par Harpo » 12 Avr 2010, 16:25
Pour ceux qui pensent qu'une langue est nécessairement condamnée en dessous d'un certain nombre de locuteurs, je propose s'ils en ont les moyens (et l'envie de voir des paysages magnifiques) d'aller faire un tour dans les librairies islandaises.
L'islandais est une langue germanique à peu prés inchangée depuis 10 siècles au moins (hormis quelques apports extérieurs bien intégrés à la langue). Il n'est parlé que par les 300 000 habitants de cette île et ce nombre est tombé à certaines périodes de l'histoire en dessous de 50 000.
Les islandais s'expriment bien en anglais avec les étrangers et ceux qui souvent sont en contact avec les touristes connaissent un peu d'allemand, de danois, de norvégien ou de français. Mais ça n'empêche pas leur langue d'être bien vivante. Je ne sais plus la proportion exacte, mais je crois que c'est environ un islandais sur cinq qui a déjà publié au moins un livre et ces livres inondent les librairies et se vendent manifestement bien.
Tout ceci pour dire que ce n'est pas le nombre de locuteurs qui fait qu'une langue est vivante et que la maîtrise d'une langue universelle comme l'anglais n'est pas en soi une menace. Le fait qu'il n'y ait pas de littérature abondante dans une langue est certainement plus décisif pour le risque de sa disparition.
Les langues qui disparaissent sont celles qui sont parlées par un très petit nombre et dont les locuteurs sont dispersés par l'exode rural. C'est le cas par exemple des langues de certains pays comme le Gabon où leur nombre est énorme et où chacune ne concerne qu'un très petit nombre. Tant que les habitants restaient dans leur village, le fait que le village d'à côté ne parlait pas la même langue était certes un frein à la communication mais n'empêchait pas ces langues, même sans écriture, de subsister.
Mais le brassage humain dans les villes les fait disparaître, les enfants des locuteurs ne parlant plus que le français qu'ils apprennent à l'école.