession de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud a commencé avant la dissolution de l’Union soviétique à la fin de 1991. Républiques indépendantes autoproclamées depuis une quinzaine d’années, elles n’ont jamais obtenu la reconnaissance de la « communauté internationale » et notamment des Etats occidentaux, attachés au contraire à la restauration de l’intégrité territoriale de la Géorgie. Or la reprise des hostilités, cet été, a considérablement augmenté le risque de réactivation de conflits dits « gelés » (4), comme nous l’a confirmé fin septembre, à Soukhoumi, la capitale de l’Abkhazie, le ministre des affaires étrangères M. Sergueï Chamba. Les troupes abkhazes se seraient attendues tout l’été à une attaque géorgienne, probablement reportée au printemps 2007 en raison du rude climat de l’hiver en haute montagne. Les autorités abkhazes et sud-ossètes qualifient les incursions géorgiennes de provocations : elles ne peuvent que déstabiliser leurs territoires où le statu quo, en vigueur depuis les accords de cessez-le-feu de 1992 et 1994, est « de plus en plus préjudiciable au recouvrement de l’intégrité territoriale de la Géorgie », note le rapport onusien, citant des responsables géorgiens.

Les initiatives estivales du président Mikhaïl Saakachvili s’expliquaient sans doute aussi par l’approche des élections locales du 5 octobre dernier. Misant sur un regain de nationalisme, il aurait intensifié sa politique de reconquête des régions sécessionnistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, sachant que la Russie y conserve des forces de maintien de la paix accusées par la Géorgie de soutenir les autorités séparatistes. C’est ainsi qu’il se rendit en personne dans les gorges de Kodori, accompagné de M. Okrouachvili et du patriarche orthodoxe de Géorgie, le jour de la célébration du treizième anniversaire de la prise de Soukhoumi par les troupes abkhazes. C’est le même jour qu’il fit arrêter les militaires russes. Et les municipales ont effectivement tourné à l’avantage du pouvoir...

Le président géorgien se savait soutenu par l’administration Bush, décidée à refouler la Russie aux frontières septentrionales du Sud-Caucase. C’est ainsi qu’il avait arraché un accord sur le démantèlement des bases militaires russes implantées au sud-ouest du pays : sous la pression des Occidentaux, le sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Istanbul, en 1999, poussa les Russes à s’entendre avec les Géorgiens sur leur fermeture. Et le retrait des contingents de Batoumi (région géorgienne d’Adjarie) et d’Akhalkalaki (région géorgienne de Djavakhétie), au total deux mille cinq cents hommes, devrait s’achever fin 2008 – le ministre russe de la défense Sergueï Ivanov l’a confirmé en octobre (5).

Dans la foulée, le Parlement géorgien a exigé cette année, à deux reprises, le retrait immédiat des forces russes de maintien de la paix d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, et leur remplacement par des forces de paix internationales. Plus : lors de la 61e session de l’Assemblée générale des Nations unies, fin septembre, le président Saakachvili a exigé que soit mis fin au rôle de médiateur de Moscou et donc à la présence des forces russes, qu’il suggère de remplacer par celles de la « communauté internationale ».

Comment ne pas faire la comparaison avec ce qui s’est passé dans les Balkans ? Tbilissi, comme Belgrade, a connu en novembre 2003 une révolution pacifique, dite « des roses », à l’initiative de mouvements partiellement financés par des organisations étrangères, notamment américaines. Et les provinces sécessionnistes de Géorgie accueilleraient demain, comme le Kosovo, des forces de paix internationales. Là-bas, sous mandat des Nations unies et de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), la Force de maintien de la paix au Kosovo (KFOR) empêche les forces serbes, militaires comme paramilitaires ou de police spéciale, d’y pénétrer. C’est précisément la mission que les accords de cessez-le-feu entre la Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud assignent aux forces russes de maintien de la paix : faire respecter les engagements pris par le gouvernement géorgien et par les autorités séparatistes.

Mais pourquoi changer de système, disent, à l’instar de la Russie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud ? Leurs dirigeants dénoncent la politique du « deux poids, deux mesures » de la « communauté internationale », et des Etats-Unis en particulier. A quoi bon déployer une force internationale de police civile sous l’égide des Nations unies en Abkhazie et étendre le mandat de la mission d’observation de l’OSCE à l’ensemble du territoire de l’Ossétie du Sud, demandent leurs dirigeants ? Selon eux, les forces russes ont jusqu’ici garanti le cessez-le-feu, tenant les troupes géorgiennes à distance de leurs frontières, exactement comme la KFOR le fait avec les soldats serbes au Kosovo. Pourquoi, d’ailleurs, prôner l’indépendance du Kosovo et pas celles de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ?

La clé du forcing occidental doit être recherchée dans une stratégie plus large. L’ancien glacis soviétique, où Washington soutient, voire inspire, des « révolutions colorées » (6), appartient, avec le Proche-Orient, à cette Asie du Sud-Ouest que la doctrine Bush entend « démocratiser » – de la Palestine jusqu’au Kazakhstan : aux vingt-deux pays de la Ligue arabe s’ajoutent cinq Etats non arabes, plus les « extensions » du Caucase et d’Asie centrale. Riche en pétrole et en gaz, cette zone politiquement instable forme la charnière de la Russie, de l’Europe et de la Chine. Si les Etats-Unis veulent la remodeler, c’est pour y développer leur influence économique et politique, et avant tout leur implantation militaire. Voilà qui inquiète naturellement la Russie, surtout s’agissant de son « étranger proche ».

