Afrique du Sud : les mineurs en grève, plus de 30 morts

Dans le monde...

Message par Proculte » 17 Août 2012, 08:40

a écrit :Plus de 30 personnes ont été tuées dans les affrontements jeudi entre grévistes et policiers à la mine de platine Lonmin de Marikana (nord-ouest de l'Afrique du Sud), a annoncé vendredi le ministre de la police Nathi Mthethwa. Selon un bilan donné par le syndicat des mineurs NUM, ce sont 36 personnes qui ont été tuées.

Un précédent bilan donné par les services de secours régionaux faisait état de 25 tués. Interrogé par une radio, le ministre a ajouté : "De nombreuses personnes ont été blessées et le nombre [de morts] continue d'augmenter." Ces décès s'ajoutent aux dix survenus dans les violences entre syndicats survenues depuis dimanche sur ce site minier, où plusieurs centaines de grévistes réclamaient d'importantes augmentations de salaire.

Officiellement, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour disperser la foule. L'agence de presse SAPA (South African Press Association) a dénombré dans un premier temps dix-huit corps allongés, sans préciser s'ils étaient morts ou blessés.

Selon Reuters, des policiers, lourdement armés et appuyés par des véhicules blindés, étaient en train de dresser des barrages de fils barbelés quand ils ont été débordés par quelque trois mille employés de la mine, située au nord-est de Johannesburg et exploitée par la société Lonmin. Ils ont alors tiré des rafales d'arme automatique sur un groupe de mineurs qui surgissait de derrière un véhicule. Au moins sept assaillants ont été tués, montrent des images très violentes tournées par Reuters Television.

"ILS N'ONT PAS L'INTENTION DE BOUGER"

Jeudi matin, plusieurs centaines d'hommes armés de gourdins, de barres de fer et de machettes s'étaient de nouveau regroupés à l'extérieur de la mine. Les grévistes réclamaient d'importantes augmentations de salaire. Dans la journée, la direction de la mine leur a intimé l'ordre de reprendre le travail vendredi, menaçant de licencier les récalcitrants. Face au refus des mineurs de se disperser, la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Selon plusieurs témoignages, des mineurs ont répliqué avec des armes à feu.

Le porte-parole du syndicat des mineurs, Lesiba Seshoka, a déclaré à la chaîne d'information continue eNews que le président de l'AMCU, le petit syndicat qui avait appelé à la grève, avait tenté de persuader les mineurs de reprendre le travail, en vain. "Ils lui ont dit qu'ils étaient prêts à mourir (...) qu'ils n'avaient pas l'intention de bouger, qu'ils allaient appeler leurs enfants à les rejoindre" sur la colline où ils sont regroupés depuis lundi.

VIOLENCES INTERSYNDICALES

Des incidents avaient commencé vendredi dernier à la mine, lorsque des centaines de mineurs de fond ont lancé une grève sauvage. Certains, encouragés par le petit syndicat AMCU, réclamaient 12 500 rands par mois (1 250 euros), soit plus qu'un triplement de leur salaire actuel.

Des affrontements ont alors éclaté entre partisans de la NUM et ceux de l'AMCU, née d'une dissidence de la NUM. Jeudi matin, plusieurs centaines d'hommes armés de gourdin, de barre de fer et de machette s'étaient de nouveau regroupés à l'extérieur de la mine. Des négociations entamées la veille avec les forces de l'ordre et les responsables de la mine n'avaient rien donné.

Les mineurs, qui vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante, touchent environ 4 000 rands par mois (400 euros). Ils demandaient de très importantes augmentations de salaire, jusqu'à 1 250 euros par mois. "Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide", avait déclaré l'un d'eux mercredi, Thuso Masakeng, "les sociétés minières font de l'argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère". (Le Monde)
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Message par Proculte » 17 Août 2012, 08:43

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Message par pelon » 18 Août 2012, 10:21

Pour ceux qui n'ont pu lire cet article du Monde :

a écrit :

Bain de sang dans une mine en Afrique du Sud

SIPHIWE SIBEKO/REUTERS
Marikana (Afrique du Sud) Envoyé spécial


Quand la poussière est retombée, jeudi 16 août, à Marikana, les ombres menaçantes s'étaient muées en corps sans vie. Parmi la dizaine de mineurs baignant dans leur sang, seuls deux remuaient encore. Tendus, des policiers se rapprochaient en pointant le canon de leurs fusils automatiques. L'un d'entre eux ramassait puis éloignait un pistolet tombé des mains d'un travailleur.

