Alors j'écrirais plutôt : "
le système capitaliste butte régulièrement, ou périodiquement, sur les limites du marché solvable". C'est plus juste. Mais comme les crises cycliques sont moins visibles que par le passé (elles sont pourtant toujours là, mais pas forcément généralisées), le "régulièrement" considéré sur une moyenne période c'est presque devenu du permanent.
Il y a des
crises de surproduction qui sont caractéristiques de certaines branches d'industrie où chaque décision d'investissement se traduit par la mise en oeuvre de grosses capacités supplémentaires, parce qu'investir dans une petite capacité n'a économiquement pas de sens (on ne construit pas une mini-raffinerie de pétrole ou une mini-machine à papier, soit on en fait une grosse soit on ne fait rien). Ce supplément dépasse la capacité d'absorption du marché mais l'industriel qui investit fait le pari qu'en augmentant ses volumes il pourra baisser ses prix et emporter une plus grosse part de marché, au détriment des autres (qui fermeront des capacités). Cela découle évidemment de l'absence de planification de l'économie à l'échelle mondiale.
C'est un phénomène que l'on croise assez souvent dans la pétrochimie, et il a pris une ampleur inédite durant toute la récente période de ruée sur les
gaz de schiste aux Etats-Unis : toute l'industrie pétrochimique américaine (quelle que soit la nationalité des groupes présents) s'est mise à investir à tour de bras dans des capacités monstrueuses pour exploiter cette matière première très bon marché (et notamment l'éthane qu'elle contient), alors que le prix du pétrole avait augmenté et pénalisait plus que jamais les complexes pétrochimiques basés sur les dérivés pétroliers plutôt que gaziers. Ce faisant, elle a créé une énorme surcapacité, mais l'avantage compétitif a fait que ce sont des usines pétrochimiques basées en Amérique latine ou en Europe, voire en Asie (Japon), qui ont fermé et servi de variables d'ajustement du marché (et encore, en matière de fermetures, on n'a pas tout vu...) Dans la période antérieure c'était le Moyen-Orient qui avait l'avantage, maintenant c'est plutôt l'Amérique du Nord. Depuis le prix du pétrole a diminué et l'attrait des gaz de schiste a un peu baissé, mais il reste que l'industrie américaine dispose désormais d'un outil de production flambant neuf pour faire face à la suite des événements tandis que d'autres régions ont un outil plus ou moins obsolète, et le tout est encore surcapacitaire. La guerre économique, c'est aussi ça. Quelques illustrations extraites de la presse professionnelle ou généraliste.
(Note : un "vapocraqueur" c'est une unité pétrochimique composée d'une batterie de fours qui "craquent", transforment, des molécules d'hydrocarbures pour obtenir d'autres molécules qui serviront de briques élémentaires dans la production de divers produits chimiques de base ou de matières plastiques. Par exemple, en craquant le gaz éthane on obtient beaucoup d'éthylène, que l'on peut polymériser pour en faire le plastique polyéthylène).
Dow a finalisé la construction de son vapocraqueur de Freeport
InfoChimie. Le 02 avril 2017 par J.C.
Le projet s'est achevé avec une semaine d'avance sur le planning. Dow Chemical a finalisé la construction de son gigantesque vapocraqueur sur base éthane, le craqueur TX-9, sur son complexe de Freeport, au Texas (États-Unis). La phase de mise en service de ce mastodonte d'une capacité de 1,5 million de tonnes par an d'éthylène démarre, et le début des productions commerciales est envisagé à mi-année 2017. Le géant américain ne détaille pas le montant de l'investissement de ce projet qui s'inscrit dans une enveloppe globale de 6 milliards de dollars d'investissement pour muscler l'ensemble des productions pétrochimiques du groupe dans le Golfe du Mexique afin de profiter d'un éthane bon marché. Dow évoque toutefois qu'il s'agit d'un des projets d'éthylène les moins gourmands en capitaux en cours ou annoncés aux États-Unis. Le complexe de Freeport est désormais doté de capacités de plus de 4 Mt/an d'oléfines. Le nouveau vapocraqueur va pouvoir alimenter plusieurs unités de dérivés actuellement en construction sur le complexe et qui devraient démarrer courant 2017 et en 2018. Dow construit notamment une unité de polyéthylène (PE) amélioré de 400 000 t/an, une unité de PE basse densité de 350 000 t/an, une unité EPDM (terpolymère d'éthylène, de propylène et de diène) sur base métallocène de 200 000 t/an, ou encore une unité d'élastomères polyoléfines de 320 000 t/an.