En pleine crise Tbilissi-Moscou, le président Saakachvili a choisi le Wall Street Journal pour manifester ses priorités : « En trois petites années, mon pays, hier emblème de la faillite économique et sociale d’un pays géré par des gangsters, est devenu une démocratie naissante avec l’une des croissances les plus rapides du monde, écrit-il. La Banque mondiale a récemment tressé des lauriers à la Géorgie, présentée comme numéro un de la réforme dans le monde et démocratie en transition la moins corrompue. Le mois dernier justement, l’OTAN a intégré la Géorgie à l’étape nouvelle des négociations d’adhésion, reconnaissant par là nos progrès politiques, économiques et militaires. Et, la semaine dernière, nous avons complété un plan d’action avec l’Union européenne qui définit notre avancée irréversible vers un avenir pleinement occidental (7). »

L’accélération des négociations en vue de l’adhésion à l’OTAN constitue une véritable menace aux yeux de Moscou : la Russie se refuse à perdre son influence chez des voisins où sa présence ne s’est jamais démentie depuis la dissolution de l’URSS, malgré le « grand jeu » américain et les projets d’intégration de la région à la sphère d’influence européenne. Ce faisant, elle ne mise pas seulement sur les forces militaires dont elle dispose dans les zones de conflit d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud : l’écrasante majorité des populations de ces territoires ont acquis la nationalité russe. En cas de reprise des combats, la Géorgie se confronterait indirectement à la Russie, qui, par la voix de son ministre de la défense, vient de réaffirmer qu’elle assurerait la protection de ses citoyens (8).

Mais le risque d’un face-à-face avec Moscou n’est pas le seul souci des dirigeants géorgiens. Le président Saakachvili voit sa majorité, pourtant issue de la « révolution des roses », de plus en plus contestée de l’intérieur. L’opposition vitupère toujours davantage le gouvernement pour ses dérives autoritaristes, dénonçant l’arrestation, début septembre, de vingt-neuf de ses membres, accusés de conspiration, et protestant contre la fraude lors des élections locales d’octobre. Certains agitent même le spectre des années Gamsakhourdia (9) : le nationalisme belliqueux du président d’alors – qui avait pour mot d’ordre « la Géorgie aux Géorgiens » – avait alimenté le séparatisme des régions frontalières, mais aussi provoqué à Tbilissi des affrontements aux allures de guerre civile. Interrogés sur ce rapprochement, les leaders séparatistes abkhaze Sergueï Bagapch et ossète Kokoïty, qui prévoient la détérioration de leurs relations avec Tbilissi, s’accordent même à dire que les gouvernements géorgiens successifs n’auraient en fait jamais dévié de cette politique.

Dès l’éclatement de la crise actuelle, M. Poutine a mis en garde son homologue américain contre le risque de déstabilisation que comporterait un encouragement de pays tiers à la « politique destructive » de la Géorgie (10). Il a été entendu : le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité, le 13 octobre, le projet de résolution sur le conflit entre la Géorgie et l’Abkhazie proposé par Moscou et auquel, jusque-là, Washington s’opposait (11). Ce texte condamne l’incursion des troupes géorgiennes, dont il demande le retrait des gorges de Kodori. De surcroît, il reconnaît « le rôle important de la force [russe] de maintien de la paix » en Abkhazie. Il est vrai que Moscou, de son côté, a apporté son concours à la résolution du Conseil de sécurité sanctionnant l’essai nucléaire nord-coréen...

Sans doute ces distances prises par l’Occident, Etats-Unis compris, avec Tbilissi expliquent-elles la réaction radicale du président Saakachvili appelant les Géorgiens de Russie à revenir en Géorgie pour aider le gouvernement à rétablir l’intégrité territoriale du pays – sous-entendu, à combattre en Abkhazie (12).

Florence Mardirossian
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Message par Groza » 11 Août 2008, 10:51

Le conflit actuel entre la Russie et la Georgie pourrait bien s'élargir à toute la Région. Les tensions existent et pourraient bien s'enflammer.


Illustration : le Monde Diplomatique de juillet 2007 :



Escalade militaire dans le Caucase

Au début du mois de mai, le ministre géorgien de la défense David Kezerachvili a fait sensation en annonçant une forte augmentation du budget militaire pour 2007 : celui-ci doit passer de 513 millions de laris à 957 millions de laris (428 millions d’euros), alors que les recettes budgétaires totales de 2007 sont de 3,7 milliards de laris. Les dépenses militaires du pays ont donc été multipliées par dix selon les chiffres officiels, voire plus, depuis la « révolution des roses » en 2003. Tbilissi a également annoncé, dans les prochaines semaines, un renforcement de son contingent militaire en Irak de huit cent cinquante à deux mille soldats, ce qui en ferait le troisième contingent des forces d’occupation dirigées par les Américains. Depuis 2001, la Géorgie a également reçu des Etats-Unis une aide militaire importante sous forme d’entraînement et d’équipements.

Pourquoi de telles dépenses ? Le pays n’avait pratiquement pas d’armée, et il doit faire de sérieux efforts s’il veut rapidement intégrer l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), officiellement une de ses priorités majeures. Des experts militaires se plaignent que la majorité des officiers entraînés par les Américains aient quitté l’armée, notamment en raison de la pénurie de logements et des bas salaires. L’augmentation du budget devrait donc financer, entre autres, la construction de nouvelles habitations pour le corps des officiers, ainsi que des hausses de rémunération.

Un tel accroissement du budget révèle néanmoins d’autres objectifs. L’armée géorgienne a récemment achevé la construction d’une nouvelle base militaire, capable d’héberger plus de trois mille soldats, à Sénaki, près de l’Abkhazie – et une seconde base est en construction à Gori, à une demi-heure de Tskhinvali, la capitale de l’Ossétie du Sud. Elle dépense aussi beaucoup pour l’acquisition de tanks et de canons fabriqués en Ukraine, ou encore de vieux équipements des pays de l’Europe de l’Est ayant récemment adhéré à l’OTAN et souhaitant se débarrasser de leurs anciens armements soviétiques. Autrement dit, si la plupart de ces acquisitions récentes sont incompatibles avec les standards de l’Alliance atlantique, elles pourraient servir dans de futurs conflits en Ossétie du Sud ou en Abkhazie, républiques géorgiennes qui ont proclamé unilatéralement leur indépendance.

