Les signes de la crise qui vient

Marxisme et mouvement ouvrier.

Re: Les signes de la crise qui vient

Message par logan » 16 Oct 2017, 20:01

Je vois que tu ne réponds pas à mes principales objections. Dont acte.

les guerres du 19ème siècle (de conquêtes, de colonisation, aboutissant à la formation du marché mondial) n'ont rien à voir avec les guerres du 20ème siècle, illustration de la barbarie dont parlent Rosa Luxemburg et Trotsky (plus rien à conquérir, tout à détruire).

ah bon. Peux-tu expliquer la différence ?
pas de révolution socialiste victorieuse grâce aux staliniens et socio-démocrates, béquilles du système, et à notre isolement donc nos difficultés à construire (pour l'instant) le parti révolutionnaire digne de ce nom. Mais on y travaille!

On est pas loin d'une vision complotiste. modération Tout est en place pour la révolution mais les méchants staliniens et socio democrates nous en empechent.
Comment nous en empechent ils ? Du concret. En interdisant nos journaux comme en 1917/1918 en Allemagne et en Russie ? En tabassant les diffuseurs de tracts dans les marchés et dans les entreprises commes dans les années 50/60 ? En assassinant les leaders comme Noske en Allemagne et Staline en URSS ?

Non rien de tout cela. Aucune nécessité de tout cela aujourd'hui, tant l'influence des révolutionnaires est réduite.
Elle est réduite simplement parce ques le prolétariat français et européen (sauf grec pêut etre) n'en a rien à faire de la révolution. Nous ne sommes ni dans une situation révolutionnaire ni pré révolutionnaire. Nous sommes dans les dernières heures du financiarisme : un système d'illusionnistes assurant un minimum de confort même aux sans-travail (chomage/RSA). Une période grise et molle où les repères sont perdus et où rien n'est possible, ou si peu.
Mais c'est sur le point de changer justement.
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par Plestin » 17 Oct 2017, 06:58

Je ne sais pas si je vais parvenir à m'expliquer correctement car je ne suis pas un "pro" des mécanismes financiers, mais voilà.

Il faut aussi, je pense, tenir compte du fait que le système capitaliste butte en permanence sur les limites du marché solvable. Le marché n'est pas illimité, son maximum forme comme un "plafond de verre", au-delà de cette limite il est inutile de développer les forces productives pour répondre à un marché solvable qui n'existe pas. C'est un peu ça le côté "crise permanente" qui finit par ne plus ressembler à une crise, et l'explication du développement de la sphère financière.

Sauf que d'une part, ce "plafond de verre" se réhausse lentement par la simple augmentation de la population générale de la planète, parce qu'il faut bien que tout ce monde-là mange un peu, s'habille un peu... même si la situation est très différente d'un point à l'autre de la terre. Et ça fait un petit surcroît de marché. Mais pas toujours, du fait des guerres qui affectent certaines parties de la planète.

Et puis, surtout, le capitalisme mondial a bénéficié de quelques "bouffées d'oxygène" avec la réintégration dans le marché mondial de pays relativement autarciques (quelle qu'en soit la raison) comme la Chine, l'Inde, la Russie et les autres républiques de l'ex-URSS... Cela a redonné un petit coup de fouet au système parce qu'il a été possible de rebattre un peu les cartes, mais on est déjà arrivé aux nouvelles limites... Et cela s'est aussi traduit par des destructions massives de forces productives en même temps que la création de nouvelles. On pense souvent aux fermetures en Europe de l'Ouest ou aux Etats-Unis pour cause de délocalisation, mais on oublie en général que les pays "d'accueil" des activités délocalisées en question ont eux-mêmes connu un nombre gigantesque de fermetures d'entreprises : c'est le cas en Europe de l'Est, en Chine (où certaines régions comme la Mandchourie ont particulièrement "morflé"), en Russie, Pologne, Tchéquie etc.

Aujourd'hui, cette petite embellie en trompe-l'oeil est terminée, le "plafond de verre" des limites du marché planétaire se fait à nouveau sentir, et les marges de manoeuvre sont devenues quasi-inexistantes : ce ne sont pas l'éventuelle réintégration dans le marché mondial de Cuba et de la Corée du Nord qui vont pouvoir créer un faux-semblant suffisant.

La crise permanente c'est un peu ça, même si le terme n'est pas évident à admettre. Et les phénomènes tels que la crise de 2008-2009 on peut aussi bien les considérer comme des exacerbations que comme des crises spécifiques vu qu'elles s'appuient sur la mise en place de schémas bien particuliers (rien n'interdit à ce qu'il y ait deux crises en même temps après tout), l'essentiel je crois c'est de comprendre que les petites bouffées d'oxygène du capitalisme c'est terminé et donc que la tournure des événements n'en sera désormais que plus violente : en matière de crises ou de bulles financières, comme en matière de guerre économique et bien sûr de guerre purement et simplement militaire, moyen aussi très efficace de rebattre les cartes au profit d'un impérialisme à l'intérieur d'un ensemble fini... (Le taux de croissance de l'économie mondiale n'est que très peu supérieur à la croissance de la population mondiale il me semble).