Pétrochimie : Total mise sur le gaz de schiste américain
A. F. - Les Echos | Le 28/03/2017
Le groupe s'associe à Borealis et à Nova pour lancer un investissement à 1,7 milliard de dollars.
Un peu plus de trois ans après avoir fermé son vapocraqueur de Carling, en Moselle, Total réinvestit dans la pétrochimie... aux Etats-Unis. Le pétrolier français a annoncé lundi un projet de construction d'un nouveau vapocraqueur à Port Arthur, au Texas, d'une capacité d'un million de tonnes d'éthylène par an, ainsi que d'une usine capable de produire 625.000 tonnes par an de polyéthylène, la matière première de nombreux plastiques. Ce projet, qui représente un investissement de 1,7 milliard de dollars, sera mené par une coentreprise détenue à 50 % par Total, et à 50 % par l'autrichien Borealis et le canadien Nova.
Matière première bon marché
Le nouveau vapocraqueur sera construit sur le site de la raffinerie de Total à Port Arthur, où se trouve déjà un vapocraqueur codétenu (à 40 %) avec BASF, ce qui lui permettra de bénéficier « d'importantes synergies avec sa plate-forme intégrée de classe mondiale ", explique le groupe. L'usine de polyéthylène sera, elle, construite sur le site de Bayport (également au Texas), où le groupe exploite une usine de polyéthylène de 400.000 tonnes par an, qui sera apportée à la coentreprise.
Avec cet investissement majeur, Total veut profiter du boom du gaz de schiste américain, dont le prix est particulièrement bas : le nouveau vapocraqueur produira de l'éthylène à partir d'éthane, issu du gaz de schiste. Il sera ainsi compétitif par rapport aux installations européennes, qui produisent à partir du naphta, un dérivé du pétrole. Mais aussi, affirme le groupe, par rapport aux nombreuses usines construites depuis 2014 pour profiter de cette matière première bon marché (par Dow Chemical, ExxonMobil, Chevron Phillips Chemical, Shell...) : les prix pratiqués par les sous-traitants, plombés par la chute du baril, sont aujourd'hui particulièrement bas. « Le craqueur sera l'un des plus compétitifs aux Etats-Unis ", affirme le groupe. Selon les observateurs, les trois partenaires deviendront avec ces nouvelles usines numéro trois du polyéthylène aux Etats-Unis.
Shell confirme son complexe en Pennsylvanie
InfoChimie. Le 13 juin 2016 par J.C.
Le projet est donc confirmé. Shell va bien construire un complexe pétrochimique en Pennsylvanie (États-Unis), le long de la rivière Ohio. Sa filiale Shell Chemical Appalachia a finalisé son projet et construira comme prévu près de Pittsburgh. Le complexe, qui nécessitera un investissement de plusieurs milliards de dollars, comprendra un vapocraqueur sur base éthane et des unités en aval d'une capacité combinée de 1,6 million de tonnes par an de polyéthylène (PE). En 2014, lorsque Shell avait sélectionné ce site pour son complexe, avaient été évoquées des unités de PE haute densité (PEhd), de PEhd en suspension, et de PE basse densité linéaire.
Shell avait annoncé depuis 2011 son intention de construire un complexe pétrochimique dans la région, à proximité des gigantesques bassins de gaz de schiste de Marcellus et d'Utica. Le pétrochimiste indique qu'en plus de la facilité de l'accès au gaz, le site choisi est proche des clients. Shell assure que plus de 70 % des clients de polyéthylène en Amérique du Nord sont basés dans un rayon de 1 100 kilomètres autour de Pittsburgh. Pour nombre d'entre eux, le futur complexe de Shell sera ainsi bien plus proche que la plupart des sites pétrochimiques américains, concentrés autour du Golfe du Mexique.
