Hier soir à Paris, mon compagnon a été témoin d'une scène navrante à la gare de l'Est.
Alors qu'il se trouvait dans un espace d'attente abrité, des agents de la SUGE (sûreté ferroviaire) sont entrés et ont contrôlé les titres de transport de tout le monde. Plusieurs personnes, vraisemblablement d'origine pakistanaise et s'exprimant entre elles en anglais, n'avaient pas de billets : les agents leur ont demandé de partir. Ces personnes sont simplement sorties de la salle d'attente : les agents leur ont alors ordonné de quitter carrément la gare. Mon compagnon leur a demandé depuis quand il était défendu de se trouver dans l'enceinte d'une gare sans être muni d'un billet. Ensuite, il y a eu grosso modo l'échange suivant :
Agent 1 : Ici, c'est pas un lieu public : c'est un lieu privé ouvert au public.
– Un lieu privé ? Et ça appartient à qui ?Agent 1 : Au président de la SNCF.
– Vous pouvez me dire en quoi ces personnes dérangeaient ?Agent 1 : Ils squattent là et les gens n'osent pas venir s'asseoir.
– Ce n'est pas vrai : moi, je m'y suis assis, d'autres personnes également. J'ai l'impression que c'est surtout vous que ça gêne.Agent 1 : Oui, ça me gêne. C'est "visuel"...
– "Visuel" ? C'est-à-dire ? Ils avaient une couleur de peau un peu trop foncée ?En guise de réponse, l'agent 1 s'esclaffe.
Agent 2 : Si vous les aimez tant, vous pouvez les accueillir chez vous.
– Le problème, ce n'est pas de savoir si je veux les accueillir chez moi, mais de pouvoir circuler librement dans l'espace public.Agent 2 : C'est comme ça, on a toute autorité pour "les dégager".
– Je ne doutais pas que les racistes ont effectivement toute autorité.Pas de réponse, les demi-flics finissent par se casser. Aucun autre voyageur présent n'a réagi à la scène.