Informations Ouvrières

Message par Front Unique » 05 Déc 2012, 23:59

Mercredi 5 décembre 2012

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 229
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


Et maintenant ?

« Le gouvernement remet l’avenir du site de Florange entre les mains de Mittal », titre victorieusement le quotidien du capital financier Les Echos.

Envolée la « nationalisation transitoire » évoquée par Montebourg ?

Ayrault s’en explique: « Le gouvernement n’a pas retenu l’hypothèse de la nationalisation. Il a écarté cette solution au vu des engagements qu’il a obtenu d’ArcelorMittal. La nationalisation (…) n’est pas efficace face à un problème de débouchés (…). Je rappelle que le gouvernement a fait le choix du pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi. »

Les « engagements obtenus de Mittal » ?

Parlons-en.

Mittal s’est engagé… à éteindre les hauts-fourneaux et supprimer les emplois (lire page 2).

C’est un problème de « débouchés », prétend Ayrault, rejoint en cela par Pierre Laurent (secrétaire national du Parti communiste français) qui réclame la mise en place « d’un comité national pluraliste associant syndicats, élus locaux, parlementaires, Etat, industriels et banques » pour trouver « des solutions industrielles d’avenir ».

Parlons clair: des « débouchés » acceptables par Mittal, ou des « solutions industrielles » satisfaisantes pour les « industriels et banquiers », tout cela a un prix: la mise en place de la flexibilité, la baisse du coût du travail et l’association des syndicats à ces mesures de déréglementation anti-ouvrière.

Tel est précisément le contenu du fameux pacte de compétitivité d’Hollande-Ayrault.

Un gouvernement qui partirait des besoins de la population et non de la recherche des « débouchés qui satisfont les industriels et les banquiers » commencerait par décider la réquisition (temporaire ou définitive) d’ArcelorMittal afin de garantir tous les emplois.

Sur cette base, il finirait bien par trouver des « débouchés ».

C’est précisément sur cette question de la garantie donnée par le gouvernement au maintien de tous les emplois que les comités de Moselle du POI mènent campagne depuis des mois, rassemblant des milliers de travailleurs et de militants de toutes tendances sur cette exigence.

La capitulation du gouvernement Hollande-Ayrault devant Mittal, au moment précis où le chômage explose, et particulièrement le chômage des jeunes (lire en page intérieure) pose une question: quelle force bloquera le plan Mittal-Ayrault, sinon la force des travailleurs unis avec leurs organisations, rassemblés sur les revendications vitales de « maintien de tous les emplois et du site de Florange dans sa totalité, redémarrage des hauts-fourneaux » ?

Oui ou non, la montée de toute la Lorraine à Paris, à l’appel des organisations unies, ne serait-elle pas de nature à imposer au gouvernement le recul qui s’impose ?

Au-delà de la Lorraine, cette question ne concerne-elle pas toute la classe ouvrière de ce pays ?

La conférence qui s’est tenue le 1er décembre à Paris a entendu des militants venus de tous les horizons du mouvement ouvrier.

Par-delà leurs différences, ils ont exprimé leur détermination à agir en commun pour ouvrir la voie à la résistance unie des travailleurs et de la jeunesse.

Oui, résistance pour défaire chacune des contre-réformes qui découlent de l’alignement du gouvernement sur la troïka, et pour balayer cette dernière, résistance au « compromis historique » auquel on voudrait contraindre les organisations syndicales, résistance pour abroger les traités européens.

Cette exigence trouve aujourd’hui une expression particulière dans la discussion engagée par des militants ouvriers en Lorraine: oui ou non, la montée de toute la Lorraine à Paris, à l’appel des organisations unies, ne serait-elle pas de nature à imposer au gouvernement le recul qui s’impose ?

Au-delà de la Lorraine, cette question ne concerne-elle pas toute la classe ouvrière de ce pays ?
Front Unique
 
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Message par Front Unique » 13 Déc 2012, 00:47

Mercredi 12 décembre 2012

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 230
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


Le rejet monte

Lundi 10 décembre, la grève a commencé dans l’usine ArcelorMittal de Basse-Indre, frappée par le plan signé huit jours plus tôt entre le Premier ministre et le groupe Mittal.

