Lutte de classes en Bolivie

Dans le monde...

Message par Vérié » 23 Août 2008, 11:49

A mon avis, la Bolivie est vraiment un des rares pays où on peut dire qu'il a manqué, et qu'il manque, une direction révolutionnaire car il y a une des classes ouvrières, et une population pauvre, les plus combatives du monde.

D'ailleurs Goni, le prédécesseur de Morales, a été renversé par un mouvement de masse d'une puissance considérable qui alliait la classe ouvrière, la population urbaine marginalisée ou non, et la paysannerie. Un mouvement si puissant que la répression sanglante n'en est pas venu à bout. La bourgeoisie a préféré ne pas poursuivre l'affrontement, se souvenant sans doute de la révolution de 1952 après laquelle les forces de répression ont quasiment été dissoutes.

L'armée dont la base est constituée en majorité de fils de paysans pauvres d'origine indienne et les petits/moyens cadres de métis, n'est pas sure du tout face à un vaste mouvement populaire. Quant aux travailleurs boliviens, en particulier les mineurs, ils ont montré plus d'une fois qu'ils ne redoutaient ni la violence ni la mort. Leur exploitation est si féroce qu'ils n'ont vraiment pas grand chose à perdre.

Dans cette situation, Morales a joué en définitive pour la bourgeoisie le rôle d'un excellent rampart contre la classe ouvrière et la population pauvre. Ce n'est pas pour autant, certes, que la bourgeoisie, surtout les oligarques, lui en sera reconnaissante. Mais l'arrivée de Morales a tout de meme abouti à freiner les masses populaires, justement en raison des illusions qu'elle a engendrées.

Alors, évidemment, on peut se demander pourquoi, dans un tel contexte, les orgas révolutionnaires, surtout le POR qui a de vieilles traditions, ne sont pas plus puissantes. Vaste débat. A mon avis, on ne peut pas isoler la Bolivie du contexte international, c'est à dire de la situation de recul et d'isolement du mouvement révolutionnaire mondial. De plus, divers facteurs ont aussi affaibli et divisé le prolétariat bolivien, comme la fermeture des mines, le développement des coopératives privées etc. Mais une chose est certaine : la politique de Morales, et en particulier sa démagogie "indianiste" contribuent grandement à cette division et à l'émiettement des luttes.
Vérié
 
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Message par Vérié » 24 Août 2008, 09:45

DERNIERES NOUVELLES

-La baisse du cours des minerais fait craindre une crise économique dans les bassins miniers (Oruo, Potosi, La paz), alors que l'inflation frappe déjà durement les classes populaires. Le prix du mnireai d'étain est passé de 11 dollars la tonne à
8 dollars en 20 ans (avec des fluctuations). Il faut savoir que les 80 000 mineurs des coopératives sont pour la plupart payés au poids du minerai qu'ils sortent. Les mineurs des entreprises d'Etat sont moins affectés, mais le gouvernement visant l'équilibre financier de ces entreprises, ils pourraient l'être aussi à terme. (Il y a des primes de productivité etc)

-L'association des journalistes boliviens s'en prend à MOrales et condamne ses violentes attaques contre la presse. Elle affirme que, face aux attaques souvent physiques, aussi bien du MAS et de la police que des Civiques (droite dure des régions sécessionnistes), les journalistes ont beaucoup de mal à faire leur travail.