Après que les grévistes de la mine de platine de Marikana eurent été la cible de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour être délogés d'une colline où ils s'étaient installés, des individus ont-ils riposté en tirant les premiers ? La police assure avoir agi " en état de légitime défense ". Devant l'avancée soudaine d'un groupe de mineurs, les forces de l'ordre ont-elles au contraire réagi de manière disproportionnée ? De très longues secondes se sont écoulées avant que l'un des officiers lève le poing en l'air pour faire taire le feu nourri face à des assaillants armés de machettes et de gourdins sur le site de la mine située à une heure de route à l'ouest de Pretoria.

Ensuite, des coups de feu ont continué à retentir dans plusieurs directions. Dans le ciel bleu de l'hiver austral, quatre hélicoptères tournoyaient. Plus tard encore, d'autres corps seront aperçus au pied de plusieurs ambulances.

Vendredi matin, le ministre de la police, Nathi Mthethwa, a annoncé que " plus de trente mineurs " avaient été tués. Ce jeudi noir est devenu l'un des jours les plus sombres de l'histoire de l'Afrique du Sud post-apartheid. Le choc dans l'opinion était alimenté par les images tournant en boucle sur les chaînes de télévision nationales, rappelant à beaucoup les interventions meurtrières de la police dans les townships sous le régime de la minorité blanche.

" La police a fait tout ce qu'elle a pu mais ces gens - les mineurs - avaient dit qu'ils n'étaient pas prêts à quitter les lieux mais plutôt à se battre ", s'est défendu le ministre. Le président Jacob Zuma s'est déclaré " choqué et consterné par cette violence absurde ".

Avant les violences de jeudi, la grève, lancée il y a une semaine, affichait, déjà le triste bilan de dix morts, dont deux policiers. Roger Phillimore, le président de Lonmin, l'un des principaux extracteurs de platine dans le monde qui possède la mine de Marikana, a estimé que c'était " clairement une affaire d'ordre public plutôt qu'un conflit social ". Plus tôt dans la journée, Lonmin avait refusé de négocier toute augmentation de salaires et intimé l'ordre aux 3 000 grévistes de reprendre le travail sous peine d'être licenciés.

En chemin vers la butte rocailleuse, un homme, qui préfère rester anonyme, se doutait bien qu'il n'obtiendrait pas les 1 250 euros exigés. Mais après vingt années passées sous terre à récupérer le précieux métal, souvent six jours sur sept, officiellement huit heures par jour mais souvent neuf payées huit, il pense quand même qu'il mérite mieux que ses 580 euros mensuels. " J'ai cinq enfants dont trois au lycée, raconte-il. Comment voulez-vous que je les envoie à l'université avec ce salaire ? " Ses camarades grévistes gagnent en moyenne 400 euros par mois. " On se tue à la tâche et quand on demande quelque chose à la direction, elle fait la sourde oreille ", ajoute-t-il.

Le corps amaigri, le souffle court, Domingos Tivane, 39 ans, est en arrêt de travail depuis juin. " Mais comme je ne suis toujours pas revenu, je crois qu'ils m'ont viré ", glisse-t-il. Le médecin de l'hôpital de la mine lui a diagnostiqué une tuberculose, mais ne s'est pas étendu sur les causes. " Des explosions ont souvent lieu avant qu'on ait le temps de remonter, nos masques ne nous protègent pas bien, cela fait douze ans que j'avale de la poussière ", explique-t-il.

La plupart des mineurs vivent à quelques centaines de mètres du principal puits dans des cabanes en tôle, dont à peine une sur deux à l'électricité. A l'extérieur, parfois, un robinet crachote. Les champs sont parsemés de détritus.

En début de semaine, une étude sur les producteurs de platine de la région, publiée par la fondation Bench Marks, spécialisée dans la responsabilité sociale des entreprises, rappelait que les compagnies minières faisaient des profits très importants alors que les communautés avoisinantes, " comme celles de Marikana ", souffrent d'un haut niveau d'inégalité et de pauvreté. " Ils montent des projets sociaux essentiellement pour soigner leur image dans l'opinion, mais ils consultent rarement les populations pour savoir ce dont elles ont vraiment besoin ", lit-on dans l'étude.