La veille (dimanche 9), le Parti socialiste a essuyé un échec majeur dans trois élections partielles.

Six mois seulement auront suffi depuis les élections pour que le gouvernement Hollande-Ayrault soit frappé de rejet.

Les mêmes causes produisent les mêmes effets: la soumission aux exigences de la troïka et de l’Union européenne, particulièrement depuis la ratification du TSCG, nourrit, dans toute la population, le même rejet de ces politiques d’austérité, de destruction de l’emploi et de la démocratie.

Le refus de nationaliser ArcelorMittal comme moyen immédiat pour garantir les emplois et les hauts-fourneaux de Florange, c’est l’alignement sur l’Union européenne et sa « concurrence libre et non faussée ».

Tout comme l’entreprise de démantèlement de la République qui s’inscrit dans la loi de territorialisation et que, par un coup de force anticipé, les sénateurs Collomb (PS) et Mercier (centriste) veulent imposer dans la région lyonnaise avec l’accord du gouvernement.

Ils ne s’en cachent pas: « Nous ne pouvons continuer sur une structuration qui date de 1798 », affirme Mercier.

« Nous avons un système ancien qui date de la Révolution. Ceci ne correspond plus aux réalités », lui répond Collomb.

L’un et l’autre décident donc, conjointement, de créer une situation sans précédent: ils vont « déposer une proposition de loi au Sénat pour rendre possible le retrait du conseil général sur le territoire du Grand Lyon » (journal Lyon Capitale).

« Le retrait du conseil général », c’est le retrait de la République.

Car jusqu’à présent, tout citoyen de ce pays — cela date en effet de la Révolution française — se voit garantir l’égalité de droits dans la République une et indivisible, à travers les différentes institutions dont il relève, en particulier la commune, le département, la République.

Dans ce même cadre, la classe ouvrière a inscrit ses conquêtes, ses organisations, ses droits et garanties.

Le conseil général qui se retire, c’est la République qui se retire.

En lieu et place de la République et des institutions de la démocratie politique, c’est l’Union européenne supranationale et anti-démocratique qui s’installe, puisque, nous dit-on, Lyon deviendrait ainsi une Euro-métropole.

Bref, l’Union européenne, c’est l’euro-totalitarisme, l’euro-corporatisme, l’euro-démantèlement de tous les droits et garanties de la classe ouvrière et de la nation.

Il reste, répétons-le, que l’élément qui domine — sur le terrain de la lutte de classe, dans les élections partielles, dans la mobilisation des élus —, c’est le rejet qui met à l’ordre du jour la mobilisation unie pour bloquer ces politiques.

Dans ce contexte, le bureau national du Parti ouvrier indépendant — tirant les enseignements de la conférence du 1er décembre et de la mobilisation des maires — a estimé que les conditions se réunissent pour inviter très largement travailleurs, militants et jeunes de toutes tendances à préparer avec nous le IVe Congrès du Parti ouvrier indépendant-congrès ouvert, afin d’aider à réaliser « l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes ».

Car « en construisant notre parti, nous entendons construire un point d’appui pour la lutte, l’unité et la résistance des plus larges masses opprimées et exploitées » (1).

(1) La résolution du bureau national est disponible auprès des adhérents du POI.
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Message par Front Unique » 19 Déc 2012, 19:06

Mercredi 19 décembre 2012

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 231
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


Aveuglement

« Mon grand regret est de n’avoir pas pu convaincre des gens en grande précarité que nous avons rencontrés durant cette campagne. Pourtant le gouvernement va dans le bon sens. »

Ainsi s’exprime, ce 16 décembre, Mme Dolores Roqué, députée PS battue à l’élection partielle de Béziers (trois électeurs sur cinq s’abstenant).

Le gouvernement va dans le bon sens ?

Quelques jours plus tôt, l’accord signé entre Ayrault et Mittal entérinait la fermeture du site de Florange, et menaçait les emplois dans toutes les usines du groupe.

Le gouvernement va dans le bon sens ?

On apprend ce lundi qu’une « réforme des retraites » (une de plus !) serait en préparation.

Au même moment, Mme Lebranchu dévoile le contenu d’une réforme territoriale qui vise ouvertement à disloquer le cadre de la République, l’unité de la nation et de l’ensemble des conquêtes sociales, ouvrières et démocratiques.