En Bolivie comme dans d'auttres pays d'Amérique latine (Argentine notamment), les journalistes de base, très peu payés, n'ont pas la mentalité élitiste des journalistes français et se considèrent souvent comme des travailleurs. Des militants trotskystes participent aux associations de journalistes en Bolivie et en Argentine. D'une façon générale, les critiques de gauche de la politique de Morales, prononcées par des syndicalistes de gauche par exemple, trouvent une assez bonne place dans la presse bolivienne, notamment à l'occasion de la répression contre les mineurs et lors de l'éphémère Comité révolutionnaire de Cochabamba l'an dernier. De là à dire que la presse serait "objective" serait bien évidemment exagéré. Notamment la presse de Santa Cruz (Los Tiempos) qui est visiblement à la solde des oligarques.
Vérié
 
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Message par Vérié » 25 Août 2008, 09:37

BAVURE MILITAIRE (suite)

Le général en chef des forces armées, Trigo, prend la défense du sous-off qui a assassiné un jeune appelé de 19 ans. "C'est une personne calme, appréciée de ses compagnons d'armes. Nous ne lui connaissons pas d'antécédents, mais tout le monde peut sortir de ses gonds dans certaines circonstances." (sic) Le jeune soldat est mort d'hémorragies internes (reins, vésicule etc) suite aux coups reçus...

PALABRA OBRERA -LOR CI

Le dernier numéro (19) de Palabra Obrera, organe de la LOR CI, fait état d'une réunion organisée à El Alto par ce groupe, qui a rassemblé, selon PO, 50 travailleurs de Huanuni et de El Alto sur le thème du "controle ouvrier".

P.O. fait état de divers luttes dont celle de 150 travailleurs des labos Vita de El Alto, qui ont obtenu satisfaction.

Ce qui montre que ce groupe intervient dans la clase ouvrière, mais aussi évidemment les limites de cette intervention quand on sait que les meetings rassemblent des milliers et parfois des dizaines de milliers de travailleurs à Oruro-Huanuni et El Alto...

Selon la presse, le "calme" est revenu et le travail a complètement repris à Huanuni.

Les "civiques" poursuivent leur action sous diverses formes, notamment contre l'utilisation d'une partie de la rente pétrolière au profit des retraites.
Vérié
 
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Message par Vérié » 26 Août 2008, 10:04

LE SERGENT ASSASSIN EN TAULE
- Face à l'indignation et aux diverses manifs, notamment devant la caserne où a eu lieu le meurtre et devant le tribunal, le sergent assassin, qui était seulement aux arrets, a été mis en détention préventive et remis à la justice "ordinaire", c'est à dire non militaire.
L'enquete a fait apparaitre que le jeune appelé a été tué à coups de pieds (chausséS de rangers) pour une histoire de tour de garde.

-Le syndicat des travailleurs de la presse, qui appartient à la COB, refuse de façon spectaculaire un chéque de 70 millions de bolivianos envoyé par Morales pour la construction de son siège. Le nouveau secrétaire général élu au congrès a déclaré que "les travailleurs de la presse ne sont pas à vendre". Au cours du congrès, la tendance MAS (parti de Morales) a été mise très nettement en minorité, de meme que la droite très marginale. Mais, il est difficile de dire s'il s'agit seulement d'une réaction corporatiste ou d'un glissement plus à gauche sans bien connaitre la situation de ce syndicat où militent des gauchistes et trotskystes....

-Les civiques mettent à exécution leur menace de bloquer les routes vers l'Argentine et le Paraguay.

-Des associations de paysans on coupé l'alimentation en eau de la ville de Sucre pour revendiquer une démission du prefet régional (droite dure).

-Manif de petits artisans commerçants à La Paz contre la répression policière.

-Manif à la Paz contre les hausses de prix des produits alimentaires et la pénurie de viande.

- Beaucoup d'autres mopuvements sociaux et conflits locaux parfois violents.
Vérié
 
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Message par Vérié » 27 Août 2008, 09:17

-Les blocages de routes vers l'Argentine et le Paraguay par les "civiques" s'accentuent selon la presse. Le gouvernement a envoyé 500 policiers en renfort et l'armée garde les aéroports de l'Oriente (provinces sécessionnistes). Les civiques accusent Morales de vouloirs déclencher la guerre civile. Le gouvernement, de son coté, affirme qu'il n'entend pas répondre aux provocations et qu'il n'utilisera pas le force contre la droite.

