Plestin, 4 oct, sur le fil d'origine a écrit :...L'islam n'est pas une religion d'opprimés, c'est la religion qui s'impose à une partie des opprimés, et qui concourt à les laisser précisément mariner dans leur oppression et leur soumission. Les religions d'opprimés, dans le sens "religion dans le camp des opprimés", ça n'existe pas. Je parle bien sûr des religions dans leur ensemble, pas de tel ou tel individu, ça c'est autre chose.
C'est bien ce que reflète le deuxième paragraphe figurant au dos de chaque numéro du "Pouvoir aux travailleurs", le journal de nos camarades africains de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes (UATCI), dans la rubrique "Ce que nous voulons" :
"Contribuer, par la propagande et l'éducation, à soustraire les travailleurs à toute forme d'obscurantisme, à l'influence réactionnaire de toutes les religions, chrétienne, musulmane, animiste ou autre, qui prêchent toutes la patience et l'accommodement avec l'ordre établi et qui sont parmi les meilleurs auxiliaires des classes exploiteuses".
Ces camarades militent en Côte-d'Ivoire et dans l'immigration africaine en France (immigration en provenance de nombreux pays africains aux situations différentes, Sénégal, Mali, Mauritanie, Tchad, Madagascar etc.) et recrutent y compris sur cette base. Je dis ça, histoire de ne pas se voir taxer de "LO-l'organisation-qui-ne-peut-pas-comprendre-ces-questions-parce-que-blanche-donc-nécessairement-du-côté-des-oppresseurs", comme c'est arrivé parfois.
Donc, il y a apparemment d'autres pratiques et d'autres façons d'aborder cette question de la religion dans les autres groupes d'extrême-gauche en France, mais nous, nous procédons comme ça. Avec plus ou avec moins de succès que d'autres ? Plus, je ne sais pas, mais assurément pas moins.
Après, la question de savoir comment en tant que militants on s'adresse à une personne croyante, par exemple musulmane, c'est encore autre chose... Le plus important, c'est de réussir d'abord à faire en sorte que le sentiment d'appartenir à la même classe sociale des exploités prenne le dessus sur celui d'appartenir à la même religion que le roi d'Arabie saoudite (et pas en acceptant une pirouette du genre "oui mais le roi d'Arabie, c'est pas un bon musulman").
Mais une simple discussion sur un marché ou à la sortie d'une entreprise, ça ne suffit pas. Pour avancer sur ce terrain, il faut d'abord que la personne ait compris qui elle avait en face, il faut un rapport de confiance basé soit sur une pratique commune du syndicalisme, soit sur un bon rapport de voisinage etc., et qu'elle sache que celui ou celle qui lui parle est quelqu'un qui manifeste aux côtés des sans-papiers et qui défend l'idée de l'accueil de tous les réfugiés sans discrimination. A partir de là, quand il est clair pour la personne qu'elle n'a pas affaire à un réac / raciste, tout devient possible même discuter de la religion. Et parfois on peut être surpris, quand la personne en face en rajoute même un peu au lieu de freiner... Et si ça ne marche pas, tant pis, on ne va pas se fâcher pour autant !
Donc, voilà. Avec ce processus, quelqu'un qui garderait certaines croyances religieuses mais ne ferait pas de prosélytisme, peut tout à fait rester très proche de LO, dans l'entourage immédiat si l'on peut dire, et participer à certaines activités, des réunions politiques, des petites bouffes de quartier, des diffusions de tracts etc., des choses qui, selon les critères d'autres organisations, seraient déjà de "l'interne". Mais les militants, eux, sont tous athées. Et adeptes du matérialisme dialectique. Dans mon coin par exemple, on est un bon petit groupe de LO (avec y compris des camarades d'origine maghrébine) mais de temps en temps quand on distribue des tracts sur le marché, un vieux monsieur protestant, ancien employé, veut absolument nous filer un coup de main, et il en donne plein, des tracts LO !