Informations ouvrières n° 13 Semaine du 11 au 17 Septembre 2008
L'ÉDITO PAR DANIEL GLUCKSTEIN
Contre la dictature européenne, regrouper les forces
CINQ cent neuf emplois menacés à la CAMIF, fermeture du centre de tri postal,
licenciements par centaines dans cinq entreprises locales, suppressions d'emplois dans la fonction publique : tout cela dans un seul département !
Les trois unions départementales syndicales (1) qui publient ces éléments appellent à manifester « pour l'arrêt des licenciements (…), la non-délocalisation des entreprises, le maintien de tous les services publics et l'abrogation des privatisations ».
S'agit-il d'un cas isolé ? Non : il n'est pas un seul département qui ne présente ce visage de désindustrialisation, licenciements en masse, chômage et destruction des services publics. De toute part, la crise disloque l'économie. Renault vient d'annoncer 6 000 suppressions d'emplois !
Et que fait le gouvernement ? Il accélère la privatisation de La Poste. Il livre la SNCF à la concurrence. Il met en place les agences régionales de santé (qui démantèlent la Sécurité sociale de 1945). Il généralise la précarité (avec le RSA), etc.
Dans ce contexte, M. Trichet (président de la Banque centrale européenne) décide de maintenir les taux d'intérêt à un haut niveau. Aggravant la marche à l'effondrement généralisé, il invoque la nécessité « de maintenir la stabilité des prix (…), défendre le pouvoir d'achat » et « lutter contre le chômage». Quelle honte ! Les prix grimpent en flèche, le chômage et le désastre frappent toutes les familles populaires ! « Le mandat de la BCE tel qu'il est défini dans le traité de Maastricht (…) est idéalement adapté pour répondre au défi actuel », ajoute Trichet. Quel défi ? « Que les déficits soient réduits » et que des « mesures structurelles (…) réduisent les coûts de l'ajustement et promeuvent
une croissance modérée du coût du travail ».
En bon français : coupes massives dans les budgets publics, privatisations, amputation des salaires, remise en cause des droits ouvriers. Un seul « défi » compte pour la Banque centrale européenne : garantir les profits des exploiteurs.
N'est-il pas évident que la dictature européenne est à l'origine de toutes les attaques meurtrières qui frappent les travailleurs et la démocratie ? La soumission des responsables du gouvernement (mais aussi du Parti socialiste) à la politique dictée par Trichet au compte des multinationales et des capitalistes conduit le pays à la ruine.
Alors, ont-ils tort, ces travailleurs de toutes tendances qui disent : nous n'acceptons pas ?
Ont-ils tort de chercher à réaliser les conditions de l'unité dans l'action de classe, pour les revendications ? Ont-ils tort, ces élus qui se dressent contre le démantèlement des services publics ? Il y a trois mois, les marins-pêcheurs manifestaient aux cris de : « A bas la dictature européenne ! » C'est un fait : la population ouvrière refuse la destruction, la ruine et la guerre organisées par l'Union européenne ! Les 72 % d'abstention dans l'élection partielle de Chartres résonnent comme un avertissement (2).
L'heure est venue de grouper les forces contre la ruine qui menace le pays. L'heure est venue de se grouper contre la dictature européenne. Le bureau national du Parti ouvrier indépendant (POI) soumet à la discussion la proposition d'une conférence de délégués pour l'unité, pour en finir avec la politique de destruction du gouvernement aux ordres de la BCE. Il y a urgence ! Le plus tôt sera le mieux. _
(1) Appel commun des unions départementales CGT-FO-FSU des Deux-Sèvres.
(2) Lire page 9.