-Une asociation indigéniste de la région de Sucre (proche du MAS) a levé ses blocages par "solidarité avec la population", mais annonce qu'elle proclamera l'autonomie des régions indigènes si les civiques de Sucre imposent l'autonomie de la région.

- Le conflit entre le syndicat des journalistes (travailleurs de la presse qui appartient à la COB) et le gouvernement se durcit. Le dirigeant Jorge Barrientos a déclaré que, s'il y a des pourris ("sucios"), ils sont dans le gouvernement pas chez les journalistes et que, justement, les journalistes les plus pourris se sont fait acheter par le gouvernement. (Suite à une déclaration de Morales traitant les journalistes de "sucios".)

-Dans la région minière de Oruro, les coopérativistes menacent à nouveau de s'emparer par la force de mines d'Etat. (Sur la nature de ce conflit, voir le début de ce fil.)
Vérié
 
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Message par Vérié » 28 Août 2008, 09:52

LA NATIONALISATION DES HYDROCARBURES N'EXISTE QUE SUR LE PAPIER

Pour Vérité, qui vantait la nationalisation des hydrocarbures. :rtfm:

Le quotidien El Diario, à sa Une aujourd'hui, souligne que YFPB (la compagnie nationale) ne touche pas un boliviano de la rente pétrolière. L'argent continue à être perçu par les régions de l'Oriente qui l'utilisent comme elles l'entendent. YFPB n'a meme pas de quoi assurer son fonctionnement.

Donc, non seulement, il ne s'agissait meme pas d'une véritable expropriation des compagnies pétrolières, mais les mesures décidées (augmentation de la rente pétrolière et récupération par l'Etat national de cette rente) n'ont pas été appliquées concrètement.

-Manif de retraités dans tous le pays pour revendiquer que soit prélevé un impot sur les bénéfices pétroliers pour financer les retraites, et notamment la "rente de dignité" promise par Morales. (Un 5ème du SMIC local).

-Les cocaleros menacent de bloquer les exportations des entreprises de l'Oriente sécessionniste.

-Les mineurs d'une mine d'Oruro lancent un ultimatum pour que la direction achète et mette en place des pompes destinées à pomper les eaux acides et nocives qui stagnent dans les boyaux de la mine. (Dans beaucoup de mines boliviennes, il n'y a aucun matériel, ni éclairage, ni mécanisation, seulement des compresseurs hors d'age qui propulsent de l'air, sans quoi il serait impossible de séjourner dans la mine.)

-La bagarre du syndicat des travailleurs de la presse contre le gouvernement s'accentue. Le syndicat d'Oruro des T de la P s'aligne sur celui des mineurs pour demander la démission du préfet local considéré comme responsable de la tuerie de mineurs par la police. Plusieurs journalistes ont en effet été frappés, menacés, arrétés pour avoir couvert ce massacre. Une tendance de gauche locale du MAS demande aussi la démission de ce préfet.
Vérié
 
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Message par vérité » 28 Août 2008, 18:01

4 juin 2008
Bolivie
La Bolivie nationalise une entreprise de transport d’hydrocarbures


La Bolivie nationalise une entreprise de transport d’hydrocarbures

LA PAZ, le 2 juin. – Le gouvernement bolivien a nationalisé aujourd’hui l’entreprise TR-Holdings, qui possède 50% des actions de la société Transporte de Hidrocarburos Sociedad Anonima (Transredes), et consolidé le processus initié le 1er mai 2006, a rapporté l’agence ABI.

TR-Holdings, qui était contrôlée par le groupe d’investissements Ashmore, a été nationalisé à travers d’un décret promulgué par le président bolivien, Evo Morales, dans une usine de Transredes dans la ville de Santa Cruz.

Selon PL, le dirigeant a révélé que la transnationale pétrolière conspirait contre son gouvernement, et cité des rapports qui démontrent les contacts soutenus par cette société avec certains préfets départementaux de l’opposition.