Les dépenses militaires de l’Azerbaïdjan ont aussi fait un bond spectaculaire : de 135 millions de dollars en 2003, elles sont passées à 871 millions en 2007. Vu le flot de pétrodollars qui se déverse depuis la mise en service de l’oléoduc reliant la capitale Bakou à Ceyhan (Turquie), le président du pays a promis d’aligner ses dépenses militaires sur le budget total de l’Arménie ; Bakou s’est aussi doté d’importants armements tels que des avions de combat, des tanks, des pièces d’artillerie et des lance-roquettes multiples. Depuis 2003, l’Azerbaïdjan répète que, s’il n’obtient pas satisfaction dans les négociations avec Erevan et s’il est contraint de renoncer au Haut-Karabakh et aux six provinces azerbaïdjanaises qui l’entourent – actuellement sous contrôle arménien –, il reprendra ces territoires par la force.

L’Arménie tente aussi de suivre le rythme de cette course aux armements : ses dépenses ont plus que doublé, de 100 millions de dollars en 2005 à 210 millions en 2007. Elle s’attache à soutenir les forces armées du Haut-Karabakh par son aide financière et sa coopération militaire. Cette minuscule république non reconnue, qui compte une population de cent cinquante mille habitants, entretient une force de vingt mille combattants et consacre un budget important à la construction d’une troisième ligne de défense terrestre.

La région abrite enfin trois bases militaires russes : celle de Gumri (Arménie), celles de Batoumi et d’Akhalkalaki (Géorgie), en cours d’évacuation, plus un important système radar à Gabala (Azerbaïdjan). Pour leur part, les Etats-Unis ont renforcé leur coopération militaire avec ces trois pays, notamment la Géorgie. Les autorités de Tbilissi ont même annoncé qu’elles étaient prêtes à installer sur leur territoire des éléments du bouclier antimissile américain, provoquant la colère de Moscou : la Russie a menacé de se retirer du traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), ce qui porterait un coup sévère au contrôle de ces armes en Europe.

Ce développement militaire rapide pourrait donner aux dirigeants caucasiens un faux mais dangereux sentiment de puissance. Depuis l’effondrement du bloc soviétique, le Caucase a connu cinq guerres, qui ont encore des conséquences douloureuses au quotidien pour des millions d’habitants. Or, comme les événements récents du Proche-Orient et d’Asie centrale l’ont prouvé, il est plus facile de commencer une guerre que d’y mettre fin...

Vicken Cheterian.
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Message par Groza » 11 Août 2008, 11:02

Sur le site de La documentation Française, deux cartes qui permettent de voir les enjeux économique du Caucase et de la Georgie. Entre champs gaziers et passage de gazoduc et d'oléoducs, c'est une région dont le contrôle peut s'avérer très important pour les impérialismes dominants.


http://www.ladocumentationfrancaise.fr/car...e-energie.shtml

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dos...ucase-sud.shtml
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Message par Vérié » 11 Août 2008, 11:04

Les médias français (TV, Le Monde, Libération qui titre ce matin "Le coup de force de Poutine" etc) sont incroyablement partiaux :
-C'est tout de même le président-dictateur-mafieux georgien Saakachvili qui a pris l'initiative d'envahir l'Ossétie, rompant les accords conclus après la guerre qui a suivi l'effondrement de l'URSS.
-L'Ossétie bénéficiait déjà d'une autonomie du temps de l'URSS, autonomie qui lui a été supprimée par la Georgie indépendante - ce qui a déclenché la première guerre.

-Le Monde présente l'Ossétie comme un repaire de mafieux. Peut-être, mais la Georgie n'est pas mieux. L'opposante ex-ministre des affaires étrangères dinterviewée par tous les médias français, qui soutient aujourd'hui la Georgie par nationalisme, dénonçait Saakacvili comme un dictateur mafieux et stalinien...


L'enjeu semble être le pétrole et le gaz, vu qu'un accord venait d'être signé entre le trust russe Petrogaz et les Ossètes. Reste à savoir si Saakachvili a joué son va-tout de sa propre initiative ou s'il a été encouragé par les Etats-unis qui espéraient que la Russie laisserait faire. (Les Etats-unis arment et encadrent l'armée georgienne avec des "conseillers" militaires.)

Il ne s'agit pas de soutenir Poutine, qui ne vaut certes pas mieux que Saakachvili, mais c'est clairement le président georgien qui est à l'origine du conflit.
Vérié
 
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Message par Groza » 11 Août 2008, 14:03

Je viens de trouver un nouveau texte :

http://socio13.wordpress.com/2008/08/08/al...les-etats-unis/

qui met l'accent sur le role et la responsabilité des Etats Unis.




Alerte rouge dans le Caucase, que cherchent les Etats-Unis ? par danielle Bleitrach

Publié 8 août 2008

Il s’est produit des affrontements militaires d’une trés grande gravité entre les armées du régime marionnette de Washington de Géorgie ( le Caucase du Nord ) et la republique autonome d’Ossétie du Sud appuyée par la Russie, y compris le bombardement hier de la capitale autonome de l’Ossétie, Tskhinvali. L’assaut de la Georgie qui a par ailleurs fait 15 morts de soldats russes de maintien de la paix dans leur caserne a entraîné une réaction de la Russie et on peut parler de guerre, avec entrée des chars russes, de l’aviation et de nombreux volontaires venus de l’Ossetie du nord.


Il y aurait eu dans l’attaque géorgienne contre l’Ossetie 1 400 morts, en majorité des civils, selon l’agence de presse russe Interfax, qui cite le chef des séparatistes ossètes, Edouard Kokoity.

Des avis contradictoires sur le nombre des victimes

La capitale ossète,Tskhinvali , a été investie par la Georgie qui a prétendu venir mater les “tendances spératistes”. On compte de nombreuses victimes, mais les communiqués venus des deux camps sont contradictoires. Un porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés en Ossétie du Sud a aussi indiqué que de nombreux immeubles et maisons avaient été détruits dans le combat.

La Russie n’a pas tardé à réagir, d’autant que des tirs géorgiens avaient tué dix soldats russes dans une caserne de la force de maintien de la paix, à Tskhinvali. Cent cinquante chars et véhicules blindés russes sont entrés en Ossétie du Sud, alors que, à Moscou, se tenait un conseil de sécurité sous la présidence de Medvedev. La Géorgie a fait état du bombardement de sa base aérienne de Vaziani, à 25 km de Tbilissi, par l’aviation russe.