Assis dans une cour, un non-gréviste n'ose pas aller travailler. " Je me ferais tuer par les autres ", affirme-t-il. Derrière le conflit social se cache une lutte violente entre le puissant mais déclinant syndicat national des mineurs (NUM), précieux soutien du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, et une branche dissidente, AMCU, dont le succès croissant se nourrit des espoirs déçus d'une partie de la population. En février, deux ouvriers ont été tués lors d'une grève dans une autre mine de platine de la région.

" Est-ce que la jeune génération doit être asservie à la pauvreté toute sa vie et être l'esclave d'une minorité blanche qui continue à contrôler les ressources après dix-huit années de démocratie ? " s'interrogeait, juste avant l'assaut de la police, Joseph Mathunjwa, le président du nouveau syndicat à l'origine de la grève.

A quatre mois du congrès électif de l'ANC, il est possible que cette lutte syndicale soit instrumentalisée par des factions du parti opposées à la réélection de Jacob Zuma pour un second mandat. AMCU accuse ainsi le NUM de ne pas défendre ses membres et de " partager le même lit que la direction ".

" Les partis qui veulent gagner les élections ont besoin d'énormément d'argent, et ces compagnies leur donnent ce financement ", alertait lundi David van Wyk. Le chercheur de la fondation Bench Marks s'inquiétait aussi de ces hommes politiques qui intégraient de plus en plus souvent les conseils d'administration de grandes sociétés. Ex-secrétaire général de NUM et figure majeure de l'ANC, Cyril Ramaphosa est aujourd'hui administrateur de Lonmin.

Sébastien Hervieu

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Message par pelon » 01 Sep 2012, 17:40

Justice de classe sans fioritures :
a écrit :
2 septembre 2012
La mise en examen pour meurtre de mineurs sud-africains après l'émeute de Marikana provoque l'indignation
Johannesburg Correspondance
Le magistrat est accusé de s'être appuyé sur des dispositions légales remontant à l'apartheid

Quelque 12 000 employés d'une mine d'or sud-africaine se sont mis en grève mercredi 29 août, a annoncé, vendredi, leur employeur, le groupe Gold Fields. " Sur la base de rapports informels des salariés, la grève semble principalement liée à des désaccords au sein des organisations syndicales, bien que nous ne puissions pas le confirmer ", a précisé le directeur du groupe pour l'Afrique du Sud, cité dans un communiqué. La compagnie minière a obtenu une interdiction de la grève en justice.

Vingt-six des trente-quatre mineurs grévistes tués par la police sud-africaine le 16 août près de la mine de Marikana, à l'ouest de Pretoria, seront enterrés ce week-end. Maintenus derrière les barreaux, 270 de leurs camarades ne pourront pas leur dire adieu. Cette nouvelle est accueillie dans un mélange de colère et d'incompréhension en Afrique du Sud. D'autant plus que les mineurs interpellés ont été, jeudi 30 août, maintenus en détention et... mis en examen pour meurtre.

Comment expliquer ce chef d'inculpation quelque peu surréaliste, alors qu'aucun policier n'a été tué le jour du bain de sang ? La réponse donnée a provoqué l'indignation : le magistrat qui a pris la décision se serait appuyé sur une clause d'une loi antiémeute remontrant à 1956, et jamais réécrite depuis, selon laquelle il est possible de mettre en examen pour meurtre toute personne arrêtée sur les lieux d'une fusillade impliquant les forces de l'ordre, même si les victimes ne sont pas des policiers.

Jamais utilisée sous l'Afrique du Sud démocratique, cette disposition légale remontant aux heures sombres de l'apartheid permettait au gouvernement de la minorité blanche d'emprisonner et de condamner plus facilement des dirigeants du Congrès national africain (ANC) présents dans des manifestations qui dégénéraient.

Fer de lance de la lutte anti-apartheid, l'ANC est au pouvoir sans discontinuer depuis les élections multiraciales de 1994. Face à l'accusation d'" usage abusif " du code pénal lancée par des constitutionnalistes, le ministre de la justice a été obligé vendredi d'exiger publiquement que le parquet lui transmette les raisons de sa décision.