En 1953, quand les ouvriers de Berlin-Est se soulevèrent contre un régime bureaucratique qui prétendait garantir le bonheur de la classe ouvrière, l’écrivain allemand Bertolt Brecht écrivit: « J’apprends que le gouvernement estime que le peuple a “trahi la confiance du régime” et “devra travailler dur pour regagner la confiance des autorités”. A ce stade, ne serait-il pas plus simple de dissoudre le peuple et d’en élire un autre ? »

Par ce détour ironique, Brecht indiquait à quel degré d’absurde peut conduire l’aveuglement sur lui-même d’un régime totalitaire.

Les partisans de l’Union européenne, supranationale et antidémocratique souffriraient-ils aujourd’hui des mêmes symptômes ?

N’en déplaise à Mme Roqué, les travailleurs de l’usine Arcelor de Basse-Indre, qui, avec leurs syndicats, ont déclenché la grève, ne semblent pas convaincus que le gouvernement va dans le bon sens.

Pas plus que les représentants syndicaux (CGT et Force ouvrière) qui, par la suite, ont quitté le comité central d’entreprise et refusé de participer au comité de suivi en exigeant le retrait du plan Ayrault-Mittal.

Pas plus que les dizaines de milliers de travailleurs confrontés aux usines qui ferment ou que les millions de chômeurs dont les rangs ne cessent de grossir.

Pas plus que les retraités et les assurés sociaux dont tous les droits sont menacés.

Pas plus que les maires et les élus qui se dressent contre la réforme territoriale pour défendre l’existence libre des communes et de la République.

La situation est en train de mûrir.

Le rejet de la politique du gouvernement met à l’ordre du jour l’action unie pour bloquer ses plans.

C’est la voie qui imposera la rupture avec cette politique anti-ouvrière qui découle de l’alignement complet de nos gouvernants sur les exigences de l’Union européenne, du TSCG et du capital financier.

Les plus grands combats s’annoncent pour 2013.

C’est à les préparer que se consacreront les adhérents du Parti ouvrier indépendant.

Les assemblées de reprise de cartes de début janvier seront l’occasion, dans le cadre de la préparation du IVe Congrès du POI-congrès ouvert, d’inviter largement, au-delà des adhérents, les travailleurs, militants, jeunes ou élus qui souhaitent engager ou poursuivre avec le POI la discussion sur: comment les arrêter ? Autrement dit: comment aider au mouvement pratique de millions et de millions qui, unis avec leurs organisations, se dresseront contre la dictature de la troïka pour imposer le retrait de ses plans, ouvrant ainsi la voie au démantèlement des institutions antidémocratiques de l’Union européenne et de la Ve République ?
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Message par Front Unique » 03 Jan 2013, 22:08

Mercredi 02 janvier 2013

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 232
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


A force de vivre dans leur “Monde”…

« Sous le titre: « L’Irlande, un modèle pour l’Europe en crise ? », le journal Le Monde (23 décembre) salue l’arrivée à la présidence de l’Union européenne de ce pays qui « se relève (…) après avoir subi huit budgets de rigueur » et dont « Bruxelles rêve de faire un exemple de réussite ».

Un exemple de réussite ?

Qu’apprend-on à la lecture de cette page tout entière consacrée à faire l’éloge de la situation irlandaise ?

Que « le chômage quasiment inexistant avant la crise a bondi à 14,6 % » et que « la consommation décline année après année », car « les Irlandais sont écrasés par leur dette privée, conséquence de la bulle immobilière ».

Que « les Irlandais subissent l’austérité (…).

La TVA a été augmentée, de nouveaux impôts ont été créés, les aides sociales réduites…

Ce tour de vis budgétaire est impressionnant: de 2008 à 2015, il atteindra 30 milliards d’euros, soit 20 % du PIB.

Problème: il étouffe toute reprise intérieure. »

Et que « les salariés eux-mêmes se sont serrés la ceinture: les salaires ont au mieux stagné ou pire reculé, souvent de 10 à 15 % selon ses secteurs ».

Chômage, austérité, réduction des salaires et des aides sociales, endettement, faillite de centaines de milliers de foyers populaires: un exemple à suivre ?