En occident, on présente l’Ossétie commme ayant choisi le séparatisme, mais c’est oublier qu’à l’époque de l’URSS, l’Ossétie du Sud avait le statut de “région autonome” au sein de la RSS de Géorgie, qu’elle est peuplée par une population qui a souvent le double passeport et qu’elle est proche de l’Ossetie du Nord qui est restée russe.

En 1991, elle a proclamé son indépendance envers Tbilissi après la suppression de son autonomie par le premier président géorgien Zviad Gamsakhourdia. Tbilissi a perdu le contrôle du territoire sud-Ossète en 1992 à la suite d’un conflit meurtrier. La paix dans la zone du conflit osséto-géorgien est actuellement maintenue par un contingent composé de trois bataillons (russe, géorgien et ossète), fort de 500 hommes chacun comme soldats de la paix. Dans son attaque de l’Ossétie la Georgie a tué des soldats russes chargés de maintenir la paix.

La Georgie est devenue la marionnette des Etats-Unis

Dans ce conflit nous sommes devant le résultat du dépeçage de l’ex-URSS, dépeçage organisé par les Etats-Unis en particulier par le milliardaire Soros, homme de la CIA, qui a entredtenu une masse d’ONG provoquant des guerres civiles, des mouvements sociaux en profitant de la débandande des institutions et des pouvoirs. Le tout sur la décomposition de l’ancien appareil d’Etat soviétique et la ruée des apparatchiks vers l’appropriation privée des ressources nationales.

Georges Soros, le milliardaire américain a soutenu financièrement les mouvements étudiants géorgiens et le parti de Saakachvili. il a financé la carrière politique de Saakachvili depuis le début. Son influence continue aujourd’hui à être grande sur le nouveau gouvernement géorgien. Des ministres de l’actuel gouvernement sont des anciens collaborateurs du financier américain au sein de sa fondation. Un certain nombre de jeunes conseillers de Saakachvili ont également été formés aux Etats-Unis dans le cadre des échanges universitaires mis en place et gérés par la Fondation privée de Soros. Le gouvernement américain, quant à lui, a doublé son aide économique bilatérale à la Géorgie depuis la révolution. Cette aide annuelle atteint donc aujourd’hui 185 millions de dollars. De plus, la Maison-Blanche est engagée dans un programme de formation des forces spéciales de l’armée géorgienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme islamiste dans la région avec l’aide d’Israël. Les Etats-Unis ont également débloqué de l’argent pour régler la facture énergétique de la Géorgie au lendemain de la révolution de novembre 2003. Il est évident que Soros qui y trouve ses propres intérêts financiers a joué en lien étroit avec la CIA un rôle dans la main mise directe des Etats-unis sur cette zone strétégique d’abord sur un plan énergétique mais pas seulement.(1)

C’est un scénario que l’on a vu s’appliquer dans bien d’autres endroits, cette “balkanisation”, vassalisation est partout y compris en Amérique latine, en Asie, comme en Europe, le moyen d’asseoir la puissance étasunienne face à des pays rebelles. Aujourd’hui c’est l’avancée de l’OTAN, l’installation de missile dirigés contre l’iran mais en fait contre la Russie. Mais pourquoi envahir l’Ossétie indépendante de fait depuis de nombreuses années? S’agit-il de créer une situation irreversible avant le départ de l’actuel hôte de la maison Blanche? Si l’influence de Soros reste déterminante s’agit-il au contraire de jouer la carte dessinée par Obama du renforcement de l’intervention vers l’Afghanistan et vers une zone irano-orientale ?

Pourtant recemment Condolezza rice était à Tiblissi et on imagine mal que l’opération se soit faite sans son aval. Sous l’influence de Washington, qui souhaite l’intégration de la Georgie dans l’OTAN .

Depuis la Georgie est totalement vassalisée aux Etats-Unis et d’un point de vue militaire trés liée à Israël. il est donc peu probable que la Georgie ait lancé l’assaut sur l’Ossétie, tué dans leur caserne des soldats russes du contingent de la paix, sans l’accord des Etats-Unis.

Dans un premier temps la Géorgie, puissamment armée et entraînée par israël a contesté l’organe chargé de régler le conflit - la Commission mixte de contrôle - est coprésidé par la Russie, la Géorgie, l’Ossétie du Nord et l’Ossétie du Sud. Et a suivi le 7 août, l’attaque contre l’Ossetie, le bombardement de sa capitale, les populations civiles qui fuient, on parle d’un désastre humanitaire et c’est enfin l’affrontement direct avec les forces russes.

Une attaque contre l’Ossétie mais aussi contre la Russsie

Aujourd’hui les dirigeants politiques géorgiens prétendent mener une opération de pacification. Tbilissi se dit prêt à arrêter le bain de sang si Tskhinvali [capitale sud-ossète] accepte une négociation directe [sans médiation russe], ce qui signifierait une capitulation des ossètes. Tbilissi promet par ailleurs d’octroyer à la république “une large autonomie au sein de la Géorgie et une aide humanitaire de 35 millions de dollars pour la reconstruction.” Le Premier ministre géorgien Vladimir Gourguénidzé a également proposé “une amnistie juridico-politique pour tous les hauts fonctionnaires de la république autoproclamée” tout en réitérant la volonté de Tbilissi de “poursuivre [l'action militaire] jusqu’au rétablissement de l’ordre“.

Dans son allocution à la nation, citée par l’agence d’information géorgienne Akhali Ambebi Sakartvelo, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé que dans la matinée du 8 août, “la majeure partie de l’Ossétie du Sud était libérée et contrôlée par les forces gouvernementales géorgiennes”. Il a ensuite accusé Moscou d’avoir envoyé des bombardiers SU-24 frapper les alentours de la ville géorgienne de Gori [à une cinquantaine de kilomètres de Tskhinvali] et les régions de Kareli et de Variani. Information catégoriquement démentie par la Russie : “C’est du délire, une énième provocation nauséabonde de Tbilissi”, a rétorqué un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères russe, cité par Izvestia.