La construction devrait démarrer dans environ 18 mois. Les premiers volumes seront commercialisés au début de la « prochaine décennie », précise Shell. 600 postes seront créés pour la gestion des opérations du complexe. Depuis le début de l'année, les projets pétrochimiques du groupe s'accélèrent. Aux États-Unis, Shell a démarré cet hiver la construction d'une unité d'alpha-oléfines linéaires sur son complexe de Geismar en Louisiane. En Chine, le groupe vient par ailleurs d'annoncer un doublement des capacités pétrochimiques de son site de Huizhou dans le cadre de sa coentreprise avec CNOOC. Au total, Shell Chemicals écoule sur les marchés mondiaux 17 Mt/an de matières pétrochimiques. Ses complexes principaux se situent à Singapour, aux Pays-Bas et en Amérique du Nord. L'an dernier, son projet d'établir un complexe au Qatar avait en revanche été abandonné.
ExxonMobil remet une couche de polyéthylène au Texas
InfoChimie. Le 21 novembre 2016 par Julien Cottineau
Le géant pétrochimique américain rallonge à nouveau ses investissements dans le Golfe du Mexique pour profiter toujours plus des matières premières à bas prix. ExxonMobil se lance ainsi dans la construction d'une unité de 650 000 t/an de polyéthylène sur son complexe de Beaumont, au Texas.
Alors que les premiers grands projets pétrochimiques lancés ces dernières années aux États-Unis vont démarrer, les investissements continuent de s'accumuler. Avec l'aubaine des gaz de schiste et la disponibilité de pétrole et de gaz à bas coûts, les producteurs américains voient toujours plus grand. À l'image du géant pétrochimique local, ExxonMobil, qui veut encore augmenter ses capacités de polyéthylène. Le projet concerne son site de Beaumont, au Texas. Il porte sur une augmentation de 65 % des capacités de polyéthylène de ce site qui dispose déjà de capacités de 1 million de tonnes par an, en ajoutant une seule gigantesque unité de 650 000 t/an. Selon Chemical Week, les capacités actuelles atteignent déjà 1,2 Mt/an à Beaumont, réparties en six lignes : une pour du polyéthylène haute densité (HDPE), trois pour du basse densité linéaire (LLDPE) et deux pour du basse densité (LDPE). ExxonMobil n'a pas précisé le ou les types de polyéthylène que produirait la future unité dont la mise en service est envisagée pour 2019. Le groupe indique que les premiers travaux de construction ont déjà démarré. En parallèle, l'ingénieriste Jacobs a révélé avoir obtenu le contrat pour l'ingénierie d'avant-projet, le design détaillé et la construction, ce qui inclut aussi les utilités comme les pipelines d'interconnexion et les voies ferrées.
Augmenter de 40 % ses capacités américaines de polyéthylène
L'objectif du projet est de mieux répondre à la demande en plastiques de haute performance, notamment pour les applications dans l'emballage. Cette extension des capacités de polyéthylène du complexe de Beaumont s'inscrit dans le vaste plan d'investissement, de plusieurs milliards de dollars, engagé par ExxonMobil pour accroître ses capacités d'oléfines et de polyoléfines aux États-Unis. Des efforts qui se concentrent au Texas. À Baytown, le groupe construit un vapocraqueur sur base éthane d'une capacité de 1,5 Mt/an d'éthylène tandis qu'à Mont Belvieu sont en cours de construction de deux lignes de polyéthylène similaires à celle qui sera ajoutée à Beaumont. Ces deux lignes de 650 000 t/an chacune devraient être opérationnelles mi-2017. Au total, ExxonMobil précise que ces projets lui permettront d'augmenter de 40 % ses capacités américaines de polyéthylène, avec près de 2 Mt/an de capacités supplémentaires. Ce qui fera des complexes texans le premier centre mondial de production de polyéthylène pour ExxonMobil.