Des doutes subsistent toutefois sur le rôle des autorités dans cette procédure. Une inculpation pour meurtre rend beaucoup plus difficile l'obtention d'une libération sous caution, et la prochaine audience n'est prévue que le 6 septembre prochain.

Commission d'enquête

Emprisonnés, ces mineurs qui réclamaient une hausse de salaires armés de lances et de machettes ne peuvent toujours pas faire connaître à l'opinion publique leur version des événements du 16 août. Onze mineurs blessés ce jour-là ont d'ailleurs été directement emmenés en prison dès leur sortie d'hôpital, portant le nombre de mis en examen de 259 initialement à 270. Aucun policier n'a été arrêté.

La décision de ce magistrat survient au moment où le rôle de la police lors de la tuerie est de plus en plus mis en cause. Le photojournaliste sud-africain Greg Marinovich a expliqué cette semaine qu'après plusieurs jours d'enquête sur les lieux du drame au cours desquels il a interviewé des survivants, il avait acquis la conviction que " des policiers très armés ont pourchassé et tué - la plupart - des mineurs de sang-froid ".

Le lauréat du prix Pulitzer 1991 fait référence aux minutes qui ont suivi la vague initiale de tirs meurtriers, seul moment de la tragédie filmé par les caméras de télévision. La police avait alors invoqué la légitime défense face à l'avancée des grévistes, mais au sol ne gisaient à cet endroit-là qu'une dizaine de cadavres sur les trente-quatre comptabilisés en fin de journée.

Refusant jusqu'à maintenant de désigner des responsables, le président sud-africain, Jacob Zuma, qui avait à l'époque ordonné à la police de rétablir l'ordre dans la mine, a mis en place une commission d'enquête chargée de faire toute la lumière sur la tuerie.

Mais celle-ci ne rendra ses conclusions qu'en janvier prochain, un mois après la tenue du congrès national de l'ANC. Le chef de l'Etat va tenter d'être réélu président du parti et, ainsi, de viser un second mandat à la tête du pays lors des élections de 2014.

A Marikana, l'activité de la mine de la compagnie Lonmin, troisième producteur mondial de platine, est toujours à l'arrêt. Vendredi, seuls 5,7 % des 28 000 employés se sont présentés à l'embauche. Les négociations sur une reprise du travail et une hausse des salaires doivent reprendre lundi.

Sébastien Hervieu

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Message par yannalan » 02 Sep 2012, 09:58

Un petit article dans Ouest -France Dimanche nous apprend que le salire d'un mineur est de 625 euro, celui du directeur de la mine de 120 000 euro, et celui du responsable syndical NUM de 14 000 euro... Le présidant du NUM,lui est actionnaire... tu m'étonnes qu'il y ait un nouveau syndicat...
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Message par Vania » 03 Sep 2012, 21:22

a écrit :Afrique du Sud: 40.000 emplois menacés par la grève à Marikana selon Lonmin

La compagnie minière britannique Lonmin, troisième producteur mondial de platine, a averti lundi que la grève qui dure depuis près d'un mois dans la mine de Marikana (nord) menaçait 40.000 emplois, alors que le gouvernement tentait de rassurer les investisseurs internationaux.

Les négociations ont repris lundi entre la direction du groupe et les mineurs pour tenter de mettre fin à la grève sauvage qui paralyse la production depuis le 10 août et a dégénéré en violences qui ont fait 44 morts.

"Une grève illimitée menacera à terme les emplois de 40.000 travailleurs", a mis en garde Lonmin, alors que seuls 4,5% des employés se sont rendus à leur travail lundi matin, après un week-end largement consacré aux funérailles de la plupart des victimes de la fusillade du 16 août au cours de laquelle 34 mineurs ont été abattus par la police.

Dix hommes, dont deux policiers et deux gardes de sécurité, avaient été tués quelques jours auparavant dans des affrontements intersyndicaux.

"Nous ne pouvons pas continuer indéfiniment sans normaliser la situation et ne pas prêter attention aux conséquences de l'arrêt de la mine", a ajouté Lonmin.