Le même jour ce “délire” sur le bombardement de Gori était relayé par toutes les agences de presse occidentales qui faisaient avec une belle unanimité de la Russie l’agresseur.

Lle premier dirigeant russe à avoir réagi à l’escalade de la violence a été le chef du gouvernement Vladimir Poutine. Depuis Pékin, il a regretté le non-respect par la Géorgie de la trêve olympique et a promis “une riposte à l’agression géorgienne“, rapporte le quotidien en ligne russe Vzgliad. L’agence russe Ria Novosti fait état es propos de Wladimir Poutine auprès de Bush affirmant que les peuple russe en particulier ceux du caucase n’accepteront une telle agression contre leur compatriote. Bush parait avoir manifesté de l’embarras. Pour sa part, le président russe Dimitri Medvedev a promis de protéger la population civile ossète dont la majorité possède un passeport russe, informe Vzgliad. “Nous n’accepterons pas la mort impunie de nos concitoyens où qu’ils se trouvent“, a-t-il martelé. Selon Vzgliad, le jour même des troupes et des blindés russes franchissaient la frontière russo-géorgienne et se dirigeraient vers Tskhinvali.

Les Etats-Unis par la bouche de Condoleezza Rice ont réclamé la fin de combat alors que la vraie question est leur implication dans l’assaut. Quant à la communauté internationale, l’OTAN, l’ONU et le Conseil de l’Europe ont appelé les parties à cesser le feu et à s’asseoir autour de la table des négociations. A l’heure actuelle, la pacification semble toutefois être un vœu pieux.

Le Caucase s’embrase ?

La fièvre monte du côté russe, en particulier dans le Caucase, l’agence de presse Ria novosti nous apprend que “les Cosaques ont lancé la formation de bataillons de volontaires pour faire face à une éventuelle aggravation de la situation en Ossétie du Sud, a annoncé mardi aux journalistes le chef (ataman) de la Troupe des Cosaques du Don, Viktor Vodolatski.
“Ces bataillons sont prêts à aller dès demain en Ossétie du Sud”, a indiqué l’ataman. Selon lui, les bataillons sont formés de Cosaques qui ont servi dans l’armée. “Nous voulons que les meilleurs Cosaques qui défendront l’Ossétie du Sud et la Russie en fassent partie”, a souligné l’ataman.
Selon les responsables sud-ossètes, si la Géorgie déclenche une guerre contre la république autoproclamée, on fera appel à ces bataillons. “Dans ce cas-là, les Cosaques auront le statut de militaires sud-ossètes”, a précisé Anatoli Barankevitch, secrétaire du Conseil de sécurité de la république. Ces deniers jours, a-t-il poursuivi, la Géorgie a multiplié ses provocations, “tuant, lors de tirs, six personnes et en blessant 13 autres”.
“Sur les six tués, trois sont des civils”, a-t-il rappelé, ajoutant que l’évacuation des femmes et des enfants des zones menacées par les tirs géorgiens avait été ordonnée le 2 août.”

Au-delà de l’événement

Comme toujours on ne peut dire la véritable signification de l’événement - et a fortiori qui en sortira victorieux- ne peut se comprendre qu’en le renvoyant à la totalité historique qui lui donne sens.

Le fond est ce que nous avons décrit le dépeçage des marches de l’ex-Urss et la tentative de poursuivre l’assaut en particulier à travers l’Otan qui tente d’intégrer la Géorgie et l’Ukraine. Partout ont été installés par de pseudo- révolutions populaires et des élections achetées, manipulées des hommes de paille dont la politique consiste à s’approprier sous couvert de privatisation les ressources du pays, entraînant une aggravation de la situation des populations. Il faut également mesurer que l’entreprise est partie dès Gorbatchev , qui sous couvert de créer un pluripartisme a sollicité partout des partis “nationalistes” ou plutôt régionalistes issus de l’appareil, avec une propagande en faveur des autonomies puis des indépendances.

la Géorgie était l’une des Républiques où le niveau de vie était le plus élevé aux côtés des Pays baltes et certaines régions de la Russie occidentale. Quelques années après la chute de l’Union Soviétique, la Géorgie était dans le peloton de queue des républiques post-soviétiques. Si l’on prend les revenus par habitant, la Géorgie est aujourd’hui dans les trois ou quatre derniers pays de l’ex-Union soviétique. Le PIB a chuté de manière très spectaculaire : le PIB de 1993 représentait 17% de celui de 1989. Au lendemain de la disparition de l’URSS, il y a donc eu une décomposition totale du tissu économique. Depuis 1995-1996, la croissance est redevenue positive. A partir de 1998, la crise financière russe a marqué la Géorgie. La corruption et la criminalisation de l’économie sont également entrées en jeu à partir de la fin des années 90 entravant sérieusement le développement de l’économie. En matière économique, la Géorgie est ainsi devenue un pays en proie à des groupes d’intérêts politico-mafieux qui empêchaient tout investissement étranger. Les seules entreprises étrangères qui sont parvenues à s’implanter dans le pays, notamment dans la distribution d’électricité ou la production de vin ou d’eau minérale, ont du quitter le pays au bout de deux ou trois ans en raison de la pression de ces groupes criminels. Il y eu aussi des enlèvements d’hommes d’affaires a plusieurs reprises.

La révolution de velours, menée en fait directement par les Etats-Unis avec des “experts” et politiciens directement importés de ce pays a été mené contre la corruption et les bandes mafieuses. Il a fait grand bruit de quelques arrestations de responsables politiques impliqués dans la corruption de l’ancien régime. Les ministres de l’Energie, des Transports, le directeur des chemins de fer ou encore le président de la Fédération géorgienne de Football ont ainsi figuré sur la ” black list ” de l’équipe Saakachvili. Mais en fait il y a eu entente entre les nouveaux et les anciens dans le dépeçage et le peuple qui avait accueilli avec soulagement le changement d’équipe a rapidement déchanté.

Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette offensive contre une région autonome depuis pas mal de temps et surtout contre l’armée russe ?