Et c'est là, pour en revenir au schéma initial, que l'on comprend le rôle massif des Etats pour venir au secours du système ou plutôt des capitalistes les plus puissants en chair et en os.
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par bradley » 17 Oct 2017, 08:27

Effectivement, Plestin, de brefs rebonds conjoncturels étaient possibles, Lénine comme Trotsky les intégrant dans leurs analyses, mais sur fond de destruction massive de forces productives et de transformation elle-même massive de forces productives en forces destructrices (autre exemple, la destruction de la terre, des mers et du milieu naturel, forces productives potentielles quand l'utilité sociale reste le moteur de l'intervention humaine).
Logan, il suffit de constater la politique des appareils bourgeois à la tête des organisations ouvrières dans leur soutien aux institutions européennes et aux institutions de la Cinquième république entièrement dévouées aux intérêts du capital financier et dans leur acharnement à éviter toute grève générale, tout blocage du pays, en distillant division et démoralisation, en valorisant le dialogue social au seul profit des capitalistes et de leur gouvernement Macron-Philippe.
Macon est suspendu en l'air, il représente officiellement 15% des inscrits et ne tient que par les appareils, Mélenchon jouant sa partition en revendiquant le poste de premier ministre de cohabitation avec Macron!

Je te rappelle qu'une situation révolutionnaire puis une révolution peuvent respectivement se créer et éclater sans même de parti révolutionnaire digne de ce nom (les bolcheviks étaient encore ultra-minoritaires en février 1917), par contre ce parti sera indispensable pour que la classe ouvrière prenne le pouvoir, fédérant derrière elle toutes les couches populaires et la jeunesse.
Oui, nous pouvons dire que nous sommes dans une situation pré-révolutionnaire et qu'il faut nous préparer au basculement inévitable!
bradley
 

Re: Les signes de la crise qui vient

Message par logan » 17 Oct 2017, 21:39

plestin a écrit :" le système capitaliste butte en permanence sur les limites du marché solvable. "

Non, pas en permanence.
La plupart du temps, le capital trouve un marché solvable sans souci. On peut citer justement les 30 glorieuses. La plupart du temps et malgré la fin des colonies, aucun problème pour écouler les marchandises, grace à la hausse générale du salaire et du niveau de vie des travailleurs.

Certes, "La séparation entre la vente et l'achat implique la possibilité de crise." (Marx)
Mais la possibilité seulement.
En règle générale cette séparation ne pose pas de problème. Les marchandises trouvent preneur. Mais soudain les marchandises restent sur le le marché et/ou les usines ne produisent plus. C'est la crise de surproduction. Elle surprend tout le monde. Il s'agit donc bien d'une évènement soudain, d'une rupture, d'une cassure. Mais c'est une cassure qu'on retrouve régulièrement, à intervalles relativement réguliers.
Les crises de surproduction sont une rupture passagère... mais cyclique, faisant partie intégrante de la marche du capital.

Il faut vraiment distinguer les crises de surproduction (surproduction de marchandises cyclique) de la tendance générale (baisse tendancielle du taux de profit inter-cycles). Bien sur les crises cycliques se combinent à la tendance de la baisse tendancielle du taux de profit.

Mais ce sont 2 lois distinctes du capital, séparées et clairement identifiées par Marx.

Là ou ca se corse c'est que l'intervention étatique sans précédent dans l'économie aujourd'hui tend à lisser les crises et à tout rendre assez flou. (Et on peut avoir une crise financière sans que cela soit une crise de surproduction pour autant).

Mais c'est cette loi de baisse tendancielle du taux de profit qui plombe le système de l'intérieur.
C'est elle qui interdit aux crises cycliques de se reproduire sans fin et sans grand dommage pour le capital. Car c'est elle qui mine la reprise après la crise de surprroduction, elle qui oblige au développement de la spéculation, elle qui rend obligatoire la dévalorisation de la force de travail et in fine la destruction de forces productives, y compris la guerre.

Ce n'est pas la surproduction ou la sous-consommation qui expriment la vraie limite du capital, mais la baisse tendancielle du taux de profit.

Une métaphore pour comprendre :

Le capital est une voiture.
Elle roule correctement (cycle de croissance). Soudain elle cale. Le moteur s'arrete (crise de surproduction).
Heureusement, elle parvient à redémarrer. (reprise)
Elle cale une 2e fois. Elle rédémarre tout de meme mais roule un peu moins vite qu'auparavant. (baisse tendancielle du taux de profit).
Elle cale une 3e fois. Le chauffeur met alors de l'essence trafiquée pour accélerer sa course (spéculation, endettement). Magnifique la voiture repart de plus belle. Problème : cette essence trafiquée abime le moteur. La voiture recale et au fil des cycles, le chauffeur ajoute de plus en plus d'essence trafiquée (sponsoring de la spéculation par les banques centrales).
Au bout d'un moment, la voiture n'avance plus du tout : le moteur est HS.
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par logan » 17 Oct 2017, 21:48

J'ajoute un autre point de reflexion :

Contrairement à une idée très répandue : Plus la productivité du travail est importante, plus le taux de profit baisse ! (je sens qu'on est parti dans une longue discussion sur ce point)
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par Plestin » 18 Oct 2017, 06:53

Alors j'écrirais plutôt : "le système capitaliste butte régulièrement, ou périodiquement, sur les limites du marché solvable". C'est plus juste. Mais comme les crises cycliques sont moins visibles que par le passé (elles sont pourtant toujours là, mais pas forcément généralisées), le "régulièrement" considéré sur une moyenne période c'est presque devenu du permanent.