Et le géant américain pourrait ne pas s'arrêter là. Cet été, avait été révélé que le groupe étudiait avec le géant pétrochimique saoudien Sabic la possibilité de construire un complexe dans le Golfe du Mexique. Un projet dantesque puisqu'il est question d'un vapocraqueur d'une capacité de 1,8 Mt/an et d'unités de dérivés comme du polyéthylène et du mono-éthylène glycol.
Enfin, à Beaumont, ExxonMobil a également engagé des investissements pour augmenter les capacités de la raffinerie et pour la construction d'une unité de diesel et d'essence à très faible teneur en soufre.
Il y a encore plein d'autres exemples.
Du coup, les acteurs européens, sud-américains ou asiatiques qui se sentent menacés, réagissent en décidant carrément d'importer du gaz de schiste américain (ou l'éthane qu'il contient) pour s'en servir de matière première bon marché et résister à la concurrence américaine. Cela se traduit tantôt par la construction d'usines ou d'unités nouvelles, tantôt par l'adaptation des usines existantes afin qu'elles puissent utiliser l'éthane en question. Par exemple, chez Ineos en Ecosse et en Norvège, Borealis en Suède, SABIC en Angleterre, Reliance en Inde, Braskem au Brésil et au Mexique...
Le boom à l'export de l'éthane américain
InfoChimie. Le 01 septembre 2014 par Julien Cottineau
La stratégie d'Ineos fait des émules. Avant l'été, le pétrochimiste européen était le seul à s'être engagé dans des projets d'importation d'éthane américain bon marché, grâce à la révolution des gaz de schiste outre-Atlantique. Dès 2012, Ineos s'engageait pour alimenter son vapocraqueur de Rafnes, en Norvège, avant de déployer le concept sur son complexe de Grangemouth, en Écosse. Alors que les vapocraqueurs sur base gaz sont rares en Europe, et que l'exploitation des gaz de schiste est encore très loin de devenir une réalité industrielle, deux autres acteurs emboîtent le pas sur le Vieux continent. Borealis a dévoilé ses ambitions début août. Le groupe basé en Autriche et détenu à 64 % par IPIC (Abu Dhabi) et à 36 % par l'Autrichien OMV, articule son projet sur son complexe pétrochimique de Stenungsund, en Suède. Borealis projette d'abord de moderniser son vapocraqueur. L'installation actuelle, dotée de capacités de 625 000 tonnes par an d'éthylène, est déjà particulièrement flexible puisqu'elle peut être alimentée en naphta, en éthane, en propane et en butane. Borealis a aussi signé un contrat de 10 ans avec Antero Resources pour obtenir des approvisionnements de 240 000 t/an d'éthane depuis les États-Unis, et a signé avec Navigator Holdings un accord pour le transport par voie maritime. L'armateur spécialisé dans le transport de gaz s'est d'ailleurs engagé à construire un navire pour ce faire. Enfin, Borealis a signé avec l'ingénieriste TGE Gas Engineering pour la construction d'un stockage réfrigéré d'éthane à Stenungsund. Ce projet de stockage, allié à la modernisation du vapocraqueur, devrait nécessiter une enveloppe globale d'investissements de 120 M€. Tout doit être opérationnel pour 2016.
« Il n'y a pas que les Européens sur le coup »
Au Royaume-Uni, Sabic se lance lui aussi dans l'aventure. Le géant saoudien convertira sur base éthane son vapocraqueur de Teeside, à Wilton, d'ici 2016. Actuellement, il dispose sur place de capacités de 865 000 t/an d'éthylène, de 400 000 t/an de propylène et de 100 000 t/an de butadiène. Sabic n'a pas dévoilé le montant de l'investissement, le qualifiant simplement de « majeur ». La presse britannique rapporte que le gouvernement allouera au projet une enveloppe de 9 M de livres (11,3 M€).
