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De l’extrême gauche… à l’extrême droite
Minoritaires jusqu’au bout des ongles, ils font le grand saut d’un bord de l’échiquier à l’autre. Hier, au NPA de Besancenot, aujourd’hui au FN de Marine le Pen, ils incarnent mieux que d’autres la confusion des valeurs.
À les écouter, ils échappent à tout cliché, ne rentrent dans aucune case.
Ni rouges bruns ni sociaux-traitres ni trotskistes rhabillés en fachos… Jeunes de préférence, révoltés toujours, ils jettent sur la société un regard sans complaisance, s’offusquent des injustices et s’indignent du défaitisme d’une classe politique jugée impuissante face à la mondialisation.
Lors des régionales, Fabien Engelmann occupait en Lorraine la place de numéro 2 sur la liste NPA (Nouveau parti anticapitaliste). Aujourd’hui, ce trentenaire, ouvrier dans la fonction publique, est sur le point de faire campagne aux cantonales en Moselle… comme candidat du FN (Front national). « Pour l’heure, je ne suis que sympathisant », nuance l’intéressé qui déplore la levée de bois vert suscitée dans son environnement par son revirement politique. Tout de même, son parcours a de quoi laisser sans voix. L’intéressé s’en explique, sans détour. Son départ du NPA : « Je n’ai pas admis la candidature voilée du Vaucluse, lors des régionales, et plus généralement, j’ai constaté que la défense de la laïcité n’était utilisée qu’à sens unique. Contre l’Eglise catholique assimilée à la religion des riches, jamais contre l’islam assimilé, au contraire, à l’expression religieuse des plus pauvres. Toute critique envers l’islam relevait dès cet instant de la xénophobie ou du fascisme ».
Insupportable pour le Lorrain qui se rapproche alors de la revue Riposte laïque pour laquelle il collabore depuis. Véritable passerelle entre militants des deux bords, cette plateforme de débats, très active sur la toile, dirigée par l’ancien trotskiste Pierre Cassen, a notamment co-organisé en décembre, avec le Bloc identitaire (mouvement politique d’extrême droite), les assises internationales sur l’islamisation de l’Europe. Parmi les invités à la tribune : Oskar Freysinger, initiateur de la votation contre les minarets en Suisse. Pierre Cassen figure également dans le comité de soutien du journaliste Éric Zemmour, lors de son récent procès pour propos racistes, en attente de jugement.
Feu croisé
Comme son homologue lorrain, Venussia Myrtil, 21 ans, a milité un temps dans les rangs du NPA, « contre le CPE et la réforme Darcos », avant d’opérer une révolution vers le FN. En mars, elle sera candidate du FN sur le canton d’Aubergenville dans les Yvelines. Comme dans le cas de Fabien Engelmann, la figure de Marine le Pen fut décisive. « J’ai immédiatement adhéré à son discours patriote et social que j’ai trouvé beaucoup plus cohérent que celui de Besancenot » explique-t-elle. En guise de – sévère – bizutage, celle qui occupe le poste de secrétaire départementale adjointe du FNJ des Yvelines, a fait les frais de la campagne interne entre Gollnisch et Le Pen fille. Les premiers utilisant jusqu’à plus soif les déclarations jugées trop permissives de la jeune fille sur les questions de sociétés. Prise entre le feu croisé des ultras de la droite et ses anciens potes du NPA, la jeune étudiante en 1 re année de psycho tente de garder la tête froide. « Au FN, j’ai trouvé un véritable esprit de fraternité, et puis on y parle moins politique qu’au NPA ». Un comble.
La dimension minoritaire de ces transfuges, le frontiste vosgien Jean-François Jalkh ne la nie pas. Pour autant, le délégué général du FN en charge des élections y décèle l’attrait suscité par l’inflexion sociale et laïcarde du discours de la nouvelle patronne. « Tout le débat sur la mondialisation ou sur la laïcité porte sur le rôle régulateur de l’État », souligne le conseiller régional. Et de conclure : « Sur le constat, Mélenchon ne dit pas que des bêtises, c’est sur les solutions que nous divergeons ».
X. B.