Il y a des crises de surproduction qui sont caractéristiques de certaines branches d'industrie où chaque décision d'investissement se traduit par la mise en oeuvre de grosses capacités supplémentaires, parce qu'investir dans une petite capacité n'a économiquement pas de sens (on ne construit pas une mini-raffinerie de pétrole ou une mini-machine à papier, soit on en fait une grosse soit on ne fait rien). Ce supplément dépasse la capacité d'absorption du marché mais l'industriel qui investit fait le pari qu'en augmentant ses volumes il pourra baisser ses prix et emporter une plus grosse part de marché, au détriment des autres (qui fermeront des capacités). Cela découle évidemment de l'absence de planification de l'économie à l'échelle mondiale.

C'est un phénomène que l'on croise assez souvent dans la pétrochimie, et il a pris une ampleur inédite durant toute la récente période de ruée sur les gaz de schiste aux Etats-Unis : toute l'industrie pétrochimique américaine (quelle que soit la nationalité des groupes présents) s'est mise à investir à tour de bras dans des capacités monstrueuses pour exploiter cette matière première très bon marché (et notamment l'éthane qu'elle contient), alors que le prix du pétrole avait augmenté et pénalisait plus que jamais les complexes pétrochimiques basés sur les dérivés pétroliers plutôt que gaziers. Ce faisant, elle a créé une énorme surcapacité, mais l'avantage compétitif a fait que ce sont des usines pétrochimiques basées en Amérique latine ou en Europe, voire en Asie (Japon), qui ont fermé et servi de variables d'ajustement du marché (et encore, en matière de fermetures, on n'a pas tout vu...) Dans la période antérieure c'était le Moyen-Orient qui avait l'avantage, maintenant c'est plutôt l'Amérique du Nord. Depuis le prix du pétrole a diminué et l'attrait des gaz de schiste a un peu baissé, mais il reste que l'industrie américaine dispose désormais d'un outil de production flambant neuf pour faire face à la suite des événements tandis que d'autres régions ont un outil plus ou moins obsolète, et le tout est encore surcapacitaire. La guerre économique, c'est aussi ça. Quelques illustrations extraites de la presse professionnelle ou généraliste.

(Note : un "vapocraqueur" c'est une unité pétrochimique composée d'une batterie de fours qui "craquent", transforment, des molécules d'hydrocarbures pour obtenir d'autres molécules qui serviront de briques élémentaires dans la production de divers produits chimiques de base ou de matières plastiques. Par exemple, en craquant le gaz éthane on obtient beaucoup d'éthylène, que l'on peut polymériser pour en faire le plastique polyéthylène).

Dow a finalisé la construction de son vapocraqueur de Freeport
InfoChimie. Le 02 avril 2017 par J.C.

Le projet s'est achevé avec une semaine d'avance sur le planning. Dow Chemical a finalisé la construction de son gigantesque vapocraqueur sur base éthane, le craqueur TX-9, sur son complexe de Freeport, au Texas (États-Unis). La phase de mise en service de ce mastodonte d'une capacité de 1,5 million de tonnes par an d'éthylène démarre, et le début des productions commerciales est envisagé à mi-année 2017. Le géant américain ne détaille pas le montant de l'investissement de ce projet qui s'inscrit dans une enveloppe globale de 6 milliards de dollars d'investissement pour muscler l'ensemble des productions pétrochimiques du groupe dans le Golfe du Mexique afin de profiter d'un éthane bon marché. Dow évoque toutefois qu'il s'agit d'un des projets d'éthylène les moins gourmands en capitaux en cours ou annoncés aux États-Unis. Le complexe de Freeport est désormais doté de capacités de plus de 4 Mt/an d'oléfines. Le nouveau vapocraqueur va pouvoir alimenter plusieurs unités de dérivés actuellement en construction sur le complexe et qui devraient démarrer courant 2017 et en 2018. Dow construit notamment une unité de polyéthylène (PE) amélioré de 400 000 t/an, une unité de PE basse densité de 350 000 t/an, une unité EPDM (terpolymère d'éthylène, de propylène et de diène) sur base métallocène de 200 000 t/an, ou encore une unité d'élastomères polyoléfines de 320 000 t/an.


Pétrochimie : Total mise sur le gaz de schiste américain
A. F. - Les Echos | Le 28/03/2017
Le groupe s'associe à Borealis et à Nova pour lancer un investissement à 1,7 milliard de dollars.

