Deux citations vont illustrer mon propos :
« En fait ce que la physique quantique, dans son interprétation standard dite "de Copenhague" nous enseigne,….. »
Et plus loin :
« L'interprétation dite "de Copenhague" est la plus admise par les physiciens et les chimistes, au point que c'est en fait elle qu'on désigne sous le nom de "physique quantique".
La physique quantique nous enseigne qu’on associe à une grandeur physique un opérateur d’espace de Hilbert, postule que les seules mesures possibles de la grandeur donnée sont des valeurs propres de l’opérateur et donne une règle pour calculer la probabilité que telle ou telle mesure soit observée. Et aussi beaucoup d’autres choses. Je n’irai pas plus loin dans la description du formalisme mathématique, Matrok a précisé suffisamment de choses sur le plan technique.
Les physiciens en sont très contents, fort bien. En gros ils disent qu’ils ne savent pas faire mieux (je laisse de côté la relativité).
L’interprétation de Copenhague ne nous enseigne rien, elle expose un point de vue philosophique idéaliste sur ce à quoi s’applique la physique quantique, ce n’est pas la même chose.
On peut lire partout que cette opinion est majoritaire parmi les physiciens. J’aimerais que l’on me fournisse des statistiques autres que l’empirique constat : « à peu près tous les physiciens que je connais y adhèrent ». D’ailleurs, dans le domaine des opinions, le fait majoritaire n’est pas un critère de vérité mais un critère de décision.
Un parallèle avec le couple Newton-Kant me semble révélateur. Evidemment le choix de Kant n’est ni anodin ni aléatoire ! Quoiqu’en disent la « majorité » des philosophes des sciences Matérialisme et empiriocriticisme reste d’actualité, encore faut-il lire effectivement le livre.
Newton postule dans les Principia que :
« …..le temps absolu, vrai et mathématique, qui est sans relation à quoi que ce soit d’extérieur, en lui-même et de par sa nature coule uniformément….. ».
On sait le sort réservé à ce postulat par Einstein. On connaît aussi les magnifiques travaux basés sur les lois de Newton.
Kant a en quelque sorte fournit « l’interprétation de Königsberg de la mécanique newtonienne » en écrivant par exemple, dans son livre La Cripure de la Raison Tique (on est affreusement sérieux sur ce forum ! ) que le temps est une « forme a priori de l’intuition sensible ».
Mon humble opinion est que Kant (qui était loin d’être un ignorant en sciences) et les partisans de l’interprétation de Copenhague présentent des points de vue idéalistes sur des sciences et des pratiques qui sont parfaitement décorrélés de leur développement strictement scientifique mais intiment liés aux luttes idéologiques d’une époque.
Donnons un exemple par souci de précision et pour éviter l’accusation de pure récitation dogmatique.
L’un des titres de gloire de la mécanique newtonienne est la belle histoire de la découverte de la planète Neptune grâce au calcul. Adams et Le Verrier utilisèrent la physique de Newton et des mathématiques. Ils n’eurent pas besoin de l’esthétique transcendantale.
Je pourrai aussi parler d’orbitales atomiques mais il faut savoir arrêter un post….
Bon, je sais bien que le professeur de philosophie enseigne la philosophie comme le professeur de physique enseigne la physique. Un point de vue parfaitement positiviste serait de dire que pour l’étudiant tout cela se vaut, l’important en philo comme en physique c’est d’être reçu à l’examen ! Peut-être faut-il prendre garde à distinguer les différents usages du verbe « enseigner ».