J’ai enfin pu me procurer un exemplaire de
Science et pseudo-sciences. Si la tonalité générale est en effet de dénoncer les « lanceurs d’alerte » et d’essayer de décrédibiliser ceux qui dénoncent les risques de la téléphonie mobile et des lignes à haute tension, à côté des textes les plus « extrémistes » signés par des collaborateurs de Bouygues et EDF comme Veyret et Aurengo, on trouve des textes plus nuancés, plus prudents. (Si j’écrivais la même chose, Sterd me traiterait une fois de plus de menteur, voire de réac etc)
Ainsi, l’article sur la leucémie de l’enfant de Jacqueline Clavel, conclue ainsi :
a écrit :
« Aujourd’hui l’état des connaissances suggère un doublement du risque de leucémie de l’enfant pour des expositions élevées aux CEM-EBF telles qu’on peut les rencontrer à faible distance (moins de 50 mètres des lignes à haute tension ou tout près de spostes de transformation. Les travaux en cours (….) apporteront de nouveaux éclairages »
L’article de Henri Brugère (pourtant très lié à EDF), tout en affirmant que les LTF n’ont pas un effet pathogène (sujet très controversé), reconnaît que
a écrit :
« il suffit qu’elle augmente (la tension) pour susciter des réactions de stress (chez les animaux) et produire des réactions endoctrines. (…) Au cas où cela est plus fréquent et plus violent, surviendront des troubles (…) et des infections résultant d’un effet immuno-dépresseur. »
Certes Brugère insiste sur le fait que «
la pathologie d’élevage n’est pas le modèle des maladies humaines attribuées possiblement aux CEM », mais il est tout de même permis de s’interroger.
En ce qui concerne l’étude Interphone :
Alors que Aurengo la descend en flammes, estime qu’il s’agit d’un gaspillage de fonds etc, l’article de Veyret-Lagroye (pourtant hyper favorables aux opérateurs auxquels ils sont très liés) note :
« L’épidémiologie n’a pas encore rendu son verdict définitif ». Tout en disant prudemment que les premiers résultats d’Interphone « semblent indiquer une absence d’augmentation du risque pour toutes les tumeurs étudiés, avec incertitude pour les tumeurs de plus de dix ans. »
(En fait les résultats globaux d’interphone ne sont pas encore publiés en raison des désaccord entre les participants.) Et une autre étude est en cours pour les enfants, comme le notent ces auteurs.
SUR UN JUGEMENT CONTRE EDF
Enfin à propos d’une condamnation de RTE (filiale EDF) par le Tribunal de Tulle à verser 400 000 € de dommages et intérêts à un agriculteur, on trouve dans ce numéro de SPS (P. 98) un encadré signé Jean-Paul Krivine (rédac chef de la revue et salarié EDF d’après Pangloss ou Luc Marchaudel). Cet encadré tourne ce jugement en dérision en prétendant que le tribunal aurait considéré que même s’il n’y a pas de preuves, il n’y a « pas d’autres explication possible. »
Or ce jugement du 28 octobre 2008 peut être intégralement lu sur internet. Or les présomptions du tribunal s’appuient sur des faits précis et sont fortement argumentées, contrairement à ce que laisse entendre JPK. En voici un extrait :
a écrit :
« Le ministère de l’agriculture avait, à l’initiative de son inspection générale, établi un rapport en décembre 1998 relatif à l’influence sur les élevages des champs électromagnétiques induits par les lignes à haute tension, faisant état d’"risque" à ramener à sa juste proportion en ce qu’il ne concernait qu’un nombre relativement très faible d’exploitations.
Ces exploitations y étaient définies comme celles dont les animaux séjournaient régulièrement et abondamment à proximité des lignes, précisant en outre que dans des cas très rares, la remise à niveau de l’installation électrique ne serait pas suffisante pour résoudre le problème de cas litigieux.
La SA RTE avait elle-même envisagé, dans un courrier de son directeur du groupement d’exploitation en date du 22 avril 1999, la possible imputabilité du dommage invoqué à la présence de la ligne à haute tension.
EDF agriculture a ensuite établi, en partenariat, un rapport intitulé "mieux connaître les risques des courants électriques parasites dans les exploitations d’élevage" indiquant, en introduction, que "si un phénomène électrique parasite peut, en théorie, être à l’origine d’un problème sanitaire, il demeure cepednat l’une des causes les moins probables", la présence d’une pathologie ou une situation anormale dans une exploitation justifiant un diagnostic vétérinaire, étant observé, en sa conclusion, que "les phénomènes électriques parasites ne se manifestent que trsè exceptionnellement avec une intensité suffisante pour provoquer, à eux seuls, des perturbations susceptibles d’altérer la production et la santé des animaux d’élevage".
Dans une interview au quotidien Aujourd’hui en France en date du 21 mars 2008, Olivier HERZ, directeur du service études réseaux et projets de RTE admet, en dernier lieu, qu’il y a une fois et demi à deux fois plus de risques de leucémies infantiles à proximité des lignes à haute tension, mais que "ce risque est à relativiser" par rapport à d’autres facteurs de risques, précisant en outre que RTE EDF n’est pas favorable à ce qu’il y ait des constructions sous les lignes.
Dans le même numéro de ce quotidien, le secrétaire d’Etat à l’écologie affirme qu’il est indéniable que les rayonnements électromagnétiques émis par les lignes à haute tension posent un certain nombre de problèmes et qu’il n’y a malheureusement pas encore d’interdiction générale de construire à proximité de celles-ci.
Il n’est en outre pas contesté qu’une étude du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a pu mettre en évidence le doublement du risque de leucémie infantile du fait d’une exposition humaine habituelle aux champs électromagnétiques à une mesure supérieure à 0,40 micro-tesla.
Il ressort de l’ensemble des éléments ci-dessus exposés une présomption de fait, non combattue par la preuve contraire incombant à la SA RTE EDF, de l’existence d’un risque spécial et, par suite, de l’imputabilité du dommage anormal à l’exercice de la servitude de surplomb de la ligne à très haute tension, peu important alors que ce dommage provienne exclusivement des champs électromagnétiques, des courants parasitaires et vagabonds ou de l’effet combiné de ces deux phénomènes.
Il convient donc de dire que la SA RTE EDF est tenue à l’idemnisation du préjudice direct, matériel et certain subi par le GAEC Marcouyoux. »
Le manque de rigueur caricatural dont fait preuve JPK dans son compte-rendu ne fait donc pas très bonne impression, en dépit du Comité de parrainage prestigieux de la revue…