C’est que, voyez-vous, les banques, hier en faillite, vont mieux, grâce au renflouement de l’Etat (à hauteur de 55 % du PIB !).

C’est d’ailleurs au nom de ce renflouement que le peuple irlandais se voit imposer le fameux « plan de sauvetage » du FMI.

Autre élément positif, pour Le Monde: « Les Irlandais ont — relativement — facilement accepté l’austérité » (1).

Décidément, à force de vivre dans leur « Monde »… ces gens-là ne se rendent même plus compte de ce qu’ils écrivent…

Au fait: eux-mêmes le croient-ils, que le scénario irlandais va s’imposer « relativement facilement » dans d’autres pays ?

En France par exemple ?

On est en droit d’en douter.

Ainsi, deux jours plus tôt, le même quotidien laissait échapper cet amer regret, concernant la situation en France: « Sauf miracle, aussi peu probable que la fin du monde, il n’y aura pas de compromis historique sur l’emploi entre les syndicats et le patronat. »

« Spécialiste » favorable à l’intégration des syndicats, Michel Noblecourt dénonce ici les résistances auxquelles se heurte, en particulier dans les confédérations CGT et Force ouvrière, le compromis historique exigé par Hollande.

Les plans d’austérité que le gouvernement Hollande-Ayrault, soumis à l’Union européenne, au FMI, et au capital financier, veut imposer ne peuvent que provoquer la résistance des travailleurs unis avec leurs organisations.

De cette résistance, les signes avant-coureurs se sont multipliés à la fin 2012.

Et cela est vrai aussi de l’offensive contre la démocratie politique: la tentative de détruire les communes et la forme républicaine des institutions de l’Etat provoque déjà contre elle à Marseille, à Roanne et dans tout le pays, la levée en masse des élus.

A toutes et tous, combattants, résistants, militants, élus qui, en France et dans toute l’Europe, cherchent à se dresser dans l’unité, avec leurs organisations, contre les plans de la troïka, qu’il nous soit permis d’adresser nos pleins vœux de succès pour notre combat commun pour la démocratie et les droits ouvriers (2) !

(1) Et les 70 % d’électeurs (abstention et vote non) refusant de voter oui au référendum de juin sur l’Europe ? Et les manifestations de rue à cette occasion ?

(2) Et au journal Le Monde, nos vœux les plus sincères pour l’échec de ses espérances anti-ouvrières, corporatistes et antidémocratiques.
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Message par Front Unique » 09 Jan 2013, 23:13

Mercredi 09 janvier 2013

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 233
par Gérard Schivardi,
Secrétaire national du POI.



On lira dans ce journal (et sur le site internet du POI– NDLR) des extraits du compte rendu de la délégation d’élus de toutes tendances que j’ai conduite le 17 décembre au ministère de Mme Lebranchu.

Nous étions mandatés pour défendre la libre coopération de nos communes, face aux regroupements autoritaires décidés par les préfets en application de la loi du 16 décembre 2010.

Pendant deux heures, les représentants de Mme Lebranchu nous ont répété: « Cette loi n’est pas la nôtre, mais nous l’appliquons ! ».

Ce qui a valu la colère de mes collègues conseillers généraux PS de la Loire: « On nous a fait “monter au front”, avec pour chef de file Marylise Lebranchu, présidente de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains “FNESR”, pour dénoncer ce qui est devenu la loi de décembre 2010.

Et la gauche, majoritaire au Sénat puis à l’Assemblée nationale, n’a pas suspendu cette loi (sinon la seule invention du conseiller territorial).

Pire même, le mouvement de concentration antidémocratique est accéléré et amplifié ! ».

Je comprends l’exaspération de Bernard Jayol, confronté non seulement à l’annexion de vingt communes au Grand Roanne, mais également au projet de loi: « acte III de la décentralisation » préparé par Mme Lebranchu.

Car si cette loi voyait le jour, la République des 36 000 communes et des départements exploserait en autant de « territoires » concurrents: là, une métropole marseillaise absorbant une centaine de communes; ici, la métropole lyonnaise s’attribuant les compétences d’une partie du département du Rhône et de la région; ici encore, des « communautés métropolitaines » gérant ce qui restera du RSA; en Lozère, en Creuse, ailleurs, la désertification; en Alsace, la fusion de deux départements et de la région avec droit de déroger au Code du travail et aux programmes nationaux de l’école.