Dans le même temps, plusieurs ministres ont indiqué à la presse étrangère que la situation était sous contrôle dans le pays, malgré une nouvelle flambée de violences lundi dans une mine d'or, à 30 km de Johannesburg, qui a fait quatre blessés.

Parallèlement, 12.000 mineurs étaient toujours en grève, pour le cinquième jour consécutif, dans la mine d'or KDC du groupe Gold Fields, située dans la banlieue ouest de Johannesburg.

"Nous voulons rassurer tous les acteurs (du secteur) et la communauté internationale, les mines continuent de fonctionner sans entraves (...) dans tout le pays", a déclaré le secrétaire général de la présidence sud-africaine, Collins Chabane. "Les événements de Marikana ne reflètent pas le climat des affaires en Afrique du Sud", a-t-il insisté.

La ministre des Mines, Susan Shabangu, a assuré de son côté que le gouvernement s'efforçait désormais de voir comment répondre globalement aux revendications des travailleurs du secteur minier, plutôt que de réagir au coup par coup.


Le lien : http://fr.news.yahoo.com/afrique-sud-40-00...-191800557.html

Les grèves dans les mines semblent s'étendre, et les propos rassurants du gouvernement envers les milieux d'affaires sont assez révélateurs.
Vania
 
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Message par azadi » 11 Sep 2012, 11:37

Afrique du Sud : Nouveau débrayage dans une mine d’or, la lutte continue à Marikana

http://communismeouvrier.wordpress.com/201...nue-a-marikana/
azadi
 
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Message par Vania » 14 Sep 2012, 17:43

a écrit :Pretoria tape du poing sur la table pour ramener l'ordre dans les mines

AFP Par Susan NJANJI

Inquiet des conséquences économiques des troubles dans le secteur minier, le gouvernement sud-africain a annoncé vendredi des mesures fermes de maintien de l'ordre dans la région de Rustenburg (nord), où les compagnies minières ferment les puits de platine les uns après les autres.

"Ceux qui procéderont à des rassemblements illégaux, porteront des armes dangereuses, se livreront à la provocation ou menaceront de violence dans les zones concernées seront traités comme il se doit", a déclaré le ministre de la Justice Jeff Radebe dans une conférence de presse télévisée, appelant explicitement les forces de l'ordre à procéder à l'arrestation des contrevenants.

Le secteur minier est perturbé depuis cinq semaines par des troubles sociaux. Poumon économique du pays avec 9% du PIB, et 19% si l'on inclut les activités annexes, il contribue aussi pour la moitié aux exportations sud-africaines.

Dans l'après-midi, l'australien Aquarius Platinum, quatrième producteur mondial de platine, a annoncé la suspension jusqu'à dimanche soir de l'activité de sa mine de Kroondal.

Mercredi, l'autre major du platine, Amplats (filiale du géant basé à Londres Anglo American) avait suspendu sine die la production sur cinq de ses mines, tandis que le site de Lonmin, à Marikana, est de facto paralysé depuis la mi-août.

La décision d'Aquarius Platinum a été annoncée après qu'un cortège de mineurs en grève eut fait irruption sur un site d'Aquarius et sommé la direction de stopper immédiatement l'activité.

La police a utilisé des gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations parmi ce groupe de mineurs.

La Bourse a salué la décision d'Aquarius, alors que le cours du platine rebondit, l'action prenant plus de 19% à 15H00 GMT à Londres.

A Pretoria, le ministre des Finances Pravin Gordhan a mis en garde contre les conséquences de ces troubles pour l'économie nationale: "Si cette instabilité continue et que la production reste à l'arrêt, d'abord nous aurons un coût en terme de croissance", a-t-il dit.

"La poursuite de la violence mine la confiance dans l'économie sud-africaine, et si nous minons la confiance, nous minons l'investissement", a-t-il poursuivi, avant d'ajouter que l'emploi serait également menacé à terme.

Les troubles dans la ceinture de platine de Rustenburg ont débuté avec les événements de la mine de Marikana, exploitée par le Britannique Lonmin, qui ont fait 45 morts depuis un mois, sur un site d'où l'entreprise extrait 92% du platine qu'elle vend notamment à l'industrie automobile mondiale.

Vendredi matin, les grévistes de Lonmin ont refusé une proposition d'augmentation mise pour la première fois sur la table par leur employeur, cinq semaines après le début du conflit.

