Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 26 Fév 2017, 18:08

Extrait du témoignage d'un militant du PCA.
Le fanatisme religieux

Je hais les religions parce qu'elles servent toujours à asservir les peuples ou à les dresser les uns contre les autres.
En Iran, en Irlande, en Israël, toutes les religions, sans oublier la religion catholique de Rome, utilisaient le nom de Dieu ou d'Allah pour commettre les pires crimes.
Les curés sont des hommes comme moi qui exercent un "métier". Ils n'ont aucun pouvoir. Même le pape a été incapable d'empêcher la guerre mondiale et d'arrêter la misère. Au contraire il a soutenu les fascistes.
La bourgeoisie utilise les formations religieuses pour calmer les revendications ouvrières et pour défendre les profits.
Jamais je ne donnerais la main au pape comme l'ont fait certains dirigeants "marxistes", alors que l’Eglise a toujours déclaré que le marxisme est le pire ennemi de Dieu ?
Dans les camps, malgré toutes leurs prières, les prisonniers croyants sont morts par milliers. Les juifs ont prié, prié, prié...Où était-il leur Dieu? Je voudrais bien le voir ce sauveur qui n'est jamais là.

Pour moi il n'y a que la nature qui existe. Le reste je n'y crois pas, je ne peux pas y croire.

Mais tout le reste vaut aussi la peine d'être lu :

https://www.marxists.org/francais/fahne ... sciste.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 27 Fév 2017, 22:18

L'article de LDC cite brièvement "Défense du marxisme", de Léon Trotsky. Ci-dessous le même texte cité plus longuement. En 1940 Trotsky polémique avec Burnham dans le SWP américain :

Trotsky 1ère phrase de la lettre ouverte a écrit :A propos de mon article sur l'opposition petite-bourgeoise vous avez expliqué, m'a-t-on dit, que vous n'aviez pas l'intention de discuter avec moi de la dialectique, mais seulement de "questions concrètes". "J'ai depuis longtemps cessé de discuter de questions religieuses", avez-vous ajouté ironiquement...


Trotsky 2ème § de la lettre ouverte a écrit :Un révolutionnaire peut-il ne pas lutter contre la religion ?

Admettons cependant que votre affirmation, plus qu'osée, soit correcte. Vos affaires n'en vont pas mieux pour cela. La religion, j'espère que vous en serez d'accord, détourne l'homme du savoir réel vers un savoir fictif, de la lutte pour une vie meilleure vers l'espoir mensonger d'une récompense dans l'au-delà. La religion est l'opium du peuple. Celui qui oublie de lutter contre la religion est indigne de porter le nom de révolutionnaire. De quel droit refusez-vous alors de lutter contre la dialectique, puisque vous la considérez comme une variété de la religion ?

Vous en avez fini depuis longtemps, dites-vous, avec les problèmes de la religion. Mais vous n'en avez fini que pour vous-même. En plus de vous existent encore tous les autres. Et il y en a pas mal... Nous, les révolutionnaires, nous n'en avons jamais fini avec les problèmes de la religion, car nos tâches consistent à émanciper non seulement nous-mêmes mais aussi les masses de l'influence de la religion. Si la dialectique est une religion, comment peut-on, dès lors, renoncer à combattre cet opium à l'intérieur de son propre parti ?

Ou peut-être voulez-vous dire que la religion n'a aucune importance politique ? Qu'il serait possible d'être en même temps un homme religieux et un communiste conséquent, un combattant révolutionnaire? Il est peu probable que vous vous risquiez à proférer pareille affirmation. Evidemment nous nous comportons avec prudence vis-à-vis des préjugés religieux d'un travailleur arriéré. S'il désire combattre pour notre programme nous l'acceptons comme membre du parti. Mais en même temps notre parti l'éduquera avec persistance dans l'esprit du matérialisme et de l'athéisme. Si vous êtes d'accord avec cela, comment pouvez-vous vous refuser à lutter contre une religion que partagent, à ma connaissance, l'écrasante majorité des membres de votre propre parti qui s'intéresse aux problèmes théoriques?

Vous avez, de toute évidence, négligé cet aspect essentiel de la question.