Le projet de Vincent Peillon organisant « l’école autour d’un projet éducatif territorial » ne participe-t-il pas de cet éclatement de l’école de la République ?

C’est une question de fond que soulèvent mes collègues conseillers généraux socialistes, celle de la démocratie, à savoir qu’on ne peut se faire élire contre une loi et ensuite l’appliquer.

Je comprends d’autant plus leur colère que j’ai milité pendant vingt-trois ans au Parti socialiste, et que ma rupture fut motivée précisément par son renoncement à défendre les communes et la République et par son alignement sur l’Union européenne.

Pour ma part, j’ai ultérieurement tiré la conclusion qu’il fallait jeter les bases d’un autre parti ouvrier, et c’est ce qui m’a conduit à constituer, avec des militants d’autres courants, le POI !

Force est de constater que ces questions se posent à nouveau dans le choc entre le mandat des élus et la politique du gouvernement défendue par Mme Lebranchu, ce qui, à mon avis, place le POI devant une double responsabilité.

D’une part, aider au rassemblement sans exclusive de tous ceux qui veulent reconquérir le rétablissement du « libre choix des communes de s’associer et de se dissocier librement dans le cadre de la coopération intercommunale conformément au mandat explicite de la population ».

D’autre part, organiser la discussion libre entre les élus qui veulent défendre la République, mais aussi avec les syndicalistes engagés dans la défense des statuts et des conventions collectives menacés par la territorialisation et la privatisation des services publics.

C’est le sens de la discussion que le POI ouvre dans son congrès ouvert, auquel j’invite mes collègues à participer, les 31 mai, 1er et 2 juin prochains.
Front Unique
 
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Message par Front Unique » 19 Jan 2013, 11:16

Mercredi 16 janvier 2013

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 234
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


Le choc qui vient

Il est rare que la presse capitaliste anglo-saxonne dresse des lauriers à la France.

C’est pourtant le cas ces derniers jours.

Le gouvernement français est félicité à la fois pour son intervention au Mali et pour la conclusion de l’accord Medef/CFDT dans lequel le Wall Street Journal voit « une victoire pour les employeurs », qui « gagnent une nouvelle flexibilité », et le Financial Times une « percée majeure » dans un système particulièrement « rigide ».

Guerre au Mali, accord Medef/CFDT: le gouvernement Hollande-Ayrault agit comme fidèle serviteur des intérêts de la classe capitaliste.

C’est en son nom qu’il mène la guerre à l’extérieur, poursuivant l’aventure libyenne et étendant la politique de dislocation des nations à toute la région: après la Libye, le Mali, et demain l’Algérie ?

C’est au nom des mêmes intérêts qu’il mène la guerre à l’intérieur contre sa propre classe ouvrière dont il voudrait briser le cadre des garanties collectives.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Les Echos ne s’en cachent pas: « L’accord majoritaire en entreprise devient le socle de référence du dialogue social. »

C’est vrai: si gouvernement et Parlement parvenaient à transcrire dans la loi l’accord Medef/CFDT, c’est le Code du travail qui serait menacé de pulvérisation, tandis que les confédérations syndicales verraient leurs prérogatives réduites à peau de chagrin (les patrons obtenant toutes facilités de déroger aux accords collectifs, par exemple en baissant les salaires, ou en augmentant le temps de travail, ou en imposant la mobilité « dans le cadre de l’entreprise »).

Il reste — et c’est le plus important — que même les plus enthousiastes regrettent que ce résultat soit « empoisonné », comme l’écrit le quotidien Die Zeit, par le refus des confédérations CGT-Force ouvrière et CGT d’apposer leur signature (1).

Le « compromis historique » revendiqué par Hollande est ici mis en échec, reflétant le rejet grandissant de sa politique dans tous les secteurs de la population.

Certes, un large spectre d’union sacrée semble appuyer, pour l’heure, l’intervention au Mali (2).

Certes, le gouvernement — logique avec sa ratification du TSCG et sa soumission à l’Union européenne — affirme vouloir transposer au plus vite l’accord scélérat Medef/CFDT.