Lonmin avait présenté son offre jeudi soir à l'issue d'un énième round de négociations. Pour les mineurs au plus bas de l'échelon, l'augmentation proposée se monterait à 986 rands, portant les salaires à 5.500 rands mensuel (540 euros). Très loin de la revendication de 12.500 rands mensuels (1.200 euros) réclamés avec constance depuis le 10 août.

Les négociations avaient repris vendredi après-midi.

En tout, 45 personnes sont mortes à Marikana, dont au moins un syndicaliste du Syndicat national des mineurs (NUM), deux policiers, deux vigiles et 34 grévistes abattus par la police le 16 août lors d'une fusillade digne des pires heures de l'apartheid.

Les mineurs se plaignent d'être sous-payés pour un travail éminemment pénible, et de vivre dans des conditions de logement misérables, sans eau, ni électricité.

Ils refusent aujourd'hui de céder au nom de la mémoire des grévistes tués en août.

Le conflit s'est étendu ces derniers jours aux salariés d'Amplats et à une mine d'or du groupe Gold Fields près de Johannesburg.

Avec Aquarius, ce sont maintenant des mines qui ont fourni plus de 20% de la production mondiale de platine l'an dernier qui sont paralysées.

Les grévistes, qui réclament "12.500 rands ou rien" - et même 16.000 rands chez Amplats -, projettent de porter leurs doléances devant le gouvernement et d'aller manifester à Pretoria devant le siège du gouvernement.


le lien : http://fr.news.yahoo.com/afrique-sud-gr%C3...-091212393.html
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Message par Vania » 26 Sep 2012, 20:36

La grève gagne le secteur des transports. Voici un extrait d'un journal télévisé sud-africain montrant une manif de chauffeurs routiers à Prétoria il y a deux jours.

http://www.youtube.com/watch?v=Kvx-NvDi2vk...22&feature=plcp
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Message par Vania » 04 Oct 2012, 18:09

a écrit :Les grèves en Afrique du Sud font tâche d’huile
Le 04 octobre 2012 par Daniel Krajka

Les grèves qui affectent la production de platine et d’or en Afrique du Sud s’enveniment. Elles touchent désormais les mines à ciel ouvert de minerai de fer, de charbon et de diamants.


A mi-août, juste après le massacre de Marikana, tant les experts du mouvement social en Afrique du Sud que les dirigeants des compagnies aurifères niaient la possibilité d’une extension des grèves en dehors des mines de platine. Aujourd’hui, non seulement plus de la moitié des mines d’or du pays sont arrêtées par des grèves, mais le mouvement a débordé vers les mines de charbon, de fer et même de diamants. Le premier constructeur automobile local, Toyota, a lui aussi été touché par des débrayages d’ouvriers réclamant de fortes augmentations de salaire. Sans oublier une grève massive des camionneurs qui commence à peser sur l’économie sud-africaine.

Dans le platine, le plus important producteur mondial, Amplats, a beau menacer de sanctions sévères les grévistes, quatre de ses cinq mines situées dans la région de Rustenburg sont stoppées. Une grève non protégée touche également sa mine d’Union Platinum, dans une autre région, le  Bushveld, et ce sont près de la moitié de ses 58 000 salariés qui ont posé les outils. La direction du groupe a qualifié la revendication d’un salaire de 16 000 rands d’ « irrationnelle et n’entrant dans aucune forme de négociations collectives ». Le numéro deux du secteur, Impala Platinum, qui avait craqué sous la pression d’une grève de six semaines en début d’année, accordant des augmentations en dehors de la convention collective avec le syndicat, vient de nouveau d’accepter de nouvelles hausses de salaires qui ajouteront 4,8% à sa masse salariale.