Ce qu’il faut voir c’est que le Caucase du sud est une région stratégique d’une très grande hétérogénéité ethnique qui est la région qui sert de lien entre la Russie et l’Asie Mineure, et qui après la chute de l’URSS s’est convertie en une zone de tension et de conflits armées. Le gouvernement de georgie est un agent nord-américain, c’est un avocat new yorkais d’origine géorgienne Mijail Shajashvili, cette situation créée de toute pièce est un des principaux facteurs d’instabilité à cause de la politique intérieure de privatisation et d’hostilité à l’égard de russophones. Du côté Russe, la défense de dignité nationale par Poutine a d’abord consisté à enrayer le dépeçage et cette politique a été menée aussi en s’appuyant sur la résistance des populations russophones à la soumission aux Etats-unis. on retrouve en ukraine un cas de figure comparable. On connait par ailleurs la manière dont la Russie a été conduite à créer autour d’elle un glacis d’alliance dont le plus célèbre est l’organisation de Coopération de shanghai, mais il faut également considérer l’organisation des riverains de la mer Caspienne proche de cette zone. Partout la Russie a sollicité des alliances défensives contre les assauts conjugués de pseudo terroristes et de séparatistes dirigés par des hommes de paille, avec intégration dans l’OTAN.

LParce que l’autre facteur de déstabilisation est le rôle que les etats-Unis et leur allié Israêl prétendent faire jouer à la Georgie. La Georgie, en effet, constitue une des pièces du dispositif contre l’Iran autant qu’un des facteurs de démantélement de l’ex-Union Soviétique, voir de la Russie elle-même. C’est même une chaîne de poudrière qui comprend la Tchétchénie, le Daguestan avec ses réserves et l’enclave arménienne de Nagorno-Karabaj dans le territoire de l’ Azerbaidzhan. Pour bien mesurer l’ensemble il faut encore avoir en mémoire que se multiplient dans la même zone les agressions de la Turquie contre les Kurdes, le tout dans le contexte explosif de l’iran.

Derrière ces conflits ethniques il y a en effet le grand jeu pour le contrôle des gazéoduccs et oléoducs. C’est le gaz du Turkménistan et les réserves pétrolières d’Azerbadjian. Les Américains sont actifs depuis longtemps dans cette région en raison des ressources énergétiques de la Caspienne. Ils sont également entrain de déplacer leurs bases militaires de l’Europe de l’Ouest vers l’Europe de l’Est et l’Asie centrale officiellement dans le cadre de leur stratégie de lutte contre le terrorisme. Washington envisage notamment d’installer de nouvelles bases en Géorgie ou en Azerbaïdjan. La Géorgie est le véritable verrou stratégique du Caucase car c’est le seul pays qui a un accès à une mer ouverte et qui a une frontière très longue avec le Caucase russe. La Géorgie est un pays clef pour la stabilité régionale dans le Caucase

Alors que le conflit armé paraissait improbable, il semble que celui-ci ait été décidé ce qui est trés inquiétant pour l’embrasement de la zone. S’agit-il d’une mise à feu dont la poudrière serait l’Iran? Avec les Etats-Unis on peut s’attendre à tout.

Danielle bleitrach

(1) Cela dit Soros dont nul ne peut nier le rôle dans la destabilisation qui lui rapporte en général pas mal d’opérations financières est actuellement en crise ouverte avec le gouvernement Bush et un des plus gros soutiens financiers de Obama. C’est un personnage qui s’agite beaucoup mais est-ce lui qui tire les ficelles, on peut en douter, le complexe militaro-industriel étasunien se méfie de cet aventurier, l’utilise.
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Message par Groza » 11 Août 2008, 14:21

Je vais tenter de résumer les éléments qui me semblent explicatifs du conflit actuel :

- Le caucase représente une région clef du point de vue intérêt économique (richesse en hydrocarbure et passage de ses hydrocarbures par gazoducs et oléoducs) et géopolitique (volonté Américaine de déplacer ses bases militaires vers l'est, vers le moyent orient et volonté de rogner sur l'influence concurrente Russe).

- Depuis 2003, plusieurs pays dont la Géorgie se sont fortement armés (le budget militaire géorgien a été multiplié par 10 !) et les occidentaux propose l'intégration à l'Otan. Des missiles américains ont d'ailleurs été déployés en Géorgie et repésentent un danger pour la Russie (en théorie ils visent l'Iran).

- Mise en place de politiques qui visent à monter les peuples les uns contre les autres : politique anti russe en Géorgie.

Bref, sur fond d'intérêt économique et géopolitique, le conflit se préparait de longue date sur le plan matériel et humain. Nul doute qu'un pays comme la géorgie ne se serait pas attaqué à la Russie s'il ne sentait pas soutenu par un impérialiste plus important.

Des questions demeurent : la région, instable, risque-t-elle de s'embraser ? Les impérialistes, en particulier Américain, peuvent-ils intervenir ?
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Message par Bertrand » 11 Août 2008, 16:33

Edito des bulletins d'entreprise LO du 11 août

a écrit :LE CAUCASE N'EST PAS SI LOIN DE NOUS !


