Fermeture de Continental Clairoix

Message par com_71 » 30 Avr 2009, 08:53

a écrit :Continental - Clairoix (Oise) : le bras de fer avec l'État et Continental

Lundi 27 avril, sept ouvriers de Continental recevaient une convocation pour être entendus par la police judiciaire, suite à la manifestation à la sous-préfecture du mardi 21 avril. Ce jour-là, 500 travailleurs avaient envahi la sous-préfecture de Compiègne et laissé éclater leur colère. Les médias faisant écho au gouvernement ont parlé de « saccage » pour des vitres brisées et des ordinateurs renversés. François Fillon, puis Alliot-Marie, la ministre de l'Intérieur, en avaient appelé à des arrestations. Les mêmes ne parlent pas de « violence » quand les patrons jettent à la rue des milliers de travailleurs !

À l'annonce des poursuites engagées, les ouvriers décidèrent d'aller immédiatement devant le commissariat de Creil : 600 travailleurs se rassemblèrent, rejoints par le maire de la ville et des élus. La délégation, reçue aussitôt par les responsables de police du département et le responsable de l'enquête judiciaire, demanda la suspension des poursuites. Le parquet confirma dans la soirée son accord sur cette demande. Cette mobilisation rapide de 600 manifestants est une démonstration de force de plus.

Depuis le 11 mars, jour de l'annonce par le patron de Continental de la fermeture de l'usine, les 1 120 travailleurs de Continental-Clairoix se battent pour obtenir des garanties pour leur avenir, à savoir le maintien des salaires jusqu'en 2012, des mesures d'âge pour les plus de 50 ans et une prime de 200 000 euros. Depuis des semaines, ils réclament que des discussions sur cette base s'engagent dans le cadre d'une réunion tripartite entre eux, l'État et Continental. Et il a fallu attendre le 21 avril au soir, juste après la condamnation par le gouvernement de l'explosion de colère des travailleurs de Continental, pour apprendre par la bouche de Luc Chatel, le secrétaire d'État à l'Industrie, et de Fillon le lendemain, l'organisation d'une telle réunion pour le mercredi 29 avril. En somme, le gouvernement souffle le chaud et le froid pour tester la détermination des travailleurs.

De son côté, dès le mardi 21 avril au soir, prétextant l'absence de sécurité du fait des vitres brisées du poste des gardiens, la direction de l'usine de Clairoix décidait de renvoyer les ouvriers chez eux. La direction de Continental savait qu'en lock-outant l'usine elle devrait payer les ouvriers à 100 %. Mais elle essaie de ne rien débourser. Elle s'est vantée, par écrit, d'avoir l'accord de l'État pour se faire payer le salaire des 1 120 salariés de l'usine par le biais du chômage partiel. Une économie d'au moins cinq millions d'euros. Et ce, alors que l'État affirmait il y a peu qu'il ne débourserait pas un centime à la place de Continental !

En tout cas, trois jours après être partis à 1 000 à Hanovre pour manifester avec leurs camarades allemands, ils étaient de nouveau 600 à Creil, et ils se préparent à manifester de nouveau nombreux sous les fenêtres du ministère à Bercy, mercredi 29 avril. Tout le monde a bien compris que la seule langue que comprennent État et patrons, c'est celle du rapport de force.

Correspondant LO

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Message par pelon » 02 Mai 2009, 12:34

(Le Parisien a écrit :

Sept mille manifestants autour des Conti
Continental en tête, la manifestation du 1e r Mai à Compiègne a été à la hauteur des angoisses sociales. A Beauvais également, la mobilisation a été importante.

François-Xavier Chauvet avec F.H. et D.L. | 02.05.2009, 07h00

«C’est la Fête du travail et nous, on va perdre le nôtre. » La phrase de Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental, hier à Compiègne, illustre parfaitement la mobilisation de ce 1e r Mai dans l’Oise. La manifestation a réuni environ 7 000 personnes (NDLR : 5 000 selon la police, 11 000 selon les organisateurs) dans les rues de Compiègne.
Un chiffre en très nette hausse par rapport aux années précédentes, preuve que le malaise social gagne chaque jour du terrain. Comme le 19 mars, les salariés de Continental ont pris la tête du cortège qui a battu le pavé de la cité impériale dans une ambiance festive. Salariés du privé et du public ont défilé unis pour dénoncer notamment les fermetures d’usines qui se succèdent dans le département ces derniers mois.

