a écrit : Erou
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Il y a incompatibilité entre le fait d'expliquer que le capitalisme développe toujours les forces productives et le fait de combattre pour la révolution socialiste.
Rappelons ce que disait Marx dans sa préface à la "contribution à la critique de l'économie politique".
"Une société ne disparaît jamais avant d'avoir développé toutes les forces productives qu'elle est assez large pour contenir".
Et la réciproque ? On pourrait te dire : "Si la société capitaliste n'a pas disparu, n'est-ce pas parce qu'elle a continué à développer les forces productives ?"
-D'une part, le fantastique développement des forces productives depuis la fin de la 2ème guerre mondiale- et pas que dans une dizaine de pays comme tu le prétends (consulte les stats) -, c'est un fait, que ça te plaises ou non. Toutes les tentatives de tergiverser ou de minimiser/relativiser ce développement ne peuvent rien y changer.
-Ce qu'il est permis de penser, c'est que ce développement, rendu possible par les destructions/restructurations de la guerre, a donné
un répit au capitalisme. Répit qui se termine peut-être en ce moment. Car, en effet, le capitalisme repart après ses crises tant que le prolétariat ne lui donne pas le coup de grâce.
Un répit ne signifie pas que le capitalisme se développera toujours, qu'on ne peut et doit pas lutter pour le socialisme etc. Car il est aussi absurde de prétendre que le capitalisme a retrouvé ad vitam aeternam sa bonne santé que de nier le développement du dernier demi-siècle.
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Une observation/interrogation sur la rapidité du développement des forces productives dans le cadre du capitalisme et dans le cadre d'une société (mondiale) en transition vers le socialisme.
Sommes-nous certains que le socialisme développerait plus rapidement les forces productives que ne l'a fait le capitalisme au cours du dernier demi-siècle ? A long terme, sans aucun doute, grâce à la planification, l'élimination du gaspillage, une autre orientation de la recherche et de la technologie, la fin des destructions causées par les guerres etc. Mais à court et moyen terme ?
Une des causes du formidable développement depuis la fin de la seconde guerre mondiale, c'est certes le progrès technologique ; mais une autre cause, c'est la capacité du capitalisme à contraindre des grandes masses d'hommes (et de femmes) à abandonner leur mode de vie pour aller trimer comme des esclaves dans des usines. Sans possibilités de se défendre, ou avec de faibles possibilités, pour beaucoup d'entre eux. Sans la dictature de Mao, puis celle de l'Etat chinois actuel, des dizaines de millions de paysans chinois accepteraient-ils de quitter leur village pour s'entasser dans des dortoirs et trimer comme ils le font ? Les immigrés maghrébins et africains, dont la surexploitation a largement contribué à la prospérité de l'industrie française dans les années soixante-soixante dix, auraient-ils accepté ce sort s'ils n'y avaient pas été poussés par la faim ?
Rien ne dit que la masse de la population, dans le cadre d'un système social où elle aurait le choix, ne préférerait pas aller un peu plus lentement et vivre plus agréablement. Ce que la productivité et l'organisation rationnelle du travail ferait gagner d'un côté serait peut-être "perdu" de l'autre en raison de rythmes de travail plus lent, d'une durée du travail plus courte.
On ne développerait donc peut-être pas plus vite les forces productives sous le socialisme, du moins à court et moyen terme, mais on les développerait complètement différemment, en fonction des besoins humains.