    La guerre qui se déroule dans le Caucase depuis la tentative de la Géorgie de rétablir par la force son autorité sur la petite province sécessionniste de l'Ossétie du sud, et l'intervention musclée de la Russie pour s'y opposer, n'est pas un simple drame local. Elle montre que la "guerre froide" n'est pas vraiment terminée, et même qu'elle pourrait bien se réchauffer un jour.
    Ce n'est pas, loin de là, la responsabilité de la seule Russie. Car si les bombardements russes ont illustré une fois de plus le mépris habituel des dirigeants du Kremlin vis-à-vis des populations, les gouvernements des grandes puissances occidentales, même s'ils s'efforcent d'apparaître aujourd'hui comme des défenseurs de la paix, portent une lourde responsabilité dans les événements actuels.
    Quand l'OTAN est née, en 1949, ses fondateurs la présentèrent comme le moyen de défendre l'Europe occidentale contre une éventuelle agression soviétique. L'agression n'a jamais eu lieu, et l'Union soviétique a éclaté en 1991. Mais l'OTAN existe toujours, sans qu'on nous dise contre quel ennemi elle est dirigée. Plus même, elle s'est élargie, car l'impérialisme américain (avec la participation de ses satellites européens, dont la France), a entrepris d'y intégrer les pays qui faisaient naguère partie du bloc soviétique. Ce fut notamment le cas de la Hongrie, de la Pologne et de la République tchèque en 1999, de la Bulgarie, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Roumanie, de la Slovaquie et de la Slovénie en 2004. Il est évident que les dirigeants russes ne peuvent pas voir d'un bon oeil ce passage d'une partie des territoires de l'ex-URSS et de ce qui constituait naguère son glacis dans une organisation militaire qui leur est par nature hostile.
    La Géorgie était précisément candidate à son incorporation au sein de l'OTAN. Nul ne peut évidemment dire quel calcul avaient fait ses dirigeants avant de se lancer dans l'aventure qui consistait à tenter d'imposer par la force le retour dans son giron de l'Ossétie du sud, s'ils comptaient sur la passivité de la Russie, ou sur une intervention plus décisive à leurs côtés des dirigeants occidentaux. La région intéresse d'autant plus ceux-ci qu'elle est une voie de passage obligée pour les pipe-lines et autres gazoducs qui permettent d'acheminer pétrole et gaz naturel vers l'ouest. Pour le moment, les dirigeants américains se contentent de déclarations hostiles vis- à-vis de la Russie, et la France de jouer les "monsieur bons-offices". Mais quand des gangsters jouent au poker, rien ne garantit que l'on en restera au bluff.
    Il y a déjà bien longtemps que les usurpateurs qui, avec Staline, avaient pris la direction de l'Etat né en 1917 de la première révolution ouvrière victorieuse de l'histoire, ne souhaitaient plus que bénéficier en paix de leurs privilèges en recherchant un accord avec l'impérialisme mondial. Il y a une vingtaine d'années, ils ont même jeté par dessus bord toutes les références verbales au communisme qui subsistaient encore. Une petite minorité de privilégiés s'est encore plus enrichie. Elle exhibe volontiers sa richesse en se mêlant aux milliardaires de la société capitaliste. Mais la Russie n'a pas pour autant été acceptée comme un partenaire à égalité par l'impérialisme américain et ses alliés. Elle reste trop puissante pour cela.
    En attendant, des soldats, mais aussi des civils, hommes, femmes et enfants, meurent dans les batailles ou sous les bombes, victimes des dirigeants de leurs pays qui n'invoquent la patrie géorgienne, russe ou osséte, que pour justifier leurs appétits de pouvoir et de richesse. Victimes aussi des dirigeants des grandes puissances qui ne les considèrent que comme des pions sur l'échiquier politique.
    Le Caucase n'est malheureusement pas la seule région du monde dans laquelle flambe la guerre. Et si le territoire de l'Europe occidentale (à condition de ne pas aller jusqu'à l'ex-Yougoslavie) a été épargné par ce fléau depuis un peu plus de soixante ans, nous ne pourrons garantir à nos enfants un monde pacifique et fraternel que le jour où les travailleurs auront arraché le pouvoir économique et politique à tous les exploiteurs qui vivent du travail d'autrui.
    Arlette Laguiller
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Message par Vérié » 11 Août 2008, 18:38

Cet édito - bien évidemment juste sur le fond - me semble un poil confus, dans la mesure où la digression sur les bureaucrates et milliardaires russes est vraiment hors sujet. Personne ne se pose aujourd'hui la question de savoir si l'Etat russe défend des intérets différents de ceux que défendent les autres Etats, personne n'a la moindre illusion sur Poutine et cie.

En revanche, d'après les infos dont on peut disposer, rien n'indique que les Russes aient bombardé des civils, d'après les journalistes sur place pourtant très hostiles aux Russes et assez malhonnêtes, ce sont des objectifs militaires qui semblent avoir été visés. En revanche, les forces georgiennes ont massivement au début bombardé la capitale de l'Ossétie et c'est dans cette ville qu'il y a le gros des victimes civiles.

Non pas, encore une fois, que Poutine soit plus humain que Saakachvili ou Bush, mais peut-être a-t-il été prudent sur ce terrain vis à vis de l'opinion internationale.
Ce qui n'empêche pas les médias de ne mettre en avant que les "bonnes victimes" à savoir les Georgiens, comme ils l'ont fait lors des guerres deYougoslavie. A 13 H, la TV (1 et 2) en étaient à filmer des individus isolés pour évoquer un exode de Georgiens devant l'avancée des Russes, mais ne montraient pas les dizaines demilliers de réfugiés Ossètes.

Par ailleurs, selon Libération, ce serait Saakachvili qui aurait cherché à forcer la main de Bush, lequel n'aurait pas apprécié. Mais on ne saura sans doute jamais la vérité sur les dessous cette attaque très risquée, sinon dans quelques années.
Vérié
 
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Message par Groza » 11 Août 2008, 21:59

a écrit : lundi 11 août 2008, mis à jour à 19:32

Les combats se poursuivent en Ossétie, l'Ouest s'inquiète
Reuters


La Russie reste sourde aux appels des pays occidentaux à un cessez-le-feu immédiat en Géorgie dont les autorités accusent Moscou de chercher à renverser le gouvernement en place.
La Commission européenne, la Grande-Bretagne et les chefs de la diplomatie du G7 ont appelé Moscou à cesser les combats et respecter l'intégrité territoriale de la Géorgie.

Tbilissi a proposé une trêve en assurant avoir retiré ses troupes de la région rebelle d'Ossétie du Sud qu'elle avait attaquée jeudi soir pour tenter d'en reprendre le contrôle.

Mais la Russie accuse la Géorgie de continuer à bombarder le territoire pro-russe et un journaliste de Reuters à Tskhinvali, la capitale sud-ossète, a pu voir lundi six hélicoptères de combat géorgiens bombarder des cibles aux abords de la ville désormais contrôlée par l'armée russe.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine a répliqué aux puissances occidentales en déclarant que ces dernières se trompaient de cible dans leurs critiques envers Moscou et prenaient les agresseurs pour des victimes.