Dans la bourgeoisie instruite il y a pas mal de gens qui ont rompu individuellement avec la religion, mais ils gardent leur athéisme exclusivement pour leur consommation personnelle. Ils pensent en leur for intérieur et disent souvent en public qu'il est utile au peuple d'avoir une religion. Est-il possible que vous partagiez un tel point de vue à l'égard de votre propre parti ?...


https://www.marxists.org/francais/trots ... x/dma6.htm
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Byrrh » 03 Mai 2017, 12:44

Dans le N°27 (avril-mai 2017) d'Anticapitalisme & Révolution, revue du courant du même nom au sein du NPA (Gaël Quirante, Armelle Pertus, etc.) : http://anticapitalisme-et-revolution.bl ... ur-la.html

À propos d’un débat abstrait sur la lutte contre le racisme

Dans sa revue Lutte de classe de février, Lutte ouvrière a publié un texte intitulé « Le piège de la lutte contre l’islamophobie ». Dans le choix de ces camarades de publier un article aussi polémique à l’égard du NPA quelques semaines avant les élections, sur une question dont ils savent qu’elle divise notre parti, il est difficile de ne pas voir une manière de se démarquer pour justifier l’existence de deux candidatures révolutionnaires séparées. Christine Poupin, Julien Salingue, Ugo Palheta et Selma Oumari ont signé une réponse caricaturale se situant sur le même terrain, profitant de l’occasion pour forcer le trait sur les divergences avec LO, sans aucune critique de l’orientation des courants dits de l’« antiracisme politique ».

Aucun de ces deux textes ne donne de perspectives pour agir concrètement sur la situation actuelle. Or la lutte contre le racisme n’est pas une lutte suspendue dans le temps et dans l’espace. Le racisme est l’un des visages de la société de classes, et il prend des formes différentes selon les époques et les pays. Au début du XXème siècle et dans les années 1930, c’étaient avant tout les Juifs, ainsi que les immigrés de fraîche date comme les Polonais ou les Italiens, qui étaient victimes de discriminations et de pogromes. Dans les années 1980, alors qu’elle avait favorisé lors des décennies précédentes l’immigration – notamment issue des pays du Maghreb – pour occuper les emplois les moins qualifiés, la bourgeoisie française a changé de politique en multipliant les lois anti-immigrés, en développant le discours selon lequel ce sont les étrangers qui viennent voler le pain des travailleurs français. Ce changement est directement lié à l’aggravation de la crise, qui oblige la bourgeoisie française à multiplier les restructurations et les suppressions d’emplois. Plus récemment, cette politique a pris la forme d’une offensive islamophobe. Fondamentalement, l’intérêt de la bourgeoisie est toujours le même : créer des divisions parmi les exploités, pour compromettre l’unité de notre camp social, et pour détourner les travailleuses et les travailleurs du combat de classe.

La responsabilité des révolutionnaires est de toujours chercher à s’adresser aux minorités les plus visées par cette oppression spécifique, sans jamais pour autant les séparer du reste de la classe. Ce n’est pas leur condition de victimes d’oppressions qui transforme mécaniquement ces minorités en sujets révolutionnaires, mais leur situation d’opprimés reliée au reste de la classe. Cette politique suppose de fait des organisations qui ne renoncent pas à parler de classe, de combat contre la société de classes, de révolution prolétarienne, etc.

Agir dans la situation actuelle

La virulence du racisme anti-musulmans – mais aussi anti-Roms ou anti-Asiatiques – devrait justifier notre promptitude à réagir concrètement. Au NPA, il est de bon ton de tirer à boulets rouges sur LO à ce sujet, tout comme fustiger les lacunes des révolutionnaires est un lieu commun dans les milieux antiracistes dits « radicaux ».

Mais en ce qui concerne le viol de Théo, quelles sont les initiatives prises par ceux qui nous critiquent ? Qu’ont-ils organisé comme riposte face à cet acte barbare de la police ? Sur cette question comme sur beaucoup d’autres, ils n’ont pas été capables d’organiser une lutte sérieuse, au-delà des débats et autres meetings. Pendant plusieurs semaines, des lycéens et lycéennes de Paris, de banlieue et de certaines villes de province ont tenté d’organiser des manifestations, quitte à braver la brutalité de la répression policière. Aucune des organisations de l’extrême gauche ni de l’« antiracisme politique » n’a été capable de prendre la moindre initiative. Or le rassemblement du 11 février à Bobigny, pris en charge par des forces très faibles, a montré la disponibilité de la jeunesse. Tout loisir a ainsi été laissé aux autonomes pour prendre l’initiative, ce qu’ils ont fait à leur manière, sur la base de leur orientation minorisante et sans issue.