Un peu plus de trois ans après avoir fermé son vapocraqueur de Carling, en Moselle, Total réinvestit dans la pétrochimie... aux Etats-Unis. Le pétrolier français a annoncé lundi un projet de construction d'un nouveau vapocraqueur à Port Arthur, au Texas, d'une capacité d'un million de tonnes d'éthylène par an, ainsi que d'une usine capable de produire 625.000 tonnes par an de polyéthylène, la matière première de nombreux plastiques. Ce projet, qui représente un investissement de 1,7 milliard de dollars, sera mené par une coentreprise détenue à 50 % par Total, et à 50 % par l'autrichien Borealis et le canadien Nova.

Matière première bon marché

Le nouveau vapocraqueur sera construit sur le site de la raffinerie de Total à Port Arthur, où se trouve déjà un vapocraqueur codétenu (à 40 %) avec BASF, ce qui lui permettra de bénéficier « d'importantes synergies avec sa plate-forme intégrée de classe mondiale ", explique le groupe. L'usine de polyéthylène sera, elle, construite sur le site de Bayport (également au Texas), où le groupe exploite une usine de polyéthylène de 400.000 tonnes par an, qui sera apportée à la coentreprise.

Avec cet investissement majeur, Total veut profiter du boom du gaz de schiste américain, dont le prix est particulièrement bas : le nouveau vapocraqueur produira de l'éthylène à partir d'éthane, issu du gaz de schiste. Il sera ainsi compétitif par rapport aux installations européennes, qui produisent à partir du naphta, un dérivé du pétrole. Mais aussi, affirme le groupe, par rapport aux nombreuses usines construites depuis 2014 pour profiter de cette matière première bon marché (par Dow Chemical, ExxonMobil, Chevron Phillips Chemical, Shell...) : les prix pratiqués par les sous-traitants, plombés par la chute du baril, sont aujourd'hui particulièrement bas. « Le craqueur sera l'un des plus compétitifs aux Etats-Unis ", affirme le groupe. Selon les observateurs, les trois partenaires deviendront avec ces nouvelles usines numéro trois du polyéthylène aux Etats-Unis.



Shell confirme son complexe en Pennsylvanie
InfoChimie. Le 13 juin 2016 par J.C.

Le projet est donc confirmé. Shell va bien construire un complexe pétrochimique en Pennsylvanie (États-Unis), le long de la rivière Ohio. Sa filiale Shell Chemical Appalachia a finalisé son projet et construira comme prévu près de Pittsburgh. Le complexe, qui nécessitera un investissement de plusieurs milliards de dollars, comprendra un vapocraqueur sur base éthane et des unités en aval d'une capacité combinée de 1,6 million de tonnes par an de polyéthylène (PE). En 2014, lorsque Shell avait sélectionné ce site pour son complexe, avaient été évoquées des unités de PE haute densité (PEhd), de PEhd en suspension, et de PE basse densité linéaire.

Shell avait annoncé depuis 2011 son intention de construire un complexe pétrochimique dans la région, à proximité des gigantesques bassins de gaz de schiste de Marcellus et d'Utica. Le pétrochimiste indique qu'en plus de la facilité de l'accès au gaz, le site choisi est proche des clients. Shell assure que plus de 70 % des clients de polyéthylène en Amérique du Nord sont basés dans un rayon de 1 100 kilomètres autour de Pittsburgh. Pour nombre d'entre eux, le futur complexe de Shell sera ainsi bien plus proche que la plupart des sites pétrochimiques américains, concentrés autour du Golfe du Mexique.

La construction devrait démarrer dans environ 18 mois. Les premiers volumes seront commercialisés au début de la « prochaine décennie », précise Shell. 600 postes seront créés pour la gestion des opérations du complexe. Depuis le début de l'année, les projets pétrochimiques du groupe s'accélèrent. Aux États-Unis, Shell a démarré cet hiver la construction d'une unité d'alpha-oléfines linéaires sur son complexe de Geismar en Louisiane. En Chine, le groupe vient par ailleurs d'annoncer un doublement des capacités pétrochimiques de son site de Huizhou dans le cadre de sa coentreprise avec CNOOC. Au total, Shell Chemicals écoule sur les marchés mondiaux 17 Mt/an de matières pétrochimiques. Ses complexes principaux se situent à Singapour, aux Pays-Bas et en Amérique du Nord. L'an dernier, son projet d'établir un complexe au Qatar avait en revanche été abandonné.



ExxonMobil remet une couche de polyéthylène au Texas
InfoChimie. Le 21 novembre 2016 par Julien Cottineau

Le géant pétrochimique américain rallonge à nouveau ses investissements dans le Golfe du Mexique pour profiter toujours plus des matières premières à bas prix. ExxonMobil se lance ainsi dans la construction d'une unité de 650 000 t/an de polyéthylène sur son complexe de Beaumont, au Texas.

