par meichler » 11 Mars 2010, 20:55
Bien sûr qu'il faut combattre toutes les religions. Cependant toutes n'occupent pas la même place dans le champ politique et social. Bien entendu, il n'y aucune compromission à entretenir, ni de près ni de loin, avec ce qu'il est convenu d'appeler «l'islamophobie», ce dont, par exemple «Riposte Laïque» s'est fait une spécialité. Pas question d'opposer une forme de réaction noire à une autre. Ceux-là sont des pourritures, des ennemis de classe, prêts à s'allier avec les pires forces politiques bourgeoises "de gauche ou de droite". La haine les conduit sur des rivages puants.
Cela n'a rien à voir avec ce que j'ai cherché à exprimer.
La question particulière de l'islam depuis 1979-80, en relation avec la révolution iranienne, authentique révolution prolétarienne captée puis écrasée par les religieux en l'absence de parti ouvrier révolutionnaire, et singulièrement depuis 1989-91 avec la disparition de l'URSS, c'est que cette idéologie apparaît aux masses «arabes» du monde entier, à une grande partie de la jeunesse issue de la culture musulmane, comme une arme de libération, voire une arme pour combattre l'impérialisme. Pour une grande partie des masses d'orient, l'Islam est apparu de plus en plus comme un substitut à la référence au communisme, au marxisme (ces références fussent-elles totalement déformées et aliénées), dans le combat politique et social pour l'émancipation. De même dans le combat contre le sionisme, idéologie raciste et colonialiste au service d'un Etat impérialiste artificiel au Moyen-Orient. Jusqu'à la fin des années 70, les combattants palestiniens étaient essentiellement en référence à la laïcité et au socialisme (quelles que soient les confusions de ces références). Aujourd'hui les combattants sont nombreux à brandir le Coran.
De ce point de vue il existe une spécificité politique concrête du rôle que tient l'Islam par rapport aux autres religions. Essentiellement par rapport au prolétariat (ou sous-prolétariat) d'origine musulmane, qui est effectivement une des priorités pour toute organisation révolutionnaire de ce pays.
C'est en ce sens que l'initiative du NPA est une calamité politique. Présenter une jeune femme voilée a un sens bien précis (qui n'est certainement pas dû au hasard), et envoie un message politiquement désastreux aux jeunes de culture musulmane, nés pauvres et de parents à noms «arabes», et qui de ce seul fait subissent d'inadmissibles ségrégations et brimades, par l'Etat, les flics et les patrons. Qu'est-ce qu'ajoute de plus le fait de CHOISIR de présenter une candidate voilée, par rapport au fait de présenter des candidats à NOMS «ARABES» ? Ce devrait être l'honneur d'un parti qui serait authentiquement ouvrier et révolutionnaire (ce que n'est à l'évidence pas le NPA) de présenter comme candidats aux élections, des travailleurs et des jeunes dont les noms sont d'origine «arabe». Ce serait un puissant moyen de mener campagne contre le racisme et pour l'égalité des droits de ceux que les médias bourgeois et le gouvernement appellent des «immigrés», alors que la plupart sont nés en France, ont la carte d'identité française, SONT "français" (pour autant que ce mot ait un sens aujourd'hui, ce dont je doute, sinon être titulaire de la carte d'identité...).
Mais là ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Le NPA ne se contente pas de présenter une candidate qui s'appelle Ilham Moussaïd (ce qui serait parfait en tant que tel). Il présente une candidate au nom de son parti qui porte le voile islamique. Cela pose un problème de PROGRAMME POLITIQUE, à qui se réclame du marxisme, et non autre chose.
Un dernier mot sur le vocable «islamophobie» : Qui a "peur" de l'Islam ? Qui a "peur" des anathèmes ? Sous ce mot infâmant ceux qui l'utilisent rassemblent de vrais pourritures racistes et fascistes, en même temps que tous ceux qui refusent de se prosterner devant les préjugés POLITIQUEMENT DANGEREUX et sans issue qui égarent POLITIQUEMENT beaucoup de jeunes révoltés des «cités», en les menant à la mosquée au lieu de les orienter vers l'organisation révolutionnaire, fondée sur le programme communiste, marxiste, combattant pour le socialisme.
On ne construit pas un parti ouvrier révolutionnaire en mélangeant une dose d'ancien «trotskysme» (largement frelaté et révisé), une main d'opportunisme vis-à-vis de staliniens mal délavés, avec deux doigts d'«anarchisme», un doigt de «décroissance», une lampée de «Chavisme», un bonne rasade d'opportunisme à l'égard des appareils syndicaux, et quelques piments coraniques.
Mais peut-être (sans doute) ne s'agit-il pas de cela, avec le NPA...
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»
(Baruch SPINOZA)