Plus d’une semaine après les faits, ce sont finalement la LDH, l’union régionale CGT, l’UNEF, etc., qui ont fini par décider d’une réunion et d’un rassemblement unitaire… cadenassé par la police et dominé par les discours républicains. L’apparition du NPA, en particulier à travers son secteur jeunes, y a été dynamique. Mais remarquons encore une fois que l’extrême gauche n’a pas su y mener une véritable politique. Le NPA n’a pas appelé largement au rassemblement ; LO, de son côté, a eu le mérite d’y appeler publiquement sur ses bases, mais sans polémiquer quant au contenu de l’appel unitaire, pourtant très républicain et se situant sur un terrain favorable à la police. La date tardive, et la marge de manœuvre laissée d’abord aux autonomes puis aux réformistes, ont par ailleurs empêché que cette manifestation soit un tant soit peu massive, dynamique et organisée. Pour y parvenir, il aurait fallu être à l’initiative, car les révolutionnaires et en particulier le NPA sont actuellement les seuls à avoir la capacité de proposer une orientation à la fois radicale et ayant vocation à s’adresser à la majorité.

Pour nous, l’antiracisme n’est pas une lutte essentiellement théorique ou idéologique ; il n’est pas non plus à faire « sous-traiter » par d’autres, par des « spécialistes » censés être plus légitimes que nous. Ce n’est pas une lutte séparée du reste de notre combat contre la société capitaliste, dans la mesure où le racisme est le principal instrument de la bourgeoisie pour diviser notre classe. L’antiracisme doit donc être une lutte de masse, menée par l’ensemble de notre camp social, et nous cherchons à faire en sorte que le mouvement ouvrier se saisisse sérieusement de cette question. Etant donné le rôle que joue le racisme dans l’offensive capitaliste actuelle, nous devons préparer nos militants, notre milieu d’amis et de collègues, à vite réagir quand une agression raciste a lieu, le plus massivement possible et en totale indépendance vis-à-vis de la classe dirigeante, notamment en bannissant tout appel de type « républicain ».

Un besoin de radicalité, dans le discours et dans l’action

L’offensive raciste de la classe dirigeante et la droitisation du mouvement ouvrier ont ouvert la voie à la progression des idées réactionnaires de toutes sortes, et dans ce paysage, l’essor des idées religieuses dans leur version la plus obscurantiste n’est pas un détail. Les défilés contre le « mariage pour tous » ont mobilisé massivement les milieux catholiques les plus rétrogrades, exerçant une pression à droite. Des interprétations très réactionnaires de l’islam se développent dans certains milieux populaires. De nouveaux dangers ont fait leur apparition : Dieudonné et Soral, Daech, etc. Ce sont des courants politiques structurés, des ennemis à combattre. Il n’y a pas de réponse toute faite, mais une chose est certaine : être « radicaux » est essentiel si nous voulons être en phase avec la profonde révolte qui existe dans des franges de la jeunesse. Les antiracistes « politiques » se plaisent à expliquer le manque d’attrait de l’extrême gauche par ce qui serait un accommodement vis-à-vis du racisme. Mais le problème est tout autre : ce qui est en cause, c’est notre difficulté à être identifiés comme une force de rupture radicale. Pour l’être enfin, les arguments ne suffisent pas : il faut aussi être en mesure de proposer une orientation qui mette en mouvement les différents secteurs de notre classe.

Lutter contre le racisme « au milieu de la mêlée »

C’est dans la confrontation, sur le terrain de la lutte, que les arguments et les idées des uns et des autres sont éprouvés, et que les préjugés peuvent tomber. Dans la lutte contre le racisme, bien sûr, et dans la lutte de classe en général. Là encore, ce qui importe, c’est notre capacité à proposer des perspectives d’action dans des moments importants comme les jours qui ont suivi l’agression de Théo : il est possible de faire agir ensemble des franges directement frappées par le racisme et d’autres secteurs.