Alors que les premiers grands projets pétrochimiques lancés ces dernières années aux États-Unis vont démarrer, les investissements continuent de s'accumuler. Avec l'aubaine des gaz de schiste et la disponibilité de pétrole et de gaz à bas coûts, les producteurs américains voient toujours plus grand. À l'image du géant pétrochimique local, ExxonMobil, qui veut encore augmenter ses capacités de polyéthylène. Le projet concerne son site de Beaumont, au Texas. Il porte sur une augmentation de 65 % des capacités de polyéthylène de ce site qui dispose déjà de capacités de 1 million de tonnes par an, en ajoutant une seule gigantesque unité de 650 000 t/an. Selon Chemical Week, les capacités actuelles atteignent déjà 1,2 Mt/an à Beaumont, réparties en six lignes : une pour du polyéthylène haute densité (HDPE), trois pour du basse densité linéaire (LLDPE) et deux pour du basse densité (LDPE). ExxonMobil n'a pas précisé le ou les types de polyéthylène que produirait la future unité dont la mise en service est envisagée pour 2019. Le groupe indique que les premiers travaux de construction ont déjà démarré. En parallèle, l'ingénieriste Jacobs a révélé avoir obtenu le contrat pour l'ingénierie d'avant-projet, le design détaillé et la construction, ce qui inclut aussi les utilités comme les pipelines d'interconnexion et les voies ferrées.

Augmenter de 40 % ses capacités américaines de polyéthylène

L'objectif du projet est de mieux répondre à la demande en plastiques de haute performance, notamment pour les applications dans l'emballage. Cette extension des capacités de polyéthylène du complexe de Beaumont s'inscrit dans le vaste plan d'investissement, de plusieurs milliards de dollars, engagé par ExxonMobil pour accroître ses capacités d'oléfines et de polyoléfines aux États-Unis. Des efforts qui se concentrent au Texas. À Baytown, le groupe construit un vapocraqueur sur base éthane d'une capacité de 1,5 Mt/an d'éthylène tandis qu'à Mont Belvieu sont en cours de construction de deux lignes de polyéthylène similaires à celle qui sera ajoutée à Beaumont. Ces deux lignes de 650 000 t/an chacune devraient être opérationnelles mi-2017. Au total, ExxonMobil précise que ces projets lui permettront d'augmenter de 40 % ses capacités américaines de polyéthylène, avec près de 2 Mt/an de capacités supplémentaires. Ce qui fera des complexes texans le premier centre mondial de production de polyéthylène pour ExxonMobil.

Et le géant américain pourrait ne pas s'arrêter là. Cet été, avait été révélé que le groupe étudiait avec le géant pétrochimique saoudien Sabic la possibilité de construire un complexe dans le Golfe du Mexique. Un projet dantesque puisqu'il est question d'un vapocraqueur d'une capacité de 1,8 Mt/an et d'unités de dérivés comme du polyéthylène et du mono-éthylène glycol.

Enfin, à Beaumont, ExxonMobil a également engagé des investissements pour augmenter les capacités de la raffinerie et pour la construction d'une unité de diesel et d'essence à très faible teneur en soufre.



Il y a encore plein d'autres exemples.

Du coup, les acteurs européens, sud-américains ou asiatiques qui se sentent menacés, réagissent en décidant carrément d'importer du gaz de schiste américain (ou l'éthane qu'il contient) pour s'en servir de matière première bon marché et résister à la concurrence américaine. Cela se traduit tantôt par la construction d'usines ou d'unités nouvelles, tantôt par l'adaptation des usines existantes afin qu'elles puissent utiliser l'éthane en question. Par exemple, chez Ineos en Ecosse et en Norvège, Borealis en Suède, SABIC en Angleterre, Reliance en Inde, Braskem au Brésil et au Mexique...


Le boom à l'export de l'éthane américain
InfoChimie. Le 01 septembre 2014 par Julien Cottineau

La stratégie d'Ineos fait des émules. Avant l'été, le pétrochimiste européen était le seul à s'être engagé dans des projets d'importation d'éthane américain bon marché, grâce à la révolution des gaz de schiste outre-Atlantique. Dès 2012, Ineos s'engageait pour alimenter son vapocraqueur de Rafnes, en Norvège, avant de déployer le concept sur son complexe de Grangemouth, en Écosse. Alors que les vapocraqueurs sur base gaz sont rares en Europe, et que l'exploitation des gaz de schiste est encore très loin de devenir une réalité industrielle, deux autres acteurs emboîtent le pas sur le Vieux continent. Borealis a dévoilé ses ambitions début août. Le groupe basé en Autriche et détenu à 64 % par IPIC (Abu Dhabi) et à 36 % par l'Autrichien OMV, articule son projet sur son complexe pétrochimique de Stenungsund, en Suède. Borealis projette d'abord de moderniser son vapocraqueur. L'installation actuelle, dotée de capacités de 625 000 tonnes par an d'éthylène, est déjà particulièrement flexible puisqu'elle peut être alimentée en naphta, en éthane, en propane et en butane. Borealis a aussi signé un contrat de 10 ans avec Antero Resources pour obtenir des approvisionnements de 240 000 t/an d'éthane depuis les États-Unis, et a signé avec Navigator Holdings un accord pour le transport par voie maritime. L'armateur spécialisé dans le transport de gaz s'est d'ailleurs engagé à construire un navire pour ce faire. Enfin, Borealis a signé avec l'ingénieriste TGE Gas Engineering pour la construction d'un stockage réfrigéré d'éthane à Stenungsund. Ce projet de stockage, allié à la modernisation du vapocraqueur, devrait nécessiter une enveloppe globale d'investissements de 120 M€. Tout doit être opérationnel pour 2016.