Mais, prenant appui sur ses organisations, la classe ouvrière n’a pas dit son dernier mot: un choc se prépare (3).

Le combat contre la guerre sociale déclenchée par le gouvernement Hollande-Ayrault à l’intérieur rejoint le combat contre la guerre déclenchée à l’extérieur contre le peuple malien.

Comment aider les travailleurs et les jeunes, la population à avancer dans ce sens ?

C’est à répondre à cette question que se consacreront les travaux du conseil fédéral national (CFN) du Parti ouvrier indépendant qui se réunit ces 19 et 20 janvier.

_____
(1) Die Zeit regrette aussi que la volonté de Hollande de « suivre le modèle allemand » se soit brisée sur le refus de signature des deux confédérations.
(2) On ne confondra pas l’aspiration légitime du peuple du Mali à recouvrer son unité et sa souveraineté avec les motivations de l’intervention française qui poursuit ici sa politique de dislocation des nations entamée en Libye…
(3) Certains, à la gauche du PS, critiquent le caractère « inégal » de l’accord (trop favorable aux patrons) et revendiquent « un rééquilibrage ». Même son de cloche dans L’Humanité, qui titre un article : « Un cheval, une alouette ». Rééquilibrage ? Amendement ? Non : unité des travailleurs et de leurs organisations indépendantes pour imposer le retrait, purement et simplement !
Front Unique
 
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Message par Zorglub » 19 Jan 2013, 18:31

(Front Unique @ samedi 19 janvier 2013 11:16 a écrit : Mais, prenant appui sur ses organisations, la classe ouvrière n’a pas dit son dernier mot: un choc se prépare (3).

Même pour les éditos, IO ne peut s'empêcher de mettre des notes en bas de page. :altharion:
Là où c'est moins comique, c'est que ces mêmes organisations, sur lesquelles devraient prendre appui la classe ouvrière, ont accepté d'aller "discuter" avec le Medef.
Les syndicats négocient, mais IO dénonce la "soumission à l'UE" de ce gouvernement.
La bourgeoisie française peut dormir tranquille.
Zorglub
 
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Message par Front Unique » 23 Jan 2013, 22:46

Mercredi 23 janvier 2013

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 235
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


« Ni amendable ni négociable: l’accord Medef/CFDT ne doit pas devenir loi. Unité pour le retrait ! »
Retour sur un accord et ses suites.


Le gouvernement est pressé: le 6 mars, le Conseil des ministres examinera pour adoption le projet de loi transposant l’accord Medef/CFDT sur « la sécurisation de l’emploi ».

Un accord (cf. notre précédent numéro) qui prétend démanteler le Code du travail, faciliter licenciements, déréglementation et baisse des salaires, et remettre en cause les prérogatives des confédérations syndicales.

Un accord que la présidente du Medef, Laurence Parisot, a salué comme « potentiellement historique », et qui a arraché ce cri du cœur à un responsable syndical: « Un accord scélérat, encore un. Tout bénéfice pour le patronat. Les patrons pourront licencier plus facilement… pour “sécuriser l’emploi”. Cherchez l’erreur ! L’accord sur la sécurisation de l’emploi trahit les intérêts du salariat. Pour ceux qui signent cet accord, c’est la capitulation totale. Honte à la CFDT ! »

A l’heure où tombe le plan de 7 500 suppressions d’emplois à Renault, venant après les plans de PSA, Mittal et combien d’autres, cet accord touche aux problèmes les plus angoissants pour toute la population laborieuse.

Sans doute François Hollande a-t-il enregistré le refus de signer de la CGT et de la CGT-Force ouvrière comme un échec pour l’objectif qu’il s’était fixé: le « compromis historique ».

Il ne désarme pas pour autant, décidé à satisfaire aux exigences de déréglementation et de balkanisation des droits ouvriers qu’implique son allégeance au TSCG, à l’Union européenne et au capital financier.

C’est pourquoi il convoque une nouvelle conférence sociale en juillet.

C’est pourquoi, aussi, il invite les organisations syndicales, signataires et non signataires, à participer à l’élaboration du projet de loi (1).

Cela pose une question: peut-on amender une loi dont la seule fonction est de détruire les droits ouvriers ?