Pour faire reculer le racisme, notre meilleur positionnement, c’est chaque fois que nous nous adressons à nos milieux en tant que travailleuses et travailleurs ; chaque fois que nous sommes vus comme ceux sur qui l’on peut compter pour se confronter au patronat et au gouvernement ; chaque fois que nous parvenons à recruter dans les milieux ouvriers et populaires – y compris parmi les descendants de l’immigration postcoloniale – des cadres militants capables de défendre une orientation « lutte de classe ». Quand une équipe militante diverse du point de vue des origines est capable d’intervenir efficacement dans un secteur, la situation se présente autrement. Quand un travailleur qui n’est pas exempt de préjugés se fait défendre par une militante arabe de choc, alors que personne d’autre n’est prêt à bouger le petit doigt, ou quand un salarié musulman peut compter sur un syndicaliste athée pour se battre contre un petit chef qui le harcèle alors qu’il est tout aussi musulman que lui, eh bien les arguments antiracistes ont un tout autre impact.

Évidemment, cela ne signifie pas qu’il faut mettre sous le boisseau les arguments contre les préjugés religieux. Mais vouloir, par exemple, réserver aux athées le droit d’intégrer les organisations révolutionnaires, c’est pécher par idéalisme : c’est laisser croire que les idées religieuses pourraient reculer sans que disparaisse le terreau sur lequel elles prospèrent. C’est refuser de prendre en compte la réalité de notre classe, traversée par de multiples préjugés. Mais quand des croyants sont membres de notre organisation, il importe de mener le débat avec ces camarades au sujet de leurs conceptions religieuses, et ne rien laisser passer en ce qui concerne leurs possibles implications réactionnaires. C’est par la confrontation d’idées, dans le cadre collectif du militantisme, que nous convaincrons.

Antiracisme : des repères de classe indispensables

Ces dernières années ont vu se développer le courant dit de l’« antiracisme politique », notamment autour d’organisations comme le Parti des Indigènes de la République (PIR). Ces courants, qui ont pu gagner de l’influence du fait du recul et des déficiences du mouvement ouvrier – y compris de l’extrême gauche –, partagent une détestation commune de tout le mouvement ouvrier organisé. Le PIR s’illustre par une politique de division, par un opportunisme essentialiste et par la réappropriation démagogique de positions plus ou moins explicitement antisémites, homophobes et sexistes ; il se caractérise par un refus absolu de parler de classes sociales, son obstination à placer l’ensemble des « Blancs » dans une même catégorie indistincte mêlant travailleurs et patrons.

La caricature de cette politique s’est exprimée lors du mouvement contre la loi Travail, quand le PIR a publié un communiqué qualifiant les manifestants de « Blancs » et déclarant : « Nous ne grossirons pas vos rangs pour garantir vos privilèges ». D’autres militants de cette mouvance ont organisé au même moment un rassemblement devant le Sénat… en soutien aux « frondeurs » du PS et à leurs amendements relatifs au récépissé de contrôle d’identité. Drôle de radicalité, quand des milliers de jeunes et de travailleurs affrontaient la police dans la rue, posaient la question de l’anticapitalisme… Voilà le résultat de cette politique où n’existe pas la moindre boussole de classe : les prétendus « radicaux » deviennent totalement inoffensifs, y compris sur le créneau qu’ils disent occuper, celui de la lutte contre les violences policières et le racisme. Le PIR et ses satellites ne sont en aucune façon les représentants des masses auto-organisées en lutte ; ces groupes, qui voudraient se faire passer pour les porte-parole des quartiers populaires, ne représentent bien souvent qu’eux-mêmes, et sont en général davantage composés d’universitaires en mal de radicalité que de jeunes des quartiers populaires. En réalité, le meilleur moyen d’intervenir auprès de cette jeunesse, qui elle aussi travaille et se forme, c’est de s’implanter sur les lieux de travail et d’étude.

Courant A&R
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 03 Mai 2017, 15:03

A et C a écrit :Dans le choix de ces camarades de publier un article aussi polémique à l’égard du NPA quelques semaines avant les élections, sur une question dont ils savent qu’elle divise notre parti, il est difficile de ne pas voir une manière de se démarquer pour justifier l’existence de deux candidatures révolutionnaires séparées.


Qui peut croire ça. Alors que visiblement, dans la campagne, Nathalie Arthaud a soigneusement éviter de polémiquer avec le NPA. Elle n'a naturellement pas cité le texte de LDC et s'en est tenu au thème, politiquement neutre, de la "complémentarité".

