Indesit a écrit :
Je ne sais pas où tu habites mais la distinction que tu sembles faire entre le centre ville qui serait aisé et le quartier périphérique qui serait populaire est un peu caricaturale. Dans de nombreuses villes petites et moyennes, les classes aisées, moyennes (ou les classes populaires qui s'en sortent encore) ont fait construire en périphérie voire dans des communes moins peuplées autour (...)
Et dans le centre, ne restent que du logement dégradé et des sous-prolétaires. Passe faire un tour, par exemple, à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) ou dans pas mal de villes du Midi, par exemple Tarascon, Moissac, Béziers...
Tu as tout à fait raison Indesit, je rebondissais sur la brève concernant Saint-Brieuc qui sous-entendait que les services publics fermés étaient dans des quartiers populaires autres que le centre-ville. C'est vrai pour certaines villes ou agglomérations, surtout les grandes (quoique Belsunce c'est en plein coeur de Marseille) mais pas toutes. C'est la même chose pour les banlieues par rapport aux villes-centre. Saint-Etienne ou Le Havre sont des grandes villes ouvrières où la population est souvent plus pauvre que dans certaines de leurs banlieues...
C'est vrai aussi qu'il faut une bonne dose d'hypocrisie pour se plaindre du déclin des centre-ville tout en permettant l'ouverture de centres commerciaux en périphérie (et, pour rebondir sur la brève LO, en permettant la fermeture des services publics). J'ai pu le voir spectaculairement, par exemple, à Guéret dans la Creuse (cette ville fait partie de la liste). Il y avait de nombreux commerces dans la Grande Rue, principale rue piétonne située dans le vieux Guéret, en plein coeur de la ville donc. J'y suis passé, il y avait bien une quinzaine de boutiques fermées, surtout de vêtements, dont la moitié tout récemment. En parallèle, un nouveau centre commercial avec principalement des magasins de vêtements s'est ouvert en périphérie. Mais la vraie raison c'est la pauvreté de la ville en général, elle est en déclin économique et démographique (toute préfecture qu'elle soit), et l'ouverture du centre commercial a achevé bon nombre de commerçants qui étaient déjà en situation fragile parce que le client se faisait rare. La disparition des commerçants avait d'ailleurs commencé avant.
On peut aider les commerçants des centre-ville pauvres autant que l'on voudra, ça ne leur amènera pas des clients et les habitants seront toujours aussi pauvres. Donc, en réalité, ce que les projets du gouvernement ne disent pas c'est que redynamiser les villes signifie aussi, quand c'est possible, faire changer la population des villes et transformer des quartiers pauvres en quartiers plus aisés en faisant déguerpir les pauvres, en réaménageant des logements d'un autre standing etc., pour attirer une population plus riche. Et aboutir à quoi ? Eh bien... à des centre-ville qui ne sont plus pauvres... contrairement à certains quartiers de périphérie où les pauvres auront déménagé.
Dans le cas de Guéret, Vierzon ou Lunéville pour attirer des riches en centre-ville ça semble un peu désespéré. Dans le cas d'Avignon, Sète, Vallauris, Vannes ou Colmar (qui figurent dans la liste officielle) ça l'est peut-être un peu moins...
Moissac n'est pas dans la liste, les habitants du Tarn-et-Garonne qui veulent vivre dans une ville "redynamisable" sont donc priés de vivre à Montauban. Quant aux centre-ville des villes de banlieue populaire, hormis quelques-uns en Ile-de-France, le gouvernement s'en fiche totalement. Il est où, dans la liste, le centre-ville de Saint-Denis avec ses logements dégradés et ses "marchands de sommeil" qui divisent des taudis en quatre pour y entasser plus de monde ?
Dans l'agglomération lyonnaise où je vis, le centre ville de Lyon est très riche (certains quartiers périphériques dans Lyon aussi) mais il n'y a pas si longtemps, le Vieux Lyon ou les pentes de la Croix-Rousse étaient des quartiers populaires et dégradés de centre-ville. Aujourd'hui, ils ont été "redynamisés" (c'est plus facile dans une agglomération riche qui gagne des habitants). Cela signifie qu'ils ont été réhabilités (le Vieux Lyon est devenu magnifique, classé UNESCO etc.), abritent de plus en plus de "bobos" ou de touristes (le Vieux Lyon est plein de restaurants et boîtes de nuits) et que les pauvres sont partis s'entasser plus loin... en périphérie. Quant à nos centre-ville de banlieue, Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Saint-Fons ou Givors... les commerces s'en vont aussi mais les pouvoirs publics s'en fichent. Pour les services publics, c'est pareil, avec des restructurations à La Poste, des fermetures de gares SNCF de banlieue où seuls subsistent les automates etc. même dans les communes dont la population augmente.
Donc, le plan gouvernemental est un plan "poudre aux yeux", qui soit sera inefficace soit favorisera l'éjection des pauvres des centre-ville, et qui permettra certainement aussi au passage d'arroser tel ou tel petit copain.