a écrit :QUOTE (Valiere @ dimanche 7 décembre 2008 à 08:46)
il faut rappeler que de telles complaisances ont eu lieu historiquement et elles ont conduit à un bain de sang :
Tristan : valiere
tu fais reference à l Iran lors de la revolution iranienne où le PC iranien a fait alliance avec les islamiste
Soit dit en passant je vous soumets un sujet de réflexion : comment se fait-il que le SWP britannique, jugé aujourd'hui complaisant par un certain nombre de gens envers l'islamisme, ait fait partie des courants trotskystes les plus critiques envers la politique d'adaptation au khomeinisme des courants de la gauche iranienne (et n'ait jamais désavoué cette critique) ? Evidemment j'ai mon idée là-dessus.
Voir par exemple Chris Harman dans
Le prophète et le prolétariat :
a écrit :Mais l’incapacité du mouvement ouvrier à prendre la tête d’un mouvement de masse de plus grande envergure ne s’explique pas uniquement par des facteurs objectifs. Il y a eu aussi les déficiences politiques des immenses forces de gauche au cours des mois qui suivirent la révolution. Les Feddayins et les Moudjahidins du peuple attiraient des milliers de personnes lors de leurs meetings. Aux élections du printemps 1980, à Téhéran, les Moudjahidins obtinrent un quart des voix. Mais Feddayins comme Moudjahidins avaient une tradition guérillériste et accordaient peu d’attention à l’action dans les entreprises. C’est dans les universités et non dans les usines que se trouvaient leurs bastions. C’est ainsi que les Moudjahidins du peuple avaient cinq “ fronts ” d’intervention : une organisation clandestine pour préparer la “ lutte armée ”, un front de la jeunesse, un front des femmes, un front des bazaari et un front des travailleurs, qui de toute évidence n’était pas leur priorité absolue.
De plus, même quand des militants ouvriers se joignaient à elles, les grandes organisations de gauche n’avaient pas grand chose à leur dire. Au cours des huit mois cruciaux de la révolution, leurs critiques du nouveau régime étaient timides, et se concentraient essentiellement sur son incapacité à remettre en cause l’impérialisme. La politique des Moudjahidins du peuple, par exemple, “ consistait à éviter soigneusement toute confrontation avec le cabinet fantôme des religieux. A la fin février, quand les Feddayins organisèrent à Téhéran une manifestation de plus de 80 000 personnes pour réclamer la réforme agraire, la fin de la censure de la presse et la dissolution des forces armées, les Moudjahidins restèrent en retrait. Et début mars, quand les femmes qui avaient reçu une éducation à l’occidentale célébrèrent la journée internationale des femmes en manifestant contre l’abrogation de la loi de protection familiale par Khomeyni, le port du voile obligatoire dans les administrations gouvernementales et leur mise à l’écart du pouvoir judiciaire en tant que “genre moins impartial”, les Moudjahidins dénoncèrent ces revendications “qui semaient la division et affaiblissaient la révolution face aux attaques de l’impérialisme”. A la fin mars, quand des adeptes zélés de la matraque attaquèrent les bureaux de l’Ayandegan, journal anticlérical, les Moudjahidins restèrent silencieux. Ils s’opposèrent au boycott du référendum sur la république islamique et la lutte pour l’autonomie du Kurdistan. Si la nation ne restait pas unie derrière l’imam Khomeyni, insistaient les Moudjahidins, les impérialistes seraient tentés de répéter leur exploit de 1953" ” (...) Le parti Tudeh (parti communiste pro-soviétique) et la majorité des Feddayins continuèrent à soutenir Khomeyni jusqu’à ce que celui-ci ait pleinement consolidé son autorité, c’est-à-dire jusqu’en 1982, époque à laquelle il se retourna contre eux.
Logan :
a écrit :Dans "critique du programme de Gotha" Marx raille le programme du Parti socialiste allemand parce qu'il est bien trop tolérant à l'égard de la religion.
Dire qu'il le juge "trop tolérant" ou "pas assez tolérant" c'est aplatir sa critique. En fait il critique le Programme Gotha sur deux niveaux. Sur le premier le programme n'est "pas assez tolérant", sur le second il est "trop tolérant" :
- parce qu'il est trop abstrait. La phrase qui vient juste avant celle que tu cites critique le fait que dans le programme ne figure que la revendication de "liberté de conscience". Marx remarque :
a écrit :« Liberté de conscience ! » Si on voulait, par ces temps de Kulturkampf [4], rappeler au libéralisme ses vieux mots d'ordre, on ne pouvait le faire que sous cette forme : « chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels, sans que la police y fourre le nez ».
- Parce qu'il se limite au point de vue bourgeois (et en plus mal, comme on l'a vu) en ne mettant pas en avant le fait que le parti ouvrier "s'efforce de libérer les consciences de la fantasmagorie religieuse" (pas par des méthodes policières bien sûr, mais par la lutte de classe et la propagande). Est-ce là une contradiction avec les critiques de Marx et Engels envers Bakounine ? Seulement si on comprend "l'effort pour libérer les consciences des fantasmagories religieuses" comme "la proclamation de l'athéisme comme dogme".