Ben en tout cas, c'est clair que si je me décidais à entrer dans une assoc féministe, le combat qui m'intéresserait serait bien
- comment faire pour que les jeunes femmes tracent leur vie avec le moins de pressions sociales possibles, genre si elles ne veulent pas de gosses, qu'elles assument avec légéreté, si elles veulent faire un boulot dit "d'homme", qu'elles assument avec fierté, si elles veulent faire de la politique ou de la philosophie (ce qu'il y a de mieux et qu'on laisse toujours aux hommes, disait en substance Yourcenar), mais c'est aussi valable pour maçonne ou militaire ou chirurgienne, qu'elles s'y jettent à corps perdu.
Bien sûr, qu'il y a d'autres volets dans le féminisme, bien sûr que quand le mal est fait, si une femme est violée, on est là pour elle, d'abord pour qu'elle se soigne VRAIMENT pour pouvoir guérir et passer tant que faire se peut à la suite de sa vie, ensuite pour que le violeur soit attrapé et puni, ce qui ne lui ôtera que rarement le goût de recommencer. Il en va de même si une épouse est frappée, même pendant des années si elle mettait des années à réagir, ce qui est trop souvent le cas.
Mais je ne suis pas dans une association féministe, car son volet le plus passionnant ne se développera guère sans une société aux ambitions socialistes chevillées au corps. M'enfin, ici, on connaît tous cette musique.
PS : je ne souhaite pas polémiquer ni m'énerver contre toi que j'aime bien Gaby. J'essaie juste d'enfoncer le clou qu'entre Angot et Rousseau, il n'y avait ni méchante, ni gentille, ni d'un côté une réac et de l'autre une progressiste. Juste une discussion entre deux femmes pas d'accord et aucune d'elle n'a à rougir de son point de vue. Après je n'ai lu ni "l'Inceste" d'Angot, ni "Parler" de Rousseau. Et pour Angot, je compte bien y remédier. Faut que je fasse juste un saut à la bibli.
Angot développe son point de vue dans le dernier Télérama :
La romancière revient sur les propos qu'elle a tenus, dans On n'est pas couché samedi dernier, face celle qui affirme avoir été agressée sexuellement par Denis Baupin.
Christine Angot sort de son silence. Dans une interview à Télérama, l'écrivaine revient sur le vif échange qu'elle a eu une semaine plus tôt avec Sandrine Rousseau sur le plateau d'On n'est pas couché. Critiquée pour la violence de ses propos, "je ne peux pas regretter" ce qui s'est passé, assure Christine Angot.
Samedi dernier, face à une Christine Angot survoltée, outrée qu'elle puisse demander plus de structure d'accueil de la parole des femmes victimes d'agressions sexuelles, Sandrine Rousseau, ancienne député EELV, qui affirme avoir été agressée sexuellement par Denis Baupin, avait fini par fondre en larmes. Christine Angot avait, elle, disparu dans sa loge pendant une vingtaine de minutes, avant de revenir sur le plateau. Une séquence coupée au montage.
"On demande aux femmes de revendiquer leur souffrance", lance Christine Angot. La chroniqueuse évoque à Télérama "une souffrance toujours rapportée au travail, aux tâches ménagères, aux enfants qu'il faut faire garder, au sexe, à la séduction, à l'âge, on n'en peut plus. Les femmes, il y a quand même autre chose à en dire! Autre chose à dire que: comme c'est dur d'être une femme!"
Violée par son père, la romancière est personnellement touchée par les questions de violences faites aux femmes. "Pour ce qui est de l'agression sexuelle, ou du viol, c'est une souffrance d'autant plus grande qu'elle se double d'un déshonneur, poursuit-elle. Moi, quand je l'ai vécu, j'aurais préféré être morte que de le vivre. Je dis simplement que revendiquer un statut de victime n'est pas une ambition." Ce qui, selon elle, l'oppose à Sandrine Rousseau.
Le paroxysme de l'âpreté de l'échange dans la séquence est une expression prononcée par Sandrine Rousseau: il faut "des gens formés pour recueillir la parole" des femmes agressées. "Non, ce n'est pas ça qui aide, assure à nouveau Christine Angot. On se débrouille. On ne nous laisse pas le choix. Il ne faut pas 'aider' les gens, ce n'est pas assez, il faut les sauver. Le lien qui se crée avec un psychanalyste peut sauver."
La romancière se justifie d'avoir quitté l'émission: "Je commençais à parler, et j'ai entendu des huées, à plusieurs reprises. A la télévision, il y a du public et un chauffeur de salle pour l'ambiance. Mais les huées se sont reproduites, je ne pouvais plus parler, ma tête s'est vidée. Je n'y arrivais plus, alors pourquoi rester sur le plateau? A ce moment-là, je me suis dit que je quittais l'émission. Définitivement." C'est Catherine Barma, la productrice d'ONPC qui l'a finalement convaincue de finir l'interview.