« Il n'y a pas que les Européens sur le coup »

Au Royaume-Uni, Sabic se lance lui aussi dans l'aventure. Le géant saoudien convertira sur base éthane son vapocraqueur de Teeside, à Wilton, d'ici 2016. Actuellement, il dispose sur place de capacités de 865 000 t/an d'éthylène, de 400 000 t/an de propylène et de 100 000 t/an de butadiène. Sabic n'a pas dévoilé le montant de l'investissement, le qualifiant simplement de « majeur ». La presse britannique rapporte que le gouvernement allouera au projet une enveloppe de 9 M de livres (11,3 M€).

Mais il n'y a pas que les Européens sur le coup. Reliance Industries importera aussi de l'éthane américain pour alimenter ses vapocraqueurs en Inde. Le conglomérat indien a conclu des accords portant sur un total de 1,5 Mt/an pour le stockage et l'acheminement d'éthane depuis l'Amérique du Nord à partir du second semestre 2016. D'autre part, Reliance a passé une commande de 723 M$ (près de 550 M€) auprès du Sud-Coréen Samsung Heavy Industries pour la construction de six transporteurs d'éthane, selon la presse américaine. Des navires de 87 000 m3 chacun, une capacité inédite au monde. La livraison est prévue pour fin 2016. Reliance construit aussi une vaste unité en Inde pour la réception et le stockage de cet éthane américain, ainsi qu'un pipeline pour l'acheminer vers ses complexes. Le groupe va enfin lancer un programme de modernisation de ses vapocraqueurs existants pour augmenter leur flexibilité et leurs capacités de craquage d'éthane. À Jamnagar, Reliance construit actuellement un vapocraqueur géant sur base gaz d'une capacité de 1,4 Mt/an, dont l'entrée en service est programmée pour 2015. Soit presqu'autant que ses capacités actuelles en Inde, évaluées à 1,9 Mt/an par Chemical Week.

La question se pose désormais. Après la frénésie des projets pétrochimiques aux États-Unis, va-t-on assister à une frénésie des projets d'exportations d'éthane depuis les États-Unis ?



Ineos prêt à investir 2 milliards d'euros en Europe
InfoChimie. Le 19 juin 2017 par Julien Cottineau

Le Britannique prévoit d'injecter 2 milliards d'euros en Europe pour ses capacités pétrochimiques. En premier lieu, il songe à construire une usine de déshydrogénation de propane de 750 000 t/an. Le site n'est pas encore déterminé, mais le complexe d'Anvers en Belgique partirait favori. En second lieu, Ineos va porter la capacité de chacun de ses vapocraqueurs en Écosse et en Norvège à 1 Mt/an.

À la tête de près de 4,5 millions de tonnes par an de capacités d'éthylène et de propylène en Europe.

Le groupe britannique repart à l'offensive. Après avoir investi 2 milliards de dollars pour être le premier pétrochimiste à importer de l'éthane américain issu des gaz de schiste en Europe, Ineos s'apprête cette fois-ci à enclencher l'un des plus importants investissements dans l'histoire de la pétrochimie du Vieux Continent. Trois projets sont sur la table, pour un montant d'investissement global estimé à environ 2 Mrds € ! Ineos, à la tête déjà de près de 4,5 millions de tonnes par an de capacités d'éthylène et de propylène en Europe, se décrit toutefois comme le principal acheteur sur le continent d'éthylène et de propylène. Et souhaite ainsi remédier à ce souci en se renforçant lui-même.

Le principal projet concerne la construction d'une usine de déshydrogénation de propane (PDH), dotée de capacités pour la production de 750 000 tonnes par an de propylène. Soit une envergure de taille mondiale, voire une des plus grandes au monde pour ce type d'usine. Selon un porte-parole du groupe, une décision définitive devrait être prise d'ici la fin de l'année. Le projet nécessiterait entre trois et quatre ans pour être concrétisé. Plusieurs sites sont à l'étude pour cette usine de PDH, avec l'idée de la combiner avec des actifs existants. Toutefois, le site d'Anvers, en Belgique, apparaît comme un des choix les plus attractifs, selon Ineos. Dans la vaste zone industrielle d'Anvers, il détient déjà des actifs de production via ses divisions Ineos Phenol (à Doel), Ineos Oxide (Zwijndrecht) et Ineos Olefins et Polyolefins Europe (Lillo). C'est aussi à Anvers que le groupe prévoit de construire un gigantesque site de stockage de butane pour alimenter son complexe de Cologne, en Allemagne, et éventuellement son vapocraqueur Naphtachimie, sa coentreprise à parts égales avec Total, à Lavéra (Bouches-du Rhône).