Une seule grande compagnie aurifère était jusqu’à présent préservée de la vague de grève. A son tour Harmony Gold subit un arrêt de travail des 5 400 mineurs de son site de Kusalethu. Le directeur général du groupe, Graham Briggs, a demandé aux grévistes de respecter les accords signés. Grève également à la mine de Ezulwini, appartenant à Gold One. Gold Fields a tenté d’utiliser la manière forte contre ses 24 000 travailleurs en grève sur deux sites, Beatrix et KDC. Il a fait expulser 2 000 travailleurs de leurs baraquements qui lui appartiennent, avant de revenir le lendemain sur sa décision « à condition que les mineurs abandonnent leurs armes ». La plus importante compagnie aurifère, Anglo Gold Ashanti, perd actuellement 32 000 onces d’or par semaine en raison d’une grève suivie par 24 000 de ses 35 000 salariés. Son directeur exécutif, Mark Cutifani, a menacé de fermer les mines les moins rentables, affirmant que des hausses de salaires se traduiraient par une réduction de l’emploi dans les mines. Des sociétés plus petites comme la mine de Blyvooruitzicht, avec 4 500 salariés, contrôlée par Village Main Reef, sont également touchées par le mouvement.

Le mouvement revendicatif s’est étendu à d’autre secteurs, le charbon, le minerai de fer, le chrome et le diamant. Kumba, la filiale minerai de fer d’Anglo American, se croyait à l’abri après avoir versé une prime de résultat de 345 000 rands (41 200 dollars) à 6 200 de ses salariés ayant cinq ans d’ancienneté. Il y a pourtant eu 300 travailleurs de sa mine à ciel ouvert de Sishen – sur un total de 4 400, plus 3 800 travaillant pour la sous-traitance – pour débrayer, exigeant un salaire minimum de 12 500 rands. Alors que le syndicat NUM affirmait que la grève qui avait arrêté la mine de Mooinooi était réglée, elle s’est étendue à une autre mine, Kroondal, appartenant également au géant du ferrochrome, Samancor. Ils veulent également obtenir un salaire minium de 12 500 rands, plus diverses primes. Remontés contre le syndicat, les grévistes ont solennellement brulé leurs teeshirts rouges du NUM.

Dans le charbon, deux mines sont en grève, Somkhele, appartenant au groupe Petmin et Mooiplaats, contrôlé par le groupe australien Coal of Africa. Dans le site historique du diamant, Kimberley, c’est le producteur Petra Diamonds, qui est touché. Les grévistes ne veulent pas moins qu’un salaire de 21 500 rands, soit 2 580 dollars, alors que le salaire de début n’est que de 6 000 rands. La contagion a même touché une usine Toyota à Durban, où les travailleurs demandent une augmentation de 3,22 rands de l’heure. La grève a éclaté après qu’une augmentation importante ait été offerte aux chefs d’équipe. « L’effet Marikana pose problème car les gens ne comprennent pas que chaque circonstance est différente », a déclaré le secrétaire local du syndicat de la métallurgie.

Les entreprises minières doivent aider le syndicat NUM

S’il n’est pas question de rouvrir des négociations salariales, comme l’a martelé la direction de Gold Fields, le dirigeant du syndicat NUM, Frans Baleni, a suggéré un moyen de contourner ce dilemme. Le syndicat est en effet autant attaché au processus de négociation collective centralisé que les dirigeants des entreprises. L’accord en cours, qui court jusqu’à juin 2013, inclut une clause permettant de réévaluer les qualifications des travailleurs. Il suffirait d’éliminer les plus basses qualifications et de changer de catégories des fonctions comme celle de piqueur – ceux qui ont démarré les grèves d’Implats et de Lonmin –, pour répondre, au moins partiellement, aux revendications salariales des grévistes.

Un quart de siècle après la grande grève de 1987, pendant laquelle 360 000 travailleurs des mines avaient suivi l’appel du syndicat NUM, la situation est bien différente aujourd’hui. Cette fois-ci, la Chambre des mines et le syndicat sont associés pour mettre fin à un mouvement que ce dernier n’a pas été capable de prévenir. Pour regagner l’influence perdue sur les mineurs, le NUM doit obtenir des concessions des compagnies minières en termes de salaires. Son secrétaire général rejette la faute sur Implats, coupable à ses yeux d’avoir accordé des augmentations sans l’avoir consulté, en dehors des circuits officiels. S’il concède que de trop importantes augmentations de salaires nuisent à l’emploi, il cherche à convaincre Chambre des mines qu’il est indispensable pour encadrer un mouvement qui lui échappe. Encore faut-il qu’il obtienne  des concessions pour restaurer sa crédibilité devant les mineurs.


Le lien : http://indices.usinenouvelle.com/materiaux...he-d-huile.4463
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