Mais il n'y a pas que les Européens sur le coup. Reliance Industries importera aussi de l'éthane américain pour alimenter ses vapocraqueurs en Inde. Le conglomérat indien a conclu des accords portant sur un total de 1,5 Mt/an pour le stockage et l'acheminement d'éthane depuis l'Amérique du Nord à partir du second semestre 2016. D'autre part, Reliance a passé une commande de 723 M$ (près de 550 M€) auprès du Sud-Coréen Samsung Heavy Industries pour la construction de six transporteurs d'éthane, selon la presse américaine. Des navires de 87 000 m3 chacun, une capacité inédite au monde. La livraison est prévue pour fin 2016. Reliance construit aussi une vaste unité en Inde pour la réception et le stockage de cet éthane américain, ainsi qu'un pipeline pour l'acheminer vers ses complexes. Le groupe va enfin lancer un programme de modernisation de ses vapocraqueurs existants pour augmenter leur flexibilité et leurs capacités de craquage d'éthane. À Jamnagar, Reliance construit actuellement un vapocraqueur géant sur base gaz d'une capacité de 1,4 Mt/an, dont l'entrée en service est programmée pour 2015. Soit presqu'autant que ses capacités actuelles en Inde, évaluées à 1,9 Mt/an par Chemical Week.
La question se pose désormais. Après la frénésie des projets pétrochimiques aux États-Unis, va-t-on assister à une frénésie des projets d'exportations d'éthane depuis les États-Unis ?
Ineos prêt à investir 2 milliards d'euros en Europe
InfoChimie. Le 19 juin 2017 par Julien Cottineau
Le Britannique prévoit d'injecter 2 milliards d'euros en Europe pour ses capacités pétrochimiques. En premier lieu, il songe à construire une usine de déshydrogénation de propane de 750 000 t/an. Le site n'est pas encore déterminé, mais le complexe d'Anvers en Belgique partirait favori. En second lieu, Ineos va porter la capacité de chacun de ses vapocraqueurs en Écosse et en Norvège à 1 Mt/an.
À la tête de près de 4,5 millions de tonnes par an de capacités d'éthylène et de propylène en Europe.
Le groupe britannique repart à l'offensive. Après avoir investi 2 milliards de dollars pour être le premier pétrochimiste à importer de l'éthane américain issu des gaz de schiste en Europe, Ineos s'apprête cette fois-ci à enclencher l'un des plus importants investissements dans l'histoire de la pétrochimie du Vieux Continent. Trois projets sont sur la table, pour un montant d'investissement global estimé à environ 2 Mrds € ! Ineos, à la tête déjà de près de 4,5 millions de tonnes par an de capacités d'éthylène et de propylène en Europe, se décrit toutefois comme le principal acheteur sur le continent d'éthylène et de propylène. Et souhaite ainsi remédier à ce souci en se renforçant lui-même.
Le principal projet concerne la construction d'une usine de déshydrogénation de propane (PDH), dotée de capacités pour la production de 750 000 tonnes par an de propylène. Soit une envergure de taille mondiale, voire une des plus grandes au monde pour ce type d'usine. Selon un porte-parole du groupe, une décision définitive devrait être prise d'ici la fin de l'année. Le projet nécessiterait entre trois et quatre ans pour être concrétisé. Plusieurs sites sont à l'étude pour cette usine de PDH, avec l'idée de la combiner avec des actifs existants. Toutefois, le site d'Anvers, en Belgique, apparaît comme un des choix les plus attractifs, selon Ineos. Dans la vaste zone industrielle d'Anvers, il détient déjà des actifs de production via ses divisions Ineos Phenol (à Doel), Ineos Oxide (Zwijndrecht) et Ineos Olefins et Polyolefins Europe (Lillo). C'est aussi à Anvers que le groupe prévoit de construire un gigantesque site de stockage de butane pour alimenter son complexe de Cologne, en Allemagne, et éventuellement son vapocraqueur Naphtachimie, sa coentreprise à parts égales avec Total, à Lavéra (Bouches-du Rhône).