C’est ce que proposent les parlementaires de la « gauche » du Parti socialiste.

C’est ce que revendique aussi André Chassaigne, président (PCF) du groupe du Front de gauche à l’Assemblée nationale.

Interrogé par Paris Match (« Le Front de gauche va-t-il se battre pour réorienter le sens de ce texte ? »), il répond: « Bien sûr, il n’est pas question pour nous de nous aligner derrière une volonté gouvernementale de ne pas toucher une ligne du texte (…). Quand un texte est proposé, on est là pour montrer les insuffisances, pour l’amender. »

Le conseil fédéral national du Parti ouvrier indépendant, pour sa part, a décidé de mener campagne pour aider à la réalisation de l’unité des travailleurs et de leurs organisations sur une exigence: le retrait, pur et simple, de l’accord Medef/CFDT et du projet de loi que le gouvernement prétend en tirer.

C’est le premier pas pour bloquer la politique d’un gouvernement qui — de la réforme Peillon à la contre-réforme des retraites en préparation, en passant par l’acte III de la décentralisation — se contente d’exécuter les injonctions de la troïka (Union européenne, FMI, Banque centrale européenne) et du capital financier.

Ni amendable ni négociable: l’accord Medef/CFDT ne doit pas devenir loi.

Unité pour le retrait !

(1) A quoi Bernard Thibault répond, le 18 janvier, qu’il enregistre « avec satisfaction que (…) la CGT aura voix au chapitre », précisant: « Nous allons avoir des séances de travail très concrètes avec le ministère du Travail pour regarder le texte dans le détail. »
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Message par Front Unique » 03 Fév 2013, 20:01

Mercredi 30 janvier 2013

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 236
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


Le gouvernement s’engage sur la voie de la guerre sociale

Exagérons-nous en écrivant que le gouvernement français, en guerre au Mali, est également entré en guerre sociale contre sa propre classe ouvrière ?

Examinons les faits.

Le journal Les Echos, qui, généralement, exprime avec une certaine retenue les intérêts de la classe capitaliste, consacre un éditorial ce 23 janvier au chantage exercé par la direction de Renault.

On y lit: « La réalité économique est implacable. (…) Pour produire, la France doit gagner en compétitivité. Et les ouvriers risquent de faire office de variable d’ajustement. Pour se sauver de la faillite, les ouvriers américains ont accepté une baisse des prestations sociales financées par GM ou Chrysler. Pour sauver leurs usines, les ouvriers espagnols de Renault ont accepté une nouvelle grille salariale moins généreuse. Pour les ouvriers de l’automobile française, un nouveau contrat social est en train de s’écrire et le stylo est tenu par Renault. (…) Aujourd’hui, Renault est malade et seule une thérapie de choc semble pouvoir sauver le losange. On peut le regretter mais le point paraît atteint où il n’est plus possible de le refuser. »

N’est-ce pas un langage de guerre contre la classe ouvrière et ses garanties collectives ?

Ce qui donne au capital financier une telle arrogance, c’est la certitude qui est la sienne de disposer d’un gouvernement soumis à ses exigences, face à la déferlante des licenciements notamment.

A PSA, non seulement rien n’a été fait pour bloquer le plan, mais Moscovici a même osé déclarer « qu’il faudra sans doute aller plus loin » que les 8 000 suppressions d’emplois !

A Arcelor, c’est le gouvernement qui signe avec Mittal la liquidation de l’aciérie.

A Renault, l’Etat actionnaire ne lève pas le petit doigt.

Et maintenant, le gouvernement s’apprête à transposer dans la loi l’accord Medef/CFDT (préparé par la circulaire du ministre Sapin), un accord dont la seule fonction est de casser le Code du travail pour faciliter licenciements et baisse des salaires et ramener au niveau de l’entreprise l’ensemble des relations sociales !

Et ce n’est pas tout !

Outre ce projet de loi (à l’ordre du jour du Conseil des ministres du 6 mars), l’Assemblée nationale est appelée à voter, dans les prochains mois, le projet de loi Peillon contre l’école publique, l’acte III de la décentralisation qui veut balkaniser la République, sans parler des projets qui touchent aux retraites et à la Sécurité sociale.