Ce processus qui permet dorénavant à l’entreprise publique Yacimientos Petroliferos Fiscales Bolivianos (YPFB) de contrôler 98% des avoirs de Transredes, à laquelle participait aussi la société anglo-hollandaise Shell, est un « événement important », selon les affirmations du ministre des Hydrocarbures, Carlos Villegas.

Durant l’application du dernier décret, le président Morales a annoncé qu’il continuera de récupérer toutes les entreprises privatisées dans les années 90, pour répondre à la « la revendication énergique du peuple bolivien ».

La prise de contrôle de Transredes vient s’ajouter à un processus de nationalisation de toute l’industrie des hydrocarbures, grâce auquel les revenus du pays dans ce secteur ont augmenté de 300 millions de dollars en 2005 à 1 930 millions cette année.


Encore une fois, Morales a été élu et mandaté pour satisfaire les revendications paysannes et ouvrières. Là bas c'est une situation prérévolutionnaire, ou pas loin d'insurrectionnelle, Morales lui, contient les masses (pour l'instant).
Les États-unis n'ont pas le choix de laisser Morales au pouvoir, ils en ont besoin.
Morales va plus loin qu'il ne le veut : nationalisation minimale des hydrocarbures, réforme agraire minimale... Cela dit, il est loin de satisfaire à toutes les revendications ouvrières et paysannes. Ce n'est pas un révolutionnaire. Ce qu'il faudrait en Bolivie : un parti trotskyste évidemment, là comme ailleurs. VIVE LA 4 !!!!
vérité
 
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Message par Vérié » 28 Août 2008, 18:25

Voici le lien avec l'article de El Diario qui explique que la loi sur les nationalisations n'apporte pas de ressources à YPFB (la compagnie nationale).

http://www.eldiario.net/

La Ley de Hidrocarburos no contempla asignación de dinero
YPFB aún no dispondrá de los recursos de la nacionalización



IL est possible que la rente pétrolière ait été légèrement augmenté. Elle reste de toute façon très faible en regard des profits des pétroliers et surtout elle est perçue pour l'essentiel par des régions pétrolières.
a écrit : Vérité
Encore une fois, Morales a été élu et mandaté pour satisfaire les revendications paysannes et ouvrières. Là bas c'est une situation prérévolutionnaire, ou pas loin d'insurrectionnelle, Morales lui, contient les masses (pour l'instant).
Les États-unis n'ont pas le choix de laisser Morales au pouvoir, ils en ont besoin.
Morales va plus loin qu'il ne le veut : nationalisation minimale des hydrocarbures, réforme agraire minimale... Cela dit, il est loin de satisfaire à toutes les revendications ouvrières et paysannes. Ce n'est pas un révolutionnaire


Nous sommes au moins d'accord sur un point : tu reconnais que Morales freine les masses. C'est le moins qu'on puisse dire, car il ne se contente pas de les freiner, il réprime ceux qui vont trop loin, comme les mineurs et les enseignants récemment.

Quant à dire que Morales va plus loin qu'il ne le veut, c'est faux et ridicule. Meme par rapport à ses propres objectifs de nationalisations, de réforme agraire et de réforme de la constitution, il recule sans cesse devant la droite.
Vérié
 
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Message par vérité » 28 Août 2008, 20:52

Sauf que, (je pense, à titre personnel) ça serait dangereux dans les revendications de dire: "à mort Morales!", parce que ça voudrait dire qu'à la place il y aurait la droite et l'extrême droite aux pouvoir, ce que je ne souhaite pas.
vérité
 
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Message par Matrok » 28 Août 2008, 21:08

(vérité @ jeudi 28 août 2008 à 20:52 a écrit : Sauf que, (je pense, à titre personnel) ça serait dangereux dans les revendications de dire: "à mort Morales!"
Personne n'a dit ça... :halalala:
Matrok
 
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