L'équivalent d'un nouveau vapocraqueur de taille mondiale en Europe
Le second volet du plan d'investissement concerne l'ajout de près de 900 000 t/an de capacités d'éthylène en Europe ! Soit « l'équivalent d'un nouveau vapocraqueur de taille mondiale », se réjouit Jim Ratcliffe, fondateur et président du groupe. Ces capacités additionnelles concernent deux vapocraqueurs d'Ineos : celui de son gigantesque complexe de Grangemouth, en Écosse, et celui du site de Rafnes, en Norvège. Soit les deux complexes qui ont directement bénéficié de solides enveloppes, ces dernières années, pour traiter l'éthane issu des gaz de schiste qu'Ineos importe depuis les États-Unis. Chacun des deux vapocraqueurs dispose de capacités de 600 000 à 700 000 t/an d'éthylène. L'objectif serait de porter chacune de ces capacités au-delà de 1 Mt/an, à un horizon de trois à quatre ans.
« Ces projets d'expansion et de nouvelles constructions vont accroître notre autosuffisance dans les principaux oléfines et viendront soutenir nos activités de dérivés et de polymères en Europe », souligne Gerd Franken. Le p-dg d'Ineos Olefins et Polymers North précise aussi que « tous nos actifs vont ainsi bénéficier de notre capacité à importer des matières premières compétitives depuis les États-Unis et le reste du monde ».
Braskem va craquer de l'éthane américain au Brésil
InfoChimie Le 29 mars 2016 par J.C.
Le géant pétrochimique brésilien se lance lui aussi dans l'importation d'éthane américain. C'est la première fois qu'un opérateur sud-américain s'engage dans un tel projet alors qu'Ineos a ouvert la voie en Europe et qu'ailleurs dans le monde seuls des groupes indiens s'y préparent. Le projet de Braskem porte sur un investissement de 380 millions de reals (environ 93 M€) qui sera déployé sur son complexe pétrochimique de Camaçari (Bahia, Brésil). Une enveloppe qui doit permettre d'adapter le vapocraqueur, actuellement sur base 100 % naphta, afin qu'il puisse être alimenté à hauteur de 15 % en éthane. Ce qui permettrait à Braskem de porter sa part d'éthane à 20 % dans ses matières premières pour ses productions pétrochimiques au Brésil, contre 15 % aujourd'hui. Le reste étant entièrement sur base naphta. Les investissements doivent permettre aussi d'adapter les infrastructures portuaires du terminal d'Aratu (Bahia) pour ensuite acheminer à Camaçari l'éthane par pipeline. Braskem a conclu un accord à long terme avec l'Américain Enterprise Products pour être livré en éthane à partir du second semestre 2017. L'éthane sera acheminé depuis le port de Morgan Point, près de Houston (Texas, États-Unis) et transporté par des navires spéciaux sous forme liquéfiée à -90 °C. À Camaçari, Braskem dispose en aval d'unités de polyoléfines (polypropylène, polyéthylène haute densité, basse densité et basse densité linéaire), ou encore de chlore de PVC et d'EVA.
Braskem Idesa démarre au Mexique
Chemical Week rapporte que Braskem Idesa a commencé à injecter de l'éthane dans le vapocraqueur de son complexe pétrochimique Etileno XXI à Coatzacoalcos, au Mexique (CPH n°608). La coentreprise entre Braskem (75 %) et Grupo Idesa (25 %) devrait démarrer fin mars sa première ligne de polyéthylène (PE). Le complexe comprend un vapocraqueur de 1,05 Mt/an, et des unités de PE haute densité (750 000 t/an) et de PE basse densité (300 000 t/an).
Bref, l'industrie est en train de créer des surcapacités gigantesques et ça ne devrait pas tarder à faire très mal... soit à ceux qui n'auront pas investi, ou pas suffisamment, soit à ceux qui seront empêtrés dans des difficultés financières au premier retournement de conjoncture...
Contrairement à une idée très répandue : Plus la productivité du travail est importante, plus le taux de profit baisse ! (je sens qu'on est parti dans une longue discussion sur ce point)
Pour ma part je suis d'accord.