« Plus personne n’est à l’abri »

Les Sodimatex (Crépy-en-Valois) ou les Lear Corporation (Lagny-le-Sec), dont les sites sont condamnés, mais aussi les employés d’Inergy ou encore de CIE Automotive se sont ainsi joints à la colère des Conti. D’autres étaient tout simplement là par solidarité, comme Virginie, 41 ans, employée dans les assurances à Compiègne, venue de Montières avec son mari, Hervé, 46 ans, et leur fils, Hugo, âgé de 5 ans. « Je suis très inquiète et j’ai peur pour l’avenir de mon petit garçon. La crise, elle a vraiment bon dos. Ça n’est pas possible de continuer comme ça », explique-t-elle. Son mari assène : « Si Continental perdait de l’argent on pourrait comprendre, mais là, ils font des bénéfices monstres. C’est la preuve par l’absurde que plus personne n’est à l’abri. Moi, je travaillais à la RATP et on m’a bien viré. Résultat, je suis au chômage. »

A l’issue de la manifestation, les salariés de Continental se sont rendus à Thiescourt, petit village proche de Noyon, où la municipalité avait organisé sa traditionnelle fête du 1 e r Mai au profit de la lutte des Conti.

A Beauvais , ils étaient environ un millier à scander « Interdiction de licencier » ou « Ras-le-bol de ces guignols qui ferment nos usines ». Après avoir défilé dans le centre-ville, le cortège s’est dispersé sur le parvis de la mairie.

A Méru ,près de 300 manifestants ont sillonné les rues du centre-ville mais, comme prévu, avec les salariés de Creyssensac en tête de cortège. Dans cette usine, 110 emplois sur 200 sont en effet menacés de suppression.
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Message par Zorglub » 04 Mai 2009, 23:04

Un reportage sur le conflit. La fermeture était programmé depuis longtemps, avant le passage aux 40 heures qui n'ont servi qu'à financer le plan social. Le reportage montre l'usine de Roumanie qui marche à pleine capacité pour toute l'Europe alors qu'on répète à l'envie ici que le marché ayant chuté de 30 %, il faut fermer Clairoix.
Par contre, contrairement aux images vues auparavant, certains visages ne sont pas floutés lors de l'intervention en sous-préfecture. Erreur ou saloperie journalistique ?

France 2 - Complément d'enquête
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Message par Zorglub » 06 Mai 2009, 23:02

Une manif' à Aix-la-Chapelle était prévu avec les ouvriers allemenands : annulée. Ceux de Clairoix se sont rabattus sur Sarreguemines qu'ils bloquent.

Continental déclare vouloir discuter avec le 'repreneur' éventuel MAG.

Article du Figaro
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Message par Harpo » 07 Mai 2009, 20:19

L'annonce de la manif à Aix la chapelle n'était selon certains qu'une habile diversion pour pouvoir entrer dans l'usine de Sarreguemines...

Il y a eu aujourd'hui de 13 h 45 à 14 h sur France-Culture un reportage sur le voyage et la manifestation des conti à Hanovre. C'était plutôt sympa et très près des problèmes réels des ouvriers de Continental. Je n'ai pas pu l'écouter jusqu'au bout (j'étais en route pour le boulot). Le ton n'était pas du tout politique, mais cependant très humain. Si quelqu'un a enregistré ça, je crois que ça vaudrait la peine de le poster sur ce forum...
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Message par titi » 07 Mai 2009, 21:23

si c'est l'émission "les pieds sur terre" tu peux la ré-écouter sur leur site, et même la podcaster
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Message par Harpo » 08 Mai 2009, 17:51

En effet, merci.
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Message par Zorglub » 13 Mai 2009, 01:21

Après l'émission Complément d'enquête montrant l'usine roumaine tournant à plein régime et dont le patron actuel n'est autre que l'ancien patron de Clairoix au moment du passage des 40 heures. Il a d'ailleurs toujours sa plaque d'immatriculation dans l'Oise montrait le reportage.