Pour le reste le texte d'AC est surtout de discussion interne au NPA. Avec des préoccupations et des affirmations bien discutables, ex : "La responsabilité des révolutionnaires est de toujours chercher à s’adresser aux minorités les plus visées par cette oppression spécifique, sans jamais pour autant les séparer du reste de la classe."
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Byrrh » 03 Mai 2017, 16:47

com_71 a écrit :Avec des préoccupations et des affirmations bien discutables, ex : "La responsabilité des révolutionnaires est de toujours chercher à s’adresser aux minorités les plus visées par cette oppression spécifique, sans jamais pour autant les séparer du reste de la classe."

Hmm, je crois que ce passage est assez mal dit, ou alors, c'est cette virgule qui est de trop. Connaissant ces camarades, je peux dire que cette phrase ne signifie pas qu'ils cherchent à se tourner en priorité vers "les plus opprimés", mais plutôt à s'adresser à eux en tant que partie intégrante de la classe ouvrière. Les deux phrases qui suivent précisent le sens : "Ce n’est pas leur condition de victimes d’oppressions qui transforme mécaniquement ces minorités en sujets révolutionnaires, mais leur situation d’opprimés reliée au reste de la classe. Cette politique suppose de fait des organisations qui ne renoncent pas à parler de classe, de combat contre la société de classes, de révolution prolétarienne, etc.". Il faut donc comprendre un truc du genre : "Face aux minorités les plus visées par cette oppression spécifique, la responsabilité des révolutionnaires est de toujours chercher à s'adresser à elles sans les séparer du reste de la classe".
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 04 Mai 2017, 00:38

Byrrh a écrit :ce passage est assez mal dit, ou alors, c'est cette virgule qui est de trop.


Oui, j'avais cru lire "en priorité", mots qui, effectivement, n'y figurent pas.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Plestin » 09 Juin 2017, 18:06

Le site Slate.fr (un journal en ligne fondé par des journalistes tels Jean-Marie Colombani, l'ancien patron du Monde, et avec des intérêts d'entreprises américaines et françaises dedans : Washington Post, Microsoft, Banque Rothschild...) a fait un reportage, dans le cadre des législatives, sur le Parti Egalité et Justice (PEJ) qui se présente aux législatives françaises dans 52 circonscriptions du pays pour "lutter contre l'islamophobie" et qui est notoirement lié à certains milieux religieux turcs et a soutenu Erdogan au moins dans certaines situations. Le reportage a été effectué à Lyon et les interviews sont intéressantes. Le journaliste n'est pas parvenu à interviewer de candidat franco-turc (ils se sont défilés) mais a pu interroger des soutiens d'origine maghrébine, minoritaires dans ce parti :

Pas de problème en revanche du côté des soutiens franco-maghrébins du PEJ pour me parler. Et d’abord du premier d’entre eux: le Français d’origine tunisienne, président de la Coordination contre le racisme et l’islamophobie (CRI), Abdelaziz Chaambi. Celui-ci a commencé à militer en 1976 avec le MRAP et Lutte Ouvrière. Il fut de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dite «Marche des beurs» en 1983, puis cheville ouvrière du Forum social des quartiers populaires en 2003, et enfin co-fondateur du Parti des forces citoyennes populaires (FCP).

Sur le spectre politique, Adbelaziz Chaambi se positionne donc plutôt à gauche, «si ces deux partis n’étaient pas devenus islamophobes, je me dirais Lutte ouvrière et NPA». Figure nationale, il aspire à repenser l’islam dont la «finalité est politique et révolutionnaire» dans le cadre d’une théologie de la libération. C’est dire mon étonnement lorsque j’ai appris qu’il avait rejoint le PEJ. Sait-il le capitalisme sauvage de l’AKP depuis son arrivée au pouvoir en Turquie? Et l’instrumentalisation de l’islam qui y a cours sur fond de corruption et de mise à mal de l’état de droit?


Ainsi, ce parti considère LO et le NPA comme islamophobes :? sans aucun égard pour le NPA à ce sujet malgré ses positions...

