Bon, chers amis chers camarades, je veux bien que l'on développe les énergies renouvelables et tout et tout. Mais au-delà de l'objectif, il y a aussi la façon... C'est pourtant ni du nucléaire ni du charbon ni du fuel, mais il y a parfois des énergies "propres" qu'on n'a pas trop envie de voir fabriquer près de chez soi...
Grand Lyon Métropole a retenu 10 projets pour "dynamiser la vallée de la chimie" en lien avec les nouveaux domaines des "énergies renouvelables et de l'environnement". Vu que la chimie, s'il en reste encore beaucoup, a quand même perdu énormément d'emplois dans le secteur.
La vallée de la chimie, ou couloir de la chimie, c'est toute cette zone le long du Rhône au Sud de Lyon, à cheval sur plusieurs communes, un peu Lyon mais surtout Saint-Fons, Feyzin, Pierre-Bénite... et sur laquelle bien des quartiers d'autres villes, comme les Minguettes à Vénissieux, ont une vue plongeante.
Revenons à nos 10 projets. Les infos accessibles sur internet à tout un chacun sont assez lapidaires, seuls sont mentionnés des noms de projets, d'entreprises, le montant des investissements (200 millions d'euros - rassurez-vous, vos impôts en représentent une grande partie) et le nombre faramineux d'emplois créés (170 à horizon... peut-être... 2022, ça dépend des projets).
Pour les heureux bénéficiaires de rares abonnements à des revues spécialisées, on peut trouver des précisions. Et là, ce n'est pas de la rigolade : la nature des projets, et leurs lieux d'implantation, sont précisés.
Le grand gagnant est Saint-Fons, ville ouvrière peuplée de maçons, de gardiens, de femmes de ménage et de chômeurs, suivie de loin par Pierre-Bénite.
Petit tour d'horizon des projets "écolo" les plus sympathiques :
- Deltalys : "solution innovante de traitement de gaz de biomasse basée sur la réutilisation de sous-produits industriels". Sur 1.800 m² à Saint-Fons, 28 emplois d'ici 2020. Cela ne nous dit pas pour autant de quels sous-produits industriels il s'agit, ni en quelle quantité.
- Suez - ValEnergy : "installation d'une plateforme de traitement et de valorisation de combustibles solides de récupération (CSR), couplée au déploiement d'une solution de production d'énergies renouvelables. 3 hectares à Saint-Fons pour... "valoriser jusqu'à 85.000 tonnes de déchets par an, pour une puissance installée entre 20 et 38 MW", et la promesse de 35 emplois d'ici 2022.
- Terbis PHP : "projette d'installer à Saint-Fons un centre de traitement des déchets carbonés par une nouvelle technologie de pyrolyse, avec le déploiement d'une solution de production d'énergies renouvelables". 3 à 4 hectares pour "valoriser 70.000 tonnes/an de déchets, pour une puissance installée de 10 MW", et 50 emplois promis pour 2021.
- Terres fertiles 2.0 : ce "groupement de six paysagistes de l'agglomération lyonnaise, implantera à Saint-Fons la première plateforme de valorisation des terres de la Métropole de Lyon. La plateforme sera un "outil de gestion et d'amélioration des terres excavées sur le territoire de la Métropole. Ces matériaux seront ainsi transformés en terres fertiles et réutilisés dans les projets d'aménagement métropolitains".
- Ain Environnement : "développera une plateforme de stockage et de préparation de biomasse (...) afin d'alimenter les chaufferies bois de la Métropole (...)", à Pierre-Bénite.
Bonjour les déchets de toute sorte, les norias de camions etc.
Les heureux habitants du Sud lyonnais avaient déjà les émanations de la raffinerie de Feyzin, d'au moins 7 usines chimiques, de 3 stations d'épuration, sans compter les émissions des véhicules sur les divers autoroutes et échangeurs routiers. Ils avaient aussi le risque chimique (explosion, incendie, gaz toxiques). Ils pourront agréablement compléter le tableau avec de l'écolo dans les interstices. Mais, comme pour faire du propre il faut d'abord du sale, ils auront surtout droit au sale !
D'ailleurs, ça a déjà commencé. Engie (l'ex-GDF) a installé un pilote de recherche sur la biomasse dénommé Gaya, qui produit du "biométhane de 2ème génération" à partir de bois, paille etc., qu'il faut bien que des camions amènent... "Environ 30 ingénieurs et techniciens" travailleront sur le site, qu'ils disaient... Mais il s'agit de personnels transférés de la région parisienne pour la plupart. Lorsqu'une riveraine a demandé lors d'une réunion d'information municipale (où Engie présentait son projet) combien d'habitants de la ville y trouveraient du travail, le représentant d'Engie avait candidement répondu "Euh... peut-être un ou deux... Il y aura bien besoin d'un gardien ou d'une femme de ménage" !
On en regretterait presque le nucléaire... Ah, de toute façon, il est un peu plus loin mais on l'a aussi !