Parallèlement, l'armée russe a confirmé que ses troupes se dirigeaient vers la ville géorgienne de Senaki, hors du territoire de l'autre région sécessionniste d'Abkhazie. Elle a justifié cette opération par la nécessité d'empêcher les forces géorgiennes de se regrouper pour attaquer l'Ossétie du Sud.

Selon un responsable de la sécurité géorgienne, la Géorgie transférait lundi des troupes de la zone de conflit vers Tbilissi.

SARKOZY ATTENDU MARDI À MOSCOU
Plusieurs émissaires internationaux sont partis dans la région pour tenter de contribuer à une solution pacifique du conflit, à commencer par Bernard Kouchner, qui mène une médiation au nom de l'Union européenne.

Le chef de la diplomatie française, accompagné de son homologue finlandais Alexander Stubb, président en exercice de l'OSCE, est arrivé à Vladikavkaz, en Ossétie du Nord (sud de la Russie), après une étape à Tbilissi. Les deux hommes sont attendus dans la soirée à Moscou.

Le président français Nicolas Sarkozy se rendra mardi dans la capitale russe, selon le Quai d'Orsay, et son homologue géorgien Mikhaïl Saakachvili a annoncé qu'il l'attendait également à Tbilissi le même jour.

Evoquant la venue de Stubb à Moscou, le président russe Dmitri Medvedev s'est prononcé pour l'envoi d'une mission de l'OSCE en Ossétie du Sud. Il a ajouté qu'une "part importante" des opérations russes en Ossétie du Sud était terminée.

Saakachvili a pour sa part déclaré qu'il était d'accord avec le plan de sortie de crise présenté par Kouchner, prévoyant la cessation des hostilités, le déploiement d'une force de maintien de la paix russo-géorgienne et le retour des troupes sur les positions antérieures au conflit.

1.600 MORTS SELON MOSCOU
Lors d'une conférence de presse, le chef de l'Etat géorgien a aussi accusé la Russie de vouloir "remplacer le gouvernement à Tbilissi" et "contrôler les voies d'approvisionnement en énergie".

Washington et Londres ont exprimé leur soutien à leur allié géorgien en condamnant un "usage disproportionné" de la force par la Russie. George W. Bush a dit s'en être inquiété "fermement" auprès de Poutine et Medvedev. Son vice-président Dick Cheney a estimé que "l'agression russe ne peut rester sans réponse".

A son arrivée à Tbilissi, le nouvel émissaire américain, le sous-secrétaire d'Etat adjoint Matt Bryza, a accusé les Russes d'avoir préparé depuis un certain temps une "invasion" de la Géorgie.

Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a jugé que les actions militaires russes observées depuis samedi allaient "bien au-delà de l'opération de maintien de la paix de la CEI (Communauté des Etats indépendants)" que Moscou affirme mener dans la région depuis les accords de trêve conclus dans les années 1990 entre Tbilissi et les provinces séparatistes.

La Russie a demandé une réunion avec l'Otan au niveau des ambassadeurs et Carmen Romero, porte-parole de l'Otan, a dit qu'elle se tiendrait probablement mardi.

Elle a ajouté que l'Otan soutenait une médiation internationale basée sur le maintien de l'intégrité territoriale de la Géorgie mais qu'elle n'avait aucun mandat pour jouer un rôle direct dans les conflits du Caucase.

Le département d'Etat américain a déclaré que les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, du Japon, d'Italie, de France, d'Allemagne, de Grande-Bretagne et du Canada - le G7 - avaient tenu une téléconférence lundi et avaient exhorté la Russie à accepter un cessez-le-feu immédiat respectant l'intégrité territoriale de la Géorgie.

Un correspondant de Reuters au nord de la frontière avec l'Ossétie du Sud a pu voir plusieurs milliers de soldats russes épaulés par des dizaines de chars et des lance-roquettes multiples se diriger vers la région rebelle.

Dans l'autre région pro-russe d'Abkhazie, la Russie compte désormais plus de 9.000 hommes et 350 blindés, a déclaré un officier cité par l'agence Interfax.

Le bilan des affrontements reste impossible à vérifier.

La Russie a réduit lundi son nombre estimé des victimes du conflit à 1.600 civils tués, après avoir évoqué 2.000 morts. Le ministère russe des Affaires étrangères a également fait état de 15 soldats russes tués et de 70 autres blessés.

Saakachvili a déclaré lundi que 90% des victimes géorgiennes du conflit avec la Russie étaient des civils. Tbilissi disait auparavant que 80% des victimes étaient des militaires.

Dimanche, un responsable du gouvernement géorgien avait annoncé un bilan de 130 civils et militaires tués et 1.165 blessés.

Avec Tanya Mosolova à Moscou, Dmitri Solovyov à Bouron, Denis Sinyakov à Tskhinvali et Margarita Antidze à Gori, version française Jean-Stéphane Brosse



Quelques phrases de cet article de l'Expresse :

- "Mais la Russie accuse la Géorgie de continuer à bombarder le territoire pro-russe et un journaliste de Reuters à Tskhinvali, la capitale sud-ossète, a pu voir lundi six hélicoptères de combat géorgiens bombarder des cibles aux abords de la ville désormais contrôlée par l'armée russe."


- "A son arrivée à Tbilissi, le nouvel émissaire américain, le sous-secrétaire d'Etat adjoint Matt Bryza, a accusé les Russes d'avoir préparé depuis un certain temps une "invasion" de la Géorgie." => ils oublient que la Géorgie a multiplié son budget militaire par 10 depuis 2003 !

- "Saakachvili a déclaré lundi que 90% des victimes géorgiennes du conflit avec la Russie étaient des civils. Tbilissi disait auparavant que 80% des victimes étaient des militaires." => et hop, on inverse le discours.

Effectivement, les occidentaux font passés leur allié pour la victime alors qu'il est l'agresseur. Et les journalistes de travestir la vérité pour le plus grand service de leurs patrons...
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