L'équivalent d'un nouveau vapocraqueur de taille mondiale en Europe

Le second volet du plan d'investissement concerne l'ajout de près de 900 000 t/an de capacités d'éthylène en Europe ! Soit « l'équivalent d'un nouveau vapocraqueur de taille mondiale », se réjouit Jim Ratcliffe, fondateur et président du groupe. Ces capacités additionnelles concernent deux vapocraqueurs d'Ineos : celui de son gigantesque complexe de Grangemouth, en Écosse, et celui du site de Rafnes, en Norvège. Soit les deux complexes qui ont directement bénéficié de solides enveloppes, ces dernières années, pour traiter l'éthane issu des gaz de schiste qu'Ineos importe depuis les États-Unis. Chacun des deux vapocraqueurs dispose de capacités de 600 000 à 700 000 t/an d'éthylène. L'objectif serait de porter chacune de ces capacités au-delà de 1 Mt/an, à un horizon de trois à quatre ans.

« Ces projets d'expansion et de nouvelles constructions vont accroître notre autosuffisance dans les principaux oléfines et viendront soutenir nos activités de dérivés et de polymères en Europe », souligne Gerd Franken. Le p-dg d'Ineos Olefins et Polymers North précise aussi que « tous nos actifs vont ainsi bénéficier de notre capacité à importer des matières premières compétitives depuis les États-Unis et le reste du monde ».



Braskem va craquer de l'éthane américain au Brésil
InfoChimie Le 29 mars 2016 par J.C.

Le géant pétrochimique brésilien se lance lui aussi dans l'importation d'éthane américain. C'est la première fois qu'un opérateur sud-américain s'engage dans un tel projet alors qu'Ineos a ouvert la voie en Europe et qu'ailleurs dans le monde seuls des groupes indiens s'y préparent. Le projet de Braskem porte sur un investissement de 380 millions de reals (environ 93 M€) qui sera déployé sur son complexe pétrochimique de Camaçari (Bahia, Brésil). Une enveloppe qui doit permettre d'adapter le vapocraqueur, actuellement sur base 100 % naphta, afin qu'il puisse être alimenté à hauteur de 15 % en éthane. Ce qui permettrait à Braskem de porter sa part d'éthane à 20 % dans ses matières premières pour ses productions pétrochimiques au Brésil, contre 15 % aujourd'hui. Le reste étant entièrement sur base naphta. Les investissements doivent permettre aussi d'adapter les infrastructures portuaires du terminal d'Aratu (Bahia) pour ensuite acheminer à Camaçari l'éthane par pipeline. Braskem a conclu un accord à long terme avec l'Américain Enterprise Products pour être livré en éthane à partir du second semestre 2017. L'éthane sera acheminé depuis le port de Morgan Point, près de Houston (Texas, États-Unis) et transporté par des navires spéciaux sous forme liquéfiée à -90 °C. À Camaçari, Braskem dispose en aval d'unités de polyoléfines (polypropylène, polyéthylène haute densité, basse densité et basse densité linéaire), ou encore de chlore de PVC et d'EVA.

Braskem Idesa démarre au Mexique

Chemical Week rapporte que Braskem Idesa a commencé à injecter de l'éthane dans le vapocraqueur de son complexe pétrochimique Etileno XXI à Coatzacoalcos, au Mexique (CPH n°608). La coentreprise entre Braskem (75 %) et Grupo Idesa (25 %) devrait démarrer fin mars sa première ligne de polyéthylène (PE). Le complexe comprend un vapocraqueur de 1,05 Mt/an, et des unités de PE haute densité (750 000 t/an) et de PE basse densité (300 000 t/an).



Bref, l'industrie est en train de créer des surcapacités gigantesques et ça ne devrait pas tarder à faire très mal... soit à ceux qui n'auront pas investi, ou pas suffisamment, soit à ceux qui seront empêtrés dans des difficultés financières au premier retournement de conjoncture...


Contrairement à une idée très répandue : Plus la productivité du travail est importante, plus le taux de profit baisse ! (je sens qu'on est parti dans une longue discussion sur ce point)


Pour ma part je suis d'accord.
Plestin
 
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par logan » 18 Oct 2017, 08:15

Sur ton message précédent : Attention Marx parle de crise de surproduction quand il s'agit d'une crise générale, c'est-à-dire concernant les principales branches de l'économie au même moment.
logan
 
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par Plestin » 18 Oct 2017, 08:49

Exact. Là on a un secteur qui réunit les caractéristiques nécessaires à une crise de surproduction à l'échelle de la branche, pas générale. Par contre, c'est un secteur qui pèse lourd de façon indirecte (ex. : effet d'entraînement important sur certains pans de la métallurgie qui fabriquent les unités de production et les pipelines, sur les services d'ingénierie, sur les activités portuaires et maritimes et même sur la construction navale...) Donc, c'est un point de fragilité important parce que c'est "une autre crise qui vient" : une fois ces usines terminées, les surcapacités créées, les navires gaziers fabriqués, les lendemains de fête risquent d'être rudes bien au-delà de la seule pétrochimie.