Beaucoup d'autres choses contradictoires transpirent dans les interviews, par exemple, selon l'un des protagonistes :

«En gros, je suis de droite pour ce qui concerne la politique de la famille (adoption, mariage pour tous, NPA), au centre pour les questions sociales et avec Lutte ouvrière pour l’économique», résume Mourad Ben Mahdi auquel ni le programme, quelque peu raboté du PEJ, ni l’ombre du président Erdogan ne lui semblent contradictoires avec ses positions.


(a priori, ici, il faut lire PMA et non NPA, c'est une coquille...)

Le fait est que ce parti encadre de plus en plus la population turque, nombreuse dans certaines villes de l'Est de la France (de Lyon à Strasbourg). Et les positions d'apparence contradictoire semblent surtout illustrer le fait que ces militants avancent masqués...

Voici l'intégralité de l'article :

http://www.slate.fr/story/146754/turquie-legislatives
Plestin
 
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Ian » 09 Juin 2017, 19:10

Le parti égalité et justice est l'émanation de l'AKP, en soutien au dictateur Erdogan. Le reste c'est juste pour tenter d'embrouiller un peu et ratisser plus large...
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par com_71 » 10 Déc 2017, 14:42

Dans LDC de décembre 2017. Discussion au congrès de LO :

Une question qui ne figure pas dans le texte, mais qui travaille, à juste titre, différents camarades, c’est celle de la montée du communautarisme et de l’islamisme dans les milieux populaires. Nous l’avons écrit bien des fois, la montée du Front national (FN) et des idées communautaristes et religieuses sont deux évolutions réactionnaires parallèles, symétriques, qui s’alimentent l’une l’autre et dont les conséquences sont aussi néfastes pour la classe ouvrière l’une que l’autre. Elles divisent les travailleurs, dissolvent la conscience d’appartenir à une seule et même classe sociale. Si nous faisons un petit développement dans le texte sur le FN c’est que le FN est une force politique constituée qui pèse sur la vie politique. Les idées religieuses et intégristes pèsent aussi, mais pour l’instant à un autre niveau.

Cela nous concerne bien sûr parce que ces idées pèsent dans les entreprises et elles pèsent dans les quartiers populaires où les copains des comités sont d’ailleurs bien plus présents que nous-mêmes. Et c’est vrai, de nombreux camarades sont confrontés à des problèmes concrets : des revendications religieuses, des salles de prière dans les entreprises, des gars qui font la prière ostensiblement pour isoler ceux d’origine musulmane qui ne la font pas, la pression pour avoir de la nourriture exclusivement halal, y compris dans les barbecues des syndicats, le port du voile et maintenant des réu­nions non mixtes, interdites aux Blancs y compris dans des syndicats !

Nous avons donc de plus en plus souvent à nous positionner au cas par cas, à trouver la bonne attitude et à discuter.

Ce qui doit nous guider, comme dans la lutte contre l’influence des idées FN, c’est d’opposer une politique de classe au communautarisme. Nous avons fini, au fil des dernières campagnes électorales ou des caravanes, par trouver le ton pour toucher certains travailleurs séduits par le FN, en nous plaçant justement sur ce terrain de classe. Cela ne s’est pas fait tout seul ni immédiatement. Eh bien nous devons apprendre à trouver le ton pour convaincre ou toucher aussi ceux des exploités qui sont d’abord préoccupés par les questions religieuses.

Il ne s’agit pas de chercher des arguments « contre », contre leurs idées, contre leurs croyances, mais de chercher des arguments « pour », des arguments pour exprimer leurs revendications de classe. Il s’agit de trouver des mots pour parler leur langue, pour exprimer positivement une politique dans laquelle ils se reconnaissent en tant qu’exploités. […]

Nous l’avons souvent dit, la nature a horreur du vide et les idées réactionnaires qui ont aujourd’hui le vent en poupe se développent sur le recul du mouvement ouvrier, et aussi parce qu’il y de moins en moins de militants qui se battent sur ce terrain quand il y a, en face, de plus en plus de militants religieux. Eh bien avec nos faibles forces, là où nous sommes, il faut occuper le terrain.
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Re: Le piège de "la lutte contre l'islamophobie", art. LDC

Message par Patrocle » 12 Déc 2017, 13:47

Et il n'y a pas un chapitre à citer pour lutter contre les discriminations raciales et islamophobes (logement, emploi et carrière, police et justice...etc) ? La priorité serait elle de lutter contre le communautarisme religieux et en particulier musulman ?
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