15-16 mai à Paris
POUR QUE VIVE LA COMMUNELa manifestation internationale, organisée par la Ligue Communiste, Lutte Ouvrière et regroupant essentiellement les sections européennes de la IVe Internationale (Secrétariat Unifié), pour célébrer le Centenaire de la Commune de Paris, a été un succès incontestable.
Lutte Ouvrière s'étant jointe aux organisateurs, au total, ce sont des milliers et des milliers de jeunes révolutionnaires qui ont défilé de la Place des Fêtes au Père-Lachaise.
Annoncée pour 15 heures, la manifestation ne démarrait qu'à 15 h 50 de la Place Jourdain, et c'est à 16 h 45 que la fin du cortège dépassait à son tour la Place Jourdain.
Le défilé était précédé de trois portraits géants de Marx, Lénine et Trotsky, tandis que la manifestation était jalonnée d'autres portraits géants : Guevara, un combattant Vietcong, etc.
Les mots d'ordre de la Ligue Communiste tournaient essentiellement autour de la révolution indochinoise et de la révolution en Amérique latine.
La première partie du cortège regroupait les délégations des sections allemande, américaine, italienne (qui scandait : "Renault-Fiat : même combat."), etc.
Entre les deux parties du cortège de la IVe Internationale, s'intercalait le cortège Lutte Ouvrière dont les militants et sympathisants étaient regroupés derrière des banderoles d'usines où existent des groupes L.O. De nombreuses entreprises étaient ainsi représentées : les Compteurs de Montrouge - Idéal Standard - BNP (dont la banderole portait : "1.200 F minimum - 200 F d'augmentation pour tous - nos 35 heures") - Thomson-CSF - Assistance Publique - Citroën - Crédit Lyonnais ("Les banques peuvent payer") etc., et enfin Renault-Billancourt ainsi que des camarades dont les banderoles affirmaient la solidarité avec les travailleurs de la Polymécanique qui occupent leur usine.
Outre la solidarité avec les travailleurs en lutte à Renault ou ailleurs, les mots d'ordre affirmaient la nécessité d'organiser la classe ouvrière, y compris dans les pays du Tiers Monde, ainsi que le droit du peuple antillais à l'indépendance.
Après le cortège L.O., reprenait le cortège de la Ligue Communiste, avec les banderoles des délégations régionales (Toulouse - Bordeaux - Alsace-Lorraine - Montpellier - Bouches-du-Rhône - Nîmes, etc.) et encore quelques délégations étrangères : "Jeune Garde Socialiste" belge - délégations suisse et luxembourgeoise, etc.
Dans cette seconde partie, les mots d'ordre étaient beaucoup plus diversifiés : outre la solidarité avec les travailleurs de Renault, les banderoles proclamaient : "Liberté pour les Antilles" - "Yahia Khan assassin - Victoire au peuple bengali" - "Contre l'Europe des trusts - Pour les Etats-Unis Socialistes d'Europe" - "HBL - De Wendel fossoyeurs" - "Patrons, payez la carte unique"...
Le cortège était clos par une délégation non prévue par les organisateurs : celle des anarchistes qui, au nombre d'une centaine, brandissaient quelques drapeaux noirs.
Après un défilé silencieux devant le Mur des Fédérés, l'ensemble de la manifestation se regroupait de part et d'autre de la grande porte du cimetière du Père-Lachaise, et un meeting eut lieu où prirent la parole successivement François Duburg de L.O., A. Krivine pour la Ligue Communiste, et après une attente fortement humidifiée, Mandel, qui s'adressa, au nom de la IVe Internationale, aux milliers de jeunes rassemblés.
L'ensemble de la manifestation, bien organisée, présentait un visage extrêmement dynamique. Drapeaux rouges, banderoles, mots d'ordre ont affirmé bien haut la vitalité du mouvement trotskyste en France et en Europe. Même si les révolutionnaires trotskystes n'ont pas encore trouvé complètement le chemin de la classe ouvrière, cette manifestation a prouvé qu'ils avaient trouvé le chemin de la jeunesse. Il reste à lui fixer des objectifs pour faire des promesses qu'elle représente, des certitudes sur la voie de la reconstruction de la IVe Internationale.