Voici donc Le Courrier picard qui confirme en citant un rapport 'confidentiel' du cabinet Secafi sur le plombage des coûts de Clairoix et l'essor de la production dans d'autres usines du groupe à l'Est.
Article Courrier Picard

Les négociations sur le plan social sont rallongées d'un mois avec l'engagement des représentants syndicaux pour cesser les violences. Le délégué CFTC est content...
Article Le Monde
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Message par com_71 » 18 Mai 2009, 13:07

(afp a écrit :AVANT UNE RÉUNION CRUCIALE - Les "Conti" manifestent à Paris

Cinq cents salariés de Continental Clairoix (Oise) selon la police, 600 à 700 selon les organisateurs, ont manifesté lundi à Paris place de la Bourse afin de faire pression sur une négociation mardi à Francfort portant sur des indemnités pour compenser la fermeture du site. Pour dénoncer la fermeture du site, qu'ils qualifient "d'opération spéculative", les manifestants ont allumé un feu de pneus fabriqués par Continental, qui a dégagé une importante fumée noire devant le palais Brongniart (IIe arrondissement), ancien siège de la Bourse, gardé par des forces de l'ordre.

Dans une motion remise à l'Autorité des marchés financiers (AMF), basée place de la Bourse, adressée également aux actionnaires de l'équipementier, ils ont écrit: "Nous, les 1.120 salariés de Continental, tenons à dire notre colère" contre la fermeture de l'usine prévue en 2010, "opération spéculative" pour "faire monter le cours de l'action", a lu un délégué. "La bourse est l'endroit où est spéculée la sueur des ouvriers du monde entier", selon Xavier Mathieu (CGT). Réagissant à l'action symbolique des "Conti", un porte-parole de Continental a déclaré que la fermeture de l'usine n'avait "aucun rapport" avec la bourse puisqu'elle est due à une "surproduction de pneus en Europe".

Les manifestants ont défilé à grand renfort de cornes de brume et de pétards depuis la gare du Nord derrière une banderole jaune sur laquelle on pouvait lire en français et en allemand "Travailleurs unis contre actionnaires voyous, Arbeiter vereint gegen Heuschrecken-Aktionäre". "Nous voulons peser sur les négociations de demain, il faut que les Allemands sachent qu'on ne lâchera pas, nous voulons le maintien de notre salaire jusqu'en 2012, comme c'était prévu dans l'accord de 2007 sur le retour aux 40 heures hebdomadaires, et une prime exceptionnelle pour compenser la trahison de cet accord" par la direction, a déclaré Antonio da Costa, secrétaire CFTC du comité d'entreprise.

La direction de Continental conteste avoir fait une telle promesse de maintien des emplois. Des salariés de Lear, qui fabriquent des sièges pour PSA et sont dans leur septième semaine de grève contre la fermeture de leur usine de Lagny (Oise), se sont joints au cortège derrière une banderole "Lear sous-traitant de PSA, non à la fermeture".

Quelques salariés de UTI Logistics, qui travaillent sur le site même de Continental dans la logistique et dont l'emploi est menacé, étaient également présents. Sur le trajet des manifestants, Rue Rodier (IXe) devant la permanence du député UMP Pierre Lellouche, les manifestants ont tambouriné sur les grilles abaissées, qu'ils ont maculées d'autocollants. Mardi doit s'ouvrir à Francfort une réunion tripartite (syndicats, directions France et Allemagne, avec un représentant de l'Etat français) sur le plan social du site Continental de Clairoix, dont la mise en oeuvre, prévue pour le 19 mai, a été repoussée au 16 juin.


L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Sterd » 27 Mai 2009, 20:46

Dans l'Express

("L'Express" a écrit :
Dernier baroud chez les "Conti"

Par Henri Haget, publié le 27/05/2009 15:24 - mis à jour le 27/05/2009 16:04

Protestant contre la fermeture de leur usine, les salariés de Continental, à Clairoix, collectionnent les faits d'armes. Aidés, en coulisse, par un conseiller en lutte ouvrière...


Depuis le début du conflit, le 11 mars dernier, les futurs ex-salariés de Continental se retrouvent chaque matin, à l'heure de la pointeuse, devant les grilles de l'usine de Clairoix (Oise). Ils ont raccroché le bleu de travail, mais leur vie est encore ici, à l'ombre du fier paquebot de briques et des années de splendeur révolues. Les assemblées générales, les barbecues improvisés scandent leurs journées comme naguère la sirène de l'usine. "C'est con à dire, mais depuis qu'on sait qu'on va tous être virés, on partage une formidable aventure humaine", lâche Christian Lahargue, 54 ans, 1 600 euros net par mois pour touiller l'acétone et l'ammoniaque.