C’est bien une guerre déclarée par le gouvernement contre les droits ouvriers et le mouvement ouvrier, et contre la démocratie, une guerre dont les commanditaires sont l’Union européenne, le Fonds monétaire international et le capital financier.

Les travailleurs, les partisans de la démocratie, les élus, les organisations ouvrières sont en état de légitime défense.

Légitime est le refus des confédérations CGT et CGT-Force ouvrière de ne pas signer l’accord Medef/CFDT.

Légitime l’aspiration qui monte à la mobilisation dans l’unité pour rejeter les plans d’austérité et les contre-réformes.

Comment aider au mouvement concret qui bloquera la politique du gouvernement, ouvrant la voie à la rupture avec la dictature de la troïka et empêchant ainsi que notre pays ne sombre dans une situation à la grecque ?

C’est la question centrale, au cœur de la préparation du congrès « ouvert », IVe Congrès du Parti ouvrier indépendant.
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Message par Front Unique » 10 Fév 2013, 12:09

Mercredi 6 février 2013

L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES N° 237
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.


« Pourquoi ce cri d’alarme, Monsieur Moscovici ? »

Quel objectif poursuit donc le ministre Moscovici ?

Il y a quelques jours, il a lancé: « Le niveau de l’euro est trop fort. »

Aussitôt, la presse multiplie commentaires et analyses à l’appui de cette déclaration.

L’euro est trop fort, nous disent-ils, en raison de la faiblesse du dollar, délibérément orchestrée par la Réserve fédérale pour encourager les exportations américaines.

Et du coup, les produits « made in France » ne peuvent soutenir la concurrence (évidemment déloyale) des Etats-Unis.

Conclusion de nos « commentateurs » avisés: comme les traités européens (Maastricht et TSCG) interdisent à la Banque centrale européenne le même type d’intervention, il ne reste plus à l’Europe qu’une seule variable d’ajustement, c’est de baisser le coût du travail.

L’argument n’est pas nouveau.

Il y a quinze ans, préparant la mise en place de l’euro, un certain Tietmeyer, alors président de la Banque centrale allemande, avertissait: « Nous ne pouvons plus jouer sur les taux de change. (…) Le fardeau de l’ajustement (…) reposera désormais exclusivement sur les coûts du travail nationaux. Les salaires et tous les leviers reliés aux salaires devront permettre de faire face aux différences de productivité. »

Rien de bien nouveau donc.

Alors pourquoi ce soudain cri d’alarme de Moscovici ?

Pourquoi, sinon pour justifier l’accord Medef/CFDT et le chantage exercé, à Renault et ailleurs, sur le thème: les syndicats doivent accepter les baisses de salaire sous peine de voir fermer les usines et liquider les emplois (2) ?

Cette dramatisation à outrance traduit l’inquiétude du gouvernement.

Son offensive de démantèlement du Code du travail se heurte à une résistance que matérialise en particulier le refus des confédérations CGT et CGT-FO de signer l’accord.

D’où la campagne sur la hausse vertigineuse de l’euro.

D’où, aussi, cet incroyable argumentaire adressé par le groupe PS à l’Assemblée nationale à tous les syndicats de ce pays, tentant de convaincre que l’accord signé n’est pas « favorable au patronat », que « la situation des salariés » ne va pas « se dégrader », que la voie n’est pas ouverte « à la précarisation généralisée », que « cet accord » ne fait pas « sauter les protections contre les licenciements », etc.

Plaidoyer mensonger en faveur d’une politique de destruction des garanties collectives de la classe ouvrière dictée par les seuls intérêts de la classe capitaliste.

Toute la situation appelle avec force la rupture avec l’Union européenne et les traités qui instaurent la dictature de l’euro et de la troïka.

De manière immédiate, les travailleurs sont fondés à voir dans le « non » des confédérations CGT et CGT-FO un appel à se regrouper pour résister à la destruction des droits ouvriers et mettre en échec la loi de transposition que prépare le gouvernement.

(1) 19 juin 1997.

(2) « La France a perdu plus d’un millier d’usines depuis 2009 » titrent Les Echos (5 février) qui citent un « expert »: « L’euro a augmenté de 10 % face au dollar depuis juillet 2012, ce qui pèse sur la compétitivité des entreprises. »
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