L’effondrement de la livre turque

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L’effondrement de la livre turque

Message par Proculte » 13 Août 2018, 10:06

11/08/2018



En Turquie, la population voit ses conditions de vie s’aggraver avec une très forte inflation due à la baisse de la monnaie nationale. La livre turque qui valait un demi-dollar a chuté à partir de 2016, pour ne plus valoir qu’un tiers de dollar, puis ces dernières semaines elle s’est écroulée jusqu'à moins d’un sixième de dollar. Erdogan, le président turc, incrimine la politique des États-Unis et exhorte les Turcs qui disposent de devises étrangères fortes à aller les échanger contre des livres turques pour enrayer cette baisse.

La guerre commerciale décidée par Trump avec sa hausse des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs joue bien un rôle, mais cet effondrement est lié plus généralement au système économique global actuel, et à la position de pays dominé par l’impérialisme. Les rodomontades patriotiques d’Erdogan risquent d’être totalement inopérantes, dans le cadre d’un système dont il est un des piliers.

L-O
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Re: L’effondrement de la livre turque

Message par Proculte » 13 Août 2018, 10:13

Chute de la livre turque: Erdogan prépare la riposte à ce qu'il qualifie de "complot"

Ankara va présenter ce lundi un ensemble de mesures visant à enrayer l'effondrement de la devise turque. Recep Erdogan, de son côté, menace les États-Unis de représailles.

La Turquie va annoncer ce lundi une batterie de mesures destinées à rassurer les marchés, après l'effondrement de la livre.

"Nos institutions prendront les mesures nécessaires à compter de lundi pour soulager les marchés", a déclaré Berat Albayrak, le gendre du président Erdogan à la tête d'un super-ministère des Finances, dans une interview au grand quotidien Hurriyet. "Nous avons préparé un plan d'action pour nos banques et les petites et moyennes entreprises, les secteurs les plus affectés par les fluctuations monétaires actuelles". Fortement secouée depuis plusieurs semaines, la lire turque a en effet dévissé vendredi de 16% face au billet vert.

Dimanche, le président Erdogan a prévenu qu'il entendait riposter à ce qu'il a qualifié de "complot politique" américain contre la Turquie en cherchant "de nouveaux marchés et alliés".


"Complot politique"


Déclarations chocs, sanctions, menaces de représailles, puis doublement des tarifs douaniers américains sur l'acier et l'aluminium turc: le ping-pong entre les deux alliés au sein de l'Otan est allé crescendo ces derniers jours, emportant avec lui la livre turque.

Au coeur de cette bataille: le sort du pasteur américain Andrew Brunson, actuellement jugé en Turquie pour "terrorisme" et "espionnage" et placé fin juillet en résidence surveillée après un an et demi de détention. Recep Erdogan n'entend faire aucune concession: "Le but de l'opération est d'obtenir la reddition de la Turquie dans tous les domaines, de la finance à la politique. Nous affrontons de nouveau un complot politique en sous-main. Avec l'aide de Dieu, nous surmonterons cela", a-t-il déclaré devant des partisans réunis à Trébizonde.

Le président turc n'a pas semblé outre mesure inquiet de la décision du président Donald Trump, annoncée dans un tweet, de doubler les tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium turcs. Si Washington est prêt à sacrifier ses relations avec Ankara, la Turquie réagira "en passant à de nouveaux marchés, de nouveaux partenariats et de nouveaux alliés, aux dépens de celui qui a lancé une guerre économique contre le monde entier, y compris notre pays", a-t-il menacé. "Certains ferment les portes et d'autres en ouvrent de nouvelles", a ajouté le dirigeant, qui a renforcé ces dernières années ses liens avec des pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie.


Vers une remise en cause de l'alliance Turquie-USA?


Pour Erdogan, c'est l'ensemble de l'alliance entre la Turquie -devenue membre de l'Otan en 1952 avec le soutien de Washington- et les États-Unis qui est en jeu. L'armée américaine dispose d'une importante base à Incirlik, dans le sud du pays, actuellement utilisée comme centre des opérations contre le groupe jihadiste État islamique (EI).

La Turquie reproche aussi aux États-Unis le soutien apporté en Syrie aux Unités de protection du peuple kurde (YPG). Ankara voit dans cette milice une émanation du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), classé "terroriste" par la Turquie mais aussi par les États-Unis. "Nous ne pouvons que dire 'good bye' à quiconque décide de sacrifier son partenariat stratégique et une alliance d'un demi-siècle avec un pays de 81 millions d'habitants pour sauvegarder ses relations avec des groupes terroristes", a tonné Recep Erdogan. "Vous osez sacrifier la Turquie et ses 81 millions d'habitants pour un pasteur lié à des groupes terroristes?".

Les États-Unis demandent en effet la libération immédiate du pasteur, qui risque jusqu'à 35 ans de prison, alors que la Turquie plaide pour l'extradition de Fethullah Gülen, prédicateur turc établi depuis près de 20 ans sur le sol américain et soupçonné par Ankara d'être l'architecte du putsch manqué de juillet 2016.