Ce matin-là, un aréopage de syndicalistes devise sur le parking de l'usine. Le petit homme muni d'un attaché-case et d'une conscience professionnelle à toute épreuve s'est approché à pas menus. "Enchanté, monsieur Mathieu !" lance-t-il au leader de la CGT, figure totémique du conflit et star des JT au soir du saccage de la sous-préfecture de Compiègne, le 21 avril dernier. Xavier Mathieu, 44 ans, gueule de cinoche et verbe uppercut, toise l'importun. "Ça, c'est un huissier..." "Gagné !" fait l'autre en extirpant de sa mallette une assignation consécutive à l'occupation de l'usine Continental de Sarreguemines par ceux de Clairoix. Un coup d'éclat, un de plus, pour Mathieu et les siens, entre deux processions musclées vers l'Elysée ou Bercy. "Le dernier huissier qui s'est pointé ici, on l'a peint en rouge !" tonne un ouvrier. Xavier Mathieu, lui, cherche du regard un sexagénaire à la mine replète qui déambule dans les coulisses du mouvement, évitant soigneusement la publicité. "Je fais quoi, maître Yoda ? Je signe ?" Sans piper mot, l'homme de l'ombre hoche la tête. Alors, Xavier Mathieu empoigne le stylo d'huissier et s'exécute d'un paraphe nerveux.

Roland Szpirko, 63 ans, alias maître Yoda - du nom du vieux sage de La Guerre des étoiles - est conseiller municipal (Lutte ouvrière) à Creil (Oise). Membre éminent de l'organisation d'extrême gauche, dont il voulut un temps prendre la tête, il est aussi l'ancien leader de la révolte des ouvriers de chez Chausson, au milieu des années 1990. C'est lui qui, à la tête de ses troupes, parvint à envahir le plateau du journal télévisé, une première à l'époque. Quand les "Conti" se sont mis à balancer des oeufs sur le crâne de leur patron et à tout casser à la sous-préfecture, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, a vu sa patte en dénonçant "les manipulateurs d'extrême gauche qui attisent la violence".

"Il a insisté pour qu'on aille chercher l'Etat "


Roland Szpirko, aujourd'hui retraité, a refusé de répondre aux questions de L'Express. Xavier Mathieu, lui, ne nie pas l'influence exercée par ce penseur ultraorthodoxe de LO sur le comité de lutte des "Conti". "Il est mon conseiller", dit-il tranquillement. Dans les discussions avec la direction allemande du manufacturier de pneus et les émissaires du secrétaire d'Etat à l'Industrie, Luc Chatel, Szpirko ausculte chaque mot, chaque parenthèse, des protocoles soumis à l'approbation des grévistes. "Dès le début, Roland a insisté pour qu'on aille chercher l'Etat par le colback afin d'engager des négociations tripartites", souligne Mathieu. L'extrême gauche instrumentalise-t-elle le désespoir des "Conti" ? Oui et non. Elle exploite son fonds de commerce. Elle est là où elle n'a jamais cessé d'être. Sur le terrain."Que le gouvernement hurle à la manip, OK, dit Jeff, 45 ans, vingt ans d'ancienneté comme OS et des projets de reconversion comme moniteur d'auto-école. Mais les socialistes ! Pas eux ! Ça fait un siècle qu'on ne les a pas vus à la sortie de l'usine..."

Le 17 juillet prochain, Xavier Mathieu et six autres camarades seront jugés par le tribunal correctionnel de Compiègne pour leur virulent monôme à la sous-préfecture. Ils encourent 75 000 euros d'amende et sept ans de prison. Ils ne regrettent rien. "Ce jour-là, à force de se faire balader par nos interlocuteurs, c'est comme si une bombe de colère avait explosé en nous", explique la grande gueule des Conti. Les temps changent. Il y a quinze ans, une grève à l'usine de Clairoix s'était achevée, en pleine nuit, par l'intervention d'un bataillon de nervis armés de barres de fer. Les types du piquet de grève avaient trouvé leur salut en plongeant dans l'Oise, qui serpente à deux pas de là. L'affaire n'avait pas fait les gros titres. En ce printemps 2009 où, à Clairoix comme ailleurs, tout a basculé, le téléphone du directeur de l'usine, Louis Forzy, sonne dans le vide. Il a quitté son bureau. Sa belle maison de Compiègne, aussi. Il vit et travaille à l'hôtel. De peur d'être séquestré.
Sterd
 
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