La crise financière qui vient peut se traduire par une limitation du marché solvable à cause des dégâts qu'elle entraînera (comme en 2008-2009 en pire), et générer des crises de surproduction dans un peu tous les secteurs, donc une crise de surproduction générale. Ce qui se passe dans la pétrochimie en sera un facteur aggravant.
Plestin
 
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par logan » 18 Oct 2017, 10:12

La crise financière qui vient peut se traduire par une limitation du marché solvable à cause des dégâts qu'elle entraînera (comme en 2008-2009 en pire), et générer des crises de surproduction dans un peu tous les secteurs, donc une crise de surproduction générale. Ce qui se passe dans la pétrochimie en sera un facteur aggravant.


...
Sans vouloir pinailler il me semble plus juste de dire :
La crise cyclique de surproduction aura des conséquences dévastatrices cette fois-ci.
Pourquoi ?
Parce que depuis la dernière crise de 2007-2008, la baisse tendancielle du taux de profit a contraint encore plus les capitaux à investir dans la spéculation et l'endettement, mais elle a aussi ruiné les états capitalistes et leurs banques centrales, devenus sponsors de la speculation.

Encore une fois en pas confondre la crise cyclique et la tendance de fond.

Ps : pour pinailler encore un peu plus, la crise de "surproduction" a 2 sources bien distinctes :
- Dans la sphère de circulation : les marchandises sont invendues - suraccumulation de marchandises
- Dans la sphère de la production : une baisse brutale (pas tendancielle ! ) du taux de profit rend la production de marchandises non rentable. Le capital ne produit plus - suraccumulation de capital
2 sources distinctes dans les crises de surproduction donc, mais un meme résultat : une crise de surproduction généralisée, un blocage temporaire de l'économie capitaliste.

Pour ceux qui veulent creuser plus profond :

1) Lire "Le Capital", notamment le Livre 3 :mrgreen:
2) Lire "Au fondement des crises", un livre écrit par le groupe Robin Goodfellow. Il me semble très fidèle à l'esprit de Marx et fait la critique d'autres livres sur le sujet -notamment Dumenil levy, Husson, Grossman-Mattick etc...
https://www.amazon.fr/Aux-fondements-cr ... 2953588043
https://www.robingoodfellow.info/
logan
 
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Re: Les signes de la crise qui vient

Message par bradley » 18 Oct 2017, 11:19

Trotsky, dès le début du 20ème siècle, avait analysé les conséquences de ce qu'on appelle aujourd'hui mondialisation, globalisation, c'est à dire la constitution d'un marché mondial unifié et son incapacité grandissante à utiliser les forces sociales disponibles, à consommer la masse des marchandises produites et sa tendance naturelle à les détruire par les guerres économiques puis par les guerres tout court!
Endettement et spéculation sont deux des mamelles financières destructrices du système capitaliste, mamelles qui se nourrissent mutuellement.
L'endettement à la fois des pays dits "en voie de développement"-sic!-, dont l'énorme dette se traduit de plus en plus par un véritable processus de recolonisation-rappelons par exemple que sur une année le budget brésilien prévoyait 15 milliards de dollars d'investissement et 178 milliards de remboursement de la dette extérieure- même chose en Europe de l'Est permettant au capital financier, essentiellement allemand et américain, de contrôler directement les différents gouvernements, sans parler des pays développés-dette publique au Japon supérieure à 200%,supérieure à 100% aux USA, en Italie, en Belgique, en Grèce....près de 100% en France- sans parler aussi de l'énorme endettement des entreprises et des ménages...), endettement qui nourrit par ailleurs la spéculation (plus de 700000 milliards de dollars de capitaux, très majoritairement fictifs,moins de 5% des masses financières en circulation à travers toute la planète correspondent au commerce mondial de marchandises et que plus de 95% sont parasitaires, purement spéculatifs, ne trouvant pas à se rentabiliser dans des investissements productifs, producteurs d'utilité sociale).
En effet, "ce n'est pas pour rembourser les dettes de l'Etat qu'on enlève les dernières miettes, mais pour garder un peu plus longtemps un semblant de crédibilité face aux marchés financiers, dans le but de pouvoir continuer à emprunter. C'est le caractère cynique des programmes d'austérité mis en place dans les pays du sud de la zone euro; c'est uniquement pour que la zone Euro puisse maintenir encore un temps le simulacre de la capacité à rembourser ses dettes que la majorité des populations sont poussées dans la misère" (E.Lohoff et N.Trenkle, août 2012).
Le crédit qui, autrefois, contribuait au développement des forces productives, en est aujourd'hui un instrument de destruction en masse.
bradley
 

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