BFM
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Re: L’effondrement de la livre turque

Message par Proculte » 13 Août 2018, 15:53

Guerres commerciales, protectionnisme... Le monde capitaliste s'enfonce dans la crise
Editorial
13/08/2018

En plein milieu du mois d’août, va-t-on connaître une nouvelle crise financière ? À la fin de la semaine dernière, les Bourses mondiales ont connu un nouveau soubresaut provoqué par l’aggravation de la situation économique de la Turquie qui a vu sa monnaie plonger de près de 20 % en une seule journée.

À l’origine de cette crise, il y a l’épreuve de force engagée par Trump avec le président turc Erdogan. Avec la brutalité dont il est coutumier, Trump utilise les moyens de pression que lui donne la puissance de l’impérialisme américain. C’est l’annonce du doublement des taxes douanières sur l'aluminium et l'acier turcs qui a accéléré la débâcle de la monnaie turque.

Quelques jours avant, c'était l'entrée en vigueur des sanctions décidées par le même Trump contre l'Iran qui entraînait la chute de la monnaie iranienne, laissant prévoir là aussi une envolée de l'inflation, une aggravation de la crise économique, du chômage et des souffrances que va subir la population du pays.

Dans ces deux pays, les mesures protectionnistes ou de boycott économique se traduisent par une situation de plus en plus dramatique pour les peuples. Mais ils ne sont pas les seuls touchés. Du fait de la crise, les gouvernements américain mais aussi européens se livrent à une guerre économique dont les conséquences sont et seront de plus en plus payées par les populations de leur propre pays. La majoration des taxes douanières entraînera l'augmentation des prix pas seulement en Iran et en Turquie. Mais pire encore, elle entraînera un rétrécissement des marchés et une aggravation de la crise.

C'est cette situation qui crée l'incertitude et provoque régulièrement l'affolement des marchés financiers. Cette dernière secousse est-elle une simple péripétie comme les Bourses en connaissent régulièrement ou est-elle annonciatrice d'un effondrement majeur ? Personne ne peut le dire tant les capitalistes ont transformé l’économie mondiale en un véritable casino planétaire de la finance livré à la merci de spéculateurs imprévisibles.

À bout de souffle, le capitalisme est bien incapable de sortir de la crise. Il engendre des inégalités de plus en plus monstrueuses. Il maintient des régions entières dans le sous-développement, d’autres sont transformées en véritables champs de ruines par les guerres menées pour les intérêts des capitalistes des grandes puissances. Des populations entières sont contraintes de prendre le chemin de l’exil pour assurer leur survie.

Ici, en France, les travailleurs ont vu leurs conditions d’existence s’aggraver au fil des attaques menées contre l’emploi, les salaires, la protection sociale par le patronat et par tous les gouvernements à leur service, quelle que soit leur couleur politique. Des millions de femmes et d’hommes sont condamnées à survivre dans des situations de plus en plus précaires. L’exploitation renforcée et l’appauvrissement des classes populaires permettent à une minorité de grands bourgeois, détenteurs des capitaux et des entreprises, de s’enrichir d’une façon insolente. L’homme le plus riche de France, Bernard Arnault, a vu sa fortune augmenter en une année de 1300 € toutes les deux secondes, une somme que bien des travailleurs ne gagnent pas en un mois ! « Les profits aujourd’hui, et après moi le déluge ! », telle est la morale de cette minorité de privilégiés.

Tant que le grand capital contrôlera l’économie, les attaques antiouvrières se poursuivront : le patronat sera à l’offensive dans les entreprises pour augmenter la charge de travail et supprimer des emplois ; le gouvernement, quel qu’il soit, s’inclinera devant les exigences des capitalistes et des puissances d’argent. Ceux qui prétendent que le sort des travailleurs pourrait s’améliorer dans le cadre du capitalisme mentent et propagent des illusions néfastes.

Pour défendre le droit élémentaire à un emploi et à un salaire permettant de vivre, pour ne pas être menacés de connaître la situation qui est celle aujourd’hui des masses populaires de Turquie plongées dans la tourmente de l’aggravation de la crise, les travailleurs ne pourront compter que sur leurs luttes collectives et déterminées, en étant prêts à aller jusqu’au bout, jusqu’à exproprier la classe capitaliste pour l’empêcher de conduire l’ensemble de la société à la catastrophe.
L-O
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Re: L’effondrement de la livre turque

Message par logan » 22 Août 2018, 09:42

Les USA prennent un tournant. Ils jouent le protectionnisme, contre toutes les règles mondialistes en vigueur depuis 40 ans.
Cela risque de précipiter la chute du système, car les économies et les finances des nations sont interconnectées.

Mais oui c'est quand même Trump qui précipite la Turquie dans l'anarchie économique de manière tout à fait consciente.
Quand Erdogan parle de complot il n a pas tout à fait tort.

Cela ne fait pas de Erdogan ni un saint ni un communiste, mais de fait ce sont les usa qui déclarent la guerre économique à la Turquie après l'avoir déclaré contre la Russie, l'Iran et d'autres (chine).
logan
 
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