Le camarade Bradley a écrit :
le parti révolutionnaire reste à construire et se construit notamment dans le combat des comités de défense de la république
Alors là, ça m'étonnerait qu'un parti (ouvrier) révolutionnaire (communiste) se construise à travers des comités de défense de la république bourgeoise, qu'elle soit catalane ou espagnole !
"la République en Catalogne, c'est la porte ouverte pour la République dans toute l'Espagne" ; "le 1er octobre marque le premier coup pour abattre la monarchie franquiste!"
Depuis le début de cette discussion, on dirait que tu considères l'Espagne, parce qu'elle a toujours une monarchie (comme le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède etc.), comme une société féodale et pas comme une société bourgeoise, ce que tu exprimes aussi par le fait que l'Espagne n'a pas fait son "1789". Et le franquisme en serait l'incarnation. Cela me semble absurde à notre époque : la société espagnole actuelle a peut-être gardé quelques traits féodaux, mais c'est bel et bien une société bourgeoise, et il n'est nul besoin de révolution bourgeoise "intermédiaire". La classe ouvrière se chargera précisément de régler leur compte aux scories du passé, comme l'exprime précisément la théorie de la révolution permanente que tu cites ! Mais pour y arriver il faudrait d'abord qu'elle ne soit pas à la remorque des courants bourgeois nationalistes ou réformistes.
notamment pour accomplir, dans le combat pour une République sociale, les tâches de la révolution démocratique bourgeoise ( l'unité nationale, la réforme agraire et l'expropriation des propriétaires fonciers,la république, la séparation de l'église et de l'Etat....)
Ai-je bien lu ? Les comités de défense de la république (bourgeoise catalane) sont le creuset de la construction du parti révolutionnaire et influencent fortement la classe ouvrière, mais les tâches de la révolution démocratique bourgeoise que la classe ouvrière devra prendre en charge incluent l'unité nationale (espagnole) ? Bon courage pour en convaincre les indépendantistes catalans dans ces fameux comités !
Ce n'est pas une politique communiste révolutionnaire, c'est une politique de républicain espagnol précédée par une politique de républicain catalan, la seconde devant mener (par quel chemin étrange et tortueux ?) à la première ! Le tout avec une vision jacobine ! Que la monarchie espagnole chute, et on viendra expliquer aux Catalans que l'indépendance c'est terminé ?
Si la classe ouvrière espagnole et catalane se bouge, j'espère que ce sera pour des objectifs bien plus ambitieux que ça. Mais pour ça, il faudrait qu'il y ait des militants qui défendent les intérêts propres de la classe ouvrière, au lieu de filer le train aux nationalistes parés des plus beaux atours "républicains".
On est très, très loin, de la vision nuancée d'un Lénine.
Sans compter qu'au début du XXème siècle et jusqu'à la fin du régime de Franco, les Catalans pouvaient être considérés comme un peuple opprimé, mais que ce n'est plus le cas aujourd'hui. J'ai posé cette question à un camarade qui est originaire de la région de Gérone : selon lui, actuellement, il n'y a pas d'oppression nationale catalane, et aucun obstacle pour parler le Catalan qui est utilisé partout en Catalogne. (Sa propre famille est divisée sur la question de l'indépendance, une partie de ses cousins sont pour, d'autres sont contre.)
Le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, ça concerne quand même en priorité les peuples opprimés, non ? Pour les Catalans, c'était le cas à l'époque de Lénine, ça ne l'est plus aujourd'hui.
Il est primordial d'insister, comme le font les camarades de Voz Obrera, sur l'impasse des politiques nationalistes aussi bien catalanes qu'espagnoles. De même que nos camarades de Belgique quant à l'impasse des politiques nationalistes flamandes ou wallonnes ou belges.
Et il est primordial de reconstruire des traditions ouvrières basées sur l'internationalisme !