Logan a écrit :
Il y a quelques années je discutais du sujet avec un membre de LO ayant aujourd'hui des responsabilités, et son point de vue était proche de celui d'xxx.
Etre contre l'homophobie n'oblige pas à faire l'apologie de l'homosexualité
Jusqu'à preuve du contraire, l'homosexualité n'est pas la norme, cela reste très minoritaire. Si elle était la norme , cela poserait de sérieux problèmes de survie pour l'espèce humaine.
Je dirais que cette remarque est la preuve qu'on peut être contre l'homophobie tout en ayant des préjugés homophobes. De même que certains sont contre le racisme tout en ayant des préjugés racistes ("les Noirs sont comme-ci"), ou contre l'antisémitisme tout en ayant des préjugés antisémites ("les Juifs sont comme ça").
Il y a des gens qui peuvent très bien défendre des homosexuels contre l'homophobie, tout en considérant que "ce n'est quand même pas normal".
Comme tous les préjugés, il faut lutter contre.
Que des camarades de LO ayant des responsabilités aient eu de tels préjugés, c'est possible, je l'ai constaté une fois - et constaté l'inverse bien d'autres fois. Idem pour des camarades sans responsabilité. (Des préjugés homophobes, mais jamais d'homophobie). Dans ces cas-là, ce qu'il faut, c'est défendre et expliquer son point de vue. Si la position de LO est celle qu'elle est aujourd'hui, c'est aussi parce qu'un certain nombre de camarades ont bien travaillé et que de tels préjugés ont reculé.
Là où les préjugés sont dangereux sur un plan politique, c'est qu'ils contribuent à mettre des barrières entre les travailleurs. Il y a des homosexuels patrons et des homosexuels ouvriers ou employés. Faire preuve d'un préjugé homophobe, c'est se fermer l'accès au travailleur homosexuel et le pousser à une réaction épidermique qui lui fasse se serrer les coudes avec le patron homosexuel. Même s'ils sont tous deux victimes du même préjugé, il faut tout faire pour que le travailleur homosexuel se sente d'abord un travailleur.
Sur l'argument de la "norme", je ne suis pas d'accord pour dire qu'elle est la même partout, en tout temps et dans toutes les sociétés. Il y a même des sociétés où le passage par l'homosexualité est la norme, comme une sorte de rite initiatique pour tous les jeunes hommes. Bien entendu, il faut ensuite l'hétérosexualité pour garantir la reproduction.
Mais, dire que si l'homosexualité était la norme, cela poserait de sérieux problèmes de survie à l'espèce humaine, est selon moi un préjugé qui ne repose sur aucune réalité.
D'abord, parce qu'on confond sexualité et reproduction : or, amour, sexualité et reproduction sont trois choses différentes même si elles se recoupent.
La plupart des individus qui ont des enfants sur cette planète en ont entre 1 et, mettons, 6 (peu importe si c'est plutôt 10). Il suffit donc de 1 à 6 (ou 10) rapports sexuels fertiles au cours de sa vie, pour s'être "acquitté" de la tâche consistant à assurer la survie de l'espèce humaine. Les mêmes individus peuvent faire absolument ce qu'ils veulent des dizaines, centaines ou milliers d'autres rapports sexuels qu'ils peuvent avoir au cours de leur existence, par exemple 10.000 rapports homosexuels si ça leur chante, que ça ne changerait plus rien à la survie de l'espèce humaine.
Et puis, si on suit ce raisonnement de survie de l'espèce humaine, il faut bien se rendre compte que tout couple hétérosexuel qui a entre 0 et 2 enfants, contribue à faire baisser la population mondiale. Seuls ceux qui ont au moins 3 enfants contribuent à la faire monter. S'il n'y avait que des hétérosexuels qui font 1 ou 2 enfants, alors la survie de l'humanité à long terme ne serait pas assurée (la mortalité infantile, adolescente etc. prélève son tribut donc cela ne suffit pas à ne serait-ce que renouveler la population existante). Donc... à bas la contraception, l'IVG et le droit de choisir son nombre d'enfants, si on suit le raisonnement jusqu'au bout ! C'est là que l'argument rejoint celui des calotins.
Et va-t-on dire que tout militant de LO qui choisit de ne pas avoir d'enfants, pour mieux se consacrer à changer le monde afin que celui-ci devienne meilleur pour tous les enfants du monde et pour sauver l'humanité d'une destruction par le capitalisme, agit contre la survie de l'humanité ?
Va-t-on dire que le médecin qui choisit de ne pas avoir d'enfants mais se consacre à sauver ceux des autres, agit contre la survie de l'humanité ?
Enfin, regrouper l'hétérosexualité en une "norme" alors que cela recouvre des réalités fort différentes (dont, d'ailleurs, toutes ne garantissent pas la procréation), est quelque peu abusif.
La sexualité, c'est en partie un choix (lorsqu'on l'a) ou un fait (lorsqu'on ne se sent pas en mesure d'en adopter une autre), et tant que l'on reste entre adultes consentants, cela ne pose aucun problème, ou plutôt, cela ne devrait poser aucun problème si l'on était dans une société qui mettait l'être humain en avant.
(Je reviendrai plus tard sur le sujet du référendum).